Visite du Pape Benoît XVI aux Fosses ardéatines
Le 27 mars 2011 -
(E.S.M.)
-
Ce matin, à l'invitation de l'Association nationale des
familles italiennes des martyrs morts pour la liberté de la Patrie,
Benoît XVI s'est rendu en visite privée au Sanctuaire des Fosses
Ardéatines, pour le 67e anniversaire du massacre.
Le pape Benoît XVI
Visite du Pape
Benoît XVI aux Fosses ardéatines, lieu d'un massacre nazi
Le 27 mars 2011 - E.
S. M. - Ce matin, à l'invitation de l'Association nationale
des familles italiennes des martyrs morts pour la liberté de la Patrie,
Benoît XVI s'est rendu en visite privée au Sanctuaire des Fosses Ardéatines,
pour le 67e anniversaire du massacre (1).
Le Pape y a été accueilli par le cardinal Agostino Vallini, vicaire général
du diocèse de Rome, et par le cardinal Andrea Cordero Lanza di Montezemolo
(le fils du colonel Joseph Cordero Lanza di Montezemolo, mort dans le
massacre nazi du 24 Mars 1944, qui a fait 335 victimes: il y avait une
interview dans l'OR hier. Traduction peut-être à venir??).
Après avoir déposé une gerbe de fleurs rouges devant la plaque qui rappelle
le massacre, le Saint-Père a traversé les grottes et pénétré à l'intérieur
du sanctuaire, s'agenouillant devant les tombes, récitant ensuite la prière
des morts.
A la sortie, le Saint-Père a signé le livre des visiteurs et - avant de
prendre congé - il a adressé un bref discours aux familles des victimes et à
tous les présents.
Il a choisi, comme souvent (par exemple au mémorial de la Shoah, à
Jérusalem, où il avait choisi "le nom"), un fil directeur, qui est ici une
inscription gravée sur le mur d'une cellule de torture par l'un des
condamnés. Et un message écrit sur une feuille de papier par un autre. Cela
donne une méditation d'une haute portée spirituelle, toute entière tournée
vers le pardon, et ceux qui (curieusement?) attendaient un énième mea
culpa du " Pape allemand" en seront pour leurs frais (2). Il a par
contre des mots sur la guerre dont on peut penser qu'ils s'appliquent à ce
qui se passe en ce moment en Lybie..
Discours du Saint-Père
Chers frères et sœurs!
J'ai accepté très volontiers l'invitation de l'Association nationale des
familles italiennes des martyrs morts pour la liberté de la Patrie, de faire
un pèlerinage à ce sanctuaire, cher à tous les Italiens, en particulier au
peuple romain. Je salue le Cardinal-Vicaire, le grand rabbin, le président
de l'Association, le Commissaire Général, le Directeur du mausolée et,
surtout, les familles des victimes ainsi que toutes les personnes présentes.
" Je crois en Dieu et en Italie / je crois en la résurrection / des
martyrs et des héros / Je crois en la renaissance / de la patrie, et en / la
liberté du peuple . "
Ces mots ont été gravés sur le mur d'une cellule de torture, dans la Via
Tasso à Rome, pendant l'occupation nazie. C'est le testament d'une personne
inconnue, qui a été emprisonné dans cette cellule, et qui démontre que
l'esprit de l'homme reste libre même dans les conditions les plus
difficiles.
"Je crois en Dieu et en l'Italie": cette expression m'a frappé, parce que
cette année marque le 150e anniversaire de l'unification de l'Italie, mais
surtout parce qu'elle affirme la primauté de la foi, à laquelle puisent la
confiance et l'espérance pour l'Italie et son avenir.
Ce qui s'est passé ici le 24 Mars 1944 est offense très grave contre Dieu,
parce que c'est la violence délibérée de l'homme sur l'homme. C'est l'effet
le plus exécrable de la guerre, de toute guerre, alors que Dieu est vie,
paix, communion .
Comme mes prédécesseurs, je suis venu ici pour prier et renouveler la
mémoire.
Je suis venu invoquer la miséricorde divine, qui seule peut combler le vide,
l'abîme ouvert par les hommes quand, poussés par la violence aveugle, ils
nient leur dignité d'enfants de Dieu et de frères entre eux. Moi aussi,
comme évêque de Rome, ville consacrée par le sang des martyrs de l'Evangile
de l'Amour, je viens rendre hommage à ces frères, qui ont été tués non loin
des anciennes catacombes.
«Je crois en Dieu et en Italie" . En ce testament gravé dans un lieu de de
violence et de mort, le lien entre la foi et l'amour du pays apparaît dans
toute sa pureté, sans rhétorique. Celui qui a écrit ces mots l'a fait
uniquement par conviction personnelle, comme ultime témoignage à la vérité
en laquelle il croit, qui rend l'esprit humain royal, même dans l'extrême
abaissement. Chaque homme est appelé à réaliser de cette façon sa propre
dignité: témoignant cette vérité qu'il reconnaît avec sa propre conscience.
Un autre témoignage m'a frappé, il a été trouvé dans les Ardéatines. Une
feuille de papier sur lequel la victime avait écrit: « Dieu mon Grand Père,
nous te prions pour que tu puisses protéger les Juifs de la persécution
barbare. 1 Notre Père, 10 Je vous salue Marie, 1 Gloire au Père". En ce
moment, si tragique, si inhumain, au cœur de cette personne, il y avait
l'invocation la plus haute " Dieu mon Grand Père ".
Père de tous! Comme sur les lèvres de Jésus, mourant sur la croix: "Père,
entre tes mains je remets mon esprit". Dans ce nom, "Père", il y a la
garantie certaine de l'espérance; la possibilité d'un avenir différent,
exempt de haine et de vengeance, un avenir de liberté et de fraternité, pour
Rome, l'Italie, l'Europe et le monde. Oui, partout, où qu'il soit, sur tous
les continents, dans tous les pays, l'homme est le fils de ce Père céleste,
il est le frère de l'humanité tout entière. Mais cette condition de fils et
de frère n'est pas acquise. Les Fosses Ardéatines en sont malheureusement la
preuve .
Il faut le vouloir, il faut dire oui au bien, et non au mal. Il faut croire
dans le Dieu d'amour et de vie, et rejeter toute fausse image divine (ndt:
là, le Saint-Père fait allusion à la violence exercée au nom de Dieu), qui
trahit son saint nom et trahit ainsi l'homme, fait à son image.
C'est pourquoi en ce lieu, douloureux mémorial du mal le plus horrible, la
vraie réponse est de se donner la main comme des frères, et de dire: Notre
Père, nous croyons en Toi, et avec la force de Ton amour, nous voulons
cheminer ensemble, dans Paix, à Rome, en Italie, en Europe, dans le monde
entier.
Amen.
Note
(1) L'histoire des Fosses ardéatines a fait l'objet d'un article dans la
Bussola .
En représailles contre un attentat organisé le 23 mars 1944 par un groupe de
partisans italiens contre des soldats allemands, causant la mort de 33
d'entre eux, dans une rue de Rome, le général Kurt Maeltzer, commandant de
la Place de Rome, ordonna la suppression de 10 italiens pour chaque soldat
tué.
335 personnes furent exécutées. Parmi elles, des opposants au fascisme,
communistes, et militaires.
75 juifs furent tués.
(2) Frédéric Mounnier écrivait par anticipation sur La Croix:
Le pape allemand se rend, dimanche 27 mars, aux fosses Ardéatines, où ont
été fusillés par les nazis 335 otages civils italiens. Une occasion pour
Josef Ratzinger de s’exprimer tant sur l’histoire allemande que sur
l’histoire italienne
Face à ce «Mont-Valérien» italien, que va dire, ce dimanche à 10 heures,
Benoît XVI, pape allemand, enrôlé de force dans les Jeunesses hitlériennes ?
Que va dire le successeur de Pie XII, accusé par certains de ne pas avoir
défendu les juifs de Rome ?
Texte original du
discours du Saint Père
º
Italien
Sources : www.vatican.va
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Benoit-et-moi
© Copyright 2011du texte original - Libreria Editrice Vaticana
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.03.2011 - T/Benoît XVI