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19 Avril 2005
 

 

Si notre liturgie est belle, elle sera respectée et aimée.

 

 La liturgie est belle L

Célébrons avec soin et respect du mystère nos eucharisties et amenons-y nos fidèles. Ils apprendront à l’aimer avant de tout comprendre. Car le chemin mystagogique ne va pas de la théologie à la liturgie, mais il va en sens inverse: de la liturgie bien célébrée à l’intelligence des mystères.

Intervention du cardinal Godfried Danneels, Archevêque de Malines-Bruxelles, lors du Synode des Evêques à Rome.

Ce synode sur l’eucharistie a deux objectifs. D’abord nous voulons réfléchir et approfondir nos connaissances des richesses du mystère de l’eucharistie et de sa liturgie, afin de mieux l’aimer et la célébrer. Sans doute devrons-nous aussi avoir le courage de faire quelques corrections de trajectoire s’il le faut. Mais il faudra surtout retrouver la joie des pères du Concile et la fraîcheur de la Constitution sur la liturgie Sacrosanctum Concilium . Il ne faudrait jamais oublier l’œuvre de leur admirable réforme de la liturgie et de la guérison qu’ils ont effectué de ce rachitisme qu’était le corset du rubricisme préconciliaire. Il y a certes des abus à corriger, mais l’encouragement à célébrer bien la liturgie devra primer et obtiendra plus d’effet que les seules dénonciations . Il faut poser des balises, mais mieux vaut montrer la beauté du chemin. D’ailleurs la liturgie est belle – et pas uniquement dans le sens esthétique de ce terme – mais dans le sens que connaissait déjà Aristote, quand il affirmait que le beau est le halo autour du vrai: 'pulchrum est splendor veri'. D’ailleurs si notre liturgie est belle, elle sera respectée et aimée . L’affirmation stéréotypée de la vérité pourrait susciter le scepticisme et le parfait peut décourager. Le beau désarme .

La théologie de l’eucharistie exige un effort intellectuel de la part des fidèles: elle comporte tant de dimensions à la fois: repas, mémorial, sacrifice, anticipation, etc. Que de choses à tenir ensemble. Mais il ne faut pas comprendre toute la richesse de la théologie de l’eucharistie pour pouvoir la célébrer. Les pères de l’Eglise invitaient les nouveaux baptisés à l’eucharistie avant de la leur expliquer dans leur catéchèse mystagogique de la semaine pascale. Célébrons avec soin et respect du mystère nos eucharisties et amenons-y nos fidèles. Ils apprendront à l’aimer avant de tout comprendre. Car le chemin mystagogique ne va pas de la théologie à la liturgie, mais il va en sens inverse: de la liturgie bien célébrée à l’intelligence des mystères .

Le second objectif de ce synode, c’est de travailler pour que toutes ces richesses parviennent à s’enraciner dans une culture qui est très différente de celle où l’eucharistie est née: c’est à dire notre culture postmoderne. Il est vrai que ce champ où nous sommes appelés à semer est plein d’obstacles. La culture moderne - surtout celle de l’occident – est, sous certains aspects et à première vue, défavorable à cet enracinement. En effet notre culture a perdu sa perception évidente du monde invisible. Romano Guardini s’en plaignait déjà dans les années soixante. Or l’eucharistie - dans son noyau - appartient au monde invisible de la foi. La sécularisation a créé un monde où l’on vit ‘etsi Deus non daretur’.

Et pourtant notre culture vit de multiples paradoxes. En dessous de cette négativité – comme sous la peau et de façon sous-cutanée – se cache la tendance opposée. Je ne sais pas si l’on peut dire sans plus que notre culture ne vit que du visible. Je vois beaucoup d’intérêt pour l’invisible, une nostalgie d’un au-delà de l’horizon du sensible, du rationnel, de l’efficacité et de la productivité . Et est-ce que cette fameuse sécularisation ne bat pas de l’aile ici et là ? Certaines gens risquent déjà l‘hypothèse: ne nous faudrait-il pas plutôt vivre ‘etsi Deus daretur’ ? Cette nostalgie n’est pas directement celle du monde invisible de Dieu et de la foi, mais elle est évangélisable .

Il est vrai que l’homme contemporain est un être de l’agir, de la prestation et du faire et que la liturgie à l’opposé - est de l’ordre du se laisser faire, de l’accueil et de la réceptivité. Mais dans cet homme de la performance – ‘homo faber’ souvent fatigué d’ailleurs du faire - se cache une immense soif de la gratuité, du don et de la grâce. Ce n’est pas la grâce divine, mais une soif de la gratuité et du recevoir. Et cette soif est évangélisable.

L’homme contemporain n’aime pas le rite: sa répétitivité, sa monotonie, son caractère figé . Mais il invente tout le temps ses propres rites: fêtes, anniversaires, commémorations etc. Et il n’y a jamais eu autant de publications sur le phénomène du rite que ces dernières années.

L’eschatologie chrétienne semble oubliée, jugée sans relevance et même trompeuse. Mais jamais il n’y a eu une telle soif d’un monde meilleur, un tel besoin d’espérance et une telle attente fiévreuse.

Il est vrai que le symbolisme de la liturgie eucharistique n’est pas toujours bien perçu . Mais l’on ne peut pas dire que notre culture est aveugle pour les symboles. Elle en invente tous les jours

Il est vrai aussi que l’homme contemporain est porté à la manipulation et au possessif. L’eucharistie est le contraire de la possessivité: elle est accueil. Mais il y a aussi une générosité oblative presque sans bornes en l’homme contemporain – pensez au tsunami. Cette générosité elle est ponctuelle et horizontale. Mais les semences sont là.

L’homme contemporain veut bouger. Et nos liturgies sont souvent très actives, activistes même: parler, chanter, bouger . Nous oublions qu’il y a chez beaucoup de nos contemporains une soif de silence. Consultez les monastères et les maisons de retraite. Ils font le plein. Nous avons peut-être mal compris le sens de la ‘actuosa participatio’. Pour les pères conciliaires elle impliquait le silence respectueux. D’ailleurs notre culture ne connaît-elle pas la pratique de la minute de silence comme expression suprême de participation ?

Il faut donc évangéliser notre culture patiemment et avec beaucoup de confiance. Et la meilleure façon de le faire c‘est par la célébration de la liturgie elle-même. Elle est la première évangélisatrice. Pensons à la liturgie des funérailles de Jean-Paul II et de l’intronisation de Benoît XVI. Ce ne sera pas d’abord en parlant de la liturgie qu’on aboutira, mais en célébrant dignement, intelligemment, avec cœur et dans la beauté. Car la liturgie n’est-elle pas précisément ce grain de la parabole en Mc 4, qui est suffisamment puissant pour pousser tout seul pendant que dort le semeur? Et même s’il y a des épines, des sentiers battus, des rochers, de la terre peu profonde, il y a toujours des endroits où le grain pousse et donnera son fruit: trente, soixante, cent pour un. Ainsi en va-t-il aussi du cœur de l’homme contemporain. Il n’y en a pas un qui n’a pas un endroit dans son cœur où il portera du fruit. Nous avons beaucoup trop peu de confiance dans la puissance de la semence qu’est la liturgie elle-même .

Il y a beaucoup d’autres problèmes encore: le droit des fidèles à l’eucharistie, l’intercommunion, les divorcés remariés. Et j’en passe. Peut-être la réponse dépasse-t-elle la compétence d’un synode, surtout pastoral. Mais ce que nous ne pouvons en tout cas pas omettre, c’est de réfléchir et de donner notre avis au saint Père. Nous avons pour mission de le conseiller, car tel est le but et le sens d’un synode, afin qu’il trouve la bonne solution qui – tout en restant pleinement dans la vérité – explore aussi les chemins de la miséricorde.

+ Godfried Card. Danneels

Archevêque de Malines-Bruxelles

 

 

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