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L'Eucharistie, enseigne
Benoît XVI, est Dieu sous la forme d'une réponse, d'une
présence attendue
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MARDI 5 décembre 2006 -
(E.S.M.) - Il y a deux jours, nous avons publié la première
partie d'un exposé paru dans le Bulletin "Adoremus" et traduit
par la secrétaire de Pro Liturgia, Mme Monique HAUSHALTER.
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L'Eucharistie, enseigne Benoît XVI, est Dieu sous la forme d'une réponse,
d'une présence attendue.
"Il n'y a pas de messe tridentine. Le Concile de Trente n'a fabriqué aucune
liturgie"
LE PAPE BENOÎT XVI ET LA RÉFORME LITURGIQUE.
(suite)
Pour lire la 1ère partie: Le vif intérêt que le Pape Benoît XVI porte
à la question liturgique:►
Benoît XVI
Quelques années auparavant, dans La Célébration de la Foi (1981), le Cardinal
Ratzinger avait parlé de la difficulté que représentait le fait de considérer le
Concile lui-même comme une rupture radicale avec le passé, une vision erronée du
Concile qui caractérise paradoxalement les deux camps extrêmes: ceux qui
rejettent l'autorité du Concile (c'est-à-dire les "Lefêbvristes"), et les
progressistes qui rejettent tout ce qu'il y avait auparavant. Lorsqu'on lui
parle de cette distinction radicale entre "croire ce qui est ancien ou ce qui
est nouveau" le cardinal répond: "Il me faut résolument contester cette
distinction. Le Concile n'a rien créé de nouveau à croire ou même à mettre à la
place de l'ancien. (...) Cette rupture dans la conscience liturgique
fondamentale me paraît être ce qu'il y a ici de véritablement funeste. Les
frontières entre liturgie et réunions estudiantines, entre liturgie et
convivialité disparaissent insensiblement."
Celui qui est devenu Benoît XVI précise pareillement que "la liturgie n'est vraiment elle-même que parce que ceux
qui la célèbrent ne peuvent en disposer à leur guise", et à propos des nouveaux
livres liturgiques, il déclare "qu'ils laissent ici et là trop apparaître une
planification pastorale trop délibérée, et renforcent l'idée qu'un livre
liturgique peut être "fabriqué",
comme n'importe quel autre livre."
S'il considère que le camps des "progressistes" se trompe lorsqu'il affirme que
le Concile les a autorisé en quelque sorte à créer une nouvelle liturgie basée
sur leur propre évaluation des "besoins pastoraux" de leurs contemporains, le
Cardinal Ratzinger se montre également très ferme dans sa critique des idées
caractérisant l'autre extrémité du spectre liturgique, à savoir les idées de
ceux qui rejettent la "nouvelle messe". Ainsi, concernant la messe dite
"tridentine", il écrit: "Il n'y a pas de messe tridentine. Le Concile de Trente
n'a fabriqué aucune liturgie". Le missel de 1570 est une version révisée du
Missel Romain publié 100 ans plus tôt, et ne s'en différencie que par d'infimes
détails. Le pape Pie V a demandé l'usage exclusif de ce Missel pour "contribuer
à écarter les équivoques que suscitait le pêle-mêle des essais liturgiques du
temps de la Réforme", précise encore le Cardinal, en notant qu'une exception
avait été faite à cette époque pour les liturgies qui dataient de plus de 200
ans et dont on acceptait la coexistence avec le "nouveau" missel de l'époque.
"Aux Tridentinistes, il faut répondre que la liturgie est, comme l'Eglise,
toujours vivante, et donc toujours aussi engagée dans un processus de maturation
au cours duquel il peut y avoir des tournants plus ou moins brusques. (...)
on
ne peut pas plus momifier le missel que l'Eglise elle-même", écrit le Cardinal.
Il déplore qu'après le Concile Vatican II "le nouveau missel ait été publié
comme un ouvrage élaboré par des professeurs et n'apparaisse plus comme une
étape au cours d'une croissance continue. Rien de semblable ne s'est jamais
produit sous cette forme; cela est contraire au caractère propre de l'évolution
liturgique." Malgré cet aspect un peu déroutant, le Cardinal affirme fermement:
"je dirai que je suis très reconnaissant au nouveau missel pour son contenu (mis
à part quelques critiques!)", relevant particulièrement le fait qu'il contient
davantage de prières et autorise l'usage des langues vernaculaires. "Je crois
donc qu'une nouvelle édition devra montrer et dire clairement que le missel de
Paul VI n'est rien d'autre qu'une nouvelle version du missel auquel avait déjà
travaillé Urbain VIII, saint Pie X et leurs prédécesseurs en
remontant jusqu'à l'Eglise primitive. La conscience de l'unité interne
ininterrompue de l'histoire de la foi, unité qui s'exprime dans l'unité toujours
présente de la prière issue de cette histoire, est essentielle pour l'Eglise.
Cette conscience se volatilise tout autant si l'on accorde ses suffrages à un
livre liturgique qui aurait été composé il y a quatre cents ans, que si l'on
souhaite une liturgie aussi fraîche que possible d'une confection maison. Le
concept de pensée est au fond le même dans les deux cas (...). Il s'agit de
savoir si la foi naît d'ordonnances et de recherches érudites, ou bien si elle
vient à nous au cours de l'histoire vivante de l'Eglise, identique à travers les
siècles."
Ce thème du risque d'emprisonner l'action de l'Eglise dans un moment particulier
de son histoire - passé ou présent - est repris par Ratzinger dans Dieu nous est
proche: l'Eucharistie au coeur de l'Eglise (2001). Il recourt ici à une autre
image très expressive: "Un grand danger menace nos églises aujourd'hui, celui de
se transformer en musées, avec le risque auquel sont confrontés tous les musées:
s'ils ne sont pas fermés, ils sont pillés! Mais ils ne sont plus vivants.
L'Eglise sera vivante, dotée d'une réelle ouverture intérieure, dans la mesure
où elle sera capable de garder ouvertes les portes de ses édifices, car
elle est
une Eglise de prière. Je vous le demande donc du fond du coeur: prenons un nouveau
départ dans ce sens; souvenons-nous que l'Eglise est toujours vivante, que par
elle, aujourd'hui encore, le Seigneur vient nous rencontrer (...).
L'Eucharistie
signifie: Dieu nous a répondu. L'Eucharistie est Dieu sous la forme d'une
réponse, d'une présence attendue. Ce n'est plus à nous de prendre l'initiative
dans la relation qui s'établit entre l'homme et Dieu, c'est Dieu qui la prend
(...) Néanmoins, souligne Benoît XVI, il ne s'agit pas là d'un simple dialogue, mais d'un partage
s'ouvrant à tous: lorsque que nous prions en présence de l'Eucharistie, nous ne
sommes jamais seuls. C'est toute l'Eglise qui célèbre avec nous l'Eucharistie,
qui prie avec nous."
Dans un document publié en 1998 à l'occasion du 10ème anniversaire du Motu
proprio
Ecclesia Dei promulgué par le pape Jean-Paul II,
Benoît XVI alors cardinal Joseph
Ratzinger donne son avis sur des problèmes que soulève l'attachement de certains
à l'ancienne liturgie et sur les raisons de marquer une certaine méfiance à
l'égard de la poursuite des anciennes formes liturgiques. Dans ce document, il
relève deux objections majeures adressées au Concile:
tout d'abord d'avoir
modifié le calendrier liturgique, et ensuite d'avoir ruiné l'unité de l'Eglise.
Comme le rappelait jadis celui qui est devenu Benoît XVI:
"Ce n'est pas le Concile lui-même qui a réformé les
livres liturgiques; il a demandé leur révision, et pour ce faire, il a
proposé quelques règles fondamentales". "Avant toute chose, le Concile a formulé
une définition de ce qu'est la liturgie, et cette définition donne des critères
valant pour toute célébration"; ainsi, "c'est d'après ces critères-là qu'il faut
juger de la valeur des célébrations liturgiques, qu'elles se réfèrent aux
anciens livres ou aux nouveaux (...). Une liturgie orthodoxe (...) qui exprime
la vraie foi, n'est jamais un montage réalisé en rassemblant des éléments
disparates selon des critères pragmatiques et dans un ordre arbitraire -
aujourd'hui comme ceci, et demain autrement -. La bonne forme d'un rite est une
réalité vivante, née d'un dialogue d'amour entre l'Eglise et son Seigneur. C'est
l'expression de la vie de l'Eglise, résumant en elle la foi, la prière, et la
vie de nombreuses générations, et qui s'est incarnée dans une forme concrète
rassemblant en une seule réalité l'action de Dieu et la réponse de l'homme." Le
Cardinal explique que "l'autorité suprême de l'Eglise peut définir et limiter
l'usage des rites dans différentes circonstances historiques. Mais l'Eglise
n'interdit jamais purement et simplement un rite. C'est ainsi que
le Concile a
ordonné une réforme des livres liturgiques, mais n'a pas interdit les livres
antérieurs."
Il observe pourtant qu'avec le nouvel Ordo missae les essais de "créativité"
sont souvent allés trop loin: "Il y a souvent une plus grande différence entre
les liturgies célébrées en des endroits différents avec les nouveaux livres,
qu'entre l'ancienne liturgie et la nouvelle lorsque les deux sont célébrées
comme elles doivent l'être, en respectant les textes liturgiques prescrits."
Plus loin il insiste encore: "Un chrétien ordinaire, sans culture liturgique
particulière, a du mal à faire la distinction entre une messe chantée en latin
selon l'ancien missel et une messe chantée en latin selon le nouveau missel." Et
il suggère une explication: "si l'aversion qu'on peut éprouver envers l'une ou
l'autre forme liturgique a pris une telle ampleur, c'est que les deux formes de
célébration sont supposées refléter deux attitudes spirituelles différentes,
deux façons différentes de percevoir l'Eglise et toute la vie chrétienne." Il
poursuit son analyse dans son allocution à propos du document
Ecclesia Dei "Le
fidèle moyen tient pour essentiel que la liturgie réformée soit célébrée en
langue vernaculaire et face au peuple, qu'il dispose d'une grande liberté pour
exercer sa créativité, et que les laïcs aient une présence très "active".
D'autre part, il paraît capital pour l'ancienne liturgie d'être célébrée en
langue latine, que le prêtre se tourne vers l'autel, que le rituel soit prescrit
de façon rigide, et que le croyant suive la messe en s'adonnant à ses prières
privées, sans la moindre participation concrète. Cette manière de voir les
choses donne une place essentielle à certains aspects constituant une liturgie,
mais pas à la liturgie elle-même et pour elle-même. (...) Mais ces oppositions que
nous venons d'énumérer ne découlent ni de l'esprit ni de la lettre des textes du
Concile."
Le Cardinal Ratzinger continue son analyse, relevant des faits précis quant à ce
que la Constitution sur la liturgie
Sacrosanctum Concilium a dit ou n'a pas dit:
"La Constitution sur la liturgie elle-même ne dit pas un mot à propos de la
célébration de la messe face à l'autel ou face au peuple.
Et concernant la
langue liturgique, elle dit que le latin doit être conservé tout en donnant aux
langues vernaculaires une plus grande place "en particulier pour les lectures et
les monitions, et dans un certain nombre de prières et de chants" (SC 36, 2)
Quant à la participation des laïcs, le Concile met l'accent en premier lieu sur
le fait que la liturgie concerne le Corps du Christ dans son ensemble - la Tête
et les membres - et que pour cette raison, elle appartient au Corps du Christ
tout entier; "en conséquence, la liturgie doit être célébrée dans la communauté
avec la participation active des fidèles". Et le texte spécifie: "Dans les
célébrations liturgiques, chacun, ministre ou fidèle, en s'acquittant de sa
fonction, fera seulement et totalement ce qui lui revient en vertu de la nature
de la chose et des normes liturgiques" (SC 28) "Pour promouvoir la participation
active, on favorisera les acclamations du peuple, les réponses, le chant des
psaumes, les antiennes, les cantiques et aussi les actions ou gestes et les
attitudes corporelles. On observera aussi en son temps un silence sacré" (SC
30). Les lignes précédentes résument les "directives" du Concile: elles
procurent de la matière à réflexion pour tous", dit le Cardinal Ratzinger,
ajoutant que "certains liturgistes modernes" ont eu tendance à développer ces
directives dans un sens unilatéral, les menant à "prendre à rebours les
intentions du Concile", à "minimiser le caractère sacrificiel de la messe,
causant ainsi la disparition du sens du mystère et du sacré", tout cela dans le
but de faciliter la compréhension de la liturgie.
Le Cardinal s'élève alors contre cette tendance à briser l'unité de la liturgie
en mettant l'accent uniquement sur son caractère communautaire, et permettant à
l'assemblée de déterminer elle-même quel genre de liturgie elle voudrait
célébrer.
Dans sa conférence de 1998, Ratzinger, pape Benoît XVI, note encore que, malgré ces problèmes
récurrents, "on peut constater clairement un retour au sens du mystère, à
l'adoration, au caractère sacré et aussi cosmique et eschatologique de la
liturgie" dans le cadre de mouvements récemment établis. (Il mentionne par
exemple, la "Déclaration d'Oxford" de 1996 en Angleterre, tout en pensant
également à Adoremus et à la Society for Catholic Liturgy, tous deux fondés au
Etats-Unis en 1995, avec les mêmes objectifs fondamentaux.)
Il se prononce également sur l'ancienne liturgie, non exempte de défauts selon
lui. En particulier, il note que "la célébration de l'ancienne liturgie marque
une tendance trop accentuée à glisser dans le domaine privé, individualiste, et
que la relation entre le prêtre et le fidèle s'y avère insuffisante" par le fait
que les fidèles récitent les prières privées contenues dans leur livre d'oraisons
durant la messe. Il suggère que c'est là qu'il faut probablement chercher une
explication à l'indifférence dont ont fait preuve la plupart des catholiques
lors de la disparition des anciens livres liturgiques: "les fidèles n'ont jamais
été véritablement en contact avec la liturgie elle-même." Des exceptions à cette
indifférence ont pourtant existé, observe le Cardinal, dans les endroits où "le
Mouvement Liturgique avait su créer un certain amour de la liturgie, et avait
anticipé les idées essentielles du Concile, comme par exemple la participation
priante de tous à l'action liturgique." Il conclut cette réflexion sur la
situation liturgique concernant l'ancienne et la nouvelle messe par cette mise
en garde: "lorsqu'il y a quelques années quelqu'un proposait "un nouveau
mouvement liturgique" dans le but d'éviter que les deux formes de la liturgie ne
puisse trop diverger l'une de l'autre, et de démontrer leur convergence interne,
certains amis de l'ancienne liturgie ont exprimé leur crainte que ceci ne soit
rien d'autre qu'un stratagème ou qu'une ruse pour éliminer complètement
l'ancienne liturgie. De telles craintes et peurs doivent cesser! Si, à travers
les deux formes de célébrations, il était possible de faire clairement l'unité
de la foi et l'unité du mystère eucharistique, il ne faudrait voir là qu'une
raison de se réjouir et de remercier le Seigneur. Dans la mesure où nous tous,
fidèles croyants, mettrons notre vie et nos actes en accord avec ces
motivations, nous pourrons aussi convaincre nos évêques que la présence de
l'ancienne liturgie ne troublera pas l'unité de leur diocèse, mais représentera
plutôt un don qui lui est fait pour aider à la construction du Corps du Christ,
dont nous sommes les serviteurs. Ainsi, chers amis, je voudrais vous encourager
à ne pas perdre patience, à garder espoir, et à trouver dans la liturgie la
force nécessaire pour mettre notre confiance dans le Seigneur en ces temps qui
sont les nôtres."
(Traduction: Monique HAUSHALTER)
Fin de la deuxième partie
(à suivre).
Sources: Pro-Liturgia
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E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 05.12.2006 - BENOÎT XVI - LITURGIE |