D'étranges réactions au Motu Proprio de Benoît XVI |
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Le 06 septembre 2007 -
(E.S.M.) -
Depuis la parution de la lettre apostolique Summorum Pontificum en forme
de Motu proprio de Benoît XVI, le 7 juillet dernier, les réactions se
sont succédées, dans les milieux cléricaux comme parmi les laïcs pour,
dans leur grande majorité, saluer comme il se devait le geste magnanime
du pape.
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Saint
Padre Pio célébrant la sainte Messe
D'étranges réactions au Motu Proprio de Benoît XVI
Depuis la parution de la lettre
apostolique
Summorum Pontificum en forme
de Motu proprio de Benoît XVI, le 7
juillet dernier, les réactions se sont succédées, dans les milieux cléricaux
comme parmi les laïcs pour, dans leur grande majorité, saluer comme il se
devait le geste magnanime du pape. Reste que les interprétations du texte
et, plus, de la
Lettre destinée aux évêques
qui l'accompagne, sont diverses.
Le cardinal
Barbarin, archevêque de Lyon et primat des Gaules, ne voit
dans ce texte qu'une « seule vraie nouveauté »:
« la décision d'accéder aux souhaits des fidèles dans ce domaine (la
célébration selon la forme extraordinaire du rite, ndlr) dépend désormais de
l'autorité des curés » (1).
On notera une réflexion particulièrement
intéressante de
Mgr Le Gall, archevêque de Toulouse, président de la
Commission épiscopale pour la liturgie et la pastorale sacramentelle, à
propos de certaines conséquences latérales du Motu proprio : « II nous faut
donc, dit le prélat dans un communiqué, continuer à faire connaître et
appliquer cette liturgie rénovée (la forme ordinaire du rite, ndlr), reçue
largement dans l'Eglise universelle, en refusant "les déformations
arbitraires qui ont profondément blessé des personnes": une longue et belle
tâche de formation à tous niveaux est à poursuivre, comme aussi de
traduction plus précise des livres liturgiques. Nos commissions française
(s) et francophone (s) de liturgie, dont j'ai la charge, s'y attellent avec
compétence avec les services nationaux et internationaux appropriés, en lien
étroit avec la Congrégation romaine pour le culte divin et la discipline des
sacrements : c'est un gros travail de fond. »
Quant à
Mgr Hyppolite Simon, évêque de Clermont, dans un article au titre évocateur, « Pourquoi
j'obéis au pape », il relève justement que si « le pape Benoît XVI [...] accorde tout
(aux traditionalistes, ndlr) sur la forme des rites, il ruine totalement
leur argumentaire sur le fond ». Et pour le
cardinal Castrillon Hoyos, à
Rome, il faut espérer avec ce Motu proprio « un retour à la peine communion
de la Fraternité Saint-Pie X[...]. Si après cet acte, poursuit-il, ce retour
n'a pas lieu, je ne saurais pas comprendre ».
Las, les réactions du
côté visé ne semblent pas atteindre la hauteur souhaitée, si l'on se fie à
la voix de Mgr Fellay, actuel supérieur de la Fraternité Saint-Pie X: dans
une interview donnée à Présent, il tente de séparer le texte du Motu proprio
de la Lettre destinée aux évêques l'accompagnant, estimant que celle-ci doit
être mise « dans un tiroir », au motif qu'elle réclame « l'acceptation du
concile Vatican II ou de la nouvelle messe » par tous les prêtres et fidèles
(2).
Rien de neuf, donc, par là-bas où il apparaît malheureusement que, malgré
quelques réjouissances de façade, l'on n'ait pas vraiment compris ce qui se
passe. De même, pour l'abbé de Cacqueray, supérieur du district de France de
la FSPX, « c'est la suite du Motu proprio qui sera intéressante, la guerre
(sourde ou ouverte) qu'il va déclencher (entre les évêques français, ndlr) »
(3). Vraiment, on ne savait pas que pour un catholique, membre du clergé de
surcroît, ce fut la guerre qui fut intéressante... Surtout entre évêques.
Il n'est pas non plus fondamentalement réjouissant que Jean Madiran,
immédiatement après avoir remercié le texte pour la « respiration de l'âme »
qu'il lui a procurée (4) se croie obligé de prouver, par un raisonnement
jésuitique (ou fellayesque) que, contrairement à ce qu'affirme la Lettre
accompagnant le Motu proprio de Benoît XVI, nul ne serait tenu de célébrer selon la forme
ordinaire. Et d'ajouter encore: « II demeure permis de penser et de dire (et
de prouver par raison démonstrative) que l'autre messe (selon la forme
ordinaire du rite romain, ndlr) n'est pas tellement super, fantastique ni
fumante » (5).
Du côté des apologistes du pseudo-« esprit du concile
», çà ne rigole pas non plus. On aura relevé l'Ignoble éditorial du Monde
(6), dont il y a peu de chance qu'Henri Tincq ne l'ait pas signé, où il est
question d'un « vent nouveau » soufflant à Rome qui rappellerait « le climat
de soupçon et d'arrogance antérieur au concile ».
Pénibles aussi sont
les déclarations de Paul Thibaud, ancien directeur d'Esprit et actuellement
président de l'Amitié judéo-chrétienne de France : « Les hésitations et les
ambiguïtés de l'Église romaine la montrent vulnérable au chantage des
intégristes quand ils confondent fidélité et rigidité dogmatique » (7).
Encore une fois, le seul dialogue qui devrait être impossible, c'est avec
les traditionalistes, dirait-on. Le seul dogme tenable, celui de l'exclusion
de tous les autres dogmes.
Le père André Gouzes-Vidal confie pour sa
part que ce qui l'inquiète, « ce sont les collusions idéologiques qui
sous-tendent ces tendances religieuses, leur fondamentalisme théologique et
ecclésiologique, voire leur goût ancestral pour l'autoritarisme ».
Ainsi,
ici ou là, on sombre vite dans l'instrumentalisation du texte, obérant
parfois la réalité sacramentelle de la messe qu'il décrit. La promulgation
de ce Motu proprio nous rappelle ceci si difficile à accepter que,
profondément, si l'Église jamais ne change, c'est sûrement pour que dans
l'homme enfin tout change. Et que Benoît XVI
n'ouvre ni ne referme rien, mais perpétue.
Jacques de
Guillebon
(1) France catholique, du 13
juillet. (2) Présent, du 21 juillet. (3) Monde et Vie, du 21 juillet. (4)
Présent, du 11 juillet. (5) Présent, du 14 juillet. (6) Le Monde, du 11
juillet. (7) le Monde, des 22 et 23 juillet. (8) Le Figaro, du 16 juillet.
Table des articles concernant :
Motu Proprio pour la libéralisation du rite de saint Pie V
Sources:
Le Forum Diffusion
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.09.2007 - BENOÎT XVI -
T/Motu proprio |