Les paraboles, note Benoît XVI, constituent le
cœur de la prédication de Jésus |
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Le 23 décembre 2007 -
(E.S.M.) - Nous sommes,
constate Benoît XVI, dans une situation comparable à celle des
contemporains et des disciples de Jésus et nous sommes sans cesse
obligés de lui demander ce qu'il veut nous dire dans chacune de ses
paraboles.
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Jésus de
Nazareth -
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Les paraboles constituent le cœur de la prédication de
Jésus
Chapitre 7 - Le message des paraboles
(pages 207 à 243)
1) Nature et finalité des
paraboles
Les paraboles constituent sans aucun doute le cœur de la prédication de
Jésus. Par-delà les changements intervenus dans les civilisations, elles ne
cessent de nous toucher par leur fraîcheur et leur humanité. Joachim Jeremias, à qui l'on doit un livre fondamental sur le sujet, a très
justement souligné que « le tour très personnel des paraboles de Jésus, leur
clarté et leur simplicité uniques, la maîtrise incomparable de leur
construction (J. Joachim, Die Gleichnisse Jesu, p. 18, voir bibliographie, p. 400) » apparaissent au grand jour lorsqu'on les compare au langage
imagé de l'apôtre Paul ou aux paraboles rabbiniques. Les particularités du
langage, où transparaît le texte araméen, nous font ressentir, elles aussi,
de façon très immédiate, la proximité de Jésus, la façon dont il vivait et
enseignait. Mais en même temps, relève Benoît XVI, nous sommes dans une situation comparable à
celle des contemporains et des disciples de Jésus et nous sommes sans cesse
obligés de lui demander ce qu'il veut nous dire dans chacune de ses
paraboles (cf. Mc 4, 10). L'effort pour parvenir à une juste compréhension
des paraboles traverse toute l'histoire de l'Église. L'exégèse
historico-critique a dû se corriger elle-même à plusieurs reprises, et les
informations qu'elle nous livre ne peuvent être définitives.
Dans son œuvre en deux tomes sur les paraboles de Jésus
(A. Jülicher, Die Gleichnisreden Jesu, voir bibliographie, p. 400), Adolf Jülicher, l'un des grands maîtres de l'exégèse
critique, avait inauguré une nouvelle phase de l'interprétation des
paraboles qui fit penser qu'on détenait en quelque sorte la clé définitive
pour en déchiffrer le sens. Jülicher fait tout d'abord ressortir la
différence radicale entre allégorie et parabole. Dans la culture
hellénistique, l'allégorie s'était développée en tant que forme
d'interprétation de textes religieux anciens faisant autorité, mais qui
n'étaient plus assimilables en l'état. On les expliquait donc en cherchant
derrière le sens littéral des mots un contenu mystérieux voilé par la forme.
Il était dès lors possible de comprendre le langage des textes comme un
discours métaphorique que l'on interprétait ensuite pas à pas, point par
point, en présentant comme son contenu réel la vision philosophique censée
se trouver sous les images. À l'époque de Jésus, l'allégorie était la forme
habituelle de l'expression imagée. Il était donc naturel que les paraboles
construites sur ce modèle soient interprétées comme des allégories. Dans les
Évangiles eux-mêmes, on trouve à plusieurs reprises des interprétations
allégoriques de paraboles, mises dans la bouche même de Jésus, par exemple
celle du semeur et de la semence tombée au bord du chemin, sur le sol
pierreux, sous les ronces ou encore sur la bonne terre
(cf. Mc 4, 1-20). Jülicher, lui, fait une distinction très nette
entre l'allégorie et les paraboles de Jésus, montrant
que justement il ne s'agit pas d'allégories, mais d'extraits de la
vie réelle dans lesquels tout s'articule autour d'une
seule idée, qui doit être formulée de la façon la plus générale possible,
autour d'un « point saillant » unique. Aussi considère-t-il les
interprétations de type allégorique mises dans la bouche de Jésus comme des
ajouts ultérieurs résultant bel et bien d'un malentendu.
Cette distinction entre allégorie et parabole, qui constitue l'idée
fondamentale de Jülicher, est juste en tant que telle et fut aussitôt
adoptée par l'ensemble des exégètes. Mais au fil du temps, il apparut de plus en plus clairement que cette vision des choses
avait ses limites. Car s'il est juste de
distinguer entre parabole et allégorie, les séparer radicalement ne peut se
justifier, ni historiquement, ni objectivement. Le judaïsme lui
aussi, tout spécialement dans la littérature apocalyptique, avait recours au
discours allégorique; parabole et allégorie peuvent
parfaitement être mêlées. Joachim Jeremias a montré que le mot hébreu
mashal (parabole,
énigme) englobe les genres les plus divers : « parabole,
comparaison, allégorie, fable, proverbe, discours apocalyptique de
Révélation, énigme, pseudonymes, symbole, personnification, exemple
(modèle), thème,
argumentation, excuse, objection, mot d'esprit
(J. Jeremias, Die Gleichnisse Jesu, op. cit., p. 29)
». Antérieurement, l'école de l'histoire des formes (Formgeschichte)
avait déjà tenté une avancée en classant les paraboles selon des catégories.
« On distingua entre métaphore, comparaison, parabole, similitude,
allégorie, exemple (Ibid., p. 28).
»
En figeant la parabole dans l'appartenance à un genre littéraire unique,
on commettait déjà une erreur. A plus forte raison, on doit considérer
comme caduc le « point saillant » que Jülicher a cru pouvoir ériger en
unique centre de la parabole. Deux exemples suffiront. Selon lui, la
parabole du riche insensé (cf. Lc 12,
16-21) signifierait que « l'homme, même le plus riche, est à
chaque instant totalement dépendant de la grâce et du pouvoir divins ». Le
point saillant de la parabole de l'administrateur infidèle
(cf. Lc 16, 1-12) serait « la mise
à profit résolue du présent, prémisse d'un avenir agréable ». Voici le
commentaire qu'en fait, à juste titre, Jeremias : « Les paraboles, on le
voit, prêchent la venue d'une humanité réellement religieuse ; mais de leur
contenu eschatologique, il ne reste rien. Insensiblement on fait de Jésus un
"apôtre du progrès (A. Jülicher, Die Gleichnisreden Jesu, op. cit., II, p. 483)
", un maître de sagesse qui, en se servant d'histoires et de
métaphores faciles à retenir, inculque à ses auditeurs des maximes morales
et une théologie simplifiée. Mais rien ne ressemble
moins à Jésus (J. Jeremias, Die Gleichnisse Jesu, op. cit., p. 28)
! » Charles W. F. Smith est encore plus draconien : «
On n'eût pas crucifié quelqu'un qui racontait des
histoires agréables pour enseigner une morale de prudence. »
Si je m'étends de façon aussi circonstanciée indique Benoît XVI, c'est que
cela nous permet de découvrir les limites de l'exégèse
libérale, considérée à son époque comme le nec plus ultra de
la rigueur scientifique et de la fiabilité historique, à laquelle même les
exégètes catholiques jetaient des regards jaloux et admiratifs. Nous avons
déjà vu à propos du Sermon sur la montagne qu'en faisant de Jésus un
moraliste, quelqu'un qui enseigne une morale éclairée et individualiste, ce
type d'exégèse, en dépit de ses acquis historiques, est insuffisant du
point de vue théologique et incapable de prendre la véritable mesure de
la personne réelle de Jésus.
à suivre ...
2) En se référant au Royaume
de Dieu, les paraboles renvoient au Christ, qui est le vrai visage du
royaume.
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Sources: www.vatican.va
-
E.S.M.
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Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 23.12.2007 - BENOÎT XVI
- T/J.N. |