Immigration : le pape Benoît XVI sollicite notre solidarité


Le 30 septembre 2008 - (E.S.M.) - Les migrations mettent principalement à nu deux problèmes: la justice distributive et la justice politique.

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Immigration : le pape Benoît XVI sollicite notre solidarité
Immigration et droit d'asile: le pacte européen
Le 30 septembre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Restrictions, obstacles, barrières. Tels sont les signaux qui nous arrivent du Parlement européen et du pacte pour l'immigration et le droit d'asile qui devrait être adopté par le sommet européen des chefs d'État et de gouvernement du 15 octobre prochain. Avec des exceptions possibles et des voies préférentielles pour les travailleurs hautement qualifiés. Des tendances qui n'étonnent pas en ce début du troisième millénaire où l'on a toujours moins de mémoire et peu d'espérance. Où la vie est de plus en plus "jetable", plutôt que soignée et vécue. Où les faibles et les pauvres paient deux fois.

Les récentes paroles du Pape Benoît XVI, sa compassion pour les tragédies dans lesquelles se terminent les tentatives des immigrés d'approcher les côtes italiennes et son appel aux pays occidentaux afin qu'ils mettent en oeuvre des politiques d'urgence, sont pourtant une invitation à évaluer de manière critique les choix qui criminalisent l'immigration non souhaitée. Des paroles qui doivent nous interroger sur la nécessité de prêter au phénomène migratoire une attention plus grande et plus qualifiée et de proposer des projets plus élaborés. (Le pape Benoît XVI appelle à la solidarité envers l'immigration : º lire)

Les migrations mettent principalement à nu deux problèmes: la justice distributive et la justice politique. Pour ce qui concerne le premier problème, il est évident que la pauvreté, le sous-développement et le désespoir de nombreuses personnes sont dramatiques. Souvent, ces situations poussent ces personnes à entreprendre des voyages risqués vers l'Europe, qui pour nombre d'entre elles se terminent par la mort. La seule solution, à ce qui est une véritable tragédie humanitaire, est que les pays du monde occidental adoptent des politiques mondiales de justice redistributive.

L'appel du Pape Benoît XVI à l'Europe afin qu'elle accueille les immigrés irréguliers pose un deuxième problème de justice politique. Autrement dit la capacité de parler et d'agir concrètement entre dignité et justice. Et ici la recherche du bien commun, c'est-à-dire la politique, doit faire sa part du travail, en réaffirmant le primat de la personne humaine. La politique, en effet, c'est forger des opinions qui ne soient pas muselées par l'opinion courante; c'est la capacité et le courage d'influencer le jugement politique des citoyens; c'est une action capable d'agir afin que des changements s'opèrent dans l'opinion publique dominante.

Il est juste de demander à la politique de nous proposer un projet fondé sur l'équilibre entre droits et devoirs, entre sécurité et intégration, qui produise des mesures aptes à affronter les différents aspects d'une question qui met en cause des valeurs profondes de notre façon d'être et d'interagir avec les autres. La Commission européenne a défini l'intégration comme un processus durable et à double sens, basé sur des droits et des devoirs qui pèsent autant sur les immigrés que sur la société qui les accueille. Sans compter que tout le monde parle désormais d'une Europe des peuples, autant ceux qui voudraient que les peuples pèsent plus lourd face aux gouvernements, que ceux qui soutiennent en revanche des fermetures xénophobes et considèrent qu'être un peuple signifie avoir un héritage commun imperméable à tout apport extérieur.

On doit s'interroger à ce sujet sur les changements culturels en cours. Il est évident que le seul appel - même s'il est nécessaire - aux valeurs présentes dans la culture institutionnelle et dans le droit international (prenons le cas du droit d'asile) ne permet pas de les considérer comme les valeurs communes qu'elles ne sont plus. Un certain nombre de voix s'élèvent dans l'information, dans la culture, au sein des forces politiques, qui appellent à des formes plus ou moins raffinées, de défiance, d'intolérance, de conflit, de violence. Une attention et une action pédagogique renouvelées sont donc tout à fait urgente. Dans cette optique, il doit être clair que, quand l'Église prêche les valeurs de respect de la dignité, de la solidarité, du partage entre les peuples, de rencontre entre les cultures et les religions, elle ne lance pas des batailles politiques mais - à partir des principes évangéliques et de l'action qu'elle mène jour après jour - précise seulement les présupposés sur lesquels la politique doit construire. Il s'agit d'une contribution morale, culturelle, d'expérience, de disponibilité dont, à notre avis, la politique a besoin.

Vittorio Nozza
Directeur national de Caritas Italia

Migrants africains en Europe, les assister est un impératif moral : º lire
º Le pape appelle à la solidarité envers l'immigration

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Sources : www.vatican.va - (E.S.M.)
© L'Osservatore Romano - 30 septembre 2008
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M. sur Google actualité) 30.09.2008 - T/Église