Entretien avec Mgr Livio Melina, Recteur de l’Institut
Pontifical Jean Paul II |
|
Rome, le 04 Juin 2008 -
(E.S.M.) - L’Agence Fides a eu un entretien avec le Président
de L’institut Jean Paul II, Monseigneur Livio Melina, et lui a posé les
questions suivantes sur la crise de la famille en Europe.
|
Monseigneur Livio
Melina
Entretien avec Mgr Livio Melina, Recteur de l’Institut Pontifical Jean Paul
II pour les Études sur le Mariage et la Famille
L’Institut Pontifical pour les Études sur le Mariage et la Famille a été
fondé en 1981 par le Pape Jean Paul II, pour donner à toute l’Église une
contribution de réflexion philosophique, théologique et pastorale, sur la
vérité concernant la personne, le mariage et la famille, avec l’aide des
différentes sciences humaines.
L’Institut prépare des prêtres, des religieux et des laïcs à exercer leur
profession en milieu ecclésial et civil. On propose actuellement les cours
suivants : Licence en théologie du mariage et de la famille, doctorat en
théologie avec spécialisation en théologie du mariage et de la famille ;
Master en Sciences du mariage et de la famille : cycle normal et cycle
spécial ; Master en Bioéthique et Formation ; Diplôme en pastorale de la
famille. L’Institut Pontifical Jean Paul II n’a pas seulement son siège à
Rome, mais aussi au Mexique, au Brésil, aux Etats-Unis, en Espagne, en
Afrique, en Inde et en Australie.
L’Agence Fides a eu un entretien avec le Président du L’institut Jean Paul
II, Monseigneur Livio Melina, et lui a posé les questions suivantes sur la
crise de la famille en Europe :
Monseigneur Melina, chaque vingt-cinq secondes, il y a un avortement en
Europe, qui fait plus de victimes que les maladies du coeur, que les
maladies cardiovasculaires, que les accidents de la route et que les
suicides. La croissance naturelle de la population est à peine supérieur à
1,1% ; le nombre des divorces, ces 15 dernières années, a augmenté de 50%,
et a touché 21 millions d’enfants. D’après vous, à quoi peut-on attribuer
ces résultats ?
Il s’agit de phénomènes complexes qui appartiennent à un même fonds
socioculturel, tout en ayant des dynamiques indépendantes. Pour ce qui
concerne l’avortement, on se réfère parfois à la nécessité d’introduire une
contraception de masse pour l’éviter ; mais, en réalité, l’observation
comparative de la situation française et de la situation italienne montre
comment cette connexion n’est pas pertinente. En France, en effet, face à
une contraception très répandue, on rencontre une croissance de
l’avortement. En Italie, en revanche, où la contraception est moins
pratiquée, il y a une baisse du nombre des avortements. Cela veut dire que
la cause profonde de la contraception et de l’avortement est le manque d’une
culture de la famille et d’une conception de la sexualité séparée de
l’amour.
Et également pour ce qui concerne le divorce, il se répand quand manque la
capacité d’un engagement fort et fidèle vis-à-vis du conjoint et des
enfants, et quand manque la capacité d’affronter les difficultés et les
sacrifices que comportent la vie avec une autre personne.
Dans la « Proposition pour une stratégie de l’Union Européenne pour le
soutien aux couples et au mariage », rédigée par le Secrétariat de la COMECE
(Commission des Épiscopat de la Communauté Européenne),
et présentée le 5 novembre 2007 à Bruxelles, on lit : « Le document
n’entend pas mettre en discussion l’accord actuel dans l’U.E. sur les
compétences des États membres en matière de droit de la famille et de
politiques de la famille. Elle entend au contraire lancer un débat sur tout
ce que peuvent faire les institutions communautaires dans le cadre de leurs
propres compétences ». Que peuvent faire concrètement pour la famille, à
votre avis, les Institution Communautaires
Je crois que la famille, fondée sur la mariage stable entre une homme et une
femme, a besoin d’être reconnue comme élément de base du bien commun d’une
société, et donc protégée du point de vue juridique, et aidée par les
politiques adéquates dans le domaine de l’éducation, du travail, de la
maison, de la santé, et de l’organisation générale de la vie sociale.
En effet, seule la famille, qui se consacre de manière stable à l’éducation
des enfants et au bien de ses membres, continue à assurer à la société ce
« capital social » qui lui est indispensable, à savoir, cette réserve de
comportements, d’attitudes et de valeurs partagées sur lesquelles se fondent
les relations sociales plus quotidiennes et nécessaire.
Les Institutions Communautaires devraient reconnaître ce rôle essentiel de
la famille, fondée sur la mariage stable entre un homme et une femme, et qui
est conforme au sentiment des peuples et de nos traditions, et en
conséquence, de l’aider.
A votre avis, n’est-il pas urgent d’organiser une grande campagne pour la
natalité, en Europe ?
Certainement, l’hiver démographique dans lequel se trouvent de nombreuses
Nations en Europe, est un sujet de grande préoccupation pour le bien-être de
la société. Je ne crois pas, toutefois, qu’il puisse être résolu par de
simples appels, mais plutôt par une reprise culturelle de l’espérance dans
l’avenir, qui devrait, naturellement, être soutenue aussi par des mesures
sociales adéquates en faveur de la maternité et de la famille. Les
politiques, dans ce sens, menées dans plusieurs Nations européennes lors des
dix dernières années, montrent qu’il est possible d’invertir une tendance,
et de surmonter les conséquences d’une attitude pessimiste et repliée sur
elle-même, dans laquelle se trouvent trop souvent des populations
européennes.
Il s’agit de sortir d’une situation dans laquelle les jeunes sont découragés
de s’engager à former une famille, en raison aussi de la précarité de la vie
dans laquelle ils se trouvent, et dans laquelle aussi, les jeunes familles
qui désireraient pourtant s’ouvrir à la vie, sont laissées seules et
empêchées de mille et mille manières dans leur désir généreux et spontané.
Quels sont, pour les familles, les effets du vieillissement de la
population ?
Je ne suis pas un sociologue, mais il me semble qu’un vieillissement de la
population, au-delà des aspects de caractère économique, comme la difficulté
d’assurer les retraites et le soutien adapté des personnes âgées et malades,
comporte avant tout un manque d’espérance et d’élan vers l’avenir
C’est précisément le thème de l’espérance que le Pape Jean Paul II a
développé dans son document post-synodal sur l’Église en Europe
(Ecclesia
in Europa),
et que, en particulier, le Pape Benoît XVI a abordé dans sa récente
Encyclique «
Spe Salvi ».
Bien commun et identité chrétienne de l’Europe. Quelles sont vos
observations à ce sujet
La possibilité de regarder avec espérance vers l’avenir, dépend de la
certitude que l’on possède sur la valeur de sa propre identité historique et
de sa propre mémoire, une espérance fondée peut s’enraciner seulement dans
la mémoire. On notre souvent en Europe une tendance à nier ses propres
racines chrétiennes qui, avec d’autres facteurs culturels, constituent l’ADN
qui peut permettre de se tourner vers l’avenir dans une attitude de
confiance et de dialogue avec les autres peuples.
Un peuple sans identité est plus facilement manipulable par le pouvoir : ne
sachant qui il est, il ne sait pas où aller, et il ne trouve pas de raisons
suffisantes pour édifier une vie commune fière de sa propre histoire et
ouverte au dialogue avec les autres.
Dans un contexte culturel où se perd une identité commune, prévaut alors la
dérive vers la satisfaction immédiate de désirs, et vers l’individualisme,
en sorte que l’on ne trouve plus les raisons de la vie en commun, et
s’évanouit alors l’idée même qu’il puisse exister un bien commun pour lequel
il faut travailler et se sacrifier. Pour cela, je crois que seule la
récupération d’une mémoire sereine et forte de sa propre identité chrétienne
puisse permettre de retrouver les raisons de la vie sociale, et l’élan vers
l’avenir
Dossier réalisé par D.Q. - Agence Fides
26/4/2008; Directeur Luca de Mata
►
Le pape Benoît XVI dénonce une "sorte de
conspiration du silence" - 04.06.08
La première partie du Dossier : "La
crise de la famille en Europe" - 28.04.08
Table
:
►
La famille fondée sur le mariage
Sources :
www.vatican.va -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 04.06.08 -
T/Famille |