Benoît XVI demande de ne pas sacrifier la
jeunesse |
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Le 06 janvier 2008 -
(E.S.M.)
- Durant l'année 2007, le pape Benoît XVI a
multiplié les interventions auprès et en faveur des jeunes. La
dramatique situation que nous connaissons aujourd'hui, n'est pas
survenue toute seule ! C'est toute une génération de parents,
d'éducateurs, de pasteurs qui ayant sombré dans le relativisme y ont
entraîné les jeunes.
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Benoît XVI
et les jeunes -
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C'est ici
Benoît XVI demande de ne pas sacrifier la jeunesse
(première partie)
Durant l'année 2007, le pape Benoît XVI a multiplié les interventions auprès
et en faveur des jeunes. La situation que nous connaissons n'est pas
survenue toute seule ! C'est toute une génération de parents, d'éducateurs,
de pasteurs qui ayant sombré dans le relativisme y ont entraîné les jeunes.
"L'esprit est prompt, mais la chair est faible", observe l'apôtre.
(Mt 26, 41)
C'est pourquoi en mars 2007, le Saint Père répondant à une question d'un prêtre
de Rome au sujet de l'éducation des jeunes déclara que la jeunesse était
réellement une priorité du travail pastoral des prêtres, parce qu'elle
vit dans un monde de plus en plus éloigné de Dieu.
(...) "Il est
très compliqué de trouver, dans le contexte culturel où nous vivons,
la rencontre avec le
Christ, la vie chrétienne,
la vie de la foi. Les jeunes ont besoin d'un
profond accompagnement pour pouvoir réellement trouver ce chemin. Le premier élément,
indique Benoît XVI, lui semble
être à juste titre et principalement l'accompagnement".
Les jeunes doivent comprendre qu'il est possible de vivre
la foi à notre époque, qu'il ne s'agit pas d'une chose du passé, mais qu'il
est concevable de vivre aujourd'hui en chrétiens et de trouver ainsi
réellement le bien. (Benoît
XVI rappelle)
Il n'est pas inintelligible de considérer la situation où nous sommes
plongés comme quasi tragique, pour nos jeunes, d'autant que l'apathie des
beaucoup d'adultes trop préoccupés par leur
vie égoïste ne fait que enfler (combien d'heures de T.V. par
semaine ?, sans oublier la culture des loisirs etc...), cela
m'a donné l'envie de ressortir quelques pages de cours et d'étude pour relire, à
travers l'évangile de st Jean, ce que le Christ pensait des "croyants" de son époque !
Son jugement nous interpelle et nous voyons que 2000 ans de civilisation et
de christianisme n'ont pas franchement amélioré la "bonne volonté" dont il
est question dans cette page !
La bonne et la mauvaise volonté
(à partir de l'évangile de st Jean)
A plusieurs reprises, dans l'évangile johannique, nous voyons le Christ
faire remonter à son Père la grâce première de la foi :
Tout ce que me donne le Père viendra à moi (6.37).
Nul ne peut venir à moi, si mon Père ne l'attire
(6.44).
Nul ne peut venir à moi sinon par un don du Père
(6.65).
Cette attirance que le Père dépose dans l'âme tourne celle-ci vers la
lumière et la vérité ; mais l'âme ignore encore qu'elles se nomment :
Jésus-Christ.
Par quels chemins, sous quelles formes se manifeste cette attirance ? C'est
le secret du Père « de qui descend tout don parfait
[« Tout don excellent, toute donation parfaite vient d'en
haut et descend du Père des Lumières. Il a voulu nous enfanter par une
parole de vérité pour que nous soyons comme les prémices de ses créatures (Jc
1.17,18)] ». Nous constatons seulement
qu'il l'étend à toutes les âmes et la dépose en chacune.
Il est écrit dans les prophètes : ils seront tous enseignés par Dieu.
Quiconque entend l'enseignement du Père et s'en instruit vient à moi (6.45).
Quand cette attirance porte-t-elle son fruit dans l'âme ? Bien que la parole
du Maître montre que le don divin exige pour s'épanouir une réponse active
de l'homme : « Quiconque entend... et s'en instruit
(6.45) », tout ici demeure mystérieux car,
au mystère de Dieu s'ajoute celui de notre liberté.
L'homme peut toujours se laisser attirer ou mettre un obstacle à l'attrait
divin.
Jean respecte ce secret des cœurs ; mais il montre cette attirance à l'œuvre
à travers maintes scènes vécues. Peu de problèmes ont davantage retenu son
attention et méritent autant de retenir la nôtre. De nos jours en effet, on
néglige souvent de s'y arrêter, car pour l'ensemble des chrétiens, aucune
vie consciente ne précède le baptême et la foi. Dans la plupart des cas, la
foi, pour le chrétien, ne se distingue pas du baptême. Et pourtant, qui
pourrait nier que non seulement un acte de foi personnel, mais encore une
foi en acte demeurent nécessaires ?
Le baptême n'opère qu'en vertu du vœu, puis de la profession de foi.
Profession dont l'enfant est incapable et que d'autres formulent à sa place
mais qu'il doit assumer, aussitôt qu'il est en état de poser un acte
vraiment personnel (Tels sont le rôle et la signification
de la rénovation des vœux du baptême et de la profession de foi qui y est
jointe. Cette participation est nécessaire a la vie de foi). Ne
lui faut-il pas, en effet, « naître d'en haut (3.7)
», ce qui exige que le baptême soit « d'eau et d'esprit
(3-5) »? Et comment le baptême agirait-il sans une
participation consciente, une réceptivité spirituelle positive du baptisé ?
Le quatrième Évangile qui décrit un état de choses différent, permet de le
comprendre. En effet, les adhésions au Christ, les actes de foi en lui, sont
ici le fait d'adultes qui, s'ils ignoraient que leur route croiserait un
jour celle du Christ, n'en étaient pas moins, depuis longtemps, responsables
de leurs actes. Par une grâce du Père, une attirance les tournait à leur
insu vers le Messie à venir et leur demandait de ne pas pécher contre la
lumière. Comment ont-ils répondu ?
Dans le Prologue, Jean a indiqué les deux attitudes possibles
[« II est venu chez les siens et les siens ne l'ont
pas reçu. Mais à tous ceux qui l'ont reçu il a donné le pouvoir de devenir
enfants de Dieu » (1. 12)]. Il a montré également que si,
avant cette rencontre, ils ont habituellement suivi leur conscience et «
agi dans la vérité (3.21) »,
autrement dit, s'ils ont mis en œuvre cette disposition qui porte le nom de
« bonne volonté », la grâce de la foi
trouve en eux un terrain préparé. Entre l'attirance et la bonne volonté
existe en effet un lien intime qui, loin de se détendre du fait de
l'adhésion à la foi, demeure nécessaire à son existence et à son exercice.
C'est là une idée que Jean a mise en pleine lumière,
la jugeant d'une importance vitale pour la foi.
C'est pourquoi, dans le quatrième Évangile, le baptême apparaît comme la
participation à une réalité spirituelle qui exige de demeurer
perpétuellement en acte. La foi est non seulement
adhésion au Christ, mais insertion en lui,
participation à sa vie par une fidélité
renouvelée, par une préférence que nos actes doivent sans cesse manifester.
Elle est une connaissance qui toujours s'approfondit, un échange d'amour qui
s'intensifie à chaque instant. Une telle réalité ne « demeure » que si la «
bonne volonté » est, elle aussi, toujours en acte.
En apportant la paix aux hommes dans la nuit de Noël, les anges laissaient
entendre que la venue du Christ offrait à leur bonne volonté l'objet vers
lequel elle était obscurément tendue (Les hommes de bonne
volonté sont ceux que Dieu aime. La bonne volonté naît en l'homme de cette
bienveillance divine). A la grâce première que suppose cette
attirance, le Père en ajoutait une plus grande encore :
la venue de son Fils ; la grâce initiale avait mission
de conduire au Christ quiconque accepte librement d'être tourné par Dieu
vers la lumière.
Il est trop aisé de deviner l'usage que l'homme aurait fait de sa liberté
s'il avait été livré à ses seules forces. Mais, grâce à l'appel secret qui
résonne en son cœur, il peut, librement toujours, avancer vers cette foi qui
lui donnera la vie éternelle [« Celui qui croit en moi
a la vie éternelle » (6.40). « II a donné pouvoir de devenir enfants
de Dieu à ceux qui croient en son nom » (1.12)]
La foi reçue maintient l'âme dans une union à la Vie, à la Vérité, à la
Lumière, désormais explicitement identifiées au Christ, à condition
toutefois que la bonne volonté de l'homme demeure coopérante. S'il arrive
que par pure miséricorde Dieu laisse subsister la foi dans une âme que la
bonne volonté a désertée, elle y est comme morte, n'étant plus vivifiée par
la charité.
La bonne volonté demeure nécessaire à l'homme, non
seulement pour arriver à la foi, mais encore pour s'y maintenir. Le
quatrième Évangile nous en apporte la preuve. Qu'elle soit nécessaire pour y
parvenir, Jean nous le montre en ces scènes où un acte de foi est demandé à
des hommes placés soudain en face du Christ et, contraints de ce fait, à
l'option centrale et décisive de leur existence (Cf. Lc
1.76). Par sa simple présence en effet, le Christ
(Qui joue ici son rôle annoncé, de pierre angulaire, et de pierre
d'achoppement) les met à l'épreuve. Cette épreuve est principe de
discrimination, et d'un jugement que les hommes rendent eux-mêmes
[« Le jugement le voici : la lumière est venue dans le
monde. Mais les hommes ont mieux aimé les ténèbres que la lumière — parce
que leurs œuvres étaient mauvaises » (3.19)]) Or, sur cette
prise de position première qui ne devient adhésion au Christ qu'en vertu
d'une grâce, pèse tout leur comportement antérieur.
Ces hommes ont-ils, dans le passé, été fidèles à agir dans la vérité et la
lumière ? Autrement dit : ont-ils été « de bonne volonté » ? Ils seront
aptes à reconnaître alors dans le Christ le Fils de Dieu. Ont-ils au
contraire « mieux aimé les ténèbres que la lumière » ? Alors ils
demeureront aveugles [« C'est pour un jugement que je suis
venu — pour que voient ceux qui ne voient pas, et pour que ceux qui voient
deviennent aveugles » (9.39)]
Le quatrième Évangile nous montre également de la
manière la plus concrète, mais aussi, hélas, la plus tragique, ce que peut
devenir une foi que la bonne volonté ne vivifie plus.
Jean a vécu, pendant trois ans, en compagnie d'hommes qui, comme lui,
avaient répondu à l'appel du Christ, et s'étaient efforcés, en dépit de
nombreuses défaillances, de lui demeurer fidèles. Parmi eux, semblable aux
autres, ayant entendu le même appel, reçu le même enseignement et les mêmes
marques d'amour : Judas ! Sous quelle influence secrète, par quels obscurs
chemins en vint-il à refuser cette grâce de lumière et d'amour, à se fermer
au souffle de l'Esprit et à poser enfin un jour cet acte incompréhensible :
livrer et livrer dans un baiser, son Maître, son ami, son Sauveur, son Dieu,
à la mort de la croix ?
Le cas de Judas est tragique parce que, chez lui, la foi n'a pas disparu.
Plus forte, elle lui eût fait rejeter l'idée de trahir son Maître, comme une
monstrueuse tentation. Et s'il l'avait perdue, il eût sans doute été
immunisé contre le désespoir, car il n'eût pas cru avoir livré à la mort le
propre Fils de Dieu. En fait, sa foi, paralysée par le manque de bonne
volonté, était devenue incapable, aussi bien d'espérance que de charité
[« II en est parmi vous qui ne croient pas. Jésus savait, en
effet, dès le commencement, qui étaient ceux qui ne croyaient pas et qui
était celui qui le livrerait. Il ajouta : voilà pourquoi je vous ai dit que
nul ne peut venir à moi sinon par un don du Père... Ne vous avais-je pas
choisis, vous les douze ! Pourtant l'un de vous est un démon » (6.64,70)].
D'autant plus mystérieux qu'il met en cause non seulement Dieu et l'homme,
mais encore Satan, et qu'il porte sur la Personne du Rédempteur, le cas de
Judas n'est cependant pas unique, en ce sens que Jean a vu bien souvent
autour de lui d'autres hommes [Ainsi à la suite du
discours sur le pain de vie (6.66)] dont la foi, faute de bonne
volonté, se fermait progressivement à une lumière, d'abord accueillie avec
joie. Sollicités par le Père, mais tentés ensuite par Satan, ils ont, eux
aussi, « préféré les ténèbres à la lumière (3 3.19)
».
Les scènes rapportées par Jean nous montrent en quoi consiste la bonne
volonté, et de quels sentiments elle est faite.
Elle est essentiellement composée de bonne foi, de désintéressement et de
générosité, et c'est dans le « cœur » qu'elle s'enracine. Le cœur :
c'est-à-dire l'ensemble des dispositions profondes d'un homme.
Dieu sonde ce cœur et le connaît. Il en entend les appels. Si ce cœur est «
bon », il réagit favorablement lorsque lui est proposée la grâce de foi.
S'il est « mauvais », il se ferme aux avances divines. Comme l'avait
prophétisé le vieillard Siméon, le Christ en venant dans le monde rendra
manifeste ce que chacun porte au plus profond de soi : « Vois, cet enfant
doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël ; il doit
être un signe en butte à la contradiction... afin que se révèlent les
pensées intimes d'un grand nombre (Lc 2. 34,35)».
Il est bon le cœur de Nathanaël, qui bien que s'engageant timidement sur les
chemins de la foi, méritera de la part du Christ cet éloge : « Voilà un
authentique Israélite, un homme sans artifice
(1. 47) ». Il est bon le cœur des apôtres, qui
généreusement répondent à l'appel du Christ et quittent tout pour le suivre
(1-35-44). C'est également un modèle de bonne
foi qui nous est donné dans l'aveugle-né. Son attitude fait par contraste
éclater la mauvaise foi des pharisiens qui ne voulant pas voir, s'aveuglent
délibérément. « Nous savons que cet homme est un pécheur
(9-24) », disent-ils du Christ, afin de se donner à eux-mêmes des
raisons — de mauvaises raisons — de ne pas tirer d'un miracle indéniable les
conséquences qui s'imposent. ! Quant au récit, éloquent dans sa concision,
de la guérison de l'enfant d'un fonctionnaire royal à Capharnaüm, il laisse
deviner chez cet homme, non seulement une parfaite droiture d'intention,
mais encore l'habitude de régler sa conduite sur ses convictions, ainsi que
la volonté de faire confiance aux autres en leur prêtant, à eux aussi, une
intention droite :
Un fonctionnaire royal dont le fils était malade à Capharnaüm, ayant
appris que Jésus était arrivé de Judée en Galilée, alla le trouver et il le
priait de descendre guérir son fils qui se mourait. Jésus lui dit « Si vous
ne voyez signes et prodiges vous ne croirez donc pas ! » — « Seigneur,
répondit l'officier, descends avant que ne meure mon petit enfant. » Jésus
lui dit « Va, ton fils vit ». L'homme crut à la parole que Jésus lui avait
dite et se mit en route. Déjà il descendait la côte quand ses serviteurs,
venus à sa rencontre, lui dirent que son enfant était vivant. Il leur
demanda à quelle heure il s'était trouvé mieux. « C'est hier à la septième
heure, lui dirent-ils, que la fièvre l'a quitté. » Le père reconnut que
c'était à l'heure même où Jésus lui avait dit « Ton fils vit » et il crut,
lui et tous les siens (4. 56-53).
Cette route où le père avance dans la confiance et déjà dans la foi,
symbolise la nécessité de joindre à la bonne foi une générosité
désintéressée, et la volonté d'engager activement tout notre être. La bonne
volonté n'est réelle que si elle se traduit par un engagement dans le chemin
de la confiance... Faute de s'y décider, elle n'aboutirait jamais à la foi.
-
Saint Jean qui a tant insisté sur la nécessité pour l'homme de développer de
telles dispositions dans son cœur, a également mis en lumière les obstacles
qu'elles rencontrent. Deux récits évangéliques les mettent plus
particulièrement en relief : la scène du paralytique de Bezetha, et celle de
l'aveugle-né.
Ayant reconnu dans le Temple l'homme qui l'avait guéri, le paralytique s'en
va le dire aux pharisiens et docteurs de la loi. Ceux-ci, décidés à se
débarrasser d'un homme qui sape l'ordre établi, prennent alors prétexte de
la violation du sabbat pour refuser d'entendre le miraculé. Mais Jésus perce
à jour leur manège et déclare :
Vous scrutez les Écritures dans lesquelles vous pensez avoir la vie
éternelle ; or, elles témoignent de moi, elles aussi. Et vous ne voulez pas
venir à moi pour avoir la vie (5. 39-40).
Le Christ connaît le fond des cœurs. Il sait que ce respect, ce soi-disant
amour des Écritures, en eux-mêmes louables et salutaires, ne sont chez eux
qu'apparence. Ils n'attendent pas, ou plutôt ils ne désirent pas
véritablement ce Messie qu'elles annoncent. Gens en place, très satisfaits
d'eux-mêmes et, de ce fait, fort peu ouverts aux sollicitations d'une grâce
qui entraînerait pour eux non seulement des retranchements et des
bouleversements, mais encore une conversion morale qu'ils redoutent, ils
scrutent les Écritures et cherchent en effet... mais comme ceux qui désirent
ne pas trouver. Aussi le Christ leur lance-t-il ces phrases vengeresses :
Je vous connais, l'amour de Dieu n'est pas en vous.
Je suis venu au nom de mon Père et vous ne me recevez pas.
Qu'un autre vienne en son propre nom; celui-là vous le recevrez.
Comment pourriez-vous croire, vous qui tirez les uns des autres, votre
gloire, et de la gloire qui vient du seul Dieu, n'avez nul souci
(5.42-44).
Dans la scène de l'aveugle-né (9.1-41), le
parti pris et l'hypocrisie se manifestent davantage encore, s'il est
possible.
Ne pouvant nier un miracle dont tous ont été témoins, les pharisiens
prennent une fois de plus prétexte du sabbat, pour s'opposer au Christ : «
Cet homme ne vient pas de Dieu puisqu'il n'observe pas le sabbat
(9,16) » disent certains, tandis que d'autres,
chez lesquels subsiste quelques restes de bonne foi, font cette remarque : «
Comment un pécheur pourrait-il faire de pareils miracles
(id.)? » Leurs protestations sont couvertes par le
sectarisme de ceux qui « ne veulent pas croire que cet homme eût été
aveugle et qu'il eût recouvré la vue (9.18)
», et qui n'hésitent pas, bien que la certitude du miracle leur ait été
confirmée, à déclarer du Christ : « Nous savons, nous, que cet homme est un
pécheur (9.24)! » et à accabler d'injures le
miraculé, afin de se donner une contenance et de ne pas perdre la face :
Toi, tu es disciple de cet homme; nous, c'est de Moïse que nous sommes
les disciples. Nous, nous savons que c'est à Moïse que Dieu a parlé ; mais
lui, nous ne savons pas d'où il est (9.28-29).
Ce qui leur vaudra cette répartie où perce l'ironie :
C'est là justement l'étonnant que vous ne sachiez pas d'où il est alors
qu'il m'a ouvert les yeux. Nous savons bien que Dieu n'exauce pas les
pécheurs, mais que si un homme est religieux et accomplit sa volonté,
celui-là il l'exauce. Jamais on n'a ouï dire que quelqu'un ait ouvert les
yeux à un aveugle de naissance. Si cet homme-là ne venait pas de Dieu, il ne
pourrait rien faire (9.30-33).
La mauvaise foi, la suffisance des pharisiens ne les ferment pas seulement à
la foi, elles leur attirent de la part du Christ une condamnation sans appel
:
C'est pour un jugement que je suis venu en ce monde
pour que voient ceux qui ne voient pas
et pour que ceux qui voient deviennent aveugles. -
Des pharisiens qui se trouvaient avec lui entendirent et lui dirent :
Sommes-nous des aveugles, nous aussi ? Jésus leur répondit :
Si vous étiez des aveugles vous seriez sans péché
mais vous dites : nous voyons. Votre péché demeure
(9-39-41).
Condamnation sans appel ? Il semble bien. Encore faut-il savoir à qui elle
s'adresse.
Il est de fait que l'évangéliste qui nous a transmis dans leur force
redoutable ces condamnations contre les pharisiens, laisse au moins l'un
d'entre eux, Nicodème, à l'écart de cette réprobation. Le tour de phrase
employé par l'apôtre le fait bien sentir : « Or il y avait parmi les
pharisiens, un homme... Nicodème (3. 1) ».
S'il y a du mérite pour un homme à s'opposer au milieu auquel il appartient
et auquel humainement il doit sa situation, sa fortune, son crédit, il ne
lui faut pas moins de courage pour se faire une opinion indépendante et la
conserver contre vents et marées.
En pesant sur les individus qui le composent, un milieu finit presque
toujours par les entraîner au conformisme, et par fausser leur jugement.
C'était bien souvent le cas de ceux qu'à travers son évangile Jean nomme «
les Juifs », mot qui vise sans doute tous ceux qui s'opposent au Christ,
mais plus particulièrement les pharisiens, les scribes, les docteurs de la
loi. Les uns et les autres étaient fortement influencés par des courants
d'idées qui avaient acquis force de loi, et par un poids de traditions,
humainement insurmontables.
Certes, l'orgueil, la suffisance, le sectarisme, l'attachement à leur propre
sens ainsi que le manque de désintéressement de beaucoup d'entre eux étaient
notoires, et l'on sent, chez ceux qui s'opposent si farouchement au Christ,
que l'opposition provient souvent de positions sociales établies, d'intérêts
à sauvegarder, d'avantages qu'ils ne veulent pas sacrifier; d'honneurs, de
considération, de richesses, de satisfactions auxquelles ils tiennent et
qu'une adhésion au Christ leur ferait perdre sans doute... Aussi leur manque
de bonne foi et de loyauté éclate-t-il, et les raisons qu'ils avancent,
paraissent le plus souvent de purs prétextes. C'est pourquoi ils méritent
les reproches que le Christ leur adresse.
Pourtant il semble aussi que leur attachement à la religion et aux
institutions d'Israël, et en conséquence à l'ordre social qui en découlait,
et que le Christ venait bouleverser, ait pu, en certain cas au moins,
correspondre à une conviction sincère.
Si, de notre temps, on admet qu'un capitaliste puisse ne pas être
nécessairement suspect de partialité dans sa défense du capitalisme, alors
pourtant que ses intérêts personnels se confondent avec ceux de l'ordre
qu'il défend, à plus forte raison la persuasion qu'avaient les pharisiens de
défendre un « ordre » religieux traditionnel et souverainement respectable
puisque révélé et établi par Yahvé, consacré par une lignée de prophètes et
par toute la geste d'Israël, était-elle parfaitement explicable.
Dans un cas
comme dans l'autre, on sent combien il est pratiquement impossible que le
milieu ne façonne et ne déforme pas, à leur insu, les jugements et
sentiments de ceux qui en font partie.
Aussi peut-on penser que les condamnations prononcées par le Christ
s'adressent au moins autant à un « ordre », défiguré par les abus qui y
avaient acquis droit de cité, qu'aux individus qui le composent. Il est en
effet des situations collectives qui constituent un redoutable obstacle aux
progrès de la vérité dans les âmes. Chaque époque, sur un point ou sur un
autre, connaît cet état de péché collectif, où ceux qui maintiennent un
ordre, ferment volontairement les yeux sur ce qui, bien que mauvais en soi,
apporte à beaucoup d'entre eux des avantages particuliers
(On pourrait comparer ici l'attitude de Paul à
celle de Jean. Cf. Rm 10.19 _à 11.18).
Si cette constatation laisse intacte la responsabilité de chacun, elle
explique du moins pourquoi il fut peut-être plus difficile aux pharisiens
qu'à d'autres de parvenir à la foi. En lisant saint Jean il apparaît en tout
cas, que l'attachement des « Juifs » à cette religion déformée fut dans bien
des cas l'obstacle sur le chemin de la foi à Jésus. Mais on voit aussi que
le rôle du Christ ne se limitait pas à apporter la vérité aux individus ;
c'est également à la société comme telle, et même au monde, qu'il révélait
un « ordre » nouveau, ou du moins des principes de vie qui, mis en œuvre,
devraient réduire, s'ils ne peuvent les supprimer entièrement, les obstacles
extérieurs opposés à la justice et à la charité, et permettre à celles-ci de
s'épanouir plus librement. Le Christ a d'ailleurs averti les siens qu'il
resterait cependant toujours dans le monde des difficultés et des «
scandales (Cf. Mt 13.25-30. Le bon grain et l'ivraie)».
« Dans le monde vous aurez à souffrir (16.33)
» déclare-t-il à ses apôtres au soir de la Cène, et « la foi
(1 Jn 5-7) » sera toujours, selon le mot de saint
Jean, « notre victoire sur le monde (1 Jn 5-7)
».
Quant à la responsabilité individuelle, elle demeure le secret de Dieu.
Devant le mystère de l'appel ou du rejet des âmes, un saint Paul qui oppose
si violemment l'ordre nouveau à l'ordre ancien, propose tout d'abord une
justification de la conduite de Dieu ou, du moins, il en risque une
explication (Cf. Rm 10...), Mais bientôt il en
vient à reconnaître que le mystère des voies divines demeure insondable
(Rm 11. 33,34).
Jean ne propose aucune considération de ce genre. Il se contente de poser le
problème dans le concret, et de constater que tous ceux-là qui, dans son
évangile, portent tantôt le nom de « Juifs », et tantôt de manière plus
universelle celui de « monde » (ce monde pour lequel le Christ ne prie pas
(10. 26, cf. 8.41-46; 17.9)) ; sont opposés au
Christ ; et leur responsabilité paraît bien demeurer entière, car « ce monde
n'a pas d'excuse à son péché (15.22) ».
à suivre...
2) Les âmes de bonne volonté
se heurtent à des obstacles qui risquent de l'annihiler. ►
Seul l'Infini peut remplir le cœur, affirme Benoît XVI
Il peut arriver que l'on se sente découragé, observe Benoît XVI, au point
de tout vouloir abandonner et de demeurer dans un état de crise. Il ne faut
pas céder, mais recommencer avec courage.
Le Seigneur nous guide, le Seigneur est généreux
et avec son pardon je vais de l'avant, en devenant, moi aussi, généreux avec
les autres. Ainsi nous apprenons réellement l'amour pour le prochain
et la vie chrétienne, qui implique cette persévérance d'aller de l'avant.
Le pape rappelle aux jeunes que Dieu est le Visage de la miséricorde.
(Benoît
XVI rappelle !)
Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 06.01.2008 - BENOÎT XVI
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