Motu proprio, Benoît XVI parle; d'autres font la sourde oreille |
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Le 26 octobre 2007 -
(E.S.M.) - A propos des deux formes du rite romain,
le pape Benoît XVI, dans son Motu
proprio, précise, à l'adresse de tous cette fois-ci et non plus
uniquement des évêques: "le Missel romain promulgué par Paul VI est
l'expression ordinaire de la "lex orandi" de l'Église catholique
de rite latin.
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Benoît XVI,
dignité et fidélité -
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Motu proprio, Benoît XVI parle; d'autres font la sourde oreille
Dans la
Lettre qui accompagnait le
Motu Proprio Summorum Pontificum et qui était directement adressée
aux évêques, le pape Benoît XVI a tenu à rappeler "avant tout que le Missel,
publié par Paul VI et réédité ensuite à deux reprises par Jean-Paul II, est
et demeure évidemment (sic) la
Forme normale - la Forma ordinaria - de la liturgie Eucharistique. La
dernière version du Missale Romanum, antérieure au Concile, qui a été
publiée sous l'autorité du Pape Jean XXIII en 1962 et qui a été utilisée
durant le Concile, pourra en revanche être utilisée comme Forma
extraordinaria de la Célébration liturgique."
Cette première affirmation doit être rappelée. Rappelée aussi bien aux
fidèles "traditionalistes" légitimement attachés à la forme ancienne de la
liturgie, qu'aux évêques.
Aux fidèles "traditionalistes" d'abord qui affirment que Benoît XVI voudrait
voir fleurir partout des messes célébrées avec le missel romain du
bienheureux Jean XXIII. Si tel avait été la volonté du Saint-Père, il
n'aurait pas utilisé dans son Motu proprio l'expression de "forme
extraordinaire" pour qualifier la forme de la liturgie en usage avant
Vatican II. Il aurait simplement pu écrire que "les deux formes du rite
romain doivent désormais être considérées comme ordinaires et équivalentes".
Mais ce n'est pas ce qui a été écrit: le
pape distingue bien entre ce qui doit être considéré comme "ordinaire",
c'est-à-dire habituel, normal, régulier... et ce qui doit être considéré
comme "extraordinaire" c'est-à-dire "particulier", "singulier". L'
"extraordinaire" ne doit pas, en toute logique, supplanter l' "ordinaire".
Affirmer le contraire, ce serait trahir la pensée du Saint-Père qui, dans
le discours qu'il a adressé à la Curie romaine en décembre 2005, a
clairement rappelé que "le Concile Vatican II (...) a revisité ou également
corrigé certaines décisions historiques (...) pour
présenter à notre monde l'exigence de l'Évangile dans toute sa grandeur et
sa pureté. (...) Ainsi, aujourd'hui, nous pouvons tourner notre
regard avec gratitude vers le Concile Vatican II: si nous le lisons et que
nous l'accueillons guidés par une juste herméneutique, il peut être et
devenir toujours plus une grande force pour le renouveau toujours nécessaire
de l'Église."
L'affirmation de Benoît XVI concernant les deux formes de la célébration
liturgique doit ensuite être rappelée aux évêques de France. Surtout aux
évêques de France, devrait-on dire! Qu'ils refusent - sous des prétextes
généralement fallacieux - la "forme extraordinaire" de la liturgie aux
fidèles qui en font la demande est déjà incompréhensible et montre à l'envie
que leur esprit est davantage gallican que romain. Mais que ces mêmes
évêques continuent à refuser avec une incroyable opiniâtreté la forme
"ordinaire" du rite romain, voilà qui est proprement scandaleux et qui
montre leur mépris des fidèles. Quoi qu'ils disent.
Et entendre un évêque déclarer que "nous allons continuer la mise en
œuvre
de la liturgie voulue par Vatican II" relève du ridicule le plus achevé. A
qui veut-on faire croire que l'on puisse continuer quelque chose qui n'a
jamais été amorcé ? A qui veut-on faire croire qu'il faut à un célébrant
plus de 40 ans pour ouvrir le missel romain à la bonne page et célébrer la
messe en suivant les indications du dit missel ? Un enfant de 10 ans y
parviendrait au bout de trois ou quatre répétitions... Pourquoi pas nos
évêques ? pourquoi pas nos prêtres ? Oui, leur ancrage dans l'habitude d'une
désobéissance qui les a conduits à penser qu'ils ne sont pas fidèles au
Concile s'ils reprennent les prières telles qu'elles figurent dans le missel
(1) est un scandale pour les fidèles qui demandent à participer à la forme
"ordinaire" du rite romain et non à partager les sentiments - aussi louables
soient-ils - du célébrant. (ndlr : Paul VI, déjà dans un discours du 12
novembre 1965,
après avoir rappelé que le texte en langue populaire a maintenant sa place
dans la liturgie, poursuit : « Mais, vous le savez bien, il doit toujours
être digne des réalités très hautes qu’il exprime. Il doit être différent du
langage courant que l’on parle dans les rues et sur les places publiques… ».
Toujours à propos des deux formes du rite romain, Benoît XVI, dans son Motu
proprio, précise encore, à l'adresse de tous cette fois-ci et non plus
uniquement des évêques: "le Missel romain promulgué par Paul VI est
l'expression ordinaire de la "lex orandi" de l'Église catholique de
rite latin. Le Missel romain promulgué par S. Pie V et réédité par le B.
Jean XXIII doit être considéré comme l'expression extraordinaire de la même
"lex orandi" de l'Église et être honoré en raison de son usage
vénérable et antique. Ces deux expressions de la "lex orandi" de
l'Église n'induisent aucune division de la "lex credendi" de
l'Église; ce sont en effet deux mises en oeuvre de l'unique rite romain. Il
est donc permis de célébrer le Sacrifice de la Messe suivant l'édition type
du Missel romain promulgué par le B. Jean XXIII en 1962 et jamais abrogé, en
tant que forme extraordinaire de la Liturgie de l'Église."
C'est très clair: il n'existe, dans l'Église catholique - et quoi qu'on ait
pu dire ou écrire à ce sujet - un seul rite romain. Il n'y a pas à revenir
là-dessus.
Mais cet unique rite romain, dit Benoît XVI, peut être mis en oeuvre de deux
façons: soit en suivant le missel de Paul VI, soit en suivant le missel du
Bienheureux Jean XXIII. De toute façon, quelle que soit la forme choisie du
rite romain, il y a pour tous - prêtres et laïcs -
l'obligation de suivre l'un des deux missels reconnus par l'Église.
Ce qui signifie, pour les prêtres qui se réclament de Vatican II,
qu'ils ont l'obligation de respecter le missel de Paul
VI, sans y ajouter ou enlever ou modifier quoi que ce soit. Ce qui
signifie - par conséquent - pour les évêques de veiller à ce que dans toutes
les paroisses les fidèles soient habituellement mis en contact direct avec
la forme "ordinaire" du rite romain célébré avec
dignité et fidélité. Le curé n'est pas un maître du spectacle
dominical, et la liturgie eucharistique n'est pas l'occasion de réunir un
cercle de loisir où quelques uns seraient autorisés à monter sur le podium
pour se donner en (mauvais) spectacle. (1) (ndlr
: si le prêtre considère que, même un peu défigurés, les textes du Missel
français sont dépassés, alors on donne libre cours à une créativité
sauvage.. Il faut « faire disparaître cet esprit de bricolage.
On en est arrivé à ce que certains cercles liturgiques
se bricolent eux-mêmes une liturgie du dimanche
(RATZINGER J., Cardinal, Voici quel est notre
Dieu, Plon–Mame, 2005, p. 290). Le nombre de « choix possibles »
dans les formules du Missel a ouvert une porte toute grande à l'arbitraire
du célébrant. Si le prêtre, qui n'est pas
propriétaire de la messe, se met à modifier sans cesse la
partition liturgique, il rend douloureuse la position
du fidèle : au lieu de rassembler, la liturgie, en s'enfonçant dans
les marottes du célébrant, divise.)
Si donc on étudie correctement le Motu proprio de Benoît XVI ainsi que la
Lettre qu'il a adressée aux évêques, on doit conclure qu'au-delà de la seule
question liturgique, il y a en France deux choses qui sont proprement
inadmissibles:
1. le fait que les évêques dans leur ensemble puissent continuer à faire la
sourde oreille dès qu'on leur parle de liturgie;
2. le fait qu'il puissent continuer à faire croire (mais qui les croit
encore ?) qu'il n'y a aucun problème concernant la forme "ordinaire" du rite
romain, ni aucune demande des fidèles concernant l'une des deux formes
légitimes de ce même rite.
(1) Cardinal Ratzinger, Un
chant nouveau pour le Seigneur, éd. Desclée-Mame.
Denis CROUAN docteur en théologie,
Pdt de Pro Liturgia
[A propos du le Missel romain - Chanoine Michel DANGOISSE et les textes
liturgiques : « Les traductions françaises du missel romain sont-elles
fidèles ? » :
Texte chanoine Dangoisse - (Paquenouvelle.be
- Tables)
Il n'existe toujours pas de traduction officielle en français de l'édition
typique de 2002. Par conséquent, la traduction provisoire, publiée le 20
avril 2000 et
encore en usage, ne répond pas aux attentes du Saint-Siège en la matière. (Vatican)]
Le Motu Proprio
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Le texte officiel et tous les commentaires
Sources: PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.10.2007 - BENOÎT XVI
- T/M.P. |