Discours de Benoît XVI aux autorités
politiques et civiles |
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Le 26 septembre 2009 -
(E.S.M.)
- A 17h, le pape Benoît XVI a rencontré les autorités
politiques et civiles et avec le corps diplomatique au palais
présidentiel de Prague. Discours du Saint-Père :
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Le pape Benoît XVI au
Palais présidentiel de Prague
Discours de Benoît XVI aux autorités
politiques et civiles
Le 26 septembre 2009 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
- A 16 h 30', le Président
de la République tchèque, M. Vaclav Klaus, a accueilli le Saint-Père au
château Hradcany, jadis résidence des empereurs du Saint-Empire romain, des
rois de Bohème et des gouverneurs. Depuis 1918, la citadelle, qui renferme
aussi des musées, est le siège de la présidence de la République et
constitue le symbole de la culture et de l'histoire du peuple tchèque. Après
s'être entretenu avec le chef de l'état, Benoît XVI a rencontré le Premier
Ministre, M. Jan Fisher, ainsi que les Présidents du Sénat et de la Chambre.
Puis, accompagné du Président de la République et de Mme Klaus, le Pape a
assisté dans la Salle espagnole à une brève exécution musicale de
l'Orchestre philarmonique tchèque. Après quoi il a rencontré les autorités
politiques et administratives du pays, le corps diplomatique, les recteurs
des universités et plusieurs personnalités de l'entreprise et de la culture
tchèque. Discours du
Saint-Père :
Palais présidentiel de Prague
Samedi 26 septembre 2009
Excellences, Mesdames et Messieurs
Je suis heureux de l’opportunité qui m’est donnée de rencontrer, dans un
cadre si remarquable, les autorités politiques et civiles de la République
tchèque, ainsi que les membres du Corps diplomatique. Je remercie
chaleureusement le Président Klaus pour les aimables mots d’accueil qu’il
m’a adressé en votre nom. J’exprime aussi ma reconnaissance à l’Orchestre
philharmonique tchèque pour la prestation musicale qui a ouvert notre
rencontre, et qui a illustré de façon éloquente à la fois les racines de la
culture tchèque et l’apport d’envergure que cette nation a offert à la
culture européenne.
Ma visite pastorale en République tchèque coïncide avec le 20e anniversaire
de la chute des régimes totalitaires de l’Europe centrale et de l’Est, et de
la « Révolution de velours » qui a restauré la démocratie dans ce pays.
L’euphorie qui s’est ensuivie s’est exprimée en termes de liberté. Deux
décennies après les profonds changements politiques qui ont balayé ce
continent, le processus de guérison et de reconstruction se poursuit, dans
le contexte plus large de l’unification européenne et d’un monde toujours
plus globalisé. Les aspirations des citoyens et les attentes placées dans
les gouvernements appellent de nouveaux modèles de vie citoyenne et de
solidarité entre les nations et les peuples sans lesquels l’avenir si
longtemps désiré de justice, de paix et de prospérité restera illusoire. Ces
aspirations continuent à évoluer. Aujourd’hui, tout particulièrement chez
les jeunes, la question de la nature de la liberté qui a été gagnée refait
surface également. Dans quel but cette liberté est-elle exercée ? Quelles
sont ses véritables critères d’authenticité ?
Chaque génération a le devoir de s’engager à nouveau dans la difficile tâche
d’ordonner de façon juste les affaires humaines, cherchant à comprendre le
juste usage de la liberté humaine (cf.
Spe Salvi, n.25). Alors que le devoir
de renforcer « les structures de liberté » s’avère vital, ce n’est pourtant
pas suffisant : les aspirations humaines s’élèvent au-delà du quant-à-soi,
au-delà de ce qu’aucune autorité politique ou économique peut offrir, vers
une espérance rayonnante (cf. ibid., n.35) qui a son origine au-delà de
nous-mêmes même si nous la rencontrons en nous, en tant que vérité, beauté
et bonté. La liberté est en quête d’un but : cela requiert une conviction.
La vraie liberté présuppose la recherche de la vérité – du vrai bien – et,
de là, trouve précisément son accomplissement en connaissant et en faisant
ce qui est opportun et juste. Aristote définit le bien comme « ce vers quoi
toute chose tend » et il poursuit en suggérant que « s’il est bon qu’un seul
homme atteigne sa fin, il est plus excellent et plus divin que l’atteigne
une nation ou les États-cités » (Éthique à Nicomaque, 1 ; cf.
Caritas in Veritate, n. 2). En effet, la haute responsabilité d’éveiller la réceptivité
à la vérité et à la bonté incombe à tous les responsables – religieux,
politique et culturel, chacun dans son domaine. Conjointement, nous devons
nous engager dans la lutte pour la liberté et la recherche de la vérité, qui
soit vont ensemble main dans la main, soit périssent ensemble misérablement
(cf. Fides et
ratio, n. 90).
Pour les chrétiens, la vérité a un nom : Dieu. Et la bonté a son visage :
Jésus Christ. Depuis le temps des saints Cyrille et Méthode et des premiers
missionnaires, la foi des chrétiens a, dans les faits, joué un rôle décisif
dans la formation de l’héritage spirituel et culturel de ce pays. Cela doit
être encore le cas pour le présent et dans le futur. Le riche patrimoine de
valeurs spirituelles et culturelles, chacune trouvant son expression dans
l’autre, n’a pas seulement forgé l’identité nationale, mais lui a aussi
fourni la vision nécessaire pour exercer un rôle de cohésion au cœur de
l’Europe. Pendant des siècles, ce territoire a été un lieu de rencontre
entre différents peuples, traditions et cultures. Comme nous en avons tous
conscience, il a connu dans son histoire des chapitres douloureux, et il
porte les cicatrices d’événements tragiques nés de l’incompréhension, de la
guerre et de la persécution. Mais il est aussi vrai, que ses racines
chrétiennes ont alimenté un remarquable esprit de pardon, de réconciliation
et de coopération qui a rendu capable le peuple de cette terre de trouver la
liberté et d’inaugurer un nouveau commencement, une nouvelle synthèse, un
renouveau d’espérance. N’est-ce pas de cet esprit dont l’Europe
contemporaine a besoin ?
L’Europe est plus qu’un continent. C’est une maison ! Et la liberté trouve
son sens le plus profond dans une patrie spirituelle. Avec un respect entier
pour la distinction entre le domaine politique et celui de la religion – qui
garantit la liberté des citoyens d’exprimer leur croyance religieuse et de
vivre conformité avec elle – je souhaite souligner le rôle irremplaçable du
Christianisme pour la formation de la conscience de chaque génération et la
promotion d’un consensus éthique de base qui est utile à toute personne qui
appelle ce continent « ma maison » ! Dans cet esprit, je souhaite
reconnaître la voix de ceux qui aujourd’hui, à travers ce pays et ce
continent, cherchent à vivre, dans la vie publique, leur foi de façon aussi
déterminée que sereine, dans l’attente que les normes sociales soient
informées par le désir de vivre dans la vérité qui nous rend libres (cf.
Caritas in Veritate, n. 9).
La fidélité aux peuples que vous servez et que vous représentez exige une
fidélité à la vérité qui, seule, est la garantie de la liberté et du
développement humain intégral (cf. ibid., n.9). Le courage d’affirmer la
vérité sert, en fait, tous les membres de la société en jetant une lumière
sur les avancées du progrès humain, en indiquant ses fondements éthiques et
moraux, et en garantissant que la politique publique s’appuie sur le trésor
de la sagesse humaine. La sensibilité à la vérité universelle ne devrait
jamais être éclipsée par des intérêts particuliers, aussi importants qu’ils
puissent être ; cela ne conduirait qu’à de nouveaux exemples d’éclatement ou
de discrimination social dont ces mêmes intérêts ou des groupes de pression
seraient disposés à profiter. En fait, loin de menacer l’acceptation des
différences et la pluralité culturelle, la recherche de la vérité rend
possible un consensus, elle permet au débat publique de demeurer rationnel,
honnête et responsable, et elle assure une unité que les vagues notions
d’intégration ne peuvent tout simplement pas offrir.
A la lumière de la Tradition de l’Église où la charité imprègne les domaines
temporel, intellectuel, spirituel, je suis certain que les membres de la
Communauté catholique, avec les membres des autres Églises, des communautés
ecclésiales et des autres religions, vont continuer à poursuivre les
objectifs de développement qui possèdent une valeur plus humaine et plus
humanisante, à la fois dans ce pays et ailleurs (cf. ibid., n.9).
Chers amis, notre présence dans cette magnifique capitale, qui est souvent
présentée comme le cœur de l’Europe, nous pousse à nous demander ce que
signifie un « cœur ». Bien qu’il n’y ait pas de réponse simple à cette
question, une piste peut certainement être trouvée dans les joyaux
architecturaux qui ornent cette cité. La beauté frappante de ses églises, du
château, des places et des ponts ne peuvent pas ne pas tourner nos esprits
vers Dieu. Leur beauté exprime la foi ; ils sont une épiphanie de Dieu qui,
justement, nous laisse méditer les glorieuses merveilles auxquelles nous,
créatures, pouvons aspirer quand nous donnons forme aux aspirations
esthétiques et noétiques de notre être le plus intime. Comme cela serait
tragique si quelqu’un devait voir de telles beautés, tout en ignorant le
mystère transcendant qu’elles indiquent. La rencontre créatrice entre la
tradition classique et l’Évangile a donné naissance à une vision de l’homme
et de la société attentive à la présence de Dieu parmi nous. En formant le
patrimoine culturel de ce continent, celle-ci a montré que la raison ne
finit pas avec ce que voient les yeux, mais qu’elle est plutôt tournée vers
ce qui se trouve au-delà, ce à quoi nous aspirons profondément : l’Esprit,
pourrions-nous dire, de la Création.
À la présente croisée des chemins de la civilisation, si souvent marquée par
une division troublante de l’unité de la bonté, de la vérité et de la beauté
et la difficulté conséquente à s’accorder sur les mêmes valeurs communes,
tout effort en vue du progrès humain doit puiser son inspiration dans cet
héritage vivant. L’Europe, dans la fidélité à ses racines chrétiennes,
possède une vocation particulière à confirmer cette vision transcendante à
travers ses initiatives pour servir le bien commun des personnes, des
communautés et des nations. Il est particulièrement important que les jeunes
européens soient encouragés par une formation qui respecte et nourrisse les
capacités que Dieu leur a données de transcender les limites dans lesquelles
on voudrait parfois les enfermer. Dans le sport, dans les arts et dans les
études, les jeunes ont l’occasion d’exceller. N’est-il pas tout aussi vrai
qu’en présence de grands idéaux, ceux-ci aspireront aussi à la vertu morale
et à une vie de compassion et de bonté ? J’encourage chaleureusement les
parents et les responsables de communauté qui attendent des autorités
qu’elles promeuvent les valeurs qui intègrent les dimensions intellectuelle,
humaine et spirituelle d’une éducation profonde digne des aspirations de
notre jeunesse.
« Veritas vincit ». Telle est la devise inscrite sur le drapeau du Président
de la République tchèque : en définitive, la vérité l’emporte, non par la
force, mais par la persuasion, par l’héroïque témoignage d’hommes et de
femmes dont les principes sont fermes, par le dialogue sincère qui dépasse
l’intérêt propre pour considérer les exigences du bien commun. La soif de
vérité, de beauté et de bonté, enracinée en tout homme et en toute femme par
le Créateur, est destinée à les réunir dans leur quête de la justice, de la
liberté et de la paix. L’histoire a amplement montré que la vérité peut être
trahie et manipulée au service d’idéologies fausses, de l’oppression et de
l’injustice. Mais les défis auxquels l’humanité fait face ne nous
appellent-ils pas à regarder au-delà de ces dangers ? En définitive, qu’y
a-t-il de plus inhumain, et de plus destructeur, que le cynisme qui voudrait
dénier la grandeur de notre quête de vérité, et le relativisme qui corrode
les vraies valeurs qui inspire la construction d’un monde uni et fraternel ?
Au contraire, nous devons reprendre confiance dans la noblesse et l’ampleur
de l’esprit humain, dans ses capacités à atteindre la vérité, et laisser
cette confiance nous guider dans le patient travail de la politique et de la
diplomatie.
Mesdames et messieurs, avec ces sentiments, je vous offre mes vœux priants
afin que votre service soit inspiré et soutenu par la lumière de cette
vérité qui est un reflet de l’éternelle Sagesse du Dieu créateur. Sur vous
et sur vos familles, j’invoque cordialement l’abondance des grâces divines.
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la vidéo:
Rencontre avec les autorités politiques, civiles et le corps diplomatique
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 26.09.2009 -
T/Voyage R. Tchèque |