Benoît XVI : recevoir l'Eucharistie
signifie se mettre en attitude d'adoration |
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Le 30 décembre 2008 -
(E.S.M.)
- Loin des polémiques stériles ce petit livre d'un évêque du Kazakhstan
appelle à prendre de la hauteur et du recul sur cette question. À la
fois témoignage et réflexion, il explique la pratique de communion
réintroduite par Benoît XVI avec un véritable soucis pédagogique et
pastoral.
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Le pape Benoit XVI -
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Benoît XVI : recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en attitude
d'adoration
Le 30 décembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
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Aujourd'hui plus que jamais, il est nécessaire d'aider les fidèles à
retrouver une foi vive en la présence réelle du Christ dans les espèces
eucharistiques, dans le but de renforcer la vie même de l'Église »
Mgr Malcolm Ranjith
Les dernières décennies ont vu la liturgie de l'Église Catholique
prendre un visage très différent de celui du passé. Depuis quelques
mois, le pape Benoît XVI, réintroduit des éléments plus anciens dans la
liturgie actuelle de l'Église. Il a par exemple repris l'habitude de
distribuer la communion dans la bouche des fidèles agenouillés.
Loin des polémiques stériles ce petit livre d'un évêque du Kazakhstan
appelle à prendre de la hauteur et du recul sur cette question. À la
fois témoignage et réflexion, il explique la pratique de communion
réintroduite par Benoît XVI avec un véritable soucis pédagogique et
pastoral.
Préface
Dans le livre de l'Apocalypse, saint Jean raconte qu'après avoir vu et
entendu ce qui lui avait été révélé, il s'était lui-même prosterné en
adoration, au pied de l'ange de Dieu (cf. Ap
22, 8). Se prosterner ou se mettre à genoux,
devant la majesté de la présence de Dieu, en une adoration humble, était
déjà une habitude de respect que le peuple d'Israël manifestait en la
présence du Seigneur. Il est dit au Premier livre des Rais : « Quand
Salomon eut achevé d'adresser au Seigneur cette prière et cette
supplication, il se releva de devant l'autel du Seigneur, où il était
agenouillé, les mains étendues vers le ciel, et s'étant mis debout, il
bénit toute l'assemblée d'Israël » (1 R 8,
54-55). La position de supplication du roi est
claire : il était à genoux devant l'autel.
La même tradition est également visible dans le Nouveau Testament quand
nous voyons Pierre se mettre à genoux devant Jésus
(cf. Lc 5, 8), Jaïre lui demander de guérir sa
fille
(Lc 8, 41), le Samaritain
revenir le remercier ou Marie, la sœur de Lazare, demander la vie de son
frère
(Jn 11, 32). C'est la même
attitude de prosternation devant la stupeur
que provoque la présence ou la révélation divine que l'on remarque
généralement dans le livre de l'Apocalypse (Ap
5, 8, 14 et 19, 4).
À cette tradition était étroitement liée la conviction que le Temple
Saint de Jérusalem était la demeure de Dieu, et que, par conséquent, il
fallait y disposer tout le corps dans une attitude exprimant un
sentiment profond d'humilité et de respect à l'égard du Seigneur
présent.
Même dans l'Église, la conviction profonde que, dans les espèces
eucharistiques, le Seigneur est vraiment et réellement présent ainsi que
la pratique croissante de conserver la Sainte Communion dans les
tabernacles, ont contribué à l'habitude de s'agenouiller dans une
attitude d'humble adoration du Seigneur, présent dans l'Eucharistie.
De fait, en ce qui concerne la présence réelle du Christ dans les
espèces eucharistiques, le Concile de Trente déclare : in almo
sanctae Eucharistiae sacramento post panis et uini consecrationem
Dominum nostrum lesum Christum uerum Deum atque hominem uere, realiter
ac substantialiter sub sperie illamm rerum sensibilium contineri, «
dans le vénérable sacrement de la sainte Eucharistie, après la
consécration du pain et du vin, notre Seigneur Jésus-Christ, vrai Dieu
et vrai homme, est vraiment, réellement et substantiellement contenu
sous l'apparence de ces réalités sensibles »
(DS1651).
Par ailleurs, saint Thomas d'Aquin avait déjà défini l'Eucharistie
latens Deitas (Saint Thomas d'Aquin,
Hymne Adoro Te dévote). La foi dans la
présence réelle du Christ sous les espèces eucharistiques appartenait
déjà alors à l'essence de la foi de l'Église catholique et faisait
partie intégrante de l'identité catholique. Il était clair qu'on ne
pouvait édifier l'Église si une telle foi venait à peine à être
ébranlée.
Donc, l'Eucharistie, pain transsubstantié en Corps du Christ et vin en
Sang du Christ, Dieu parmi nous, devait être accueillie avec
émerveillement, avec le plus grand respect et dans une attitude d'humble
adoration. Le Pape Benoît XVI, en se référant aux paroles de saint
Augustin nemo autem illam carnem manducat, nisi prias ado-rauerit;
peccemus non adorando, « que personne ne mange cette chair sans
d'abord l'adorer; nous pécherions si nous ne l'adorions pas »
(Enarrationes in Psalmos 98, 9 ; CCL 39, 1385),
souligne le fait que « recevoir l'Eucharistie signifie se mettre en
attitude d'adoration envers Celui que nous recevons. [...] Ce n'est que
dans l'adoration que peut mûrir un accueil profond et vrai »
(Benoît XVI -
Sacramentum Caritatis 66).
Selon cette tradition, il est évident qu'adopter des gestes et des
attitudes du corps et de l'esprit qui facilitent le silence, le
recueillement, l'humble acceptation de notre pauvreté face à la grandeur
infinie et à la sainteté de Celui qui vient à notre rencontre sous les
espèces eucharistiques, devenait cohérent et indispensable. La meilleure
façon d'exprimer notre sentiment de révérence à l'égard du
Seigneur-Eucharistie était de suivre l'exemple de Pierre qui, comme nous
dit l'Évangile, se jeta à genoux devant le Seigneur en lui disant : «
Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis un pécheur »
(Lc 5, 8).
Aujourd'hui, comme nous le voyons dans certaines églises, une telle
pratique est tombée toujours plus en désuétude, et les responsables non
seulement exigent que les fidèles reçoivent la Sainte Eucharistie
debout, mais ont même été jusqu'à supprimer les agenouilloirs, obligeant
les fidèles à s'asseoir ou à se tenir debout, même durant l'élévation
des Espèces eucharistiques présentées pour être adorées. Le comble est
de constater que de telles mesures ont été prises dans les diocèses, par
les responsables de la liturgie, ou dans les églises, par les curés,
sans même consulter le moins du monde les fidèles, alors qu'aujourd'hui,
plus que jamais, on parle dans de nombreux milieux de démocratie dans
l'Église.
Dans le même temps, il faut reconnaître, au sujet de la communion dans
la main, que cette pratique a été introduite de manière abusive et à la
hâte dans certains milieux de l'Église juste après le Concile, changeant
la coutume séculaire qui avait précédé pour devenir désormais la
pratique régulière dans toute l'Église. On a justifié un tel changement
en affirmant qu'il reflétait mieux l'Évangile ou l'antique pratique de
l'Église.
Il est vrai que si l'on peut recevoir sur la langue, l'on peut aussi
recevoir sur la main, ces deux organes du corps étant d'une égale
dignité. Certains, pour justifier cette pratique, font référence aux
paroles de Jésus : « Prenez et mangez »
(Mc 14,22; Mt 26,26). Quelles
que soient les raisons favorables à cette pratique, nous ne pouvons
ignorer ce qui se passe au niveau mondial, quand une telle pratique
vient à se réaliser. Ce geste contribue à un affaiblissement graduel et
croissant de l'attitude de respect envers les saintes Espèces
eucharistiques. À l'inverse, la pratique précédente avait mieux préservé
ce sentiment de vénération. Au lieu de cela, se sont glissés un manque
alarmant de recueillement et un esprit de générale insouciance. Il
arrive désormais de voir des personnes ayant communié qui retournent à
leur place comme si rien d'extraordinaire ne s'était produit. Dans la
grande majorité, ce sont les enfants et les adolescents qui sont
distraits. Dans de nombreux cas, on ne remarque pas ce sens de gravité
et ce silence intérieur qui doivent être les signes de la présence de
Dieu dans l'âme.
Et puis il y a toutes sortes d'abus : ceux qui emportent les saintes
espèces pour les garder comme souvenirs; ceux qui les vendent, ou pire
encore, ceux qui les emmènent afin de les profaner dans des rites
sataniques. On a pu faire le constat de telles situations : jusque dans
les grandes concélébrations, même à Rome, on a pu trouver à plusieurs
reprises les Saintes Espèces jetées par terre.
Cette situation nous amène à réfléchir non seulement sur cette grave
perte de la foi, mais aussi sur ces outrages et offenses faites au
Seigneur, Lui qui daigne venir à notre rencontre en voulant nous rendre
semblables à Lui, afin que se reflète en nous la sainteté de Dieu.
Le Pape Benoît XVI parle de la nécessité non seulement de
comprendre le sens véritable et profond de l'Eucharistie, mais aussi de
la célébrer avec dignité et respect. Il dit que nous devons être
conscients « de l'importance des gestes et des postures, comme le fait
de s'agenouiller pendant les moments centraux de la prière eucharistique
» (Sacramentum Caritatis, 65).
De plus, en parlant de la réception de la Sainte Communion, il invite
tout le monde à « faire [son] possible pour que le geste, dans
sa simplicité, corresponde à sa valeur de rencontre personnelle avec le
Seigneur Jésus dans le Sacrement »
(Sacramentum Caritatis, 50).
Dans cette perspective, il faut apprécier le petit livre écrit par S. E.
Mgr Athanasius Schneider, évêque auxiliaire de Karaganda, au Kazakhstan,
dont le titre Dominus est est tout à fait significatif. Ce livret
veut apporter sa contribution dans la discussion actuelle sur
l'Eucharistie, comme présence réelle et substantielle du Christ dans les
espèces consacrées du pain et du vin. Il est à noter que Mgr Schneider
commence sa présentation par une note personnelle qui rappelle la
profonde foi eucharistique de sa mère et de deux autres femmes, foi
conservée au milieu de tant de souffrances et de sacrifices, que la
petite communauté catholique de ce pays a supportés durant les années de
persécution soviétique.
En partant de sa propre expérience qui a éveillé en lui une grande foi,
de l'émerveillement et de la dévotion à l'égard du Seigneur présent dans
l'Eucharistie, il nous présente un excursus historico-théologique
qui explique bien comment la pratique de recevoir la Sainte Communion
dans la bouche et à genoux a été accueillie et pratiquée dans l'Église
durant de nombreux siècles.
Aujourd'hui, je crois que le moment est arrivé de bien évaluer cette
pratique, de revoir et, si nécessaire, d'abandonner la pratique actuelle
qui, en réalité, ne se trouve indiquée ni dans
Sacrosanctum Concilium lui-même, ni par les Pères Conciliaires, mais
qui fut acceptée après avoir été introduite abusivement dans certains
pays. Aujourd'hui plus que jamais, il est nécessaire d'aider les fidèles
à retrouver une foi vive en la présence réelle du Christ dans les
espèces eucharistiques, dans le but de renforcer la vie même de l'Église
et de la préserver au milieu des dangereuses déviations de la foi que de
telles situations continuent à provoquer.
Les raisons d'une telle orientation ne doivent pas être tant théoriques
que pastorales - autant spirituelles que liturgiques : elles doivent
contribuer à une meilleure édification de la foi. En ce sens, Mgr
Schneider fait preuve d'un courage louable parce qu'il a su saisir la
vraie signification de la parole de saint Paul : «
Que tout se passe de manière à édifier
» (1 Co 14, 26).
Mgr Malcolm Ranjith
Évêque Secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin et la
Discipline des Sacrements
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Sources : www.editionstempora.fr
-
(E.S.M.)
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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30.12.2008 -
T/Liturgie
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