La vérité,
indique Benoît XVI, c'est d'abord Dieu, le Royaume de Dieu. |
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ROME, le 27 Mai 2007 -
(E.S.M.) - Au cinquième chapitre de son livre,
Jésus de Nazareth, Benoît XVI aborde le thème de la prière de Jésus. Le
Seigneur nous dit comment nous devons prier.
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Le
Sermon sur la montagne -
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C'est ici
La vérité, indique Benoît XVI, c'est d'abord Dieu, le Royaume de Dieu.
LA PRIÈRE DU SEIGNEUR
C'est le cinquième chapitre du livre du pape Benoît XVI "Jésus de Nazareth"
et nous comprenons que certains pourraient être désorientés devant
l'exigence du propos. En effet le pape aborde la question de notre relation
avec Dieu, et nous parle "de la profondeur de notre
âme", de "la présence silencieuse de Dieu dans
le fond de notre pensée" et fondamentalement de "prière
continuelle". "Rien ne sera à sa
place tant que nous ne serons pas à notre juste place par rapport à Dieu"
exprime aussi Benoît XVI.
Jean-Paul II avait également étonné lorsqu'il avait publié
Splendeur de la Vérité qui fut, certes, un succès de librairie mais que
très peu avaient eu le courage de lire jusqu'au
bout, lorsqu'ils avaient ouvert le livre.
Voici les pages 151 à 154
"Le Sermon sur la montagne propose, un cadre complet de l'humanité juste. Il
veut nous montrer comment il est possible d'être homme. On pourrait résumer
ces enseignements de la manière suivante : on ne peut comprendre l'homme
qu'à partir de Dieu, et c'est seulement s'il vit en relation avec Dieu que
sa vie devient juste. Mais Dieu n'est pas un inconnu lointain. En Jésus, il
nous montre sa face. Dans son agir et dans sa volonté, nous apprenons à lire
les pensées de Dieu et la volonté de Dieu lui-même.
Si être homme signifie essentiellement être en relation avec Dieu,
il est
évident que cela implique le dialogue avec Dieu et l'écoute de Dieu. C'est
la raison pour laquelle le Sermon sur la montagne contient également un
enseignement sur la prière. Le Seigneur nous dit comment nous devons prier".
"Chez Matthieu, la prière du Seigneur est précédée d'une brève catéchèse sur
la prière, destinée surtout à nous mettre en garde
contre les fausses manières de prier. La prière
ne doit pas être une façon de se donner en spectacle devant les hommes.
Elle exige la discrétion, qui est essentielle pour une relation d'amour.
Dieu s'adresse à chacun, l'appelant par son nom, que personne d'autre ne
connaît, nous dit l'Écriture (cf. Ap 2,
17). L'amour de Dieu pour chacun est entièrement personnel, il
recèle le mystère de la singularité qui ne peut être étalée devant les
hommes.
Cette discrétion essentielle de la prière n'exclut nullement la prière
communautaire. Le Notre Père est une prière à la première personne du
pluriel, et c'est seulement en entrant dans le « nous » des fils de Dieu que
nous pouvons dépasser les limites de ce monde et nous élever jusqu'à Dieu.
Mais ce « nous » réveille le for intérieur de ma personne. Dans la prière,
la dimension la plus personnelle et la dimension communautaire doivent
s'interpénétrer, comme nous le verrons plus en détail lors de l'explication
du Notre Père. Dans la relation de l'homme et de la femme, il y a
l'intimité qui nécessite l'espace protecteur de la discrétion, mais en même
temps, la relation entre les deux dans le mariage et la famille inclut
aussi, par définition, une responsabilité publique. Il en va de même pour la
relation avec Dieu : le « nous » de la communauté de prière et le plus
intime qu'on ne confie qu'à Dieu s'interpénètrent".
"L'autre fausse manière de prier, contre laquelle le
Seigneur nous met en garde, est le bavardage, le rabâchage, sous
lequel l'esprit étouffe. Nous connaissons tous le danger qui consiste à
réciter des formules routinières alors que l'esprit est ailleurs. Notre
attention est la plus grande lorsque nous demandons quelque chose à Dieu du
plus profond de notre détresse ou que nous le remercions, le cœur joyeux,
d'un bien reçu. Mais au-delà de ces situations momentanées, l'essentiel est
l'existence de la relation à Dieu dans le fond de notre âme. Pour que cela
puisse se réaliser, la relation doit être réveillée
sans cesse, et les éléments du quotidien doivent être continuellement
reliés à elle. Nous prierons d'autant mieux que, dans la profondeur de notre
âme, l'orientation vers Dieu sera présente. Plus elle devient l'assise de
toute notre existence, plus nous serons des hommes de paix, et plus nous
serons capables de supporter la souffrance, de comprendre les autres et de
nous ouvrir à eux. L'orientation qui pénètre notre conscience tout entière,
la présence silencieuse de Dieu dans le fond de notre pensée, de notre
méditation, de notre être, nous l'appelons la «
prière continuelle ». Elle est en fin de compte aussi ce que nous
appelons l'amour de Dieu, qui est en même temps la condition de l'amour du
prochain et son ressort intime.
Cette prière authentique, cette manière d'être intérieure et silencieuse
avec Dieu, a besoin d'être nourrie, et elle trouve cette nourriture dans la
prière concrète, que ce soit avec des mots ou des images ou des pensées.
Plus Dieu est présent en nous, plus nous pourrons vraiment être auprès de
lui dans les prières orales. Mais inversement, il est vrai aussi que la
prière active réalise et approfondit notre présence devant Dieu. Cette
prière peut et doit monter surtout de notre cœur, de nos misères, de nos
espérances, de nos joies, de nos souffrances, de notre honte face au péché
comme de notre gratitude pour le bien reçu ; ainsi, elle sera une prière
toute personnelle. Mais nous avons également toujours besoin de nous appuyer
sur des prières, avec lesquelles s'est concrétisée la rencontre de l'Eglise
dans sa totalité et de chaque individu particulier avec Dieu. Car sans cette
aide pour prier, notre prière personnelle et notre image de Dieu deviennent
subjectives, reflétant davantage nous-mêmes que le Dieu vivant. Dans les
formules de prière, montées d'abord de la foi d'Israël, puis de celle des
hommes de prière de l'Eglise, nous apprenons à connaître Dieu et à nous
connaître nous-mêmes. Elles sont une école de la prière et, par là même, un
ressort pour des changements et des ouvertures dans notre vie.
Dans sa Règle, saint Benoît a forgé la formule : mens nostra
concordet voci nostrae — notre esprit doit être en harmonie avec notre
voix (1). Normalement, la pensée précède la parole, la
cherchant et la formant. Mais pour la prière des psaumes, pour la prière
liturgique en général, c'est l'inverse : la parole et la voix nous
précèdent, et notre esprit doit se conformer à cette voix. Car par
nous-mêmes, nous autres les hommes ne savons pas « prier comme il faut »
(Rm 8, 26) - car nous sommes trop
loin de Dieu, et il est trop mystérieux et trop grand pour nous. Aussi, Dieu
nous est-il venu en aide. Il nous donne lui-même les paroles de la prière et
il nous apprend à prier. Par les paroles de prière venant de lui, il nous
offre le don de nous mettre en chemin vers lui et, en priant avec les frères
et sœurs qu'il nous a donnés, il nous permet de le connaître peu à peu et de
nous approcher de lui.
Chez saint Benoît, la phrase citée plus haut se réfère directement
aux Psaumes, le grand livre de prières du
peuple de Dieu dans l'Ancienne et dans la Nouvelle Alliance : ce sont des
paroles que le Saint-Esprit a données aux hommes ; elles sont l'esprit de
Dieu devenu Parole. Ainsi, nous prions « dans l'esprit », avec le
Saint-Esprit. Naturellement, cela vaut plus encore pour le Notre Père.
Lorsque nous disons le Notre Père, nous prions Dieu avec des mots
donnés par Dieu, dit saint Cyprien. Et il ajoute : Quand nous disons le
Notre Père, s'accomplit en nous la promesse de Jésus concernant les
vrais adorateurs, qui adorent le Père « en esprit et vérité »
(Jn 4, 23).
Le Christ qui est la vérité nous a donné les mots, et en eux, il nous donne
le Saint-Esprit (2). Quelque chose de la
spécificité de la mystique chrétienne se fait jour ici. Elle ne consiste pas
d'abord à plonger en soi-même, mais à rencontrer l'Esprit de Dieu dans la
parole qui nous précède ; elle est rencontre avec le Fils et le
Saint-Esprit, et donc entrée en union avec le Dieu vivant, qui est toujours
à la fois en nous et au-dessus de nous".
Notes:
1. Saint Benoît, Règle 19, 7, SCh, n° 182, p. 536.
2. Saint Cyprien, Dom. orat., n. 2.
(à suivre)
Méditations: (ndlr: notes pédagogiques)
Dieu à la recherche d'âmes intérieures
Quelle importance Dieu attache-t-il donc à une âme intérieure ? Nous ne
pouvons, nous empêcher de rapporter l'opinion de saint Thomas telle que la
présente l'auteur des Fleuves d'Eau Vive.
N'avez-vous pas remarqué que Dieu «cherche» de telles âmes ? Notre Seigneur
dit en effet à la Samaritaine : « L'heure approche, et elle est déjà venue,
où les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit
et en vérité. Nam et Pater taies quaerit qui adorent eum,
ce sont de tels adorateurs que le Père demande. »
(Jn, IV, 23)
« Saint Thomas s'est arrêté devant cette parole vraiment extraordinaire :
Dieu à la recherche de quelque chose. Et il
fait remarquer que cette expression prouve tout d'abord que les vrais
adorateurs sont rares. On ne cherche pas ce que
l'on trouve partout. Mais surtout, il montre que cette recherche
de Dieu est éminemment active... Quand on nous dit qu'il cherche des
adorateurs, c'est qu'Il les façonne ; et
II les façonne par sa recherche elle-même. »
(Des Fleuves d'eau vive, par un FRÈRE
PRÊCHEUR. Lyon, -1942» p. 217)
Ainsi Dieu cherche des adorateurs en esprit et en vérité, c'est-à-dire des
âmes méditatives ou plus simplement des âmes
intérieures. Pour mieux comprendre cette mystérieuse opération,
l'auteur, toujours à la suite de saint Thomas, la compare à la recherche
active de l'artiste poursuivant la production de son chef-d'œuvre :
«Les chefs-d'œuvre de Dieu... ce sont ces âmes privilégiées en qui se
réalisera toute sa pensée. » Dieu se penche sur « ces petites âmes
pleinement livrées à son action » (Ibid.,
p. 218). Il travaille ce « marbre vivant... Ce quaerit de
Notre-Seigneur serait donc à faire frémir s'il n'avait daigné le faire
précéder de cet autre mot : Pater.
Cet artiste redoutable est un Père et dès lors, quelque terribles que nous
paraissent ce que nous serions tentés d'appeler ses cruautés, quelque
douloureuses que soient ses opérations purificatrices, nous savons qu'elles
sont inspirées par un immense amour ».
(Ibid., p. 220)
Dieu est donc à la recherche d'âmes intérieures, d'abord parce qu'elles sont
rares, et surtout parce qu'il les aime. Cela suffirait à prouver leur
valeur. Mais il est une autre preuve, nous dit encore le R. P. Dehau, que
c'est bien le « point central » de l'œuvre divine, «
c'est qu'il y en a un autre qui a exactement les mêmes appréciations
que Dieu ». "L'ultime menace pour l'homme
guetté par le Malin", comme le stipule Benoît XVI
(à suivre: le Diable les hait)
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.05.2007 - BENOÎT XVI -
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