Pierre découvre la présence de Dieu
en Jésus, explique Benoît XVI |
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Rome, le 24 Juin 2007 -
(E.S.M.) -
L'Évangile de Luc, précise Benoît XVI, évoque aussi une autre circonstance importante pour
la foi des disciples en Jésus :
l'histoire de la pêche miraculeuse
qui se clôt par l'appel de Jésus à Simon Pierre et
à ses compagnons à devenir ses disciples.
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La pêche
miraculeuse -
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C'est ici
Pierre découvre la présence de Dieu en Jésus, explique Benoît XVI
1. La confession de foi de Pierre
(première partie p.315 à 321
Le pape relève ce qu'est devenir disciple du Christ et le suivre - 17.06.07)
2.
Pierre Grelot cité par le pape
Benoît XVI - (deuxième partie
p. 322 à 325)
3. La présence du Dieu vivant en Jésus
(troisième volet p. 325 à 328)
La spécificité de la mission de Pierre n'apparaît pas seulement chez
Matthieu, elle est aussi présente, avec des variantes mais un contenu
identique, chez Luc, chez Jean et même chez Paul lui-même. Dans la Lettre
aux Galates justement, apologétique et passionnée, Paul pose très clairement
en préalable la spécificité de la mission de Pierre, et sa primauté est
réellement confirmée par la tradition dans son ensemble sous ses aspects les
plus divers. Lui donner pour origine une apparition pascale personnelle et
établir ainsi un parallèle exact avec la mission de Paul est, du point de
vue même de l'acquis du Nouveau Testament, purement et simplement
irrecevable, affirme Benoît XVI.
Mais il est temps de revenir à notre vrai sujet - écrit le pape - :
la confession de foi dans
le Christ formulée par Pierre. Nous avons vu que Grelot considère que cette
confession, telle qu'elle est transmise par Marc, est tout à fait « juive »
et que Jésus la refuse pour cette raison. Mais il n'y a pas trace de ce
refus dans le texte. Jésus se contente d'interdire qu'on la répande
publiquement, car elle aurait été effectivement mal interprétée en Israël :
elle aurait immanquablement conduit d'une part à susciter de faux espoirs en
lui, et d'autre part à engager un procès politique contre lui. C'est
seulement
après cette interdiction que vient l'interprétation de ce que signifie
réellement « Messie ». Le véritable Messie,
explique Benoît XVI, c'est le « Fils de l'homme
»,
qui est condamné à mort et qui de ce fait ne peut entrer dans sa gloire que
comme Ressuscité trois jours après.
La recherche distingue deux types de formulation des confessions de foi en
se référant au christianisme des origines : l'un repose sur des «
substantifs » et l'autre sur des « formes verbales ». On pourrait peut-être
parler de manière plus intelligible de confessions orientées «
ontologiquement » et d'autres orientées vers l'histoire du salut. Les trois
formulations de la confession de foi de Pierre transmises par les Évangiles
synoptiques relèvent de la catégorie des « substantifs » : tu es le Christ,
le Christ de Dieu, le Christ, le Fils du Dieu vivant. À ces affirmations
sous forme de substantifs, le Seigneur associe toujours la confession «
verbale » : l'annonce du mystère pascal de la croix et de la Résurrection.
Ces deux formes de confession de foi sont indissociables et, prises
séparément, elles restent incomplètes et finalement incompréhensibles. Sans
l'histoire concrète du salut, les titres demeurent équivoques, non seulement
le nom de Messie, mais aussi l'expression « Fils du Dieu vivant ». Car ce
titre lui aussi peut parfaitement être compris comme en opposition avec le
mystère de la Croix. Et à l'inverse, l'énoncé en termes stricts d'histoire
du salut reste dépourvu de sa profondeur ontologique s'il n'est pas
clairement dit que celui qui a souffert, le Fils du Dieu vivant, est
semblable à Dieu (cf. Ph 2, 6),
qu'il s'est lui même dépouillé de tout et s'est fait serviteur, qu'il s'est
abaissé jusqu'à la mort, jusqu'à la mort sur la croix
(cf. Ph 2, 7-8). Seule
l'imbrication entre la confession de foi de Pierre et l'enseignement de
Jésus aux disciples nous restitue l'intégralité et l'essence de la foi
chrétienne. C'est pourquoi
les grands symboles de foi de l'Église les ont toujours liés l'une à
l'autre.
Et nous savons bien, précise Benoît XVI, qu'au fil des siècles et aujourd'hui encore, les
chrétiens, tout en possédant la juste confession de foi, ont sans cesse
besoin que le Seigneur leur enseigne à nouveau que, dans toutes les
générations, son chemin n'est pas celui du pouvoir et de la gloire
terrestres, mais celui de la croix. Nous savons et nous voyons
qu'aujourd'hui encore, les chrétiens, nous-mêmes, prenons le Seigneur à part
pour lui dire : « Dieu t'en garde, Seigneur ! cela ne t'arrivera pas »
(Mt 16, 22). Et parce que nous ne
sommes pas sûrs que Dieu l'en garde, nous essayons nous-mêmes, avec tous nos
artifices, de faire que cela n'arrive pas. Et c'est pourquoi le Seigneur est
sans cesse obligé de nous redire : « Passe derrière moi, Satan ! »
(Mc 8, 33).
Toute la scène reste
donc d'une actualité inquiétante. Car en définitive, nous ne cessons de
penser à partir de la « chair » et du « sang », et non selon la Révélation
qu'il nous est donné de recevoir dans la foi.
Revenons une fois encore aux titres donnés au Christ dans les confessions de
foi. En premier lieu, il est important de lire chaque formulation du titre à
la lumière de l'ensemble des différents Évangiles et de la forme
particulière sous laquelle ils ont été transmis. Ici, il faut toujours avoir
présent à l'esprit le contexte du procès de Jésus, où la confession de foi
des disciples est reprise sous forme de question et d'accusation. Chez Marc,
la question posée par le grand prêtre reprend le titre de Christ (Messie) et
l'élargit : « Es-tu le Messie, le Fils du Dieu béni ? »
(Mc 14, 6l). Cette question
suppose que, partie des cercles de disciples, une telle interprétation de la
personne de Jésus était devenue publique. Le lien entre le titre de Christ
(Messie) et
celui de Fils était conforme à la tradition biblique
(cf. PS 2, 7; PS 109 [110]) - ce
qui relativise la différence entre les versions de la confession de foi
données par Marc et par Luc et la rend beaucoup moins profonde que ne le
disent Grelot et d'autres exégètes. Chez Luc, nous l'avons vu, Pierre
reconnaît Jésus comme « le Messie (l'Oint, le Christ) de Dieu ». On retrouve
ici ce que le vieux Siméon avait dit de l'enfant Jésus en proclamant qu'il
était le Messie (l'Oint) du Seigneur (cf.
Lc 2, 26). À l'opposé, sous la croix, « les chefs » du peuple
raillaient Jésus en disant : « II en a sauvé d'autres : qu'il se sauve
lui-même, s'il est le Messie de Dieu, l'Élu ! »
(Lc 23, 35). Ainsi, tel un arc
tendu depuis l'enfance de Jésus jusqu'à la croix en passant par la
confession de foi faite à Césarée de Philippe, les trois textes montrent
cette appartenance unique de « l'Oint » à Dieu.
Mais l'Évangile de Luc, précise Benoît XVI, évoque aussi une autre circonstance importante pour
la foi des disciples en Jésus : l'histoire de la pêche miraculeuse qui se
clôt par l'appel de Jésus à Simon Pierre et à ses compagnons à devenir ses
disciples. Pendant une nuit entière, les pêcheurs expérimentés n'avaient
pris aucun poisson, et voici que Jésus leur demande de sortir au large en
plein jour et de jeter les filets. La connaissance pratique qu'ont ces
hommes leur fait penser que ce n'est guère sensé, mais Simon répond malgré
tout : « Maître, sur ton ordre, je vais jeter les filets »
(Lc 5, 5). Et ils prennent une
telle quantité de poisson que Pierre est saisi d'effroi. Il tombe aux pieds
de Jésus en adoration et dit : « Seigneur, éloigne-toi de moi, car je suis
un homme pécheur » (5, 8).
Dans
ce qui est arrivé, il a reconnu le pouvoir de Dieu lui-même agissant à
travers la parole de Jésus, et cette rencontre directe avec
le Dieu vivant
en la
personne de Jésus le bouleverse au plus profond de lui-même. À la lumière et
sous le pouvoir de cette présence, l'homme reconnaît sa condition pitoyable.
Le tremendum divin lui est insupportable, il est trop violent pour lui. Du
point de vue de l'histoire des religions, ce texte est l'un de ceux qui
montrent avec le plus de force ce qui se produit lorsque l'homme se trouve
brusquement et directement confronté à la proximité de Dieu. Il ne peut
alors qu'être saisi d'effroi par rapport à lui-même et supplier d'être
délivré de la violence de cette présence. Témoin de cette irruption directe
de la proximité de Dieu lui-même en Jésus, Pierre l'exprime dans le titre
qu'il utilise pour s'adresser à Jésus : Kyrios
- Seigneur. C'est là
l'appellation par laquelle, dans l'Ancien Testament, on remplace le nom
imprononçable de Dieu révélé dans le Buisson ardent. Alors qu'avant le
départ en barque Pierre appelait Jésus Epistata, c'est-à-dire Maître,
Rabbi, il reconnaît maintenant en lui le
Kyrios.
Nous trouvons une situation analogue dans l'épisode où Jésus marche sur les
eaux du lac soulevées par la tempête, pour rejoindre la barque des
disciples. Pierre demande alors à pouvoir lui aussi marcher sur l'eau pour
aller au-devant de Jésus. Comme il menace de couler, Jésus étend la main
pour le sauver, et il monte dans la barque. À cet instant, le vent tombe. Et
il se passe la même chose que lors de la pêche miraculeuse : les disciples
dans la barque se prosternent devant Jésus, en signe d'effroi et d'adoration
à la fois. Et ils disent : « Vraiment, tu es le Fils de Dieu »
(cf. Mt 14, 22-33). Des
expériences de ce genre se retrouvent tout au long des Évangiles, et c'est
en elles que la confession de foi de Pierre telle que Matthieu la formule
(16, 16) trouve clairement son
fondement. En Jésus, les disciples avaient
perçu à maintes reprises et sous des aspects différents la présence du Dieu
vivant lui-même.
D'autres pages du dernier livre du
pape
Benoît XVI
Sources:
www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 24.06.2007 - BENOÎT XVI -
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