Le cardinal Bertone présente une
réflexion sur Caritas in Veritate de Benoît XVI au Sénat |
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Le 04 août 2009 -
(E.S.M.)
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Dans la matinée du mardi 28 juillet 2009, le cardinal Tarcisio Bertone,
secrétaire d'Etat, a prononcé un discours dans la salle du chapitre de la
bibliothèque du sénat de la République italienne, consacré à l'enseignement
de l'encyclique du Pape Benoît XVI, Caritas in veritate. Nous publions
ci-dessous le texte de son intervention:
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Le cardinal Bertone présente une
réflexion sur Caritas in Veritate de Benoît XVI au Sénat de la République
italienne
Efficacité et justice ne suffisent pas:
pour être heureux, le don est nécessaire
Le 04 août 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Dans la matinée du mardi 28 juillet 2009, le cardinal Tarcisio Bertone,
secrétaire d'Etat, a prononcé un discours dans la salle du chapitre de la
bibliothèque du sénat de la République italienne, consacré à l'enseignement
de l'encyclique du Pape Benoît XVI, Caritas in veritate. Nous publions
ci-dessous le texte de son intervention:
Tarcisio Bertone
L'encyclique de Benoît XVI s'ouvre par une introduction, qui constitue une
réflexion riche et profonde dans laquelle sont repris les termes du titre
même qui relie étroitement entre elles la caritas et la veritas, l'amour et
la vérité. Il s'agit non seulement d'une sorte d'explicatio terminorum, d'un
éclaircissement initial, mais l'on veut indiquer les principes et les
perspectives fondamentales de tout son enseignement. En effet, comme dans
une symphonie, le thème de la vérité et de la charité revient ensuite tout
au long du document, précisément parce que c'est là que réside, comme
l'écrit le Pape, "la force dynamique essentielle du vrai développement de
chaque personne et de l'humanité tout entière" (Caritas
in Veritate, n. 1).
Mais - nous demandons-nous - de quelle vérité et de quel amour s'agit-il? Il
ne fait aucun doute que précisément ces concepts suscitent aujourd'hui le
soupçon - en particulier le terme vérité - ou sont objets de malentendus -
et cela vaut en particulier pour le terme "amour". C'est pourquoi il
est important d'éclaircir de quelle vérité et de quel amour parle la
nouvelle encyclique. Le Saint-Père nous fait comprendre que ces deux
réalités fondamentales ne sont pas extrinsèques à l'homme ou même imposées à
lui au nom d'une quelconque vision idéologique, mais sont profondément
enracinées dans la personne même. En effet, "l'amour et la vérité - affirme
le Saint-Père - sont la vocation déposée par Dieu dans le cœur et dans
l'esprit de chaque homme" (n. 1), de l'homme
qui, selon l'Ecriture Sainte, est précisément créé "à l'image et
ressemblance" de son Créateur, c'est-dire du "Dieu biblique qui est à
la fois "Agapè" et "Logos": Charité et Vérité, Amour et Parole"
(n. 3).
Cette vérité, non seulement la Révélation biblique en témoigne, mais elle
peut être saisie par tout homme de bonne volonté qui utilise sa raison de
façon droite lorsqu'il réfléchit sur lui-même ("La
vérité est une lumière qui donne sens et valeur à l'amour. Cette lumière
est, en même temps, celle de la raison et de la foi, par laquelle
l'intelligence parvient à la vérité naturelle et surnaturelle de l'amour",
n. 3). A cet égard, cette vision semble bien illustrée par
certains contenus d'un document significatif et important qui a précédé de
peu la publication de Caritas in veritate: la Commission théologique
internationale nous a donné ces derniers mois un texte intitulé: A la
recherche d'une éthique universelle: nouveau regard sur la loi naturelle.
Celui-ci aborde des thèmes d'une grande importante, que je me sens en devoir
de signaler et de recommander, en particulier dans le contexte de ce Sénat,
c'est-à-dire d'une institution dont la fonction principale est l'élaboration
de normes. En effet, comme le Saint-Père le dit à l'Assemblée des Nations
unies à New York, au cours de sa visite l'an dernier au Palais de Verre à
propos du fondement des droits humains: "Ces droits trouvent leur
fondement dans la loi naturelle inscrite au cœur de l'homme et présente dans
les diverses cultures et civilisations. Détacher les droits humains de ce
contexte signifierait restreindre leur portée et céder à une conception
relativiste, pour laquelle le sens et l'interprétation des droits pourraient
varier et leur universalité pourrait être niée au nom des différentes
conceptions culturelles, politiques, sociales et même religieuses"
(
18 avril 2008; cf. orlf n. 16 du 22 avril 2008). Il s'agit de
considérations qui valent non seulement pour les droits de l'homme, mais
pour toute intervention de l'autorité légitime appelée à réglementer, selon
la véritable justice, la vie de la communauté à travers des lois qui ne
soient pas le fruit d'une simple entente conventionnelle, mais qui visent au
bien authentique de la personne et de la société et fassent donc référence à
cette loi naturelle.
Or, la Commission théologique internationale, en exposant la réalité de la
loi naturelle, illustre précisément que la vérité et l'amour sont des
exigences essentielles de tout homme, profondément enracinées dans son être.
"Dans sa recherche du bien moral, la personne humaine se met à l'écoute de
ce qu'elle est et elle prend conscience des inclinations fondamentales de sa
nature" (A la recherche d'une éthique universelle: nouveau
regard sur la loi naturelle, n. 45), et celles-ci orientent
l'homme vers des biens nécessaires à sa réalisation morale. Comme on le
sait, "on distingue traditionnellement trois grands ensembles de
dynamismes naturels... Le premier, qui lui est commun avec tout être
substantiel, comprend essentiellement l'inclination à conserver et à
développer son existence. Le deuxième, qui lui est commun avec tous les
vivants, comprend l'inclination à se reproduire pour perpétuer l'espèce. Le
troisième, qui lui est propre comme être rationnel, comporte l'inclination à
connaître la vérité sur Dieu ainsi que l'inclination à vivre en société"
(n. 46). En approfondissant ce troisième dynamisme, qui se
retrouve dans chaque personne, la Commission théologique internationale
affirme qu'il "est spécifique à l'être humain comme être spirituel, doté
de raison, capable de connaître la vérité, d'entrer en dialogue avec les
autres et de nouer des relations d'amitié... Son bien intégral est si
intimement lié à la vie en communauté que c'est en vertu d'une inclination
naturelle et non s'une simple convention qu'il s'organise en société
politique. Le caractère relationnel de la personne s'exprime aussi par la
tendance à vivre en communion avec Dieu ou l'Absolu... Elle peut certes être
niée par ceux qui refusent d'admettre l'existence d'un Dieu personnel, mais
elle n'en demeure pas moins implicitement présente dans la recherche de la
vérité et du sens qui habite tout être humain" (n. 50).
L'homme est donc fait pour connaître à travers un "élargissement de la
raison" (cf.
Discours du 12 septembre 2006 à l'université de Ratisbonne; orlf n. 38
du 19 septembre 2006) la vérité dans toute son étendue,
c'est-à-dire en ne se limitant pas à acquérir des connaissances techniques
pour dominer la réalité matérielle, mais en s'ouvrant jusqu'à rencontrer le
Transcendant, et pour vivre pleinement la dimension interpersonnelle de
l'amour, "principe non seulement des micro-relations: rapports amicaux,
familiaux, en petits groupes, mais également des macro-relations: rapports
sociaux, économiques, politiques" (Caritas in veritate,
n. 2). Ce sont précisément la veritas et la caritas qui nous
indiquent les exigences de la loi naturelle que Benoît XVI pose comme
critère fondamental de la réflexion d'ordre moral sur l'actuelle réalité
socio-économique: ""Caritas in veritate" est un principe sur lequel
se fonde la doctrine sociale de l'Eglise, un principe qui prend une forme
opératoire par des critères d'orientation de l'action morale" (n. 6). Avec
une expression efficace, le Saint-Père affirme donc que "la doctrine sociale
de l'Eglise... est "caritas in veritate in re sociali": annonce de la vérité
de l'amour du Christ dans la société. Cette doctrine est un service de la
charité, mais dans la vérité" (n. 5).
La proposition de l'encyclique n'est ni à caractère idéologique, ni
uniquement réservée à ceux qui partagent la foi dans la Révélation divine,
mais se fonde sur des réalités anthropologiques fondamentales, comme le sont
précisément la vérité et la charité entendues au sens droit, ou, comme le
dit l'encyclique elle-même, données à l'homme et reçues par lui, et non pas
produites par lui de façon arbitraire ("La vérité qui, à l'égal de la
charité est un don, est plus grande que nous, comme l'enseigne saint
Augustin. De même, notre vérité propre, celle de notre conscience
personnelle, nous est avant tout "donnée". Dans tout processus cognitif,
en effet, la vérité n'est pas produite par nous, mais elle est toujours
découverte ou mieux, reçue. Comme l'amour, elle "ne naît pas de la pensée
ou de la volonté mais, pour ainsi dire, s'impose à l'être humain",
Caritas in veritate, n. 34). Benoît XVI veut rappeler à tous que ce n'est
qu'en s'ancrant à ce double critère de la veritas et de la caritas, liés
entre eux de façon inséparable, que l'on peut construire l'authentique bien
de l'homme, fait pour la vérité et l'amour. Selon le Saint-Père, "seule la
charité, éclairée par la lumière de la raison et de la foi, permettra
d'atteindre des objectifs de développement porteurs d'une valeur plus
humaine et plus humanisante" (n. 9).
Après cette introduction indispensable, dans laquelle j'ai voulu souligner
certains aspects anthropologiques et théologiques du texte pontifical, sans
doute moins commentés par les articles journalistiques, je désire exposer à
présent uniquement certains points, sans avoir la prétention de couvrir le
vaste contenu de l'encyclique, dont, d'ailleurs, des commentateurs faisant
autorité ont déjà offert des approfondissements spécifiques, notamment dans
les pages de "L'Osservatore Romano" ou ailleurs.
1. Au-delà des dichotomies anciennes et obsolètes
Un message important qui nous vient de Caritas in veritate est l'invitation
à dépasser la dichotomie désormais obsolète entre la sphère économique et la
sphère sociale. La modernité nous a laissé en héritage l'idée selon laquelle
pour pouvoir œuvrer dans le domaine de l'économie, il est indispensable de
viser au profit et d'être animés principalement par son propre intérêt;
c'est comme si l'on disait que l'on n'est pas totalement entrepreneur si
l'on ne poursuit pas la maximalisation du profit. Dans le cas contraire, on
devrait se contenter de faire partie de la sphère du social.
Cette conception, qui confond l'économie de marché qui est le genus avec sa
species particulière qu'est le système capitaliste, a conduit à identifier
l'économie avec le lieu de la production de la richesse
(ou du revenu) et le social avec le lieu de la solidarité pour
une distribution équitable de celle-ci.
Caritas in veritate nous dit au contraire que mener une entreprise est
également possible lorsque l'on poursuit des objectifs d'utilité sociale et
que nos actions sont animées par des motivations de type pro-social. Il
s'agit d'une façon concrète, même si ce n'est pas la seule, de combler
l'écart entre l'économique et le social, étant donné qu'une action
économique qui n'incorporerait pas en son sein la dimension du social ne
serait pas éthiquement acceptable, comme il est également vrai qu'une action
sociale exclusivement redistributive, qui ne tiendrait pas compte des
ressources, ne serait pas durable à long terme: en effet, avant de pouvoir
redistribuer, il faut produire.
Il faut être particulièrement reconnaissant à Benoît XVI d'avoir voulu
souligner le fait que l'action économique n'est pas quelque chose de détaché
et d'étranger aux principes fondamentaux de la doctrine sociale de l'Eglise
qui sont: caractère central de la personne humaine; solidarité;
subsidiarité; bien commun. Il faut dépasser la conception pratique selon
laquelle les valeurs de la doctrine sociale de l'Eglise devraient trouver un
espace uniquement dans les œuvres de nature sociale, tandis qu'aux
spécialistes de l'efficacité reviendrait le devoir de guider l'économie. Le
mérite, et non le moindre, de cette encyclique, est de contribuer à trouver
un remède à cette lacune, qui est à la fois culturelle et politique.
Contrairement à ce que l'on pense, l'efficacité n'est pas le fundamentum
divisionis pour distinguer ce qui est de l'ordre d'une entreprise de ce qui
ne l'est pas, et cela pour la simple raison que la catégorie de l'efficacité
appartient à l'ordre des moyens et non à celui des fins. En effet, il faut
être efficaces pour poursuivre au mieux l'objectif que l'on a librement
choisi de donner à sa propre action. L'entrepreneur qui se laisse guider par
l'efficacité comme fin en soi risque de tomber dans la manie d'efficacité,
qui est l'une des causes les plus fréquentes de destruction de la richesse,
comme la crise économique et financière en cours nous le confirme
tristement.
En élargissant un instant la perspective du discours, parler de marché
signifie parler de concurrence, dans le sens où il ne peut y avoir de marché
là où il n'y a pas de pratique de la concurrence (même si
le contraire n'est pas vrai). Et personne ne met en doute que la
fécondité de la concurrence réside en ce que celle-ci implique la tension,
la dialectique qui présuppose la présence d'un autre et la relation avec un
autre. Sans tension, il n'y a pas de mouvement, mais - c'est là toute la
question - le mouvement que la tension engendre peut également être
mortifère, c'est-à-dire conduire à la mort.
Lorsque le but de l'action économique n'est pas la tension vers un objectif
commun - comme l'étymon latin cum-petere laisserait clairement entendre -
mais la théorie d'Hobbes mors tua, vita mea, le lien social est réduit à la
relation mercantile et l'activité économique tend à devenir inhumaine et
donc, en ultime analyse, inefficace. C'est pourquoi, même dans la
concurrence, la "doctrine sociale de l'Eglise estime que des relations
authentiquement humaines, d'amitié et de socialité, de solidarité et de
réciprocité, peuvent également être vécues même au sein de l'activité
économique et pas seulement en dehors d'elle ou "après" elle. La sphère
économique n'est, par nature, ni éthiquement neutre, ni inhumaine et
antisociale. Elle appartient à l'activité de l'homme et, justement parce
qu'humaine, elle doit être structurée et organisée institutionnellement de
façon éthique" (n. 36).
Or, le bénéfice, certainement important, que Caritas in veritate nous offre,
est celui de prendre véritablement en considération la conception du marché,
typique de la tradition de pensée de l'économie civile, selon laquelle on
peut vivre l'expérience de la socialité humaine au sein d'une vie économique
normale, et non pas en dehors ou à côté de celle-ci. C'est une conception
que l'on pourrait qualifier d'alternative, aussi bien par rapport à celle
qui considère le marché comme lieu de l'exploitation et de la domination du
fort sur le faible, ou par rapport à celle qui, dans le sillage de la pensée
anarco-libérale, le considère comme un lieu en mesure d'apporter des
solutions à tous les problèmes de la société.
Cette façon de mener une entreprise se différencie de l'économie de
tradition smithienne, qui considère le marché comme l'unique institution
véritablement nécessaire pour la démocratie et pour la liberté. La doctrine
sociale de l'Eglise nous rappelle en revanche qu'une bonne société est
certes le fruit du marché et de la liberté, mais qu'il existe des exigences,
découlant du principe de fraternité, qui ne peuvent être éludées, ni
renvoyées à la seule sphère privée ou à la philanthropie. Elle propose
plutôt un humanisme à plusieurs dimensions, dans lequel le marché n'est pas
combattu ou "contrôlé", mais est considéré comme un moment important
de la sphère publique - sphère qui est beaucoup plus vaste que celle qui
relève de l'Etat - et qui, s'il est conçu et vécu comme lieu ouvert
également aux principes de réciprocité et du don, peut édifier une saine
coexistence civile.
2. De la fraternité découle le bien commun
Je prends à présent en considération l'un des thèmes présents dans
l'encyclique, qui me semble avoir suscité un certain intérêt public en
raison de la nouveauté que revêtent les principes de fraternité et de
gratuité dans l'action économique. "Si le développement économique,
social et politique veut être authentiquement humain, - dit Benoît XVI -
il doit prendre en considération le principe de gratuité"
(n. 34). "Des formes économiques de solidarité" sont
nécessaires. Dans ce sens, le chapitre consacré à la collaboration de la
famille humaine est significatif: on y souligne que "le développement des
peuples dépend surtout de la reconnaissance du fait que nous formons une
seule famille", c'est pourquoi "le thème du développement coïncide avec
celui de l'inclusion relationnelle de toutes les personnes et de tous les
peuples dans l'unique communauté de la famille humaine qui se construit dans
la solidarité sur la base des valeurs fondamentales de la justice et de la
paix" (nn. 53-54).
La parole-clé qui aujourd'hui, exprime mieux que tout autre cette exigence
est celle de fraternité. C'est l'école de pensée franciscaine qui a conféré
à ce terme la signification qu'il a conservée dans le temps, qui constitue
le complément et l'exaltation du principe de solidarité. En effet, tandis
que la solidarité est le principe d'organisation sociale qui permet aux
inégaux de devenir égaux en vertu de leur égale dignité et de leurs droits
fondamentaux, le principe de fraternité est le principe d'organisation
sociale qui permet aux égaux d'être différents, dans le sens de pouvoir
exprimer diversement leur projet de vie ou leur charisme.
Je m'explique: les époques que nous avons laissées derrière nous, le xix et
en particulier le xx siècle, ont été caractérisées par de grandes batailles,
tant culturelles que politiques, au nom de la solidarité, et cela a été une
bonne chose; il suffit de penser à l'histoire du mouvement syndical et à la
lutte pour la conquête des droits civils. La question est qu'une société
visant au bien commun ne peut se contenter de la solidarité, mais a besoin
d'une solidarité qui reflète la fraternité, étant donné que, si la société
fraternelle est également solidaire, le contraire n'est pas nécessairement
vrai.
Si l'on oublie le fait que ne peut être durable une société d'êtres humains
dans laquelle le sens de fraternité est absent et dans laquelle tout se
réduit à améliorer les transactions fondées sur l'échange de biens
équivalents ou à augmenter les transferts réalisés par des structures
publiques d'assistance, on comprend pourquoi, en dépit de la qualité des
forces intellectuelles en action, on ne soit pas encore parvenu à une
solution crédible du grand trade-off entre efficacité et équité. Caritas in
veritate nous aide à prendre conscience que la société n'est pas capable
d'avoir un avenir si le principe de fraternité disparaît; c'est-à-dire
qu'elle n'est pas en mesure de progresser si existe et se développe
uniquement la logique du "donner pour avoir" ou du "donner par devoir".
Voilà pourquoi, ni la vision libérale et individualiste du monde, dans
laquelle tout (ou presque) est échange, ni la vision centrée sur l'Etat de
la société, dans laquelle tout (ou presque) relève du devoir, ne constituent
des guides sûrs pour nous faire sortir des impasses dans lesquelles nos
sociétés sont aujourd'hui engagées.
On se demande alors pourquoi, réapparaît comme un fleuve karstique, la
perspective du bien commun, selon la formulation qui lui a été donnée par la
doctrine sociale de l'Eglise, après au moins deux siècles au cours desquels
elle était de fait absente? Pourquoi le passage des marchés nationaux au
marché mondial, qui a eu lieu au cours du dernier quart de siècle, rend de
nouveau actuel le discours sur le bien commun? J'observe en passant que ce
qui a lieu s'inscrit dans un mouvement plus vaste d'idées en économie, un
mouvement dont l'objet est le lien entre religiosité et performance
économique. A partir de la considération selon laquelle les croyances
religieuses sont d'une importance décisive pour dresser un aperçu cognitif
des sujets et pour forger les normes sociales de comportement, ce mouvement
d'idées tente d'étudier combien la prédominance dans un pays
(ou territoire) donné d'une certaine matrice religieuse influence
la formation de catégories de pensée économique, les programmes de
protection sociale, la politique scolaire et ainsi de suite. Après une
longue période de temps, au cours de laquelle la célèbre thèse de la
sécularisation semblait avoir mis un terme à la question religieuse, tout au
moins en ce qui concerne le domaine économique, ce qui a lieu aujourd'hui
apparaît véritablement paradoxal.
Il n'est pas si difficile d'expliquer le retour dans le débat culturel
contemporain de la perspective du bien commun, véritable marque de l'éthique
catholique dans le domaine économique et social. Comme l'a expliqué
Jean-Paul ii à de nombreuses occasions, la doctrine sociale de l'Eglise ne
doit pas être considérée comme une théorie éthique supplémentaire par
rapport à celles déjà amplement présentes dans la littérature, mais comme
une "grammaire commune" à celles-ci, car fondée sur un point de vue
spécifique, celui de prendre soin du bien humain. En réalité, tandis que les
diverses théories éthiques trouvent leur fondement dans la recherche de
règles (comme cela a lieu dans le droit naturel
positiviste, selon lequel l'éthique dérive de la norme juridique)
ou encore dans l'action (il suffit de penser à la théorie
néocontractuelle de Rawls ou au néo-utilitarisme), la doctrine
sociale de l'Eglise adopte comme principe l'"être avec. Le sens de l'éthique
du bien commun explique que pour pouvoir comprendre l'action humaine, il
faut se placer dans la perspective de la personne qui agit
(cf. Veritatis splendor, n. 78) et non dans la
perspective d'un tiers (comme le fait le droit naturel),
c'est-à-dire d'un spectateur impartial (comme Adam Smith l'avait suggéré).
En effet, le bien moral, étant une réalité concrète, est avant tout connu
non pas par celui qui le théorise, mais par celui qui le pratique; c'est lui
qui sait l'identifier et donc le choisir avec certitude à chaque fois qu'il
est remis en question.
3. Le principe du don en économie
Venons-en alors au principe du don en économie. Que signifie, concrètement,
l'accueil de la perspective de la gratuité dans l'action économique? Le Pape
Benoît XVI répond que le marché et la politique ont besoin "de personnes
ouvertes au don réciproque" (Caritas in veritate, nn.
35-39). La conséquence lorsque l'on reconnaît au principe de
gratuité une place de premier plan dans la vie économique est liée à la
diffusion de la culture et de la pratique de la réciprocité. Avec la
démocratie, la réciprocité - définie par Benoît XVI comme "l'intime
constitution de l'être humain"
(Caritas in veritate, n. 57) - est
la valeur fondatrice d'une société. On pourrait même soutenir que c'est de
la réciprocité que la règle démocratique tire son sens ultime.
Dans quels "lieux" la réciprocité est-elle présente, c'est-à-dire
pratiquée et nourrie? La famille est le premier de ces lieux: il suffit de
penser aux rapports entres parents et enfants et entre frères et sœurs.
Autour de la famille se développe le rapport de don typique de la
fraternité. Il y a également la coopérative, l'entreprise sociale et les
diverses formes d'associations. N'est-il pas vrai que les rapports entre les
membres d'une famille ou entre les associés d'une coopérative sont des
rapports de réciprocité? Nous savons aujourd'hui que le progrès civil et
économique d'un pays dépend de façon fondamentale du degré de diffusion des
pratiques de réciprocité parmi ses citoyens. Il existe aujourd'hui un
immense besoin de coopération: voilà pourquoi nous avons besoin d'étendre
les formes de gratuité et de renforcer celles qui existent déjà. Les
sociétés qui extirpent de leur terrain les racines de l'arbre de la
réciprocité sont destinées au déclin, comme nous l'enseigne depuis longtemps
l'histoire.
Quelle est la fonction propre du don? Celle de faire comprendre qu'à côté
des biens de justice, il existe des biens de gratuité et donc qu'une société
dans laquelle on se contente des seuls biens de justice n'est pas
authentiquement humaine. Le Pape parle de la "stupéfiante expérience du
don" (n. 34).
Quelle est la différence? Les biens de justice sont ceux qui naissent d'un
devoir; les biens de gratuité sont ceux qui naissent d'une obbligatio.
C'est-à-dire, ce sont des biens qui naissent de la reconnaissance que je
suis lié à un autre qui, dans un certain sens, est une partie constitutive
de mon être. Voilà pourquoi la logique de la gratuité ne peut être réduite
de façon simpliste à une dimension purement éthique; en effet, la gratuité
n'est pas une vertu éthique. La justice, comme Platon l'enseignait déjà, est
une vertu éthique, et nous sommes tous d'accord sur l'importance de la
justice, mais la gratuité concerne plutôt la dimension supra-éthique de
l'action humaine, car sa logique est la surabondance, tandis que la logique
de la justice est la logique de l'équivalence. Donc, Caritas in veritate
nous dit que pour bien fonctionner et progresser, une société a besoin qu'au
sein de la pratique économique figurent des sujets qui comprennent ce que
sont les biens de gratuité, que l'on comprenne, en d'autres termes, que nous
avons besoin de faire refluer le principe de la gratuité dans les circuits
de notre société.
Benoît XVI invite à restituer le principe du don à la sphère publique. Le
don authentique, en affirmant le primat de la relation sur son exonération,
du lien entre sujets sur le bien donné, de l'identité personnelle sur
l'utile, doit pouvoir trouver un espace d'expression partout, dans tous les
domaines de l'action humaine, y compris l'économie. Le message que Caritas
in veritate nous laisse est celui de penser la gratuité, et donc la
fraternité, comme marque de la condition humaine et donc de voir dans
l'exercice du don le présupposé indispensable afin qu'Etat et marché
puissent fonctionner, en ayant pour objectif le bien commun. Sans des
pratiques élargies du don, il sera bien sûr possible d'avoir un marché
efficace et un Etat doté d'autorité (et même juste),
mais ce faisant, l'on n'aidera certainement pas les personnes à trouver la
joie de vivre. Car efficacité et justice, même si elles sont liées, ne
suffisent pas à assurer le bonheur des personnes.
4. Sur les causes lointaines de la crise financière
Caritas in veritate s'arrête sur les causes profondes (et
pas uniquement sur les causes proches) de la crise encore en
cours. Je n'ai pas l'intention de les passer en revue et je me limiterai à
résumer les trois facteurs principaux de crise identifiés et pris en
considération.
Le premier concerne le changement radical dans la relation entre finance et
production de biens et services qui s'est consolidé au cours des trente
dernières années. A partir du milieu des années 1970, divers pays
occidentaux ont conditionné leurs promesses en matière de retraite à des
investissements qui dépendaient de la capacité des nouveaux instruments
financiers à engendrer un profit durable exposant ainsi l'économie réelle
aux caprices de la finance et engendrant le besoin croissant de destiner à
la rémunération de l'épargne investie dans ces derniers des parts
croissantes de valeur ajoutée. Les pressions sur les entreprises, dérivant
des bourses et des fonds de private equity, se sont répercutées dans
plusieurs directions: sur les dirigeants poussés à améliorer continuellement
les performances de leur gestion, dans le but d'en tirer des volumes
croissants de stocks options; sur les consommateurs, pour les convaincre à
acheter toujours plus, même en l'absence de pouvoir d'achat; sur les
entreprises de l'économie réelle, pour les convaincre à augmenter la valeur
pour l'actionnaire. C'est ainsi que l'exigence constante de résultats
financiers toujours plus excellents s'est répercutée sur tout le système
économique, jusqu'à devenir un véritable modèle culturel.
Le deuxième facteur qui explique la crise est la diffusion, au niveau de la
culture populaire, de l'éthos de l'efficacité comme critère ultime de
jugement et de justification de la réalité économique. D'un côté, cela a
fini par légitimer l'avidité - qui est la forme la plus connue et la plus
répandue de l'avarice - comme une sorte de vertu civique: le greed market
qui remplace le free market. "Greed is good, greed is right"
(l'avidité est bonne, l'avidité est juste),
prêchait Gordon Gekko, le personnage principal du célèbre film de 1987, Wall
Street.
Enfin, Caritas in veritate ne manque pas de s'arrêter sur la cause des
causes de la crise: les spécificités du modèle culturel qui s'est consolidé
au cours des dernières décennies dans le sillage, d'un côté, du processus de
mondialisation, et, de l'autre, de l'avènement de la troisième révolution
industrielle, celle des technologies info-télématiques. Un aspect spécifique
de ce modèle concerne l'insatisfaction, toujours plus étendue, en ce qui
concerne la façon d'interpréter le principe de liberté. Comme on le sait, il
existe trois dimensions constitutives de la liberté: l'autonomie,
l'immunité, la capacité d'action. Qui dit autonomie dit liberté de choix: on
n'est pas libre si l'on n'est pas placé dans la condition de choisir.
L'immunité, en revanche, implique l'absence de coercition de la part d'un
agent extérieur. C'est, en définitive, la liberté négative
(ou encore la "liberté par rapport à"). La capacité
d'action enfin, signifie capacité de choix, c'est-à-dire de poursuivre des
objectifs, du moins en partie ou dans une certaine mesure, que le sujet se
fixe. L'on n'est pas libre si l'on ne réussit jamais à réaliser (pas même en
partie) son projet de vie.
Comme on peut le comprendre, le défi à relever consiste à réunir côte à côte
les trois dimensions de la liberté: telle est la raison pour laquelle le
paradigme du bien commun apparaît comme une perspective extrêmement
intéressante à explorer.
A la lumière de ce qui précède, nous pouvons comprendre pourquoi la crise
financière ne peut pas prétendre être un événement inattendu, ni
inexplicable. Voilà pourquoi, sans rien ôter aux interventions
indispensables en matière de réglementation et aux nouvelles formes
nécessaires de contrôle, nous ne réussirons pas à empêcher l'apparition
d'épisodes analogues à l'avenir si l'on n'attaque pas le mal à sa racine,
c'est-à-dire si l'on n'intervient pas sur le modèle culturel qui soutient le
système économique. Cette crise lance un double message aux autorités
gouvernementales. En premier lieu, que la sacro-sainte critique à l'"Etat
interventionniste" ne peut en aucun cas revenir à méconnaître le rôle
central de l'"Etat régulateur". En second lieu, que les autorités
publiques situées aux divers niveaux des gouvernements doivent permettre, et
même favoriser, la naissance et le renforcement d'un marché financier
pluraliste, c'est-à-dire d'un marché dans lequel puissent opérer dans des
conditions de parité objective des sujets différents, sur l'objectif
spécifique qu'ils attribuent à leur activité. Je pense aux banques du
territoire, aux banques de crédit coopératif, aux banques éthiques, aux
divers fonds éthiques. Il s'agit d'organismes qui ne proposent pas seulement
à leurs guichets une finance créative, mais qui jouent surtout un rôle
complémentaire, et donc, d'équilibre, par rapport aux agents de la finance
spéculative. Si, au cours des dernières décennies, les autorités financières
avaient éliminé les nombreux conditionnements qui pesaient sur les acteurs
de la finance alternative, la crise actuelle n'aurait pas eu la puissance
dévastatrice que nous connaissons.
5. Conclusion
Avant de conclure, je souhaite remercier le président du Sénat de la
République italienne, M. Schifani, de m'avoir permis d'illustrer devant cet
auditoire qualifié certains traits de la dernière encyclique de Benoît XVI.
Il s'agit d'une certaine façon d'un retour du Saint-Père dans ce siège du
Sénat de la République, où celui qui était alors le cardinal Joseph
Ratzinger tint le 13 mai 2004 dans la bibliothèque du sénat précisément, une
"lectio magistralis" restée dans les mémoires sur le thème: "L'Europe.
Ses fondements spirituels, hier, aujourd'hui et demain".
Il est intéressant de noter que dans cette intervention, entre autres, le
futur Souverain Pontife abordait certains thèmes que l'on retrouve
aujourd'hui dans sa dernière encyclique. Pensons, par exemple, à
l'affirmation de la raison profonde de la dignité de la personne et de ses
droits: ceux-ci - disait le cardinal Ratzinger - "ne sont pas créés par le
législateur, ni conférés aux citoyens, "mais ils existent plutôt de par
leur droit propre, ils doivent toujours être respectés de la part du
législateur, ils lui sont donnés au préalable comme des valeurs d'ordre
supérieur". Cette validité de la dignité humaine préalable à toute
action politique et à toute décision politique renvoie en ultime analyse au
Créateur: Lui seul peut établir des valeurs qui se fondent sur l'essence de
l'homme et qui sont intangibles. Le fait qu'il existe des valeurs qui ne
puissent être manipulées par personne est la véritable garantie de notre
liberté et de la grandeur humaine; la foi chrétienne voit en cela le mystère
du Créateur et de la condition d'image de Dieu qu'il a conférée à l'homme.
Dans Caritas in veritate, Benoît XVI répète que "les droits humains
risquent de ne pas être respectés" lorsqu'"ils sont privés de leur
fondement transcendant" (n. 56), c'est-à-dire
lorsqu'on oublie que "Dieu est le garant du véritable développement de
l'homme, dans la mesure où, l'ayant créé à son image, il en fonde aussi la
dignité transcendante" (n. 29).
Dans la "lectio magistralis" tenue il y a cinq ans, l'actuel
Souverain Pontife rappelait encore qu'"un deuxième point dans lequel
apparaît l'identité européenne est le mariage et la famille. Le mariage
monogame, comme structure fondamentale de la relation entre un homme et une
femme et dans le même temps comme cellule dans la formation de la communauté
de l'Etat, a été forgé à partir de la foi biblique. Il a donné à l'Europe,
tant occidentale qu'orientale, son visage spécifique et son humanité
spécifique, également et précisément parce que la forme de fidélité et de
renoncement définie ici a toujours dû être à nouveau conquise, au prix de
nombreux efforts et difficultés. L'Europe ne serait plus l'Europe, si cette
cellule fondamentale de son édifice social disparaissait ou était changée
dans son essence". Dans Caritas in veritate, cet avertissement s'étend
jusqu'à devenir universel, nous pourrions dire mondial, et s'adresse à tous
les responsables de la vie publique; nous lisons en effet, dans celle-ci:
"Continuer à proposer aux nouvelles générations la beauté de la famille et
du mariage, la correspondance de ces institutions aux exigences les plus
profondes du cœur et de la dignité de la personne devient ainsi une
nécessité sociale, et même économique. Dans cette perspective, les Etats
sont appelés à mettre en œuvre des politiques qui promeuvent le caractère
central et l'intégrité de la famille, fondée sur le mariage entre un homme
et une femme, cellule première et vitale de la société, prenant en compte
ses problèmes économiques et fiscaux, dans le respect de sa nature
relationnelle" (n. 44).
Certes, Caritas in veritate s'adresse, comme cela est affirmé dans son titre
officiel, à tous les membres de l'Eglise catholique et "à tous les hommes
de bonne volonté". Pourtant, en vertu des principes qu'il éclaire, des
problèmes qu'il affronte et des indications qu'il offre, ce document
pontifical, qui a d'abord suscité tant d'attentes, puis tant d'attention et
de reconnaissance, en particulier dans le domaine social, politique et
économique, peut trouver, me semble-t-il, un écho particulier dans ce siège
institutionnel qu'est le Sénat de la République. Je suis convaincu que,
au-delà des différences de formation et de convictions personnelles, ceux
qui possèdent la responsabilité délicate et honorifique de représenter le
peuple italien et d'exercer par son mandat le pouvoir législatif, peuvent
trouver dans les paroles du Pape une noble et profonde inspiration dans
l'accomplissement de leur mission, afin de répondre de façon adéquate aux
défis éthiques, culturels et sociaux qui nous interpellent aujourd'hui et
que l'encyclique Caritas in veritate place devant nous de façon extrêmement
lucide et exhaustive. Je forme le vœu que ce document du Magistère
ecclésial, que j'ai tenté de vous illustrer du moins en partie aujourd'hui,
puisse trouver en ce siège l'attention qu'il mérite et porter ainsi des
fruits positifs et abondants pour le bien de chaque personne et de toute la
famille humaine, en commençant par la chère nation italienne.
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Caritas in Veritate, l'encyclique sociale du pape Benoît XVI
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Introduction et Ier chapitre : Le
message de Populorum Progressio
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IIème chapitre : Le développement humain
aujourd'hui
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IIIème chapitre : Fraternité,
développement économique et société civile
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IVème chapitre : Développement des
peuples, droits et devoirs, environnement
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Vème chapitre : La collaboration de la
famille humaine
►
VIème chapitre et conclusion : Le développement des peuples et
la technique
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format Pdf
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Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
©L'Osservatore Romano - 4 août 2009
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.08.09 -
T/Caritas in Veritate |