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Les dernières nominations de
Benoît XVI avant la renonciation
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Le 27 février 2013 -
(E.S.M.)
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De Gänswein à Balestrero en passant par l'IOR. Une analyse des
nominations décidées par Benoît XVI au cours de la phase finale de
son pontificat. Elles n'étaient pas toutes obligatoires. Vont-elles
constituer pour le futur pape un obstacle ou une aide?
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Le pape Benoît XVI
Les dernières nominations de
Benoît XVI avant la renonciation
par Sandro Magister
Le 27 février 2013 - E.
S. M. - Au cours des dernières et dramatiques
semaines du pontificat de Jean-Paul II, qui était alors aphone et
extrêmement affaibli, il y eut un certain nombre de nominations qui
suscitèrent la perplexité.
Comme celle par laquelle Angelo Comastri, aujourd’hui cardinal, devint
coadjuteur de l’archiprêtre de la basilique Saint-Pierre.
Ou comme l’acceptation de la renonciation du cardinal Miguel Obando Bravo à
ses fonctions d’archevêque de Managua, publiée, en même temps que
vingt-trois autres mesures pontificales, au cours des deux derniers jours du
pontificat, alors que le pape Karol Wojtyla était désormais mourant.
On peut également rappeler la rumeur non dépourvue de fondement qui circula
avec insistance à propos d’une tentative – non couronnée de succès – visant
à remplacer in extremis le secrétaire d’état Angelo Sodano par le cardinal
Giovanni Battista Re qui était, à ce moment-là, préfet de la congrégation
pour les évêques, celle-là même qui avait organisé avec succès la démission
d’Obando Bravo.
De la même façon, au terme du pontificat de Benoît XVI, les observations
critiques concernant ses nominations de fin de pontificat ne manquent pas et
il y en aura encore bien d’autres. Même si personne ne pourra jamais
contester le fait que ces nominations ont été faites par un pape qui est
certes “démissionnaire” parce qu’affaibli par l’âge, mais qui possède
toujours la plénitude de ses pouvoirs et, surtout, la plénitude de ses
facultés physiques, mentales et spirituelles.
Cela dit, il est tout de même intéressant d’analyser quelles ont été les
dernières décisions prises par le pape Joseph Ratzinger en ce qui concerne
le gouvernement de la curie romaine, décisions qu’il laissera à son
successeur. Cependant celui-ci, il est bon de le rappeler constamment, sera
tout à fait libre de les confirmer ou non au début ou au cours de son
pontificat.
En dépit du déchaînement de rumeurs provoqué par l’affaire "Vatileaks",
Benoît XVI n’a pas du tout puni ses plus proches collaborateurs, mais il les
a plutôt renforcés, y compris pour l’avenir.
Cette dernière observation peut servir de clé pour interpréter le fait que
son secrétaire particulier, Georg Gänswein, a été nommé archevêque et préfet
de la maison pontificale. Lorsque cette nomination a eu lieu, le 7 décembre
dernier, un certain nombre d’observateurs ont fait remarquer que réunir en
la personne d’un seul ecclésiastique les deux fonctions de secrétaire et de
préfet de la maison pontificale constituait une anomalie inédite. Mais le
pape, selon toute probabilité, savait déjà que cette anomalie n’allait pas
durer longtemps.
D’autre part, en ce qui concerne les questions économico-financières, il
semble que Benoît XVI ait voulu laisser à son successeur un Institut pour
les Œuvres de Religion (IOR) bénéficiant d’une "governance" claire et
débarrassé des irréductibles conflits internes de l’époque où Ettore Gotti
Tedeschi était à la tête de son conseil de surveillance laïc.
On a là une grille de lecture de la nomination de l’Allemand Ernst von
Freyberg au poste qu’occupait Gotti Tedeschi et du renouvellement de la
commission cardinalice qui contrôle la "banque " vaticane, marqué par le
départ inévitable du cardinal Attilio Nicora – à la demande de Moneyval,
parce que sa présence était incompatible avec le fait qu’il est également
président de l’Autorité d’Information Financière – mais pas par celui du
cardinal Jean-Louis Tauran, représentant autorisé – et néanmoins critique –
de l’école diplomatique classique du Vatican.
Le cardinal secrétaire d’état Tarcisio Bertone a été confirmé par le pape
dans ses fonctions de membre et de président de la commission cardinalice de
l’IOR. Le prélat salésien a d’autre part obtenu qu’un cardinal ayant toute
sa confiance, Giuseppe Versaldi, soit nommé délégué pontifical auprès de la
congrégation religieuse des Fils de l’Immaculée Conception, propriétaire à
Rome de deux importants établissements de santé qui, ayant été mal gérés,
sont au bord de la faillite.
La dernière phase du pontificat a également été marquée par l’importance
accrue des membres du mouvement des Focolari au sein de la curie romaine.
Les disciples de Chiara Lubich disposaient déjà, en plus du cardinal
brésilien João Braz de Aviz, préfet de la congrégation pour les religieux,
de deux points de force à la secrétairerie d’état, en la personne des
archevêques Angelo Giovanni Becciu, qui y exerce les fonctions de substitut,
très importantes notamment en période de conclave, et Luciano Suriani, qui
est une sorte de chef du personnel de la curie et influe en particulier sur
les nominations et les changements d’affectation des nonces.
Mais ce groupe, déjà significatif, des membres de Focolari présents à la
curie a pris encore davantage d’importance en raison de la promotion, au
mois de novembre dernier, d’Angelo Zani, jusqu’alors sous-secrétaire de la
congrégation pour l’éducation catholique, qui en est devenu secrétaire et
archevêque.
Il faut également signaler comme significative la nomination du nouveau
sous-secrétaire de cette congrégation, le père Friedrich Bechina, 47 ans,
Autrichien, très estimé dans l’appartement pontifical. Il est membre de la
famille spirituelle “L’Œuvre” (Das Werke), dont fait également partie sœur
Christine, la religieuse qui aide le frère de Benoît XVI, Georg Ratzinger,
lorsque celui-ci vient en séjour à Rome.
Mais la nomination qui a le plus retenu l’attention des médias au cours de
ces derniers jours a été celle du jeune et brillant vice-ministre des
Affaires étrangères du Vatican, Ettore Balestrero, qui devient archevêque et
nonce en Colombie.
La nomination en question, arrivée à maturité à peu près à Noël, a pris une
dimension particulière parce qu’elle a été publiée après l’annonce de la
renonciation pontificale et précisément dans les jours où cet ecclésiastique
faisait l’objet d’articles hostiles publiés dans le quotidien "la
Repubblica".
Et c’est une nomination importante et difficile à décrypter.
Au cours de ses trois années à la secrétairerie d’état, Balestrero a conquis
à la fois la confiance du secrétaire d’état et celle de l’appartement
pontifical. Et cela lui a attiré bon nombre de réactions d’envie. Sans
compter que c’est surtout lui qui a innové dans la politique internationale
pratiquée par son service, qui est passée d’une approche plus "soft" à des
attitudes plus intransigeantes en ce qui concerne les questions sensibles du
point de vue éthique.
Et maintenant, à 46 ans, il est envoyé dans un pays important, devenant
ainsi le plus jeune des nonces et des évêques italiens. Toutefois, en même
temps, cela le contraint à quitter Rome pour se rendre dans un pays
lointain. Et les vétérans de la curie soutiennent qu’un poste à la
secrétairerie d’état, même mineur, compte davantage qu’une nonciature, même
prestigieuse : c’est ce que démontreraient les carrières des grands Agostino
Casaroli et Achille Silvestrini, dont le "cursus honorum" s’est effectué
sans qu’ils aient jamais quitté le Palais Apostolique.
Au Vatican on fait en tout cas remarquer qu’il y a un illustre précédent à
la nomination de Balestrero en Colombie.
En 1975, Eduardo Martinez Somalo, qui était alors assesseur (poste
équivalent à celui de vice-ministre des Affaires étrangères) depuis 1970,
fut en effet nommé, à l’âge de 48 ans seulement, archevêque et nonce à
Bogota par Paul VI. Et cet éloignement ne fut que provisoire. En effet le
nouveau pape, Jean-Paul II, le rappela à Rome en 1979 pour lui confier le
poste de substitut à la secrétairerie d’état, poste qu’il quitta en 1988
parce qu’à cette date il fut promu cardinal et préfet de la congrégation
pour le culte divin.
Le rapprochement entre Balestrero et Martinez Somalo est indiscutablement
suggestif. Mais il est évident que, pour le moment, il se limite uniquement
à la première phase et rien ne peut garantir que le second prélat connaîtra
une évolution analogue à celle du premier. Tout dépendra en effet de qui
seront le prochain pape et le prochain secrétaire d’état.
Le pontificat de Benoît XVI se termine donc sur une série de nominations
significatives. Mais également sur une désignation qui n’a pas été faite.
En effet il reste à pourvoir le poste de secrétaire de la congrégation pour
les religieux, dicastère qui doit encore tirer les conclusions de l’épineuse
et contestée visite apostolique effectuée auprès des religieuses
américaines.
Il semble que, après avoir pris en considération l’hypothèse d’un évêque
venant des États-Unis, on aurait envisagé dernièrement de promouvoir un
religieux américain, selon toute probabilité un dominicain.
Mais, sur ce point, le pape Benoît XVI a voulu laisser le champ totalement
libre à son successeur.
Traduction française par
Charles de Pechpeyrou, Paris, France.
Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 27.02.2013-
T/International |