Sainte Faustine - Héléna Kolwaska
Le Petit Journal
édition numérique
401. Ces jours à la maison passaient pour moi en grande
compagnie, car chacun voulait me voir et causer un peu. Souvent je comptais
jusqu’à vingt-cinq personnes. Elles écoutaient avec curiosité mes récits de la
vie des saints. Je m’imaginais que notre maison était vraiment la maison de
Dieu, car jusqu’au soir on ne parlait que de Lui. Lorsque, fatiguée par ces
récits et soupirant après la solitude et le silence, je m’échappais le soir au
jardin afin de pouvoir parler avec Dieu en tête-à-tête, cela non plus ne me
réussissait pas. Mes frères et sœurs venaient tout de suite et me reconduisaient
à la maison où, de nouveau, il me fallait parler avec tant d’yeux fixés sur moi
!
Mais je parvins à trouver un peu de répit, et je priais mes
frères, qui avaient de très belles voix, de chanter. De plus, l’un d’entre eux
jouait du violon, le second de la mandoline.. Ce qui me permettait
de prier spirituellement sans fuir leur société
2Ce qui me coûtait beaucoup, c’étais d’embrasser les enfants. Des femmes de
ma connaissance venaient avec leurs enfants et me priaient de les prendre
dans mes bras ne serais-ce que pour un instant, et les embrasser. Elles
considéraient cela comme une grande grâce. Pour moi c’était une occasion
de m’exercer à la vertu, car plus d’un enfant était assez sale. Mais pour me
vaincre et ne montrer aucune répugnance, je baisai deux fois un enfant sale.
L’une d’elle apporta son enfant, qui avait les yeux malades et purulents, et me
dit « Prenez-le un instant dans vos bras, ma Sœur. » Ma nature ressentait du
dégoût, mais sans y prêter attention, je pris l’enfant dans mes bras, et je le
baisai deux fois, juste à l’endroit purulent de l’œil, en demandant à Dieu
une amélioration. J’avais ainsi beaucoup d’occasions de m’exercer à la vertu.
En les écoutant tous exprimer leurs griefs, j’ai remarqué qu’il n’y
avait pas de cœur joyeux, car il n’y avait pas de cœurs aimant sincèrement Dieu
et cela ne m’a pas du tout étonnée. Je fus très peinée de ne pas voir deux de
mes sœurs. Je sentis intérieurement que leur âme était en grand danger. Lorsque
je pensais à elles, la douleur me serrait le cœur. Un jour, me sentant très près
de Dieu, je priais ardemment le Seigneur de leur accorder Sa grâce. Le Seigneur
me répondit : « Je leur accorde non seulement les grâces nécessaires, mais aussi
des grâces particulières. » J’ai compris que le Seigneur les appellerait à une
plus grande union avec Lui et je me réjouis profondément qu’un si grand amour
règne dans notre famille.
402. Quand vint le moment de dire adieu à mes parents, je les priai de
me bénir : j’ai senti la puissance de la grâce divine qui se déversa dans mon
âme. Mon père, ma mère et ma marraine en me bénissant, les larmes aux yeux, me
souhaitèrent la plus grande fidélité à la grâce divine. Ils me priaient de ne
jamais oublier combien de grâces Dieu m’avait accordées en m’appelant à la vie
religieuse et me demandaient de prier pour eux.
Tous pleuraient, mais moi, je ‘ai pas versé une seule larme. Je tâchais
d’être courageuse et je les consolais tous de mon mieux, leur rappelant qu’au
ciel il n’y aura plus de séparation.
Stasio
m’a reconduite jusqu’à la voiture. Je lui dis que Dieu aime beaucoup les
âmes pures et l’assurai qu’il était content de lui Lorsque je lui parlai de la
bonté divine et à quel point Dieu pense à nous, il se mit à pleurer comme un
petit enfant. Je n’en fut pas étonnée, car c’était une âme pure, capable de
reconnaître Dieu facilement.
403. Une fois installée dans la voiture, j’ai soulagé mon cœur et j’ai
pleuré aussi comme une enfant, mais de joie parce que Dieu accordait tant de
grâces à notre famille. Puis je me suis plongée dans l’action de grâces.
404. Le
soir j’étais à Varsovie. J’ai d’abord salué le Maître de la maison, puis toute
la communauté
Avant d’aller dormir, je suis venue dire bonsoir au Seigneur lui
demandant pardon d’avoir si peu parlé avec Lui pendant mon séjour à la maison.
J’entendis une voix dans mon âme : « Je suis très content que tu n’aies pas
parlé avec Moi, car tu as fait connaître Ma bonté aux âmes, et tu les as
éveillées à Mon amour. »
405. La Mère Supérieure me dit que, le lendemain, nous irions toutes
deux à
Jozefinek
et que nous aurions l’occasion de parler avec la Mère Générale. J’en
étais très contente. La Mère Générale est toujours la même, pleine de bonté, de
paix et remplie de l’
Esprit
Divin. J’ai longuement parlé’ avec elle. Nous avons assisté à la
bénédiction de l’après-midi.
On a chanté les litanies du Très Doux Cœur de Jésus.
406. Le
Seigneur était exposé dans l’ostensoir, et au bout d’un moment, je vis le Petit
Jésus sortir de l’
Hostie
, et venir Lui-même reposer dans mes bras. Cela dura un court instant.
Une grande joie inonda mon âme. L’enfant Jésus avait la même apparence qu’au
moment où nous sommes entrées dans la petite chapelle : la Mère Supérieure, mon
ancienne Maîtresse, Mère Marie Josèphe, et moi-même.
407. Le lendemain, je me trouvais déjà à mon cher
Wilno
. Oh ! Comme je me sentais heureuse d’être de retour dans notre couvent.
Il me semblait que j’y entrais pour la deuxième fois. Je ne pouvais assez jouir
du calme et du silence où l’âme se plonge si facilement en Dieu. Tout y aide et
personne ne la dérange.
408. Le Carême
Quand je me plonge dans la Passion du Seigneur, je vois souvent,
pendant mon adoration, Jésus se présenter tel qu’
Il
était après la flagellation, lorsque les bourreaux l’emmenèrent et Lui
ôtèrent Son vêtement, qui déjà collait à Ses Plaies. Celles-ci se
rouvrirent pendant qu’ils ôtaient le vêtement. Alors on jeta sur les
épaules du Seigneur et sur ses Plaies ouvertes un manteau rouge, sale et
déchiré. Le manteau atteignait à peine les genoux
..
On fit asseoir le Seigneur sur une poutre, puis on tressa une couronne
d’épines, qu’on Lui posa sur la tête. On Lui mit en main un roseau et tous se
moquaient de Lui et Lui rendaient hommage comme à un roi. Ils Lui crachaient au
Visage d’autres prenaient le roseau et Le frappaient à la Tête, d’autres encore
Lui voilaient la Face et le frappaient à coups de poings. Jésus supportait tout
avec douceur. Qui le comprendra, qui comprendra Sa douleur ? Jésus avait le
regard baissé à terre. J’ai ressenti ce qui se passait alors dans Son Coeur très
doux. Que chaque âme considère ce que Jésus souffrait à cet instant. Ils
s’acharnaient à insulter Jésus et je me demandais d’où venait une telle
méchanceté dans l’homme. C’est le péché qui agit ainsi : l’
Amour
et le péché se sont rencontrés.
409. Un jour où je me trouvais dans une certaine église avec une Sœur,
pendant la Sainte Messe, j’ai éprouvé la grandeur et la Majesté de Dieu. Je
sentais que cette église était imprégnée de Dieu… Sa Majesté m’enveloppait, elle
m’effrayait et cependant, me remplissait de paix et de joie. J’ai vu que rien ne
pouvait s’opposer à Sa Volonté. Oh !
i
toutes les âmes savaient Qui demeure dans nos sanctuaires ! Il n’y
aurait pas tant d’outrages ni de manque de respect dans les endroits sacrés.
410. O Eternel et inconcevable Amour, je vous prie de m’accorder
une grâce, éclairez ma raison de la lumière d’en haut, faites-moi connaître et
apprécier toutes les choses d’après leur valeur. La plus grande joie de mon âme
est de connaître la vérité.
411.
21 mars 1935.
Souvent, pendant la Sainte Messe, je vois le Seigneur en mon âme, je
sens sa présence qui me transperce. Je sens Son divin regard, je converse avec
Lui, sans dire un mot. Je sais ce que désire Son Divin Cœur, et j’accomplis
toujours ce qui Lui plait le plus. Je L’aime à la folie et je sens que je suis
aimée de Dieu. Dans les moments où je Le rencontre dans les profondeurs de mon
âme, je me sens si heureuse que je ne
peut
l’exprimer. Ce sont de courts instants car l’âme ne pourrait les
supporter plus longtemps : la séparation d’avec le corps devrait suivre un si
grand bonheur. Ces moments sont très courts, mais leur puissance se communique à
l’âme et s’y prolonge longtemps. Sans le moindre effort je sens qu’un profond
recueillement s’empare alors de moi qui ne diminue pas, même si je parle
avec des gens. Il ne me dérange pas non plus dans l’accomplissement de mes
devoirs. . Je sens la continuelle présence de Dieu, sans aucun effort, je sais
que je Lui suis unie aussi étroitement que la goutte d’eau à l’insondable océan.
Jeudi dernier, vers la fin des prières, j’ai senti cette grâce qui a
duré, exceptionnellement, pendant toute la Sainte Messe. Je pensais qu j’allais
mourir de joie. Dans ces moments-là, j’apprends à mieux connaître Dieu et Ses
attributs, ainsi que moi-même et ma misère, et je m’étonne de l’immense
abaissement de Dieu envers une âme aussi misérable que la mienne. Après la
Sainte Messe, je me sentais toute plongée en Dieu et chacun de ses regards dans
le fond de mon être reste présent à mon esprit.
412. Vers midi, j’ai passé un instant à la chapelle et de nouveau la
puissance de la grâce frappa mon cœur. Alors que je persévérais dans le
recueillement, Satan pris un pot de fleurs et le jeta ç terre de toutes ses
forces avec colère. Je vis tout son acharnement et sa jalousie ! Il n’y avait
personne à la chapelle, je me suis donc levée, j’ai ramassé le pot brisé, j’ai
replanté la fleur et je voulais la remettre à sa place, avant que quelqu’un ne
vienne à la chapelle. Je n’y suis pas arrivée : car aussitôt la Mère Supérieure,
la Sœur sacristine et plusieurs autres Sœurs entrèrent.
La Mère Supérieure s’étonna que je touche à quelque chose sur le petit
autel, et que le pot de fleurs soit tombé. La Sœur sacristine montra du
mécontentement, mais je tâchai de ne pas m’expliquer, ni me justifier.
Cependant le soir, me sentant
tout-à-fait
épuisée et incapable de faire mon Heure Sainte, j’ai prié la Mère
Supérieure de me permettre d’aller me coucher plus tôt
..
Je m’endormi aussitôt. Cependant vers onze heures, Satan secoua mon lit.
Je me suis tout de suite réveillée, et j’ai commencé tranquillement à prier
mon Ange Gardien. Soudain je vis des âmes du Purgatoire, qui faisaient
pénitence. Leur aspect était celui d’une ombre et parmi elles, j’ai vu beaucoup
de démons. L’un d’eux tâchait de me vexer sous l’aspect d’un chat. Il se lançait
sur mon lit et sur mes pieds, et pesait très lourd
..
Je priais pendant tout ce temps, récitant le rosaire. Vers le matin, ces
êtres disparurent et j’ai pu m’endormir.
En arrivant le matin à la chapelle, j’ai entendu une voix : « Tu es à
Moi, n’aie peur de rien. Sache cependant, Mon enfant que Satan te hait ; il hait
chaque âme, mais envers toi il brûle d’une haine particulière, parce que tu as
arraché tant d’âmes à son règne. »
413. Jeudi Saint
18 avril Ce matin, j’ai entendu ces paroles : « Jusqu’à la cérémonie de la
Résurrection, tu n’éprouvera plus Ma présence, mais ton âme sera emplie d’une
grande nostalgie. » Et aussitôt une immense nostalgie inonda mon âme. Je sentais
la séparation d’avec mon
Bien-Aimé
Jésus. Et quand approche le moment de la Sainte Communion, je vis dans
le calice, sur chaque Hostie, la Face douloureuse de Jésus. Depuis ce moment,
j’éprouvai, en mon cœur, une nostalgie plus grande encore.
414. Vendredi Saint à trois heures de l’après-midi, quand je suis entrée
à la chapelle, j’ai entendu ces paroles :
« Je désire que cette image soit honorée publiquement. »
Tout d’un coup j’aperçus Jésus agonisant sur la Croix dans de grandes
douleurs, de Son Cœur
sortirent
ces deux rayons qui sont représentés sur l’image.
415. Samedi. Pendant les Vêpres, j’aperçu Jésus resplendissant de
lumière comme le soleil, dans un vêtement clair, qui me dit : « Que ton cœur se
réjouisse. » - Une grande joie m’inonda et la présence de Dieu me pénétra toute
entière : c’est un trésor
ineffable
pour l’âme.
416. Quand l’image fut exposée, j’ai vu le vif mouvement de la main de
Jésus, qui traça un grand signe de croix. Le soir du même jour, quand je fus
couchée dans mon lit, je vis cette image survoler la ville qui était elle-même
tendue de réseaux et de filets. En passant, Jésus coupait tous les filets et à
la fin, Il traça un grand signe de croix et
dispatut
. Je me vis entourée d’un grand nombre d’êtres méchants,
brulants
d’une immense haine contre moi
..
Leur bouche proférait toutes sortes de menaces, cependant aucun ne m’a
touchée. Après un moment, cette apparition disparut, mais je mis longtemps à
m’endormir.
417.
26 avril.
Vendredi, alors que j’étais à
Ostra
Brama, pour les cérémonies au cours desquelles l’image a été exposée,
j’assistai au sermon de mon confesseur. Ce sermon sur la Miséricorde divine
était le premier de ceux que Jésus exigeait depuis si longtemps. Quand il
commença à parler de cette grande miséricorde du Seigneur, l’image prit un
aspect vivant et Ses rayons pénétraient dans les cœurs des personnes
rassemblées, mais pas dans la même mesure. Les uns en recevaient plus et
d’autres moins. Mon âme fut inondée d’une grande joie à la vue de la grâce de
Dieu
..
Soudain j’entendis ces paroles : « Tu es le témoin de Ma miséricorde. Tu
vas te tenir, pour l’éternité, devant Mon trône comme un vivant témoin de Ma
miséricorde. »
418. Après la prédication, je n’attendis pas la fin des cérémonies, car
j’étais pressée de revenir à la maison. Je fis quelques pas, mais un grand
nombre de démons me barrèrent la route. Ils me menaçaient de terribles supplices
et des voix se firent entendre : « Elle nous a ravi tout ce pourquoi nous avons
travaillé pendant tant d’années. » Lorsque je les ai questionnés : « Qui
êtes–vous en si grand nombre ? - Les maudits me répondirent : « Des cœurs
humains ; ne nous tourmente pas. »
419. Voyant leur terrible haine contre moi, j’ai
418.
appelé
tout de suite mon Ange Gardien au secours : et immédiatement sa claire
et rayonnante apparence se tint près de moi. Et il me dit : « N’aie pas peur,
épouse de Mon Seigneur. Sans Sa permission, ces esprits ne te feront aucun
mal. » Immédiatement les mauvais esprits disparurent, et le fidèle Ange Gardien
m’a accompagné de manière visible, jusqu’au seuil de la maison. Son regard était
modeste et paisible ; un rayon de feu jaillissait de son front. O Jésus, je
désirerais peiner, me tourmenter et souffrir pendant toute ma vie, pour ce seul
moment où je vis, Seigneur, Votre gloire et le salut des âmes.
420. Dimanche,
28 avril 1935.
Dimanche de Quasimodo ou Fête de la Miséricorde du Seigneur, et
clôture du Jubilé de la rédemption. Nous sommes allées assister à ces cérémonies
et mon cœur battait de joie, parce que ces deux fêtes sont si étroitement unies.
J’ai prié Dieu d’être miséricordieux pour les âmes des pécheurs. A la fin de la
cérémonie, le prêtre prit le Saint Sacrement pour donner la bénédiction, alors
je vis Jésus exactement comme il est représenté sur l’image. Le Seigneur accorda
Sa bénédiction, et les rayons se répandirent sur le monde entier.
Soudain je vis une clarté inexprimable, qui avait la forme d’une demeure en
cristal, tissée de vagues, une clarté inaccessible à toute créature, à tout
esprit. Trois portes y mènent. A ce moment Jésus tel qu’il est sur l’image,
entra dans cette clarté par la seconde porte. Il entra dans l’intérieur de
l’unité. C’est une unité triple, qui est inconcevable, c’est l’infini.
J’entendis une voix : « Cette Fête est issue des entrailles de Ma Miséricorde et
elle est confirmée dans les profondeurs de Mon amour infini, toute âme qui croit
et à confiance en Ma Miséricorde, l’obtiendra. » Je me duis profondément réjouie
de la bonté et de la grandeur de mon Dieu.
421.
29 avril 1935.
Le jour précédant l’exposition de cette image, je suis allée avec notre
Mère Supérieure chez notre confesseur. Quand on parla de l’image, il demanda
qu’une des Sœurs vienne l’aider à tresser des couronnes de verdure. La Mère
Supérieure répondit que je l’aiderais. Ce qui me causa beaucoup de joie. Lorsque
nous rentrâmes à la maison, je me suis tout de suite occupée à préparer la
verdure ; avec une des élèves, nous l’avons transportée. Une personne qui est
employée à l’église nous a aussi aidée. A sept heures du soir, tout était prêt
et l’image était exposée. Cependant certaines dames avaient observé que je
rôdais là-bas, car je dérangeais plutôt que je n’aidais.
Le lendemain donc, elles ont demandé aux Sœurs quelle était cette belle
image et ce qu’elle signifiait. « Les Sœurs doivent le savoir, car, hier, l’une
d’elles ornait l’image. » Les Sœurs en furent fort étonnées, car elles n’en
savaient rien. Chacune voulait voir l’image et tout de suite elles m’ont
soupçonnée. Elles disaient : « Sœur Faustine le sait bien, naturellement. »
Quand on a commencé à me questionner, je gardai le silence, car je ne pouvais
dire la vérité. Mais mon silence augmenta leur curiosité et je redoublais de
vigilance pour ne pas mentir tout en taisant la vérité, car je n’en avais pas la
permission. Alors on commença à me témoigner du mécontentement. On me reprochait
ouvertement le fait que des personnes étrangères étaient au courant et pas la
Communauté On commença à porter sur moi divers jugements. J’ai beaucoup souffert
pendant trois jours, mais une singulière force m’animait. Je me suis réjouie de
pouvoir souffrir pour Dieu, et pour les âmes, qui ont obtenu Sa miséricorde ces
jours-ci. En voyant que tant d’âmes avaient obtenu la miséricorde divine ces
jours-ci, je considère comme rien, les peines et les souffrances les plus
grandes que j’ai éprouvées, même si elles durer jusqu’à la fin du monde, car
elles ont une fin tandis que des âmes ont été à des maux sans fin. Ce fut une
grande joie pour moi de voir des personnes revenant à la source du bonheur, au
sein de la miséricorde divine.
422. En voyant le dévouement et les fatigues de l’abbé
Sopocko
dans cette œuvre, j’admirait sa patience et son humilité. Tout cela
à
coûté non seulement beaucoup de peines et de contrariétés diverses, mais
aussi beaucoup d’argent et l’abbé
Sopocko
subvenait à toutes les dépenses. Je vois que la providence l’a préparé à
accomplir cette œuvre de miséricorde avant que je n’aie prié Dieu pour
cela. Oh !
que
Vos Voies sont surprenantes mon Dieu heureuses les âmes qui suivent
l’appel de la grâce divine..
423. Mon âme exalte le Seigneur pour tout et loue Sa bonté infinie.
Tout passera, mais Sa miséricorde n’a ni bornes, ni limites. La méchanceté
atteindra sa mesure, la Miséricorde est sans mesure
O mon Dieu, je vois l’abîme de Votre miséricorde même dans les punitions,
dont Vous affectez la terre. Car en nous punissant ici, sur terre, Vous nous
délivrez des peines éternelles
..
Réjouis-toi, créature, car tu es plus proche de Dieu, dans son infinie
Miséricorde, que le bébé du cœur de sa mère. O Dieu, Vous êtes la pitié même,
pour les plus grands pécheurs repentants. Plus le pécheur est grand, plus il a
droit à la miséricorde divine.
424. Le
12 mai 1935.
Une fois, le soir, dès que je fus dans mon lit, je me suis
immédiatement endormie. Mais je fus réveillée encore plus vite. Un petit enfant
est venu et m’a réveillée. C’était un enfant d’un an peut-être, et je m’étonnais
qu’
Il
parle si bien, car à cet âge, les enfants ne parlent pas ou
indistinctement. Il était indiciblement beau et ressemblait à l’
Enfant
Jésus. Il me dit ces mots : « Regarde le ciel. » Lorsque j’ai regardé le
ciel, j’ai aperçu les étoiles et la lune qui brillaient. Alors l’enfant m’a
demandé : « Vois-tu cette lune et ces étoiles ? » J’ai répondu «oui. » - « Ces
étoiles, reprit-Il, sont les âmes des fidèles chrétiens et la lune et la lune ce
sont les âmes religieuses. Tu vois la grande différence de lumière entre la lune
et les étoiles. Telle est au ciel la différence entre l’âme religieuse et l’âme
d’un fidèle chrétien. » Et Il me dit que la véritable grandeur réside dans
l’amour de Dieu et dans l’humilité.
425. Soudain je vis une âme, qui se séparait du corps dans de terribles
supplices. O Jésus, lorsque je dois écrire ceci, je frémis à la vue de ces
atrocités, qui témoigne contre lui… Je voyais des âmes de petits enfants et de
plus grands, vers les neuf ans, qui sortaient d’une sorte de gouffre boueux. Ces
âmes étaient répugnantes et dégoûtantes, semblables aux plus horribles monstres
et à des cadavres décharnés. Mais ces cadavres étaient vivants et rendaient
hautement témoignage contre cette âme agonisante. Et l’âme que je voyais en
agonie était une âme qui avait reçu de grands honneurs et des applaudissements
mondains, et qui finissait dans le vide et le péché. Enfin une femme est sortie
elle tenait des larmes, comme dans un tablier, et elle témoignait avec force
contre lui.
426. Oh ! L’heure terrible où il faut voir toutes ses actions dans leur
nudité et leur misère ! Aucune d’elles ne périra. Elles vont nous accompagner
fidèlement jusqu’au jugement de Dieu. Je n’ai pas de mots ni de comparaisons
pour exprimer des choses aussi terribles. Et bien que je croie que cette âme
n’est pas damnée, cependant ses supplices ne diffèrent en rien des supplices de
l’enfer, il y a seulement cette différence qu’ils finiront un jour.
427. Après un moment, j’aperçus à nouveau ce même Enfant qui m’avait
réveillée. Il était d’une délicieuse beauté. Il m’a répété : « La véritable
grandeur de l’âme réside dans l’amour de Dieu et dans l’humilité. » Je Lui
demandai « D’où sais-tu que la véritable grandeur de l’âme réside dans l’amour
de Dieu et dans l’humilité ? Les théologiens seuls peuvent savoir ces choses et
toi, tu n’as même pas encore appris le catéchisme. Comment le sais-tu ? » Il me
répondit : « Je le sais. Je sais tout. »- Et au même moment il disparut.
428. Cependant je ne pus me rendormir. Mon esprit était fatigué,
paece
que j’avais commencé à réfléchir à ce que j’avais vu. O âmes humaines,
comme vous reconnaissez tard la vérité. O immensité de la miséricorde de Dieu,
déversez-vous au plus vite sur le monde entier, comme vous-même me l’avez dit.
429. Mai 1935.
Lorsque j’ai compris les grands desseins de Dieu sur moi, je fus
effrayée de leur grandeur
..
Et me sentant tout à fait incapable de les accomplir, j’ai commencé à
éviter intérieurement les conversations avec Dieu et je remplaçais ce temps par
des prières vocales. Je le faisais par humilité, mais je m’aperçus bientôt, que
ce n’était pas la véritable humilité, mais une grande tentation du démon.
Quand, un jour au lieu de l’oraison, je pris un livre de lecture
spirituelle, j’ai entendu distinctement et fortement ces paroles : « Tu
prépareras le monde à Ma venue dernière. »
Ces paroles m’ont profondément impressionnée et quoique faisant semblant
de ne pas les avoir entendues, je les comprenais bien et je n’avais aucun doute.
Un autre jour, fatiguée de ce combat entre mon amour pour Dieu et mon refus
continuel, à cause de mon incapacité à accomplir cette œuvre, je voulus quitter
la chapelle, mais une singulière puissance m’en empêcha. Je me sentais
impuissante, et j’entendis soudain ces paroles : « Tu veux sortir de la
chapelle, mais tu ne t’éloigneras pas de Moi, car je suis partout. Par
toi-même, tu ne feras rien. Mais avec Moi tu peux tout. »
430. Quand au cours de la semaine, le suis allée chez mon confesseur, je
lui ai dévoilé l’état de mon âme, et en particulier le fait que j’évitais la
conversation intérieure avec Dieu. Il me répondit qu’il ne m’était pas permis
d’éviter la conversation intérieure avec Dieu, mais que je devais au contraire
bien écouter les paroles qu’
Il
me dit.
431. J’ai agi d’après les indications du confesseur et à la première
rencontre avec le Seigneur je suis tombée à Ses pieds et, le cœur brisé, je Lui
ai demandé pardon pour tout.
Alors Jésus me souleva de terre, me fit asseoir près de Lui et Il
me permit de poser ma tête sur Sa poitrine, pour que je puisse comprendre et
mieux ressentir les désirs de Son Très Doux Cœur. Alors Jésus me dit : « Ma
fille, n’aies peur de rien. Je suis toujours avec toi. Tous tes
adversaires ne te nuiront que dans la mesure où Je le leur permettrai. Tu es Ma
demeure et Mon continuel repos. Pour toi Je vais arrêter la main qui punit. Pour
toi Je bénis la terre. »
432. Au même moment j’ai senti comme un feu dans mon cœur, mes sens
dépérissaient, je ne savais plus ce qui se passait autour de moi. Je sentais le
regard u Seigneur qui me transperçait. Je reconnus bien Sa grandeur et ma
misère. Une singulière douleur envahit mon âme et une telle joie, que je ne puis
comparer la comparer à quoi que ce soit. Je me sens impuissante dans les bras de
Dieu. Je sens que je suis en Lui et que
jz
me fond en Lui, comme une goutte d’eau dans l’océan. Je ne sais pas
exprimer ce qui se passe en moi. Après une telle oraison intérieure, je sens en
moi la force et la puissance de pratiquer les vertus les plus difficiles, ainsi
qu’une aversion pour toutes les vanités que le monde a en estime. De toute mon
âme, je désire la solitude et le silence.
433. Mai 1935.
Pendant l’Office
des quarante heures, j’ai vu la face de Jésus dans la Sainte Hostie
exposée dans l’ostensoir. Jésus regardait tout le monde avec bienveillance.
434. Je vois souvent l’
Enfant
Jésus pendant la Sainte Messe. Il est extrêmement beau et paraît avoir à
peu près un an. Un jour dans notre chapelle, quand je vis ce même Enfant pendant
la Sainte Messe, un désir fou et une envie irrésistible me prirent de
m’approcher de l’autel et de Le prendre dans mes bras. Or à ce moment, l’
Enfant
Jésus vint près de moi, près de mon prie-Dieu. Il appuya Des deux
petites Mains sur mon épaule, gracieux et joyeux, le regard profond et
pénétrant. Cependant, quand le prêtre rompit l’
Hostie
, Jésus revint sur l’autel et Il fut rompu et consommé par ce prêtre.
Après la Sainte Communion, j’ai vu ce même Jésus dans mon cœur, et pendant
tute
la journée je Le sentais physiquement vraiment dans mon cœur. Un très
profond recueillement m’enveloppa à mon insu, et je ne parlai à personne.
J’évitais autant que possible, la présence des gens. Je répondais toujours au
questions concernant mon travail, en dehors de cela
,,
pas un mot.
435.
9 juin 1935.
La Pentecôte.
Le soir, passant par le jardin, j’ai entendu ces paroles : « Avec tes
compagnes tu vas tâcher par la prière d’obtenir la miséricorde pour toi-même et
pour le monde. » J’ai compris que je ne resterai pas dans la Congrégation où je
suis maintenant. Je vois clairement qu’il a pour moi un autre projet divin.
Cependant je m’excuse sans cesse devant Dieu, Lui disant que je suis incapable
d’accomplir cette œuvre. Jésus, Vous savez bien ce que je suis, puis j’ai
commencé à énumérer mes faiblesses devant le Seigneur. Je me cachais derrière
elles pour qu’
Il
reconnaisse que mon refus était fondé, et que je suis incapable
d’accomplir Ses desseins. Alors j’entendis ces paroles : « N’aies pas peur.
Moi-même Je complèterez tout ce qui te manque. » Ces mots me pénétrèrent
entièrement et je compris mieux encore ma misère. Je compris que la parole du
Seigneur est vivante et qu’elle pénètre jusqu’à l’âme. J’ai compris que Dieu
exigeait de moi un genre de vie plus parfait. Cependant, je continuai à
m’excuser à cause de mon incapacité.
436. 29
juin
1935.
Lorsque
je fis part à mon directeur spirituel des divers points que le Seigneur
exigeait de moi, je pensais qu’il me répondrait que j’étais incapable
d’accomplir ces choses, que Jésus n’emploie pas des âmes aussi misérables, que
je ne convenais pour aucune des œuvres. Pourtant j’ai entendu que Dieu choisit
justement le plus souvent ces âmes là pour réaliser Ses desseins. Ce prêtre,
guidé par l’
Esprit
de Dieu, a pénétré les secrets de mon âme, les secrets les plus cachés
qui existaient entre Dieu et Moi dont je ne lui avais encore jamais parlé.
437. Et je
n’en avais pas parlé, car je ne les connaissais pas moi-même, et que le Seigneur
ne m’avait pas donné formellement l’ordre d’en parler.
Voilà ce secret : Dieu exige qu’il y ait une Congrégation qui
annoncera sa Miséricorde au monde et qui par ses prières l’obtiendra pour le
monde. Quand le prêtre me demanda si je n’avais pas de telles inspirations, j’ai
répondu que je n’avais pas d’ordres précis. Cependant en un instant, une lumière
pénétra mon âme et je compris que le Seigneur parlait par sa bouche. Je me
défendis en vain disant que je n’avais pas d’ordre formel. Vers la fin de la
conversation, j’aperçus Jésus sur le seuil ainsi qu’
Il
est peint sur l’image. « Je désire qu’une telle congrégation existe »,
me dit-Il. Cela n’a duré qu’un instant.
Pourtant, je n’en ai pas parlé tout de suite, mais j’étais pressée de
rentrer à la maison et j répétais constamment au Seigneur : « Je ne suis pas
capable d’accomplir Vos desseins, Ô mon Dieu ! » Cependant, chose curieuse,
Jésus ne faisait pas attention à mes appels, mais il me fit comprendre combien
j’aurais de difficultés à surmonter. Et moi, Sa pauvre créature, je ne savais
rien dire d’autre que : « Je suis incapable, ô mon Dieu ! »
438.
30 juin 1935.
Le lendemain pendant la sainte Messe, tout au commencement, j’ai aperçu
Jésus indescriptible ment beau. Il me dit qu’
Il
exigeait qu’une telle Congrégation soit fondée au plus tôt : « Tu vas y
vivre avec tes compagnes. Mon esprit sera la règle de votre vie, qui doit Me
prendre pour modèle, depuis la crèche jusqu’à l’agonie sur la Croix. Pénètre Mes
mystères et tu découvriras l’abîme de Ma Miséricorde envers les créatures et Mon
insondable bonté et tu les feras connaître au monde. Par tes prières, tu vas
être l’intermédiaire entre la terre et le Ciel. »
439. Alors vint le moment de
communier Jésus disparut.
J’ai vu une grande clarté. Soudain j’ai entendu ces paroles :
« Nous te donnons Notre bénédiction. » A cet instant, un rayon
lumineux sortit de cette clarté et transperça mon cœur. Un feu singulier
s’alluma dans mon âme. Je pensais que j’allais mourir de joie et de
bonheur. Je sentais que mon âme se détachait de mon corps, je sentais que
j’étais complètement plongée en Dieu, et que le
Tout-Puissant
m’emportait comme un grain de poussière dans des espaces inconnus.
Frémissante de bonheur dans les bras du Créateur, je sentais qu’
Il
me soutenait Lui-même pour que je puisse supporter l’immensité de ce
bonheur et contempler Sa Majesté.
Je savais maintenant que s’
Il
ne m’avait pas fortifiée d’avance par Sa grâce, mon âme n’aurait pu
supporter ce bonheur et que la mort aurait suivi un instant après. La Sainte
Messe finit je ne sais quand, car il n’était pas en mon pouvoir de faire
attention à ce qui se passait dans la chapelle. Cependant, quand je repris mes
sens, je sentis que j’avais la force et le courage d’accomplir la volonté
divine. Rien ne me semblait difficile et, tandis qu’auparavant je m’excusais
devant le Seigneur, maintenant, ressentant en moi le courage et la force du
Seigneur qui vit en moi, je lui ai dit, je suis prête, quel qu soit le signe de
Votre Volonté! » Intérieurement j’avais déjà vécu tout ce que l’avenir me
réservais.
440. O mon Créateur et mon Seigneur, voilà tout mon être ! Disposez de
moi selon Votre divin plaisir, d’après Vos éternels desseins et Votre insondable
Miséricorde. Que toute âme sache comme est bon le Seigneur. Que personne n’ait
peur de vivre dans Son intimité ni ne s’excuse de son indignité ni ne remette
jamais à plus tard les invitations divines, car cela ne plait pas au Seigneur.
Il n’y à pas d’âme plus misérable que la mienne. Je me connais véritablement et
je m’étonne que la Majesté Divine ne soit ainsi abaissée. O éternité, il me
semble que tu seras trop courte pour exprimer l’infinie miséricorde du Seigneur.
441. Une fois, pendant la procession de la
Fête-Dieu
, cette image était exposée sur l’autel. Quand le prêtre y déposa le
Saint Sacrement et que le chœur commença à chanter, les rayons de l’image
traversèrent la Sainte Hostie et se répandirent dans le monde entier. Alors
j’entendis ces paroles : « Ces rayons te traverseront, comme ils ont traversé
cette Hostie et ils passeront dans le monde entier. » A ces mots
,une
grande joie envahit mon âme.
442. Une autre fois, alors que mon confesseur disait la Sainte Messe, je
vis comme toujours, l’
Enfant
Jésus sur l’
Autel
, à partir de l’offertoire. Puis, un moment avant l’élévation, le
prêtre disparut à mes yeux et seul Jésus resta. Quand le moment de l’élévation
approcha, Jésus prit dans Ses petites mains l’
Hostie
et le calice
,et
Il les souleva ensemble, en regardant le ciel. Peu après, je vis de
nouveau mon confesseur. J’ai demandé à l’enfant Jésus où était le prêtre quand
je ne le voyais pas. Il me répondit : « Dans mon Cœur. »
443. Une autre fois, j’ai entendu ces mots : « Je désire que tu vive de
Ma volonté dans les plus secrètes profondeurs de ton âme. » - Je réfléchissais à
ces mots qui m’allaient droit au cœur. C’était un jour de confession de la
Communauté. Or pendant ma confession, lorsque je me suis accusée de mes péchés,
le prêtre me répéta mot pour mot ce que Jésus m’avait dit avant lui.
444. Puis il me dit ces paroles profondes :
« Il y a trois degrés dans l’accomplissement de la volonté
divine :
Le premier, quand l’âme accomplit tout ce qui est contenu extérieurement
dans les ordres et les statuts.
Le second, quand l’âme suit les inspirations intérieures et y est fidèle.
Le troisième, quand l’âme abandonnée à la volonté de Dieu, Lui laisse la
liberté de disposer d’elle et que Dieu fait d’elle ce qui Lui plaît : elle est
un instrument docile dans Sa main. »
Le prêtre me dit que j’en étais au deuxième degré de l’accomplissement
de la volonté divine, que je n’avais pas encore atteint le troisième. Mais que
je devais cependant m’efforcer d’y arriver. Ces paroles pénétrèrent jusqu’au
fond de mon âme. Je vois clairement que Dieu donne à ce prêtre la connaissance
de ce qui se passe au fond de mon âme. cela ne m’étonne pas. Je remercie Dieu
qu’
Il
ait de tels élus
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Paragraphes N°445-520
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