Benoît XVI au clergé de Rome : la
justice se réalise seulement s'il y a des justes (4) |
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Le 03 mars 2009 -
(E.S.M.)
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Une des huit questions (la n°4) posées par les prêtres Romains à leur
Evêque, le 26 février: le Pape Benoît XVI s'exprime sur la crise économique.
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Benoît XVI au clergé de Rome : la
justice se réalise seulement s'il y a des justes (4)
Le 03 mars 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Le 26 février dernier, le pape Benoît XVI recevait au Vatican "ses" curés, se
livrant avec eux, selon une coutume désormais bien installée, à l'exercice
des questions-réponses, où il excelle dans la profondeur et dans la
bonhomie, malgré la fausse réputation de rigidité professorale que lui ont
fabriquée des "observateurs" aussi sourds que myopes.
Dans la quatrième question, où le
Saint-Père s'exprime sur les sujets économiques, répondant à un curé de ce
qui me semble être une banlieue défavorisée de Rome, le ton est celui de la conversation familière, mais les propos reprennent
avec force ceux du discours de 1985.
Avec une phrase-clé: opposant (pour paraphraser le jargon économique) la
'macro-justice' à la 'microjustice', il dit: S'il n'y a pas de justes, il
n'y a pas non plus de justice.
Le devoir de l'Eglise est donc de former les justes.
Une petite remarque: le Saint-Père fait allusion à la préparation de
l'Encyclique tant annoncée sur les sujets sociaux (En attendant l'encyclique
sociale ). Et nous laisse un peu deviner pourquoi sa sortie est différée.
Comme nous le supposions, c'est un perfectionniste.
Comme vous le savez, depuis longtemps nous préparons une Encyclique sur ces
points. Et dans ce long chemin je vois combien il est difficile de parler
avec compétence, parce que si on n'affronte pas avec compétence une certaine
réalité économique, on ne peut pas être crédible.
[Note: Il va de soi que cette traduction (benoit-et-moi)
n'est pas un exercice académique!
De toutes façons, il ne faut pas oublier que c'est la transcription de
propos prononcés a bracio... ce qui ne les empêche pas d'être
impressionnants de beauté, dans la version originale en italien].
Question adressée à Benoit XVI : Sainteté, je suis Don Giampiero Ialongo, un des nombreux curés qui
accomplissent leur ministère dans la périphérie de Rome(..)
Des banlieues comme tant d'autres, souvent oubliées et négligées par les
institutions. Je suis heureux que cet après-midi, le président de la Mairie
nous ait convoqués : nous verrons ce qui pourra jaillir de cette rencontre
avec la municipalité.
Et, peut-être plus que d'autres zones de notre ville, nos périphéries
ressentent vraiment fort le malaise que la crise économique internationale
commence vraiment à faire peser sur les conditions concrètes de vie d'un
nombre non négligeable de familles. Au titre de la Caritas (Secours
Catholique) paroissiale, mais surtout de la Caritas diocésaine, nous mettons
en place beaucoup d'initiatives qui prennent avant tout la forme de
l'écoute, mais aussi d’une aide matérielle concrète, vers ceux qui- sans
distinction de races, de cultures, de religions - s'adressent à nous. Malgré
cela, nous nous rendons de plus en plus compte qu'on se trouve devant une
véritable urgence. Il me semble que beaucoup trop de personnes - pas
seulement des retraités, mais aussi des gens qui ont un emploi régulier,, un
contrat à durée indéterminé- trouvent de grandes difficultés à ajuster leur
budget familial.
Des colis de vivres, comme nous le faisons, quelques vêtements, parfois une
aide économique concrète pour payer les factures ou le loyer, peuvent être
une aide mais je ne crois pas que ce soit une solution. Je suis convaincu
que, comme Église, nous devrions nous interroger plus sur ce que nous
pouvons faire, mais encore plus sur les raisons qui ont porté à cette
situation généralisée de crise. Nous devrions avoir le courage de dénoncer
un système économique et financier injuste dans ses racines. Et je ne crois
pas que devant les inégalités introduites par ce système, il suffit
seulement d'un peu d'optimisme. Il faut une parole influente, une parole
libre, qui aide les chrétiens, comme vous l'avez déjà dit d'une certaine
façon, Saint Père, à gérer avec sagesse évangélique et avec responsabilité
les biens que Dieu a offerts, et a offert pour tous et pas seulement pour
quelques-uns. Cette parole, comme vous l'avez déjà fait à d'autres reprise -
parce que nous avons déjà écouté vos paroles sur la question - je serais
désireux de l'écouter encore une fois dans ce contexte. Merci, Sainteté !
Réponse du pape Benoît XVI (..) Cette question touche le nerf des problèmes de notre temps.
Je distinguerais deux niveaux.
Le premier est le niveau de la macroéconomie, qui après se réalise et
atteint le dernier citoyen, lequel ressent les conséquences d'une
construction erronée.
Naturellement, dénoncer ceci est un devoir de l'Église. Comme vous le savez,
depuis longtemps nous préparons une Encyclique sur ces points. Et dans ce
long chemin je vois combien il est difficile de parler avec compétence,
parce que si on n'affronte pas avec compétence une certaine réalité
économique, on ne peut pas être crédible.
Et, d'autre part, il faut aussi parler avec une grande conscience éthique,
disons créée et réveillée par une conscience formée par l'Évangile. Donc il
faut dénoncer ces erreurs fondamentales qui sont maintenant montrées par
l'écroulement des grandes banques américaines, les erreurs de fond. En fin
de compte, c'est l'avarice humaine comme péché ou, comme dit la Lettre aux
Colossiens, l'avarice comme idolâtrie. Nous devons dénoncer cette idolâtrie
qui est contre le vrai Dieu, et une falsification de l'image de Dieu avec un
autre Dieu, « Mammon ». Nous devons le faire avec courage mais aussi
concrètement. Parce que les grands moralismes n'aident pas s'ils ne sont pas
soutenus par la connaissance des réalités, qui aident aussi à comprendre ce
qu'on peut faire concrètement pour changer petit à petit la situation. Et,
naturellement, pour pouvoir le faire, la connaissance de cette vérité et la
bonne volonté de tous sont nécessaires.
Ici nous sommes au point crucial : le péché originel existe t'il réellement
?
S'il n'existait pas, nous pourrions faire appel à la raison lucide, avec des
arguments accessibles à chacun, et incontestables, et à la bonne volonté qui
existe en tous. Simplement de cette façon, nous pourrions aller de l'avant
et réformer l'humanité. Mais il n'en est pas ainsi : la raison - même la
nôtre - est assombrie, nous le voyons chaque jour. Parce que l'égoïsme, la
racine de l'avarice, réside dans le fait de vouloir avant tout moi-même, et
le monde pour moi. Il existe en nous tous. C'est cela, l'obscurcissement de
la raison : elle peut être très docte, avec des arguments scientifiques très
beaux, toutefois elle est assombrie par de fausses prémisses. Ainsi on
s'engage avec une grande intelligence et à grands pas sur la mauvaise route.
Même la volonté est, disons, courbée, comme disent les Pères : elle n'est
pas simplement disponible à faire le bien mais elle cherche surtout son
propre moi, ou le bien de son propre groupe. Donc trouver réellement la
route de la raison, de la raison vraie, est déjà une chose pas facile et se
développe difficilement dans le dialogue. Sans la lumière de la foi, qui
entre dans les ténèbres du péché originel, la raison ne peut pas aller de
l'avant. Mais la foi trouve ensuite la résistance de notre volonté. Celle-ci
ne veut pas voir la route, qui constituerait aussi une route de renoncement
à soi-même et de correction de sa propre volonté en faveur de l'autre et pas
pour soi-même.
Je dirais donc qu'il faut une dénonciation raisonnable et raisonnée des
erreurs, pas avec de grands moralismes, mais avec des raisons concrètes, qui
se rendent compréhensibles dans le monde de l'économie d'aujourd'hui. Cette
dénonciation est importante, c'est un mandat pour l'Église de toujours. Nous
savons que dans la situation nouvelle créée avec le monde industriel, la
doctrine sociale de l'Église, depuis Léon XIII, cherche à faire cette
dénonciation - et pas seulement la dénonciation, qui ne suffit pas - mais
aussi à montrer les routes difficiles où, pas après pas, on exige
l'assentiment de la raison et l'assentiment de la volonté, en même temps que
la correction de ma conscience, la volonté de renoncer dans un certain sens
à moi-même pour pouvoir collaborer à ce qui est le vrai but de la vie
humaine, de l'humanité.
Ceci dit, l'Église a toujours le devoir d'être vigilante, de chercher
elle-même de son mieux les arguments du monde économique, d'entrer dans ce
raisonnement et d'éclairer ce raisonnement avec la foi qui nous libère de
l'égoïsme du péché originel. C'est le devoir de l'Église d'entrer dans ce
discernement, dans ce raisonnement, de se faire entendre, y compris aux
différents niveaux nationaux et internationaux, pour aider et corriger. Et
ce n'est pas un travail facile, parce qu'il y a tellement d'intérêts
personnels et de groupes nationaux qui s'opposent à une correction radicale.
C'est peut-être du pessimisme, mais moi, je trouve que c'est du réalisme :
tant qu'il y a le péché originel, nous n'arriverons jamais à une correction
radicale et totale. Toutefois nous devons tout faire pour des corrections au
moins provisoires, suffisantes pour faire vivre l'humanité et pour entraver
la domination de l'égoïsme, qui se présente sous des prétextes de science et
d'économie nationale et internationale.
Ceci est le premier niveau. L'autre est d'être réaliste. Et de voir que tous
ces grands buts de la macro science ne se réalisent pas dans la micro
science - la macro-économie dans la micro-économie - sans la conversion des
cœurs. S'il n'y a pas de justes, il n'y a pas non plus de justice. Nous
devons accepter cela. Donc l'éducation à la justice est un but prioritaire,
nous pourrions dire même la priorité. Parce que Saint-Paul dit que la
justification est l'effet de l'œuvre du Christ, ce n'est pas un concept
abstrait, concernant des péchés qui aujourd'hui ne nous intéressent pas,
mais cela se réfère vraiment à la justice intégrale. Dieu seul peut nous la
donner, mais il nous la donne avec notre coopération à différents niveaux, à
tous les niveaux possibles.
La justice ne peut pas se créer dans le monde seulement avec des modèles
économiques bons, qui sont nécessaires. La justice se réalise seulement s'il
y a des justes. Et les justes n'existent pas s'il n'y a pas le travail
humble, quotidien, de convertir les cœurs. Et de créer la justice dans les
cœurs. Seulement ainsi on répand aussi la justice corrective. C'est
pourquoi le travail du prêtre est si fondamental, non seulement pour la
paroisse, mais pour l'humanité. Parce que s'il n'y a pas le juste, comme je
l'ai dit, la justice reste abstraite. Et les bonnes structures ne se
réalisent pas si l'égoïsme de personnes, même compétentes, s'y oppose.
Notre travail, humble, quotidien, est fondamental pour arriver aux grands
buts de l'humanité. Et nous devons travailler ensemble à tous les niveaux.
L'Église universelle doit dénoncer, mais aussi annoncer ce qu'on peut faire
et comment on peut le faire. Les conférences épiscopales et les évêques
doivent agir. Mais tous nous devons éduquer à la justice. Il me semble
qu'aujourd'hui encore, le dialogue d'Abraham avec Dieu reste vrai et
réaliste (Genèse, 18, 22-33), lorsque le premier dit : «
vas-tu vraiment
détruire la ville ? Peut-être y a-t-il cinquante justes dans la ville !
Peut-être dix justes ». Et dix justes sont suffisants pour faire survivre la
ville. Aujourd'hui, s'il manque dix justes, avec toute la doctrine
économique, la société ne survivra pas. Donc nous devons faire le nécessaire
pour éduquer et garantir au moins dix justes, mais si possible beaucoup
plus. Précisément avec notre annonce, faisons en sorte qu'il y ait beaucoup
de justes, que soit réellement présente la justice dans le monde.
Comme effet, les deux niveaux sont inséparables. Si, d'un côté, nous
n'annonçons pas la macro justice, la micro justice ne se développe pas.
Mais, d'un autre côté, si nous ne faisons pas un très humble travail de
micro justice, la macro non plus ne grandit pas. Et toujours, comme je l'ai
dit dans ma première Encyclique, avec tous les systèmes qui peuvent se
développer dans le monde, au-delà de la justice que nous cherchons, la
charité demeure nécessaire. Ouvrir les cœurs à la justice et à la charité,
c'est éduquer à la foi, c'est guider vers Dieu
Première question
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Benoît XVI explique aux prêtres comment transmettre la foi
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Rencontre de Benoît XVI avec le clergé de Rome
►
Benoît XVI garantit l'universalité de l'Eglise
qui ne s'identifie à aucune culture ou nation
Sources : benoit-et-moi
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un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 03.03.2009 -
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