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19 Avril 2005
 

Comprendre la pensée de Benoît XVI, interview du père Michel Viot

 

Le  03 septembre  2009  - (E.S.M.) - Tandis que l'opinion publique découvre avec intérêt la troisième encyclique de Benoit XVI, « Caritas in Veritate », le Père Michel Viot, diocésain de Blois, publie un ouvrage, Le vrai et le faux - Comprendre la pensée de Benoît XVI. Guide de lecture de la seconde encyclique « Spe Salvi », ce livre présente une belle occasion pédagogique de lier l'ensemble des écrits pontificaux et d'en éclairer la compréhension.

Comprendre la pensée de Benoît XVI, interview du père Michel Viot

Par Mgr Bernard Podvin

Le 03 septembre 2009  - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Le Père Viot répond aux questions du Père Podvin, porte-parole de la Conférence des évêques de France.

Vous situez « Spe Salvi » parmi les documents théologiques les plus denses de Benoît XVI, pouvez-vous préciser ce point de vue ?

Le Pape y aborde toutes les composantes essentielles de la foi chrétienne, se fondant sur l'Ecriture et la Tradition. Il y jette un regard neuf et propose des relectures qui prennent en compte l'évolution des esprits. Aussi n'apparaît-il pas comme un conservateur qui ne ferait que répéter le passé, mais bien comme un pasteur et un théologien ayant souci d'actualiser la foi.
Cette encyclique met en avant ce qui a fait le succès de la foi chrétienne : la grande espérance qui ne se limite pas à la vie sur la terre, mais qui s'épanouit dans la vie éternelle, objet d'espérance en ce monde. D'emblée et dès les premières pages, le lecteur, surtout s'il est chrétien, se pose la question du lien entre ce qu'il fait de sa vie et son espérance. Et là, espérance est aussi à comprendre au sens de foi (Chap. 2). Ainsi les deux premières encycliques traitent-elles des trois vertus théologales. Et Spe Salvi de deux : espérance et foi. D'où la densité. La table des matières est éloquente. L'exposé encore plus, il renvoie à plusieurs auteurs anciens, d'autres plus proches dans le temps ou mêmes contemporains et montre ainsi toute la portée du christianisme. L'analyse papale n'esquive aucune difficulté. Les questions difficiles sont abordées avec toute la rigueur scientifique d'un grand théologien, à titre d'exemples, les plus frappants : les chapitres 8 et 9. Espérance dans la souffrance, le Christ Sauveur et Juge, deux thèmes souvent parents très pauvres de l'enseignement de l'Eglise aujourd'hui.

Vous dites que Benoît XVI parle de la grande espérance de l'homme qui résiste malgré toutes les désillusions. « Ce ne peut être que Dieu qui nous a aimés jusqu'à ce que tout soit accompli ». Comment parler de cette espérance à un occident sécularisé ?

Il suffit de jeter un coup d'œil à l'histoire de l'humanité pour se rendre compte que toutes les espérances que les doctrinaires ou des idéologues ont fait miroiter à l'homme n'étaient au fond que des espoirs qui ont été déçus. Il leur manquait la verticalité et le désintéressement. Seule l'espérance des biens éternels ne trompe pas, car elle correspond à quelque chose d'inscrit dans la nature même de l'homme : l'aspiration au bonheur. Que de saints connus et, plus encore, ignorés, ont su vivre les pieds bien sur terre mais le regard tourné vers le ciel, vers le Dieu Père qui les attend ! Il n'y a en cela nul fanatisme : sous toutes les latitudes, indépendamment du degré de culture, tout au long de vingt siècles, des hommes et des femmes ont trouvé dans cette espérance d'un monde vraiment meilleur une raison d'être, à leur façon, positive d'appréhender la vie et son cortège d'épreuves. Le Christ est vainqueur du monde par la Croix. Vouloir vivre le dos tourné à Dieu, c'est se fermer à la seule espérance qui tienne. C'est faire une option suicidaire.

Les martyrs, évoqués par Benoît XVI en son encyclique, seraient-ils les seuls à être capables de cette union totale au Christ dans l'espérance ?

Bien sûr que non, et heureusement, car autrement qu'en serait-il des autres ? Etablir une liste par degrés de sainteté n'aurait pas de sens. Dieu seul connaît la somme de grâces qu'il a accordées à chaque individu et la mesure de sa réponse. Beaucoup de saints sont parvenus à une union mystique des plus élevées. Ce que le martyre apporte de particulier, c'est l'affirmation héroïque de la foi, qui fait entrer directement au ciel. Mais plus d'un martyr n'a pas été un modèle de christianisme avant d'être mis à mort au nom du Christ. Il serait donc impropre de parler, dans ces cas, d'union totale au Christ dans l'espérance.

Le chrétien, dites-vous, ne peut se contenter de dire « non » au théisme et à l'athéisme : où vous semble se situer la difficulté la plus grande d'être chrétien aujourd'hui ? Ne dit-on pas que l'opinion est religieusement indifférente ?

Permettez-moi de réagir tout de suite au début de la question. Oui, le double non au théisme et à l'athéisme d'Adorno et de Horkheimer (les philosophes marquants de l'école de Francfort) est impossible pour le chrétien, car sa foi inclut l'incarnation. Il peut en effet dire oui au théisme du christianisme et adorer l'image que Dieu lui-même s'est donnée en son Fils, et ce, sans idolâtrie. Cela étant, je ne pense pas que l'opinion soit religieusement indifférente. Il faudrait préciser de quel milieu ou pays l'on parle. Il existe des milieux très militants anti-catholiques, pro-avortement, euthanasie, et j'en passe, qui manifestent un « credo » bien arrêté, lequel credo, qu'on le veuille ou non, s'exprime par référence à Dieu, rejeté, contré en l'occurrence. De façon plus positive, l'on constate partout dans notre pays un regain très net de piété populaire. Que l'expression de la religion connaisse des hauts et des bas, cela se comprend. Mais l'on ne pourra jamais effacer le sentiment religieux : il est inhérent à l'homme. Les goulags et autres camps d'extermination totalitaires, entre autres, le prouvent, ainsi que l'échec à venir à bout de la religion des gouvernements nazis, anti-chrétiens, anarchistes et communistes partout dans le monde (généralement le christianisme) malgré leur volonté affichée et les énormes moyens mis en œuvre. Les martyrs sont une semence de sainteté.

La principale difficulté de nos jours, vient de l'ignorance religieuse. Celle-ci est savamment organisée dans l'éducation, les moyens de communication sociale, etc. Les évêques de France se sont penchés sur la question de la transmission de la foi de telle façon qu'elle soit comprise par les générations actuelles. Le rôle de l'internet est sans doute important : c'est un vecteur d'évangélisation qui peut réserver beaucoup de surprises agréables (et d'autres moins utiles). Mais le contact humain ne saurait être remplacé par la machine.

Finalement en quoi consiste véritablement l'espérance chrétienne selon Benoît XVI ?

Il me semble que le pape répond lui-même à cette question quand il écrit : « Notre Espérance est toujours essentiellement aussi espérance pour les autres, c'est seulement ainsi qu'elle est vraiment espérance pour moi. En tant que chrétiens, nous ne devrions jamais nous demander seulement : comment puis-je me sauver moi-même ? Nous devrions aussi nous demander : que puis-je faire pour que les autres soient sauvés et que surgisse aussi pour les autres l'étoile de l'espérance ? Alors j'aurais fait le maximum pour mon salut personnel. » (fin du paragraphe 48 de l'encyclique).

Votre activité de théologien et votre ministère pastoral sont souvent liés dans votre écriture. Que suggérez-vous à nos visiteurs internautes pour devenir témoins de l'espérance ?

Je suggère aux visiteurs internautes de ce site, désireux de devenir témoins de l'espérance, de commencer par relire tout ce qui concerne les lieux d'apprentissage de l'espérance, les paragraphes 32 à 48 inclus. Il leur faudra alors se souvenir de ce qu'ils ont vécu ou vivent encore quand leur conscience leur indique qu'ils se trouvent sur de tels lieux.

Dans leur prière par exemple, quelle place tient la grande espérance quand ils formulent certaines demandes concernant leur vie d'ici-bas, ou encore que signifie pour eux que Christ soit sauveur et juge dans leur manière de se comporter ici-bas ?

Certes, je lie mes activités de théologien et mon ministère pastoral, tout simplement parce que je suis, modestement, comme le Saint Père, témoin d'une foi qui se veut vivante, qui débouche donc sur les œuvres au quotidien.

L'énoncé de vérités religieuses doit toujours s'accompagner de signes ou d'exemples concrets, tout comme la phrase « Tes péchés te sont pardonnés » s'achève dans le « Lève-toi et marche ».

Quel lien faites-vous entre les trois encycliques de Benoît XVI ? Quels conseils pédagogiques donneriez-vous pour ne pas passer à côté de ces trésors ?

A mon sens, les lire et relire calmement et, surtout, les porter dans la prière en demandant à l'Esprit Saint ses lumières et ses conseils sur la façon de les faire passer dans notre vie personnelle, puis en transmettre le contenu aux autres, de façon adaptée à chacun.

Cela dit, on ne peut oublier que Benoît XVI est pape et universitaire de haute qualité. La marque pédagogique est donc plus frappante que chez ses prédécesseurs. Ainsi, selon les urgences de ce monde, la troisième encyclique aurait dû être la première. Et ce, d'autant plus qu'elle pouvait prendre la suite logique d'autres encycliques de ses prédécesseurs sur la doctrine sociale de l'Eglise.

Mais le Saint Père a vu plus loin. Il sait à quel point la notion d'amour de Dieu donne lieu à des raisonnements aberrants comme aussi l'espérance chrétienne est complètement déformée dans l'esprit des chrétiens, quand elle n'est pas éteinte. Avant donc de montrer comment l'amour de Dieu pourrait s'incarner en toute vérité dans une certaine façon de vivre en société, il importait donc de rappeler ce qu'était vraiment l'amour pour le christianisme (Deus Caritas est) ainsi que l'espérance (Spe Salvi).

Sans la référence aux deux premières encycliques, les affirmations de la troisième risquent d'être mal comprises. Aussi je ne suis pas étonné de voir les anti-Benoît XVI, qui dans le meilleur des cas n'ont lu qu'en diagonale les deux premières encycliques, se jeter sur la troisième avec passion. Les récupérations politiques déformant les paroles du Saint Père sont alors à craindre. Ce qui ne serait pas le cas si les deux premières, et surtout Spe Salvi, étaient mieux connues. Une note optimiste cependant, et heureusement : dans de nombreux diocèses en France des initiatives se prennent. Par exemple, le diocèse de Paris et le Collège des Bernardins ont eu l'intelligence d'organiser un magnifique colloque pour la sortie de cette troisième encyclique et d'en publier une édition avec les interventions du colloque. Il y a donc présentation et commentaires de haute qualité du texte papal et une excellente introduction de Monseigneur Jérôme Beau, évêque auxiliaire de Paris, Directeur du Collège des Bernardins. Le terrain est donc balisé. Mais celui qui lira bien ces textes aura finalement envie de connaître tout de même les deux premières encycliques.

Référence du livre :
« Le vrai et le faux » - Comprendre la pensée de Benoit XVI, par Michel Viot, Editions L'œuvre spirituelle, 2009.

 

Sources : eglise.catholique

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 03.09.09 - T/Eglise

 

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