Jean Paul II : l'arbre de la
connaissance du bien et du mal |
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Cité du Vatican, le 24 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Dans cette réflexion, le pape Jean Paul II commente les paroles
du Christ qui se réfère à « l'origine », et demande à ses interlocuteurs
de dépasser, en un certain sens, la frontière qui, dans le Livre de la
Genèse, sépare l’état d'innocence originelle et l'état de péché qui commence
avec la chute originelle.
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Jean Paul II : l'arbre de la connaissance du bien et du mal
LE LIEN ENTRE L'INNOCENCE ORIGINELLE ET LA RÉDEMPTION
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La frontière qui sépare l'innocence primitive de l'homme du péché originel
Le 24 octobre 2008 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde
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Pour répondre à la demande concernant l'unité et l’indissolubilité du
mariage le christ s'est réclamé de ce qui est écrit dans la Genèse sur
ce thème du mariage. Lors des deux précédentes réflexions, nous avons soumis
à l'analyse tant le texte dit « élohiste » (Gn 1)
que le texte dit « yahviste » (Gn 2).
Le pape Jean Paul II tire quelques conclusions de
ces analyses.
1.
Lorsque le Christ se réfère à « l'origine », il demande à ses interlocuteurs
de dépasser, en un certain sens, la frontière qui, dans le Livre de la
Genèse, sépare l’état d'innocence originelle et l'état de péché qui commence
avec la chute originelle.
On peut lier symboliquement cette frontière à l'arbre de la connaissance du
bien et du mal qui, dans le texte yahviste, délimite deux situations
diamétralement opposées : la situation de l'innocence originelle et celle du
péché originel. Ces deux situations ont leur propre dimension dans l'homme,
au plus intime de lui-même. Dans sa connaissance, dans sa conscience, dans
ses choix et décisions et tout ceci par rapport à Dieu-Créateur qui, dans le
texte yahviste (Gn 2 et 3) est en même temps le Dieu de l'Alliance, de la
plus ancienne alliance du Créateur avec sa créature, c'est-à-dire avec
l'homme. L'arbre de la connaissance du bien et du mal, comme expression et
symbole de l'alliance avec Dieu violée dans le cœur de l'homme délimite et
oppose deux situations et deux états diamétralement opposés :
celui de
l'innocence originelle et celui du péché originel et en même temps de la «
peccabilité » héréditaire de l'homme qui en découle. Toutefois les paroles
du Christ qui se réfèrent à l'« origine » nous permettent de trouver dans
l'homme une continuité essentielle et un lien entre ces deux différents
états ou dimensions de l'être humain. L'état de péché fait partie de «
l'homme historique » tant celui dont parle saint Matthieu au chapitre XIX de
son Évangile - c'est-à-dire l'interlocuteur de Jésus en ce temps-là - que
tout autre interlocuteur, potentiel ou actuel, de tous les moments de
l'histoire et naturellement donc, l'homme d'aujourd'hui également.
Toutefois, chez tout homme, sans la moindre exception, cet état - l'état «
historique » précisément enfonce ses racines dans sa propre « préhistoire »
théologique qui est l'état de l'innocence originelle.
2. Il ne s'agit pas ici de seule dialectique. Les lois de la connaissance
répondent à celles de l'existence, souligne Jean Paul II. Il n'est pas possible de comprendre
l'état de « peccabilité historique » sans se référer ou faire appel (comme
le fait le Christ) à l'état d'originelle (en un certain sens préhistorique)
et fondamentale innocence. Le surgissement de la « peccabilité » comme état,
comme dimension de l'existence humaine se trouve dès le début en rapport
avec cette réelle innocence de l’homme comme état originel et fondamental,
comme dimension de l'être créé « à l'image de Dieu ». Il en fut ainsi pour
le premier homme - homme et femme - en tant que dramatis personae et
protagonistes des événements que décrit le texte yahviste (Gn 2 et 3), mais
aussi pour tout le parcours historique de l'existence humaine. L'homme
historique est donc, pour ainsi dire enraciné dans sa préhistoire
théologique révélée. Et pour cette raison tout élément de sa « peccabilité,»
historique s'explique (tant pour l'âme que pour le corps)
et référencera
l'innocence originelle. On peut dire que cette référence est un «
co-héritage » du péché, et précisément du péché originel.
Si, en chaque
homme historique, ce péché signifie un, état de grâce perdue, alors il
comporte aussi une référence à cette grâce, qui était précisément la grâce
de l'innocence originelle.
3. Lorsque, selon le chapitre XIX de l'Évangile de saint Matthieu, le Christ
se réclame de l’« origine », il n'entend pas, avec cette expression,
indiquer seulement l'état d'innocence originelle comme horizon perdu de
l’existence humaine dans l'histoire. Aux paroles qui franchissent ses
propres lèvres, nous avons le droit d'attribuer en même temps toute
l'éloquence du mystère de la rédemption. En effet, déjà dans le contexte yahviste de Genèse 2 et 3 nous sommes témoins du moment où, après avoir
rompu l'alliance originelle avec son Créateur, l'homme - homme et femme -
reçoit la première promesse de rédemption avec les paroles de ce qu'on
appelle le « Proto-évangile » dans la Genèse 3, 15 et commence à vivre dans la
perspective théologique de la rédemption. Et ainsi, donc, l'homme «
historique » - tant l'interlocuteur du Christ dont parle Matthieu (chapitre XIX)
que l’homme d'aujourd'hui - participe à cette perspective. Il participe
non seulement à l’histoire de la « peccabilité » humaine, comme un sujet
héréditaire et en même temps personne et unique de cette histoire, mais il
participe aussi à l'histoire du salut, ici également comme sujet et
co-créateur. Il est donc non seulement fermé, à cause de son état de péché,
par rapport à l'innocence originelle - mais il est aussi, en même temps,
ouvert sur le mystère de la rédemption qui s'est accompli dans le Christ et
à travers le Christ. Dans son épître aux Romains, saint Pierre exprime cette
perspective de la rédemption dans laquelle vit l’homme historique : « nous,
- écrit-il - qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons nous
aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de nos corps »
(Rm 8,
23). Nous ne pouvons perdre de vue cette perspective tandis que nous suivons
les paroles du Christ qui, dans son colloque sur l'indissolubilité du
mariage, fait recours à l’« origine ». Si cette « origine » indiquait
seulement la création de l'homme et « femme », si - comme Jean Paul
II en a déjà
parlé dans la précédente réflexion - il conduisait simplement ses interlocuteurs
au-delà de la limite de
l'état de péché de l’homme jusqu'à l'innocence originelle, et n'ouvrait pas
en même temps la perspective d'une « rédemption des corps », la réponse du
Christ ne serait pas, en fait, entendue d'une manière adéquate.
C'est
précisément cette perspective de la rédemption du corps qui garantit la
continuité et l'unité entre l'état héréditaire du péché de l'homme et son
innocence originelle, bien que cette innocence, il l'a historiquement
perdue de manière irrémédiable. Il est évident que le Christ a le plus grand
droit de répondre à la question que lui posent les docteurs de la loi et de
l'alliance (comme nous lisons dans Mt 19 et Mc 10), de répondre, donc, dans
la perspective de la rédemption sur laquelle s'appuie l'Alliance même.
4. Si dans le contexte, substantiellement déterminé ainsi, de la théologie
de l'homme-corps nous pensons à la méthode des analyses ultérieures au sujet
de l'a révélation de l’« origine », où la référence aux premiers chapitres
du Livre de la Genèse est essentielle, nous devons porter immédiatement
notre attention sur un fait particulièrement important pour l'interprétation
théologique, soulignait Jean Paul II : important parce qu'il consiste dans le rapport entre
révélation et expérience. Dans l'interprétation de la révélation au sujet de
l'homme, et surtout au sujet du corps, nous devons, pour des raisons
compréhensibles, nous référer à l'expérience, parce que l'homme-corps nous
est perceptible surtout grâce à l'expérience. A la lumière des
considérations fondamentales mentionnées, nous avons pleinement le droit de
nourrir la conviction que notre expérience historique doit, d'une certaine
manière, s'arrêter au seuil de l'innocence originelle de l'homme, car elle
est inadéquate à son égard. Toutefois à la lumière des mêmes considérations
introductives, nous devons parvenir à la conviction que notre expérience
humaine est, dans ce cas, un moyen en quelque sorte légitime pour
l'interprétation théologique et, en un certain sens, un point de référence
indispensable dont nous devons nous réclamer dans l'interprétation de l'«
origine ». Une analyse plus détaillée du texte nous permettra d'en avoir une
vision plus claire.
Il semble que les paroles de l’épître aux Romains que vient de citer Jean
Paul II,
indiquent de la meilleure façon, l'orientation de nos recherches centrées
sur la révélation de cette « origine » à laquelle le Christ se réfère dans
son colloque sur l'indissolubilité du mariage (Mt 19, Mc 10). Toutes les
analyses qui seront successivement faites sur la base des premiers chapitres
de la Genèse refléteront presque nécessairement la vérité des paroles de
saint Paul : « Nous qui possédons les prémices de l'Esprit, nous gémissons
nous aussi intérieurement dans l'attente de la rédemption de notre corps
»
(Rm
8, 23). Si nous nous plaçons dans cette position - qui va si bien avec l'expérience
- l'« origine » doit nous parler avec la grande richesse de
lumière qui provient de la révélation, à laquelle désire répondre surtout la
théologie. La suite des analyses nous dira dans quel sens doit aller cette
théologie du corps et pourquoi.
(à suivre) :
QUATRIÈME RÉCIT DE LA CRÉATION DE L'HOMME
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Sources : www.vatican.va
(Archives)
-
E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.10.2008 -
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