Éléments de réflexions sur le Motu
Proprio de Benoît XVI |
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Québec, le 30 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Jean-Philippe Martini nous livre
quelques considérations au sujet du Motu Proprio de Benoît XVI en terre
d’Amérique française.
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Tournés vers Dieu
Éléments de réflexions sur le Motu Proprio de Benoît XVI
Réflexions
Le Missel de saint Pie V, qui ne fut jamais modifié dans son fond, a subi au
cours des âges quelques très légères retouches de rubriques par les Brefs de
Clément VIII, Urbains VIII et Saint Pie X. Le Canon est inchangé depuis
l’âge apostolique, c’est-à-dire d’après l’étude critique de Mgr Batiffol,
depuis la fin du III siècle. Le Canon du Missel traditionnel dit de saint
Pie V a donc dix-sept siècles.
« Les traditions liturgiques, ou rites, actuellement en usage dans l’Église
sont le rite latin (principalement le rite romain, mais aussi les rites de
certaines Églises locales comme le rite ambrosien, ou de certains ordres
religieux) et les rites byzantin, alexandrin ou copte, syriaque, arménien,
maronite et chaldéen. Obéissant fidèlement à la tradition, le Saint Concile
déclare que la sainte Mère l’Église considère comme égaux en droit et en
dignité tous les rites légitimement reconnus, et qu’elle veut, à l’avenir,
les conserver et les favoriser de toutes manières »
(Le
Catéchisme de l’Église Catholique 1992, Conférence des Évêques catholiques du Canada, 1992, p. 262).
L’annonce du décret du Pape Benoît XVI concernant une plus grande
latitude pour la célébration de la messe en latin mérite que l’on y
réfléchisse un peu. Loin donc de se réduire à ce rite, le Pape, par ce
Motu Proprio, nous demande d’élargir notre façon de concevoir notre rapport avec
le sacré dans l’Église et d’avoir une vue plus large de la messe et de la
liturgie. L’Histoire se souviendra du Pape Benoît XVI qui a pris cette importante
décision.
Quelques considérations
Trop souvent nos propos au sujet de l’ancien rite latin tridentin sont
empreints de clichés, de lieux communs, de prêt-à-penser. Les préjugés sont
tenaces, ainsi que l’inculture religieuse et le manque de connaissance des
éléments fondamentaux de la liturgie. Ici, au Québec, il s’est passé quelque
chose de particulier. La Révolution tranquille, telle une modernité brutale
devenue folle, a rompu durement la transmission jusque dans ses
soubassements religieux. La longue mémoire a été brisée. Nous aurons pour la
contrer intelligemment à activer une fondation mémorielle pour les
communautés, les jeunes familles et les nouvelles générations. Ce décret de
Benoît XVI est une belle invitation à la transmission de notre tradition
cultuelle. Dépassant les vieilles querelles de clochers pour cimenter
davantage (par le rite) des communautés catholiques vivantes, nous pouvons,
après plus de 40 ans, dépasser le dogme de la table rase, par ailleurs
vieillissant. Les chrétiens d’Orient et tout spécialement les catholiques de
rite orientaux ont beaucoup à nous apprendre concernant un sain
conservatisme liturgique. De par leur situation géographique, culturelle,
historique et surtout cultuelle, ils n’ont pas vraiment altéré leurs
traditions liturgiques. Une identité catholique respectueuse de l’autre mais
tout aussi sûre d’elle-même, solidement ancrée dans ses repères
fondamentaux, aux antipodes du relativisme, comme dit le Pape
Benoît XVI, peut se
traduire par une identité plus mûre, féconde, moins psychotique, narcissique
et adolescentrique .
Une question qui est sur toute les lèvres mérite d’être posée: si nous avons
du respect et de l’estime pour le rite liturgique maronite, copte, byzantin,
ne devrions nous pas avoir une même reconnaissance envers le rite latin
selon le mode extraordinaire tridentin ?
Cette annonce tant attendue risque bien sûr d’embarrasser et même d’énerver
pour un temps les sieurs Raymond Gravel d’ici, et les activistes goliasiens
d’outre-atlantique comme l’opiniâtre anti-romain Christian Terras. Faut-il
s’en étonner ? Non. Par contre, d’autres seront ravis de cette
clarification, du sens de la pérennité des choses dont elle témoigne, de
cette reconnaissance venue de si haut envers tout ce qui est noble et
magnifique dans la liturgie latine: L’unité doctrinale n’empêche pas
actuellement la diversité des rites. Et la diversité des rites n’empêchera
pas à l’avenir l’unité doctrinale ! L’unité doctrinale n’empêche pas non
plus la diversité des modes du rite romain (ordinaire ou extraordinaire) !
Les évêques devront expliquer le sens de ce culte (extraordinaire). Prions
pour qu’ils le fassent avec diligence, intelligence, rigueur et éloquence.
La
Lettre du pape Benoît XVI aux évêques accompagnant le Motu Proprio mérite réflexion.
Dans la réforme liturgique proposée et poursuivie par le Pape Benoît XVI (la
réforme de la réforme), l’autorité du Concile Vatican II est pleinement
affirmée. Les craintes à cet effet ne sont pas fondées. Le Pape Benoît XVI,
sur ce point, écrit que « le Missel, publié par Paul VI et réédité ensuite à
deux reprises par Jean-Paul II, est et demeure évidemment la Forme normale -
la Forma Ordinaria - de la liturgie Eucharistique. La dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, pourra en revanche être utilisée
comme Forma Extraordinaria de la célébration liturgique. Il n’est pas
convenable de parler de ces deux versions du Missel Romain comme s’ils
s’agissait de deux rites. Il s’agit plutôt d’un double usage de l’unique et
même rite. »
Le Saint Père exprime aussi dans sa Lettre aux évêques une réalité
sociologique que l’on a eu tendance à oublier au Québec : « (…) après le
Concile Vatican II, on pouvait supposer que la demande de l’usage du Missel
de 1962 aurait été limitée à la génération plus âgée, celle qui avait grandi
avec lui, mais entre temps il est apparu clairement que des personnes jeunes
découvraient également cette forme liturgique, se sentaient attirées par
elle et y trouvaient une forme de rencontre avec le mystère de la Très
Sainte Eucharistie qui leur convenait particulièrement. »
Je décèle un certain conservatisme hiératique dans cette demande du sacré,
un retour christocentrique plus affirmé qui se situe à contre-courant d’un
relativisme crépusculaire, la redécouverte d’une tradition religieuse.
Retour du refoulé ?
Ce décret pourrait bien acquérir un fort sens symbolique en terre d’Amérique
française. En effet, la ville de
Québec fêtera bientôt en 2008 son 400e
anniversaire. Il est possible et même fort probable que les autorités
religieuses de l’événement donnent de l’espace à la messe latine, celle
des premiers habitants de la Nouvelle-France ! Ce serait un signe de santé :
une reconnaissance concrète de la piété de nos ancêtres.
Le défunt frère mariste Jean-Paul Desbiens (philosophe et essayiste
québécois), qui n’aimait pas les entreprises
de déstabilisation tout azimut, serait sûrement satisfait du décret. Pour
conclure, je vais donner la parole à cet homme de filiation. Dans une
causerie prononcée le 16 mars 2003 aux Conférences Notre-Dame de Québec, le
frère Desbiens, parlant des défis de l’Église catholique au Québec, a évoqué
la question liturgique, qui a donné lieu par le passé à des débordements.
Dans l’Église, l’approche nouveau théâtre expérimental est à proscrire selon
lui. L’esprit de bricolage aussi. Les experts autocratiques qui veulent et
pensent toujours inventer et fabriquer du meilleur en matière liturgique
appartiennent au passé. Selon le frère Desbiens, la liturgie « doit être
sans surprise et sans racolage. La liturgie ne doit pas chercher à
concurrencer la société du spectacle. La liturgie doit être le lieu du
recueillement et non de l’étonnement ou de la surprise (…). La forme de la
liturgie peut demander un certain renoncement à l’individualité : des
structures fixes et éventuellement aussi des formulaires fixes sont
désirables et nécessaires. En effet, c’est seulement si le texte et la forme
du culte ne sont pas “inventés” chaque fois de nouveau, qu’on a l’évidence
d’avoir affaire avec la confession de l’Église et pas seulement avec une
forme d’expression plus ou moins fortuite de tel ou tel groupe de chrétiens.
(…) Le texte et la forme fixe ont aussi leur importance pour la liturgie en
tant que “recueillement” et célébration. Car dans le culte comme ailleurs,
on ne peut pas se recueillir si l’on doit toujours s’attendre à du nouveau,
et y porter toute son attention. »
Héritage de plusieurs siècles
Loin de « l’ère du vide » de Gilles Lipovetsky, du « bricolage post-moderne
» et des artifices tapageurs au constant goût du jour donc, le frère mariste
nous conviait par ses propos à la retenue et à la précaution en matière
liturgique. Une réforme liturgique, oui, mais faite dans la prudence et la
continuité. Les ruptures trop brutales sont souvent revues après un certain
temps.
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Liens:
La messe- Présence du sacrifice de la croix - Charles Journet
Savez-vous donc ce que c’est, en réalité, que la sainte messe ? Elle n’est
rien de moins que le soleil du christianisme, l’âme de la foi, le cœur de la
religion de Jésus-Christ ; tous les rites, toutes les cérémonies, tous les
sacrements s’y rapportent. Elle est, en un mot, l’abrégé de tout ce qu’il y
a de beau et de bon dans l’Église de Dieu. Ce sacrifice est vraiment le plus
vénérable et le plus parfait ; et, afin qu’un pareil trésor obtienne de vous
l’estime qu’il mérite, nous examinerons ici rapidement, en peu de mots,
quelques-uns de ses titres. Je dis quelques-uns : les embrasser tous serait
chose impossible à l’intelligence humaine.
(par St
Léonard de Port-Maurice - 1676-1751
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Sources:
Egard
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.07.2007 - BENOÎT XVI -
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