L'Esprit de la liturgie : est le fruit d'une
pensée théologique mûrie
Le 27 avril 2023 -
E.S.M.
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Benoît XVI a beaucoup apporté à l'Église en réfléchissant au sens de
la liturgie. Son livre
L'Esprit de la liturgie : est le fruit d'une pensée théologique mûrie. Si la
liturgie est appauvrie de son caractère sacré, elle devient une sorte
d'espace profane. Or, nous sommes dans une époque qui recherche intensément
le sacré ; mais par une forme de dictature du subjectivisme, l'homme
voudrait cantonner le sacré dans l'espace profane.
Benoît XVI :
L'Esprit
de la liturgie :-
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Benoît XVI a souvent insisté sur le fait que la liturgie était un moment ou
les réalités divines descendaient dans la vie des hommes. Comment
comprenez-vous ce point de vue ?
La liturgie est un moment où Dieu désire être, par amour, en profonde union
avec les hommes. Si nous vivons véritablement ces instants sacrés, nous pouvons rencontrer Dieu.
Il ne faut pas
tomber dans ce piège qui voudrait réduire la liturgie à un simple lieu de
convivialité fraternelle. Dans la vie, il y a bien d'autres endroits pour se
réjouir ensemble. La messe n'est pas un espace où les hommes se retrouvent
dans un banal esprit de fête. La liturgie est une grande porte qui s'ouvre
vers Dieu et qui nous permet de sortir symboliquement des murs de ce monde.
Il faut envisager la sainte messe avec dignité, beauté et respect. La
célébration de l'Eucharistie requiert d'abord un grand silence, un silence
habité par Dieu. Il est nécessaire de respecter les circonstances
matérielles pour que cette rencontre se passe de manière féconde. Je pense
par exemple à la dignité et à l'exemplarité des habits et du mobilier
liturgiques. Le lieu de la messe doit être empreint d'une beauté qui puisse
favoriser le recueillement et la rencontre avec Dieu. Benoît XVI a beaucoup
apporté à l'Église en réfléchissant au sens de la liturgie. Son livre
L'Esprit de la liturgie: est le fruit d'une pensée théologique mûrie. Si la
liturgie est appauvrie de son caractère sacré, elle devient une sorte
d'espace profane. Or, nous sommes dans une époque qui recherche intensément
le sacré ; mais par une forme de dictature du subjectivisme, l'homme
voudrait cantonner le sacré dans l'espace profane. Le meilleur exemple est
donné lorsque nous créons de nouvelles liturgies, fruits d'expérimentations
plus ou moins artistiques, et qui ne permettent aucune rencontre avec Dieu.
Nous prétendons, avec une certaine arrogance, rester dans l'humain pour
entrer dans le divin.
Depuis de nombreuses années, il semble que la liturgie est comme divisée
autour de deux écoles divergentes, voire opposées, la ligne des classiques
et celle des modernes. Qu'en pensez-vous ?
La liturgie est le temps de Dieu et elle a tendance à devenir le cœur d'une
bataille rangée idéologique entre différentes conceptions. C'est triste
d'entrer dans la maison de Dieu les épaules chargées d'armes de guerre et le
cœur rempli de haine. Si cette division existe, est-ce que ceux qui mènent
la bataille savent vraiment ce qu'ils vivent dans la liturgie ? Le culte
divin est une rencontre avec les réalités surnaturelles par laquelle
l'humain doit être transformé, et non s'abaisser à de vaines et stériles
recherches. Le Dieu que je rencontre dans la liturgie me permet-Il de me «
cramponner » à un rite en excluant les autres ? La liturgie ne peut être
autre chose qu'une relation avec le divin. L'incompréhension entre
différentes manières de concevoir la liturgie peut s'expliquer par des
éléments culturels légitimes, mais rien ne peut justifier qu'elle se
transforme en anathèmes lancés de part et d'autre. Benoît XVI a ardemment
souhaité réconcilier les différentes écoles liturgiques. Il a mis beaucoup
d'énergie et d'espoir dans cette entreprise, et pourtant il n'est pas
parvenu à son noble but.
En fait, au-delà du rite, Dieu cherche d'abord le cœur des hommes. Dans la
liturgie, Jésus nous donne son corps et son sang pour nous configurer à Lui
et faire que nous devenions un seul être. Nous devenons le Christ, et son
sang fait de nous des consanguins, des hommes et des femmes plongés dans son
amour, habités par la Trinité Sainte. Nous devenons une seule famille : la
famille de Dieu.
Si un homme respecte les rites antiques de l'Église et qu'il n'est pas dans
l'amour, cet individu se perd. Je crois que telle
est la situation où se trouvent les tenants les plus extrémistes des
différentes écoles liturgiques. Le ritualisme étroit, quasi intégriste, ou
la déconstruction du rite, de type moderniste, peuvent couper d'une vraie
recherche de l'amour de Dieu. Incontestablement, cet amour naît et grandit
dans le respect des formes ; mais les crispations mènent tôt ou tard au
néant.
En vous parlant, j'entends la voix de
saint Ambroise qui, dans son
commentaire sur Caïn et Abel, nous avertit en disant : « Le Seigneur Jésus
t'a invité à prier attentivement et fréquemment, non pas pour que ta prière
se prolonge dans l'ennui, mais pour qu'elle se renouvelle dans l'assiduité.
Lorsque la prière est trop longue, elle se répand bien souvent dans le vide,
mais, lorsqu'elle devient rare, la négligence nous envahit. »
Quand, en Afrique, j'assiste à des messes qui durent six heures, je ne vois
qu'une fête qui répond à des satisfactions personnelles. Je doute fort de la
vraie rencontre avec Dieu dans de tels moments de continuelle excitation et
de danses peu propices à la rencontre avec le Mystère. Dieu a en horreur les
ritualismes où l'homme se satisfait lui-même. Même s'il faut rendre grâce à
Dieu pour la réelle vitalité de nos liturgies africaines et la pleine
participation du peuple chrétien, l'encombrement du Mystère de la mort et de
la Résurrection par des éléments, des ajouts étrangers à l'Eucharistie,
donne l'impression que nous nous célébrons nous-mêmes. Il nous faut
absolument nous efforcer de refaire ce que Jésus a fait. Souvenons-nous de
sa Parole : « Vous ferez cela en mémoire de moi.
»
L'Église catholique doit réfléchir et prendre des mesures en réponse à des
phénomènes liturgiques scandaleux. Les autres croyants, notamment musulmans,
sont choqués de voir l'abaissement de certaines célébrations.
II peut en être ainsi des processions, qui nous conduisent à la célébration
du grand mystère de notre foi, qui sont faites sans aucun recueillement,
sans aucun émerveillement, sans aucune « frayeur » religieuse d'être face à
face avec Dieu. Les célébrants bavardent et discutent sur toutes sortes de
futilités en avançant vers l'autel du Seigneur !
Ce type de comportement ne peut être observé dans une mosquée, car les
musulmans ont plus de respect du sacré que bien des chrétiens.
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Le pape Benoît XVI a été profondément marqué par Romano Guardini
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Sources : Extraits de la deuxième partie "Dieu
ou rien - Entretien du cardinal Sarah avec Nicolas Diat -
E.S.M.
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(E.S.M.) 27.04.2023