Benoît XVI nous présente Jésus dans
son activité publique |
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VATICAN, le 27 Avril 2007 -
(E.S.M.) - Benoît XVI ne cache pas que sa tentative est une tentative de présenter
le Jésus des Évangiles comme le Jésus réel, comme le 'Jésus historique'
au sens vrai et propre.
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L’institution
de l’Eucharistie lors de la dernière Cène
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Une première approche du livre « Gesù di Nazareth » du Pape Benoît XVI
Il y a quatorze ans, sortait un essai du plus grand spécialiste au monde du
judaïsme des premiers siècles de l’ère chrétienne, Jacob Neusner. Intitulé «
« A Rabbi talks with Jesus », le
Cardinal Joseph Ratzinger le considéra alors comme l’ouvrage le plus
important des dix dernières années pour le dialogue entre juifs et
chrétiens. Il notait entre autres choses que l’honnêteté intellectuelle
absolue, la précision de l’analyse, le respect pour l’autre partie, uni à
une loyauté profonde envers sa propre position, caractérisait ce livre en en
faisait un défi, spécialement pour les chrétiens, qui
auraient dû bien réfléchir sur la différence entre Moïse et Jésus.
Les questions que l’auteur nous adressait à nous, chrétiens, sont fondées
et, précisément pour cela, elles sont fructueuses. En outre, le Cardinal
avait apprécié l’approche de l’auteur qui ne se tournait pas, en fin de
compte, vers Jésus comme vers une figure historique fictive, mais
mettait toujours à sa juste place la figure réelle de Jésus, comme elle nous
est présentée dans l’évangile de Mathieu.
A notre avis, ce jugement, « mutatis mutandis », peut s’appliquer au
livre « Gesù di Nazaret » : pour le contenu et pour la méthode. Il
est donc souhaitable que la sortie de ce livre du Pape Benoît XVI amène à
revoir cette présentation marquée de pluralisme relativiste, qui caractérise
souvent les confrontations, étant donné que ce n’est pas une méthode
scientifique, mais seulement une méthode qui se réfère à elle-même et «
politically correct », ni même méthode ecclésiale, parce qu’elle n’aide
pas, dirait saint Pierre, « à donner une réponse à ceux qui demandent raison
de notre espérance ».
Et alors, étant donné que l’urgence de présenter Jésus dans son activité
publique est destinée, comme le déclare l’Auteur dans les Prémisses «à
favoriser chez le lecteur la croissance d’un rapport vivant avec Lui »
(page 20),
il faut placer l’ouvrage dans le contexte bimillénaire de la réflexion sur
Jésus de Nazareth. Au deuxième siècle de notre ère, entendre parler
de la résurrection de la chair, du corps et de l’âme de l’être humain, était
beaucoup plus antithétique que l’on puisse le penser, étant donné la
mentalité. Et si le Christ était une ressemblance de Dieu, dirent de
nombreux chrétiens, quand les apôtres étaient encore en vie ; est-il
possible que Dieu soit venu dans la chair ? Et Jean répond : «
Tout esprit qui confesse Jésus venu dans la chair, est
de Dieu ; et tout esprit qui ne confesse pas Jésus, n’est pas de Dieu :
c’est là l’esprit de l’Antéchrist »
(1 Jean 4, 2-3). Avec son
Évangile, l’Apôtre, témoin oculaire, s’oppose à l’hérésie, appelée «
docétisme » (du grec « dokêin »)
Deux siècles plus tard, d’autres chrétiens disciples du prêtre Arius, diront
que le Christ est seulement un homme ; d’autres, au contraire diront qu’il
est seulement Dieu. Le débat christologique semblait être terminé au 5°
siècle avec le Concile de Chalcédoine ; mais, en réalité, il s’est
poursuivi, avec des hauts et des bas, jusqu’à Bultmann et aux théologiens
rationalistes, et à tous les autres qui ont distingué et ou séparé le «
Jésus historique » du «
Jésus de la foi ».
Et aujourd’hui encore, on retrouve la même situation.
Il y a ceux qui voudraient abolir ou réduire l’incarnation et la divinité du
Christ, pour mieux dialoguer avec les juifs et avec les musulmans.
Quand on pense que, pour soutenir la foi en l’Incarnation, Athanase fut
plusieurs fois exilé, que Cyrille, Ambroise, Pierre Chrysologue ont supporté
des insultes, le mépris et des persécutions ! A présent, Benoît XVI ne cache
pas que sa tentative « est une tentative de présenter le Jésus des Évangiles
comme le Jésus réel, comme le ‘Jésus
historique’ au sens vrai et propre » (page
18).
A ce point, il est nécessaire de dire quelque chose à propos de l’exégèse
actuelle de la Sainte Écriture. C’est une idée néo-gnostique bien répandue
que, pour faire de l’histoire, il faut se libérer de toute précompréhension
ou interprétation en philosophique, en particulier s’il s’agit de foi. Un
homme de foi ne peut être un historien sérieux ! Mais la foi biblique
présuppose des faits réellement survenus, parce qu’elle n’est pas mythique,
y compris les interventions de Dieu et les théophanies : pour en rester au
seul Nouveau Testament, de la naissance de Jésus né de la Vierge Marie, à
l’institution de l’Eucharistie lors de la dernière Cène, de la Résurrection
corporelle de Jésus à la descente du Saint-Esprit. Cela n’exclut pas qu’il y
ait des aspects particuliers qu’il faut éclaircir et approfondir.
En somme, revient la question de savoir si la foi est une manière pour
connaître au même titre que la raison. On ne comprend pas pourquoi elle ne
devrait pas l’être, étant donné que c’est admis dans les sciences naturelles
qui, sur la base du soi-disant principe d’indétermination de Werner
Heisenberg, l’homme connaît la réalité soit dans son objectivité, soit à
partir de la position subjective et avec sa capacité de compréhension.
Et donc, la foi elle aussi connaît. Cette foi n’est pas seulement
individuelle, mais celle du Peuple de Dieu en marche dans l’histoire, et les
exégètes qui mettent souvent en exergue le rôle pour la formation et pour la
compréhension des Écritures, inspirées par Dieu à des auteurs de son peuple,
devraient raisonnablement l’inclure dans la compréhension du Livre.
Un point encore. Le résultat de l’exégèse historico critique et ses
présupposés d’historicité et d’homogénéité, finissent par paralyser.
Par exemple, on en est arrivé à considérer que les livres bibliques sont
moins crédibles que les inscriptions des Pharaons, que l’on a retrouvées, ou
celles de Gilgamesh ; mais les découvertes archéologiques ne « prouvent »
pas la Bible ; tout au plus ajoutent-elles une évidence tangible à celle des
textes, sans lesquels les premières seraient des blocs erratiques. Sinon, on
fait de la Bible un livre fermé, dont l’interprétation toujours
problématique requiert une compétence technique qui en fait un domaine
réservé à quelques spécialistes. C’est à eux que s’applique la phrase de
l’Évangile : « Vous avez enlevé la clef de la science
! Vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui voulaient entrer, vous les avez
empêchés » (Luc 11, 52 ; cf.
Mathieu 23, 13).
Le Père de Lubac, dans « Histoire et Esprit », sur l’œuvre exégétique
d’Origène, sans mépriser la précision critico-historico-philologique,
déclare que l’Écriture est d’une certaine manière le corps du Christ, la
parole de Dieu. Tout comme dans le Christ il y a une nature humaine et une
nature divine, de même, dans son corps biblique il y a un sens littéral « la
chair », et un sens spirituel « l’esprit » qui correspond à la divinité de
la parole. Tout le cosmos, la vie et l’homme ont leur origine et se
concentrent dans l’unité du Verbe : selon la pensée des Pères de l’Eglise,
toute l’histoire est une genèse du Christ.
La Sainte Écriture vaut surtout grâce à l’Esprit qui,
dans la lettre, se manifeste selon une compréhension qui traverse en
diagonale l’espace et le temps, depuis sa formation jusqu’à nos jours.
Elle est donc Parole de Dieu, étant donné qu’elle se répercute dans un Corps
vivant qui est l’Eglise, en lui donnant la voix et en lui ouvrant le chemin
pour comprendre les mystères du Seigneur qui, sans cela, resteraient
scellés, fermés et incompréhensibles. Vraiment, « ignorer les Écritures,
c’est ignorer le Christ, dit Saint Jérôme. Que dirai-je de sa doctrine sur
la physique, sur l’éthique et sur la logique ». Les lire de manière
individuelle ou en opposition à l’Eglise dans l’histoire a conduit aux
courants ésotériques et aux hérésies.
Benoît XVI consacre à l’interprétation de l’Écriture, ce passage de son
livre, au chapitre 2°, sur les tentations de Jésus : « Pour attirer Jésus
dans le piège, le Diable cite la Sainte Écriture il se présente comme
théologien. Vladimir Soloviev a repris ce thème dans son ‘Récit de
l’Antéchrist’ ; l’Antéchrist reçoit le titre de ‘docteur honoris causa’ en
théologie, de l’Université de Tübingen ; c’est un grand expert de la Bible.
Par ce récit,
Soloviev a voulu exprimer de manière drastique son scepticisme vis-à-vis
d’un certain type d’exégèse érudite de son époque. Il ne s’agit pas d’un
‘non’ à l’interprétation scientifique de la Bible en tant que telle, mais
plutôt d’un avertissement hautement salutaire et nécessaire face aux voies
erronées qu’elle peut prendre. L’interprétation de la Bible, écrit Benoît
XVI, peut effectivement devenir un instrument de l’Antéchrist. Soloviev
n’est pas le seul à le dire, c’est ce que montre implicitement le récit même
des tentations. Les pires livres qui ont voulu détruire la figure de Jésus,
des destructeurs de la foi, ont été forgés avec de soi-disant résultats de
l’exégèse » (page 57-58).
Giuseppe Ricciotti, l’auteur de la plus célèbre « Vie de Jésus-Christ »,
écrite en 1941 et qui a été rééditée et réimprimés jusqu’à nos jours, écrit
: « Les Evangiles racontent que Jésus, scellé dans la tombe par les
pharisiens est ressuscité. L’histoire raconte que le Jésus tué mille fois
par la suite, a montré à chaque fois qu’il était plus vivant qu’auparavant.
A présent, s’agissant de la même tactique, il y a toute raison de croire
qu’il en sera de même avec le Jésus remis en croix par
la critique historique ».
Il a eu raison, mais il ne pouvait pas imaginer qu’un Pape, un penseur
d’exception, aurait été un des artisans de la nouvelle «
résurrection », avec la publication du livre «
Gesù di Nazaret » qui marquera l’existence des lecteurs,
qu’ils soient croyants, qu’ils soient laïcs, favorables ou contraires.
Ainsi, Vittorio Messori a raison de remarquer que le livre de Joseph
Ratzinger « veut être un instrument pour ‘recommencer depuis le début’ pour
aller de l’avant dans cette ré-évangélisation déjà si vivement souhaitée par
Jean Paul II ». Non pas toutefois dans l’équivoque du « nouveau début », qui
a souvent conditionné même l’interprétation du Concile Vatican II, mais
dans la certitude joyeuse de la continuité
bimillénaire de l’Eglise, qui a toujours besoins de réforme, et
gardienne, humble et certaine, de la Vérité de Dieu.
par l’abbé Nicolas Bux et l’Abbé
Salvatore Vitiello
Repères:
Benoît XVI, un livre indubitablement fascinant:
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Extraits de la préface
du livre « Jésus de Nazareth » Joseph Ratzinger - Benoît XVI:
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Préface du livre « Jésus de Nazareth »
L'introduction:
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Benoît XVI nous livre un premier regard sur le
secret de Jésus
Le P. Federico Lombardi, SJ, Directeur de la
Salle-de-Presse du Saint-Siège, a rédigé une note sur le prochain livre du
Saint-Père, intitulé "Jésus de Nazareth, du baptême au Jourdain à la
transfiguration" qui sortira au printemps 2007
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du pape Benoît XVI est “la question de la vérité de la foi chrétienne”:►
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Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.04.2007 - BENOÎT XVI -
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