Benoît XVI veut restaurer la confiance dans le clergé d'Irlande
ROME, le 29 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Samedi matin, le pape Benoît XVI a reçu les évêques
de le conférence épiscopale d'Irlande et a souligné le témoignage
constant des nombreuses générations des irlandais de leur foi dans
le Christ et leur fidélité au Saint-Siège.
Le pape Benoît XVI et les évêques de la Conférence Episcopales irlandaise
Benoît XVI veut
restaurer la confiance dans le clergé d'Irlande
Aux évêques de
la Conférence Episcopale irlandaise
Le pape Benoît XVI, recevant les évêques de l'épiscopats irlandais en visite
ad limina à Rome, a souligné le témoignage constant des nombreuses
générations des irlandais de leur foi dans le Christ et leur fidélité au
Saint-Siège, a formé l'Irlande au niveau le plus profond de son histoire et
de sa culture. "Nous sommes tous conscients de la contribution remarquable
que l'Irlande a apporté à la vie de l'Église et le courage extraordinaire de
ses fils et filles missionnaires qui ont porté le message de l'Évangile loin
au-delà de ses rivages. En attendant, la flamme de la foi a continué à
brûler courageusement dans les maisons traversant toutes les épreuves
affligeant vos concitoyens au cours de leur histoire. Dans les paroles du
Psaume, "Je chanterai toujours les bontés de l'Éternel; Ma bouche fera
connaître à jamais ta fidélité. "(Ps 89:1) a déclaré le Saint Père.
"Dans l'exercice de votre ministère pastoral, a poursuivi Benoît XVI,
vous avez dû répondre ces dernières années à beaucoup de cas déchirants
d'abus sexuels sur des mineurs. C'est d'autant plus tragique quand le
coupable est un ecclésiastique. Les blessures provoquées par de tels actes
sont profondes, et il est urgent de restaurer la confiance là où elle a été
brisée.
Dans vos efforts continus de traiter efficacement ce
problème, il est important d'établir la vérité sur ce qui s'est produit dans
le passé, pour prendre toutes les mesures nécessaires pour empêcher que cela
se reproduise encore, pour s'assurer que les principes de la justice sont
entièrement respectés et, surtout, pour soulager les victimes et tous ceux
qui ont affectés par ces crimes extrêmes. De cette façon, l'église d'Irlande
se développera plus forte et sera toujours plus capable de donner le
témoignage de la puissance rédemptrice de la croix du Christ.
Je
prie que par la grâce de l'esprit saint, ce temps de purification permettra
aux peuple de Dieu de toute Irlande "de maintenir et de perfectionner tout
au long de leur vie, la sainteté qu'elles ont reçue de Dieu" (LUMEN
GENTIUM:: 40).
Cependant Benoît XVI a rappelé que "le
travail excellent et l'attachement désintéressé de la grande majorité de
prêtres et religieux en Irlande ne devraient pas être obscurcis par les
transgressions de certains de leurs frères. Je suis certain que le peuple
comprend cela, et continue à considérer leur clergé avec affection et
estime. Encouragez vos prêtres à toujours chercher le renouvellement
spirituel et à découvrir à nouveau la joie d'exercer leur ministère dans la
grande famille de l'église. En même temps, l'Irlande a été bénie avec une
telle abondance de vocations sacerdotales et religieuses dont une grande
partie du monde a pu bénéficier de leurs travaux apostoliques.
DISCOURS DU PAPE BENOÎT XVI
AUX ÉVÊQUES D'IRLANDE
EN VISITE "AD LIMINA APOSTOLORUM"
Samedi 28 octobre 2006
Chers frères Evêques,
Reprenant les paroles d'un salut irlandais traditionnel, vous êtres cent
mille fois les bienvenus, Evêques d'Irlande, à l'occasion de votre visite
"ad limina Apostolorum". Alors que vous priez auprès des tombes des Apôtres
Pierre et Paul, puissiez-vous tirer votre inspiration du courage et de la
vision de ces deux grands saints, qui ont guidé avec autant de fidélité le
chemin de la mission de l'Eglise qui est de proclamer le Christ au monde.
Aujourd'hui, vous êtes venus renforcer les liens de communion avec le
Successeur de Pierre et j'exprime avec plaisir mon appréciation pour les
paroles courtoises que S.Exc. Mgr Seán Brady, Président de votre Conférence
épiscopale, m'a adressées en votre nom. Le témoignage constant de la foi
dans le Christ et de la fidélité au Saint-Siège d'innombrables générations
d'Irlandais a forgé l'Irlande au niveau le plus profond de son histoire et
de sa culture. Nous sommes tous conscients de la contribution exceptionnelle
que l'Irlande a apportée à la vie de l'Eglise, et du courage extraordinaire
de ses fils et de ses filles missionnaires, qui ont apporté le message de
l'Evangile bien au-delà de ses rivages. Pendant ce temps, la flamme de la
foi a continué à briller avec courage dans votre pays, malgré toutes les
épreuves que votre peuple a dû affronter au cours de son histoire. Selon les
paroles du Psalmiste, "L'amour du Seigneur, sans fin je le chante; ta
fidélité, je l'annonce d'âge en âge" (Ps 89, 1).
L'époque actuelle offre de nouvelles opportunités pour rendre témoignage au
Christ et présente de nouveaux défis à l'Eglise qui est en Irlande. Vous
avez parlé des conséquences sur la société du développement de la prospérité
qui a eu lieu au cours des quinze dernières années. Après des siècles
d'émigration, qui ont signifié la souffrance de la séparation pour tant de
familles, vous faites l'expérience pour la première fois d'une vague
d'immigration. La traditionnelle hospitalité irlandaise trouve des
expressions nouvelles et inattendues. Comme le sage maître de maison qui
extrait de son trésor "du neuf et de l'ancien" (Mt 13, 52),
votre peuple doit considérer les changements de la société avec
discernement, et c'est pour cela qu'il se tourne vers vous pour trouver des
guides. Aidez-le à reconnaître l'incapacité de la culture séculière et
matérialiste à apporter une joie et une satisfaction authentiques. Soyez
courageux en parlant de la joie que procure le fait de suivre le Christ et
de vivre selon ses commandements. Rappelez-lui que notre cœur a été fait
pour le Seigneur et qu'il ne trouvera pas de paix tant qu'il ne reposera pas
en Lui (cf. saint Augustin, Confessions 1, 1).
Très souvent, le témoignage à contre courant de l'Eglise est mal interprété,
comme quelque chose de dépassé et de négatif dans la société actuelle. C'est
pourquoi il est important de souligner la Bonne Nouvelle, le message de
l'Evangile qui donne et qui accroît la vie (cf. Jn 10, 10).
Bien qu'il soit nécessaire de s'exprimer avec force contre les maux qui nous
menacent, nous devons corriger l'idée que le catholicisme n'est qu'"une
série d'interdictions". Une solide catéchèse et une "formation du cœur"
attentive sont ici nécessaires. A cet égard, en Irlande, vous êtes bénis par
les solides ressources de votre réseau d'écoles catholiques et par de
nombreux enseignants religieux et laïcs engagés, qui se consacrent avec
sérieux à l'éducation des jeunes. Continuez à les encourager dans leur
travail et assurez-vous que leurs programmes catéchétiques soient fondés sur
le Catéchisme de l'Eglise catholique, ainsi que sur le nouveau Compendium.
Il faut se garder de présentations superficielles de l'enseignement
catholique, car seule la plénitude de la foi peut communiquer la force
libératrice de l'Evangile. En exerçant votre vigilance sur la qualité des
programmes d'étude et des livres de texte utilisés, et en proclamant la
doctrine de l'Eglise dans sa totalité, vous exercez votre responsabilité
d'annoncer "la Parole [...] à temps et à contre temps [...] avec une grande
patience et avec le souci d'instruire" (2 Tm 4, 2).
Dans l'exercice de votre ministère pastoral, au cours des dernières années,
vous avez dû faire face à de nombreux cas douloureux d'abus sexuels sur des
mineurs. Ces faits sont encore plus tragiques lorsque c'est un
ecclésiastique qui les commet. Les blessures causées par de tels actes sont
profondes, et la tâche de rétablir la confiance lorsqu'elle a été lésée est
urgente. Dans vos efforts permanents pour affronter ce problème de manière
efficace, il est important d'établir la vérité sur ce qui est arrivé par le
passé, de prendre toutes les mesures nécessaires pour éviter que cela ne se
reproduise à l'avenir, d'assurer que les principes de justice soient
pleinement respectés et, surtout, de soutenir les victimes et tous ceux qui
sont victimes de ces crimes monstrueux. De cette façon, l'Eglise qui est en
Irlande se fortifiera et sera toujours davantage capable de rendre
témoignage de la force rédemptrice de la Croix du Christ. Je prie afin que,
par la grâce de l'Esprit Saint, ce temps de purification permette à tout le
peuple de Dieu qui est en Irlande de "conserver et d'achever par leur vie
cette sanctification qu'ils ont reçue"
(cf. LUMEN
GENTIUM, n. 40).
L'excellent travail et le généreux engagement de la plupart des prêtres et
des religieux en Irlande ne doivent pas être obscurcis par les
transgressions de certains de leurs frères. Je suis certain que les
personnes le comprennent et qu'elles continuent à considérer leur clergé
avec affection et estime. Encouragez vos prêtres à rechercher toujours un
renouveau spirituel et à découvrir à nouveau la joie de prendre soin de leur
troupeau au sein de la grande famille de l'Eglise. L'Irlande était autrefois
bénie par une telle abondance de vocations sacerdotales et religieuses, que
le monde a pu largement bénéficier de son œuvre apostolique. Cependant, au
cours des dernières années, le nombre des vocations a diminué de manière
draconienne. Il est donc urgent d'écouter les paroles du Seigneur: "La
moisson est abondante, et les ouvriers peu nombreux. Priez donc le maître de
la moisson d'envoyer des ouvriers pour sa moisson" (Mt 9,
37-38). Je suis donc heureux d'apprendre qu'un grand nombre de
vos diocèses ont adopté la pratique de la prière silencieuse pour les
vocations devant le Très Saint Sacrement. Il faut l'encourager avec ferveur.
Mais c'est surtout à vous, Evêques, et à votre clergé qu'il revient d'offrir
aux jeunes une image inspiratrice et attirante du sacerdoce ordonné. Notre
prière pour les vocations doit conduire à l'action, "afin que de notre cœur
en prière jaillisse également l'étincelle de la joie en Dieu, de la joie
pour l'Evangile, et qu'elle suscite en d'autres cœurs la disponibilité à
prononcer leur "oui"" (Discours aux prêtres et aux diacres
permanents, Freising, 14 septembre 2006). Même si dans certains
milieux, l'engagement chrétien est considéré comme peu à la mode, de
nombreux jeunes irlandais éprouvent une authentique soif spirituelle et le
désir généreux de servir les autres. La vocation au sacerdoce ou à la vie
religieuse offre l'opportunité de répondre à ce désir d'une manière qui
apporte une joie profonde et une réalisation personnelle.
Permettez-moi d'ajouter une observation qui me tient beaucoup à cœur.
Pendant de nombreuses années, les représentants chrétiens de toutes les
confessions, les chefs politiques et de nombreux hommes et femmes de bonne
volonté se sont engagés pour rechercher les moyens d'assurer un avenir plus
lumineux à l'Irlande du Nord. Bien que le chemin soit difficile, de
multiples progrès ont récemment été accomplis. Je prie afin que l'engagement
des personnes concernées conduise à l'édification d'une société caractérisée
par un esprit de réconciliation, de respect réciproque et de coopération
pleine de bonne volonté pour le bien de tous.
Alors que vous vous préparez à retourner dans vos diocèses, je confie votre
ministère apostolique à l'intercession de tous les saints d'Irlande et je
vous assure de ma profonde affection et de ma prière constante pour vous et
pour le peuple irlandais. Puisse Notre-Dame de Knock veiller sur vous et
vous protéger toujours! Je vous donne de tout cœur, ainsi qu'aux prêtres,
aux religieux et aux fidèles laïcs de votre île bien-aimée, ma Bénédiction
apostolique en gage de paix et de joie dans le Seigneur Jésus Christ.
© Copyright 2006 - Libreria Editrice
Vaticana
Repères:
Le scandale qui jette une ombre de suspicion sur
d'autres prêtres innocents.
L'Eglise
catholique d'Irlande semble résolue à regarder en face son passé.
L'archevêque de Dublin, Diarmuid Martin, a annoncé, mercredi 8 mars 2006,
que plus de cent prêtres et membres d'ordres religieux de son archidiocèse
ont été accusés d'abus sexuels contre des enfants depuis 1940.
Le
premier scandale public de ce genre a éclaté en 1994. Depuis, des centaines
d'adultes ont fait connaître les sévices sexuels, voire les viols dont ils
avaient été victimes, dans des institutions gérées par l'Eglise : collèges,
orphelinats, maisons de redressement, hôpitaux...
Beaucoup de prêtres se sont plaints de l'opprobre
collectif dont ils sont l'objet et ont réclamé un respect plus strict de la
présomption d'innocence.
Dans une allusion aux scandales
pédophiles qui frappent l'Eglise, le pape Jean-Paul II s'était déjà dit
profondément blessé par ce qu'il a qualifié de "forme
la plus grave de l'expression du mal".
Dans sa
lettre annuelle aux Prêtres publiée traditionnellement à
l'occasion du jeudi saint, en l'occurrence en 2002, le pape Jean-Paul II
soulignait que l'Eglise catholique souhaitait manifester sa préoccupation
auprès des victimes et indiquait qu'elle s'attacherait à répondre à chacune
de ces situations douloureuses avec un souci de vérité et de justice.
"Nous sommes, écrivait Jean-Paul II, ces
temps-ci personnellement frappés au plus profond de notre être de prêtres
par les péchés de certains de nos frères qui
ont trahi la grâce reçue par l'ordination, cédant jusqu'aux pires
manifestations du mysterium iniquitatis
qui est à l'œuvre dans le monde. De graves scandales naissent ainsi, ayant
pour conséquence de jeter une ombre accablante de suspicion sur tous les
autres prêtres méritants, qui exercent leur ministère avec honnêteté et
cohérence, et parfois avec une charité héroïque. Tandis que l'Église exprime
sa sollicitude pour les victimes et s'efforce de répondre en toute vérité et
justice à chaque situation pénible, nous tous –conscients de la faiblesse
humaine, mais confiants dans la puissance restauratrice de la grâce divine–
sommes appelés à embrasser le «mysterium Crucis» et à nous engager plus
intensément dans la recherche de la sainteté, ajoutait Jean-Paul II. Nous
devons prier pour que Dieu, dans sa providence, suscite dans les cœurs une
généreuse reprise de l'idéal de don total de soi au Christ qui est à la
racine du ministère sacerdotal".
Sources: Vatican - traduction
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 29.10.2006 - BENOÎT XVI