Dieu est, un point c'est tout, écrit Benoît XVI |
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ROME, le 30 Mai 2007 -
(E.S.M.) - Benoît
XVI nous explique que Dieu entre en relation avec nous et il nous permet
d'être en relation avec lui. Mais cela signifie qu'il entre, d'une façon
ou d'une autre, dans notre monde humain. Il est devenu accessible et par
là aussi vulnérable. Il prend le risque de la relation, le risque d'être
avec nous.
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Dieu prend le
risque de la relation, le risque d'être avec nous
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Dieu est, un point c'est tout, écrit Benoît XVI
4) Que ton nom soit sanctifié
La première demande du Notre Père nous rappelle le deuxième commandement du
Décalogue : « Tu n'invoqueras pas le nom du Seigneur ton Dieu pour le mal »
(Ex 20, 7; cf. Dt 5, 11). Mais qu'est-ce donc que « le nom de Dieu » ? Quand
nous l'évoquons, imagine Benoît XVI, nous avons devant nous l'image de Moïse, qui voit dans le
désert un buisson qui était en feu sans se consumer. Poussé par la
curiosité, il s'approche pour voir de plus près ce mystérieux événement,
mais alors une voix l'appelle du milieu du buisson, et cette voix lui dit :
« Je suis le Dieu de ton père, Dieu d'Abraham, Dieu d'Isaac, Dieu de Jacob »
(Ex 3, 6). Ce Dieu le renvoie
en Égypte avec la mission de faire sortir d'Égypte le peuple d'Israël et de
le conduire vers la Terre promise. Au nom de Dieu, Moïse doit demander au
pharaon la délivrance d'Israël.
Mais dans le monde de l'époque, il y avait beaucoup de dieux. Moïse demande
donc à Dieu son nom, le nom par lequel ce Dieu pourra justifier de son
autorité particulière vis-à-vis des autres dieux. L'idée du nom de Dieu fait
donc d'abord partie du monde polythéiste, où ce Dieu doit aussi se donner un
nom. Mais le Dieu qui appelle Moïse est vraiment Dieu. Dieu au sens strict
et vrai n'existe pas au pluriel. Par nature, Dieu est unique. C'est pourquoi
il ne peut pas entrer dans le monde des dieux comme un parmi d'autres, et il
ne peut pas avoir un nom parmi d'autres.
Aussi, la réponse de Dieu est-elle à la fois refus et assentiment. Il dit
simplement de lui-même «Je suis celui qui suis».
II est, un point c'est tout. Cette réponse est à la fois un nom et
une absence de nom. Il était donc tout à fait juste qu'en Israël, cette
auto-désignation de Dieu, entendue sous le mot YHWH, n'ait pas été prononcée
et qu'elle ne se soit pas dégradée pour devenir une sorte de nom
idolâtrique. Il n'était donc pas juste que, dans les traductions récentes de
la Bible, on écrive comme n'importe quel autre nom ce nom resté toujours
mystérieux et imprononçable pour Israël, réduisant ainsi le mystère de Dieu,
dont il n'y a ni images ni noms prononçables, et le ramenant dans la
banalité d'une histoire générale des religions.
II n'en reste pas moins que Dieu n'a pas purement et simplement rejeté la
demande de Moïse, et, afin de comprendre l'imbrication étrange du nom et de
l'absence de nom, nous devons comprendre, explique Benoît XVI, ce qu'est un
nom. Nous pourrions simplement dire : le nom crée la possibilité de
l'invocation, de l'appel. Il crée une relation. Quand Adam nomme les
animaux, cela ne signifie pas qu'il exprime leur nature, mais qu'il les
intègre dans son univers humain et qu'il fait en sorte de pouvoir les
appeler. Partant de là, nous comprenons l'aspect positif du nom de Dieu :
Dieu crée une relation entre lui et nous. Il fait en
sorte qu'on puisse l'invoquer. Il entre en relation avec nous et il nous
permet d'être en relation avec lui. Mais cela signifie qu'il entre, d'une
façon ou d'une autre, dans notre monde humain. Il est devenu accessible et
par là aussi vulnérable. Il prend le risque de la relation, le risque
d'être avec nous.
Ce qui parvient à son accomplissement dans son incarnation s'origine dans le
don du nom. Lors de l'étude de la prière sacerdotale de Jésus, nous verrons
qu'en effet Jésus se présente alors comme le nouveau Moïse : «J'ai
fait connaître ton nom aux hommes»
(Jn 17, 6). Ce qui a commencé avec le Buisson ardent dans le
désert du Sinaï s'accomplit avec le Buisson ardent de la croix. En son fils
devenu homme, on peut dire que Dieu est désormais devenu vraiment
accessible. Il fait partie de notre monde, il s'est en
quelque sorte remis entre nos mains.
Nous comprenons alors ce que signifie la demande de sanctifier le nom de
Dieu. Désormais, on peut abuser du nom de Dieu et
ainsi souiller Dieu lui-même. Le nom de Dieu peut être récupéré, et
alors l'image de Dieu est déformée. Plus Dieu se
remet entre nos mains, plus nous pouvons obscurcir sa lumière. Plus il est
proche, plus notre abus de lui peut le rendre méconnaissable.
Martin Buber disait qu'en voyant l'abus honteux qu'on faisait du nom de
Dieu, on peut perdre tout courage de le nommer. Mais le taire serait plus
encore un refus de son amour qui vient à notre rencontre. Buber affirmait
que nous ne pourrions que ramasser, dans le plus grand respect, les lambeaux
du nom sali et essayer de les purifier. Mais seuls, nous en sommes
incapables. Nous ne pouvons que lui demander de ne
pas laisser détruire dans ce monde la lumière de son nom.
Notre demande afin qu'il prenne en charge lui-même la
sanctification de son nom, qu'il protège pour nous le merveilleux mystère du
fait qu'il nous soit accessible et que ressorte toujours sa véritable
identité de la déformation que nous lui causons, une telle demande est
cependant toujours aussi pour nous un grand examen de conscience : comment
est-ce que je traite le nom sacré de Dieu ? Est-ce je me tiens avec une
crainte respectueuse devant le mystère du Buisson ardent, devant l'énigme
insondable de sa proximité jusqu'à sa présence dans l'Eucharistie, dans
laquelle il se met vraiment entre nos mains ? Est-ce que je veille à ce que
Dieu avec nous, dans sa sainteté, ne soit pas traîné dans la boue, mais
qu'il nous élève à la hauteur de sa pureté et de sa sainteté ?
QUE VOTRE NOM SOIT SANCTIFIE - AU NOM DU
PÈRE, DU FILS, DU SAINT-ESPRIT
Hier, nous avons publié quelques pages où le pape Benoît XVI nous
commente la première phrase du Notre Père et nous exhorte à
aimer nos ennemis et
ceux qui nous persécutent, le Christ parce qu'Il l'a accompli, écrit-il,
nous invite - à partir de ce critère
- à devenir à notre tour des « fils ». Ce n'est pas manifeste à notre époque
et ce livre risque, s'il n'est pas bien compris, de n'avoir plus rien
d'enthousiasmant. Non, ce n'est pas évident d'accepter, jour après jour, de
suivre la voix de l'Esprit qui parle au plus profond de notre âme. La page
d'aujourd'hui est également assez ardue. Alors j'ai exhumé une série de
conférences données, il y a plus de 40 ans, par le Père Paul-Marie de la
Croix, carme. J'ai personnellement connu ce saint prêtre et j'aimerais
partager avec les lecteurs qui en ont le temps, ces pages sur le Notre
Père, cette prière que nous récitons tous les jours et dont nous ne
comprenons pas toujours bien la signification.
Que ton Nom soit sanctifié, en nous, revient à
dire : il faut nous appliquer à agir de telle sorte que tous louent le Nom
de Dieu. Dieu n'a pas besoin d'être sanctifié puisqu'Il est "Le
Saint" et que c'est Lui qui sanctifie. Cela,
m'a marqué et je ne l'ai pas oublié ; bonne lecture.
"La composition du Pater, cette prière qui va du général au particulier,
des fins aux moyens, permet d'affirmer que nous sommes ici devant la plus
importante des demandes; celle dont la portée est tout ensemble la plus
générale et la plus définitive. Cependant, les chrétiens s'y arrêtent peu et
ils en méconnaissent bien souvent la signification et la portée.
"Que Dieu tienne par-dessus toutes choses à ce que son Nom soit sanctifié,
on en a la preuve dans ce passage du prophète Isaïe, où, après avoir rappelé
qu'il est le Saint, et le seul Saint: A qui donc me comparerez-vous, et de
qui me ferez-vous l'égal? A qui m'assimilerez-vous, que nous lui soyons
pareil ? (Is 46 s) on voit
Yahvé prendre un soin jaloux de sa sainteté. Il la sauvegarde, il la
maintient intacte parmi les hommes, et le premier devoir qu'il leur impose,
c'est de sanctifier son Nom.
"Aussi est-ce véritablement avec douleur, qu'il se plaint en Ézéchiel qu'une
offense ait été faite à sa sainteté: Ils ont déshonoré mon saint Nom
(Ez 36 20), et il prend lui-même
sa cause en main, pour venger l'honneur de ce Nom: J'agis à cause de mon
Nom, afin qu'il ne soit pas profané aux yeux des nations
(Ez 20 14).
"Qu'est-ce donc que ce « Nom » dont Dieu se montre si jaloux ? Et comment
sanctifier le Nom de celui qui n'est pas seulement saint et trois fois
saint, mais encore la source de toute sainteté ?
« 'Le Nom', nous dit Origène, désigne la nature propre et incontestable de
l'être nommé. Ainsi, la nature propre de l'apôtre Paul fait que son âme, son
esprit, son corps, sont tels et tels. Ce caractère propre et incommunicable
qui fait qu'aucun être n'est identique à Paul, est exprimé par le « nom » de
Paul. Chez les hommes, ces qualités propres - comme les noms - peuvent
changer. Abram fut appelé Abraham, Simon: Pierre, Saul, qui persécutait le
Christ: Paul. Pour Dieu, qui est immuable et ne change jamais, il n'y a
qu'un seul Nom: celui de l'Existant, donné dans l'Exode: Je suis celui qui
suis (Ex 3 14). Nous nous
évertuons tous à réfléchir sur Dieu pour comprendre sa nature — et rares, et
plus que rares, sont ceux qui peuvent se faire une idée de sa sainteté —; la
prière de Jésus nous apprend que Dieu est Saint pour nous faire découvrir sa
sainteté de Créateur, de Providence, de Juge qui choisit et abandonne,
accueille et rejette, récompense ou châtie selon le mérite. Voilà ce qui
caractérise la qualité propre de Dieu qui est appelée dans les Écritures: le
Nom de Dieu» (Origène).
"Sanctifier le Nom de Dieu ce sera donc reconnaître Dieu comme l'Être par
excellence; mais sans doute sera-ce plus encore confesser qu'il est le «Tout-Autre».
En effet, il semble qu'à l'Horeb, plutôt que devant l'affirmation de l'Être
absolu, on soit devant la Révélation de la transcendance d'un Dieu auquel
l'homme est dans l'incapacité absolue de donner un Nom, parce que, s'il a
quelque idée de ce que Dieu n'est pas, il ne peut absolument pas dire ce
qu'il est. Aussi, plutôt que Je suis celui qui suis, il conviendrait de
traduire: «Je suis qui je suis» ou encore «Je
suis ce que je suis » (Ex. 3 14).
"Mais sanctifier le Nom de Dieu ce sera également
acquérir si possible une expérience intérieure et vivante de cette réalité
divine infiniment transcendante; ce sera prendre conscience de manière
ineffable, que seul il a droit à notre adoration, ce sera ne pas permettre
que quelqu'un tienne en nous sa place ou vienne la lui disputer; ce sera
enfin mettre notre joie la plus pure et la plus profonde à nous abîmer en
lui.
"En nous demandant de « sanctifier son Nom », Dieu nous invite donc à ne pas
infléchir immédiatement notre prière - comme cela a lieu si souvent ! - dans
un sens personnel et utilitaire. La prière doit consister d'abord en une
contemplation aussi prolongée que possible de Dieu lui-même et nous devons
mettre notre bonheur à considérer cet océan de sainteté, cette suprême
perfection, cette infinie transcendance, et à les célébrer, moins en paroles
que par une attitude intérieure d'admiration, d'adoration, de louange, et
d'absolue soumission.
"Selon notre manière moderne de penser et de parler, le « Nom » est devenu
une donnée purement extrinsèque qui vient s'accoler à un objet ou à une
personne. Il n'est plus guère qu'une étiquette permettant de le reconnaître
et de le classer. Il en va autrement dans la pensée et le langage bibliques.
Le Nom y exprime la réalité essentielle et incommunicable d'un être.
Sanctifier le Nom lorsqu'il s'agit de Dieu ce sera donc non seulement le
connaître et le révérer mais encore le faire respecter autour de soi comme
Dieu. Ce sera le manifester dans sa différence essentielle et considérer
qu'à lui seul est réservée l'adoration et qu'il est suprêmement digne
d'honneur et de louange.
"Pourquoi, en Dieu qui possède, ou mieux encore, qui « est » toutes ses
perfections, devons-nous rendre gloire à sa sainteté plutôt qu'à sa
grandeur, à sa puissance, à sa bonté, à sa justice ?
"Parce qu'en Dieu, la sainteté est le faisceau parfaitement lié de ses
indicibles richesses; mais aussi, parce que la sainteté lui appartient en
propre, et qu'ici-bas elle n'a aucun homologue. Sans doute, ni la grandeur,
ni la beauté, ni la bonté de Dieu ne peuvent être conçues à partir de la
grandeur, de la beauté, de la bonté humaines, même en les multipliant ou en
les valorisant à l'infini. Il demeure cependant qu'il existe une grandeur,
une beauté, une bonté d'ordre humain. Mais la sainteté n'est jamais en
l'homme que la participation à la sainteté du Seul qui soit Saint. Elle
témoigne toujours en nous de la présence, de l'action, du rayonnement de
Dieu. La sainteté est en l'homme dans la mesure même
où Dieu y est présent. La sainteté est donc le
Nom propre de Dieu; il est « le Saint
».
"Sachant la valeur et la signification du nom dans l'Antiquité, sachant
également que la sainteté n'appartient qu'à Dieu, on ne saurait être surpris
de voir avec quelle ferveur l'Ancien Testament rend hommage au Saint Nom de
Dieu: Le Nom de Dieu est digne de louange du matin jusqu'au soir
(Ps 92). Je veux bénir Yahvé en
tous temps, sa louange sera toujours dans ma bouche. Exaltez avec moi Yahvé;
ensemble célébrons son Nom (Ps 34).
Que le Nom de Yahvé soit béni de maintenant a jamais, au lever au soleil à
son couchant, loué soit le Nom de Yahvé
(Ps 113). Non pas à nous, non pas à nous, mais à ton Nom, donne
la gloire (Ps 115).
"Le Christ reprend, en lui donnant une profondeur nouvelle, l'enseignement
de la Bible. A son tour l'Église lui fait écho, en multipliant les hommages
au Nom du Seigneur: « Sit Nomen Domini benedictum, ex hoc nunc et usque
in saeculum », ainsi qu'au Nom de chacune des Personnes divines.
"Si le Saint Nom de Dieu a été entouré d'une telle vénération dès l'Ancien
Testament, au point qu'on n'osait pas le « prononcer », avec quel respect et
quel amour plus grands encore ne devrions-nous pas redire ces noms que le
Christ lui-même est venu nous révéler, et qui nous permettent de pénétrer au
sein même du mystère de Dieu et de son Amour infini ! Ce Dieu dont le Nom
est désormais le signe et constitue la profession de foi des enfants de
Dieu: Au Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
"S'il est aisé de comprendre qu'il faille louer et bénir le Saint Nom de
Dieu, il l'est moins, sans doute, de saisir comment le « sanctifier ».
Comment en effet rendre saint ce qui non seulement l'est déjà par nature,
mais encore est la source de toute sainteté ?
"Il est de fait que la sainteté divine est une réalité absolue et infinie,
à laquelle tous les efforts des hommes, leurs hommages
comme leurs outrages ne peuvent ni ajouter, ni retirer; cependant,
elle est susceptible d'être participée. De la sainteté divine, l'homme peut
devenir le tabernacle vivant. Il peut la rayonner et la diffuser.
"Si les objets et les lieux de culte participent déjà de la sainteté divine
et en reçoivent un reflet, combien plus l'âme, cette image vivante de Dieu
que l'homme porte en lui, est-elle apte à refléter le soleil divin, après en
avoir été pénétrée et transformée de manière substantielle.
"Quand Moïse redescendit de la montagne du Sinaï, il ne savait pas que la
peau de son visage rayonnait, à la suite de son entretien avec Yahvé. Aaron
et tous les enfants d'Israël virent Moïse, et voici que la peau de son
visage rayonnait, et ils n osèrent l'approcher
(Ex 34 29,30).
"Lorsqu'en Égypte, les fellahs font visiter certains monuments funéraires
situés loin de tout centre, il leur faut éclairer sculptures et fresques
placées au fond de longues galeries souterraines aux multiples détours. Ne
voulant pas utiliser des torches dont la fumée noircirait les parois, et ne
possédant généralement pas de lampes électriques, ils disposent à l'entrée
de la galerie principale un miroir de grande dimension. Celui-ci renvoie à
d'autres miroirs placés à chaque tournant, les rayons du soleil, et fait
ainsi pénétrer la lumière jusqu'aux lieux les plus obscurs, si distants
qu'ils soient de l'entrée.
"Ce procédé qui, sans faire appel à une autre clarté que celle du soleil
réussit à illuminer ce qui jusqu'alors était demeuré dans les ténèbres, aide
à comprendre comment l'homme peut « sanctifier » le Nom de Dieu. Il laisse
Dieu prendre possession de son être et sa seule Présence suffit à rendre
lumineux ce qui était obscur. C'est toi Yahvé, ma lampe. Mon Dieu éclaire
mes ténèbres (Ps 18 29).
"Que la sanctification du Nom de Dieu nous fasse un devoir, non seulement de
célébrer la sainteté divine, mais encore de nous laisser envahir par elle,
toute la Tradition l'affirme:
« II ne convient pas que l'homme fasse des vœux pour
Dieu, comme si l'on pouvait lui souhaiter quelque chose, ou qu'il en manquât
sans nos vœux; mais nous devons bénir Dieu en tous temps et en tous
lieux pour acquitter l'hommage de reconnaissance que tout homme doit à ses
bienfaits. La bénédiction remplit cet office.
D'ailleurs, comment le Nom de Dieu ne serait-il pas toujours saint et
sanctifié en lui-même puisqu'il sanctifie les autres ? L'armée des
anges qui l'entoure ne cesse de dire: Saint, Saint, Saint ! et nous, qui
aspirons à partager la béatitude des anges, nous nous associons dès
maintenant à leurs voix.
« Quant à nous, lorsque nous disons: Que votre Nom
soit sanctifié, nous demandons qu'il soit sanctifié en nous qui
sommes à lui, mais aussi dans les autres que la grâce de Dieu attend, afin
de nous conformer au précepte qui nous oblige à prier pour tous »
(Tertullien - De la prière).
« Qui pourrait sanctifier Dieu, écrit de son côté
saint Cyprien, puisque lui-même sanctifie ? Mais nous inspirant
de cette parole, Soyez saints, parce que moi je suis Saint
(Lv 20 26), nous demandons que,
sanctifiés par le baptême, nous persévérions dans ce que nous avons commencé
à être; et cela nous le demandons tous les jours. Nous recourons donc à la
prière pour que cette sainteté demeure en tous, cette sainteté que nous
devons à la grâce divine » (saint Cyprien,
De oratione dominica). «Exalter le Nom de Dieu en lui-même et
demander qu'il soit sanctifié, c'est participer à l'effluve divin en
naissant de lui » (Origène, De oratione).
« Que ton Nom soit sanctifié revient à dire : il faut
vous appliquer à agir de telle sorte que tous louent le Nom de Dieu, quand
ils admireront sa miséricorde, et sa grâce abondante répandue sur vous.
Ce ne sera pas en vain qu'il aura fait de vous ses fils, que par miséricorde
il vous aura donné l'Esprit, qu'il vous aura transformés au point de pouvoir
appeler Dieu: « Père ». En faisant le contraire, nous provoquons le
blasphème contre Dieu; tous les étrangers à notre foi diront: ils sont
indignes d'être fils de Dieu. Si par contre nous faisons le bien, nous
prouverons que nous sommes fils de Dieu et dignes de la noblesse de notre
Père. Pour appeler sur les lèvres la louange de Dieu qui vous a anoblis,
efforcez-vous de vous conduire de la sorte »
(Théodore de Mopsueste, Homélies catéchétiques) (cf. Mt .5 16).
"De cette demande du Pater, quel enseignement retirer, sinon que, dès le
début de cette prière, il ne nous est proposé rien moins qu'une exigence de
sainteté ? Il faut désirer ardemment devenir saint si l'on veut que la suite
du Pater garde sa valeur sur nos lèvres, et qu'elle passe à l'acte.
Si, en effet, le Nom de Dieu n'est pas sanctifié en
nous, c'est en vain que nous nous efforcerons de promouvoir son Règne, ou
d'accomplir sa volonté. Si le Seigneur n'a pas commencé à édifier
notre demeure spirituelle, c'est en vain que nous prétendrons travailler
pour lui.
"Cependant, cette exigence ne doit pas éveiller chez nous l'idée que la
sainteté est une fin en soi. Si le Nom de Dieu doit
être sanctifié en nous, c'est avant tout parce qu'ainsi se trouvera
réalisé le plan divin. Sans doute, la sainteté est le principe de
notre bonheur et de l'accomplissement de notre être, mais surtout, elle fait
de nous des instruments souples entre les mains de Dieu; elle nous fait
entrer dans cet immense concert de gloire dont nous sommes un élément et où
nous jouons notre partie. Ce n'est donc pas, avant tout, une vision
personnelle, et limitée à notre moi, que doivent éveiller ces mots du Pater,
mais celle d'une immense symphonie groupant tous les chœurs du ciel et de la
terre.
"Dieu: un soleil infini, au rayonnement éternel et sans limite; et, dans son
orbe, ses créatures, milliards d'étoiles recevant de lui une lumière dont
elles resplendiront sans fin.
"Que votre Nom soit sanctifié! C'est aux pages de l'Apocalypse qu'il faut
demander de donner à ces mots leur vraie dimension et de créer le climat
qu'ils doivent développer en nous.
"Et il me transporta en esprit sur une montagne et il me montra la ville
sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel d'auprès de Dieu, brillante de la
gloire de Dieu; et l'astre qui l'éclaire est semblable à une pierre très
précieuse... Puis il me montra un fleuve d'eau de la Vie, clair comme du
cristal, jaillissant du trône de Dieu et de l'Agneau. Et le trône de Dieu et
de l'Agneau sera dans la ville... et il n'y aura plus de nuit, et ils
n'auront plus besoin ni de la lumière de la lampe, ni de la lumière du
soleil, parce que le Seigneur Dieu les illuminera, et l'Agneau est son
flambeau (Ap 22).
"Cet embrasement de tous les êtres spirituels pénétrés et transformés par la
source infinie de lumière et de sainteté: Pour nous tous, le visage
découvert, réfléchissant comme dans un miroir la gloire du Seigneur, nous
sommes transformés en cette image, de plus en plus resplendissante, comme il
convient à l'action du Seigneur qui est Esprit
(2 Co 3 18), voilà la vision à laquelle nous prépare et nous
conduit cette demande du Pater.
"Elle nous invite à nous ouvrir en plénitude à cette invasion de la sainteté
divine et ainsi à permettre que de proche en proche, gagne l'incendie divin:
Je suis venu apporter le feu sur la terre, et comme je voudrais que déjà il
fût allumé! (Lc 12 49). C'est
seulement lorsqu'il brûlera dans tous les coeurs, lorsque tous seront
saints, que le Nom de Dieu connaîtra la plénitude de sa sanctification dans
les êtres qu'il a créés.
La prière du Seigneur :
1) La vérité, indique Benoît XVI, c'est d'abord
Dieu, le Royaume de Dieu :►
Benoît XVI
2) Benoît XVI désigne le Malin comme l'ultime
menace pour l'homme :►
Benoît XVI
3) Notre Père qui es aux cieux : ►
Benoît XVI
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 30.05.2007 - BENOÎT XVI-
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