Benoît XVI
veut d’abord protéger la foi du peuple |
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ROME, le 22 Avril 2007 -
(E.S.M.) -
Les quelques réflexions qui suivent sont un excellent résumé des
différentes questions que se posent bien des personnes qui ne sont pas
suffisamment informées sur la vie de l'Eglise. Par ses réponses
explicites, le cardinal Bertone nous permet de mieux comprendre le pape
Benoît XVI.
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Je veux être
un collaborateur loyal du Saint-Père -
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C'est ici
Le pape Benoît XVI veut d’abord protéger la foi du peuple
Dimanche 22 avril 2007
"Il faut obéir à Dieu
plutôt qu’aux hommes." Ac 5, 27-32.40-41
"Lui, l’Agneau immolé, il est digne de recevoir puissance et richesse,
sagesse et force, honneur, gloire et bénédiction." Ap 5, 11-14
"Sois le berger de mes brebis" Jn 21, 1-19
Interview du Cardinal Bertone
"capable
d’interpréter parfaitement la pensée et la volonté du Saint-Père"
Eminence, comment définir le rôle du secrétaire d’Etat
du Vatican ?
Le cardinal Bertone – Le secrétaire d’État est le premier collaborateur du
pape, le premier qui l’aide dans sa mission universelle, tant pour la vie de
l’Eglise que pour les relations avec les États ou les organisations
internationales. Comme à l’époque où j’étais le secrétaire de la
congrégation pour la Doctrine de la foi, que présidait le cardinal
Ratzinger, je veux être un collaborateur loyal du
Saint-Père, capable d’interpréter parfaitement sa pensée et sa volonté pour
la transmettre à tous les niveaux de la curie romaine, à l’épiscopat du
monde entier et à tous les représentants diplomatiques du pape.
Benoît XVI vient de publier une exhortation
apostolique, «
Sacramentum Caritatis » (le
sacrement de l’amour), consacrée à l’eucharistie. Ce texte insiste sur la
dimension sacrée de la liturgie catholique.
Le pape a souvent expliqué que la réforme voulue par le concile Vatican II
avait pour véritable objectif de remettre Dieu au centre de la liturgie et
de permettre au peuple chrétien de comprendre le sens des grands rites.
Vatican II désirait conserver la valeur intrinsèque de la liturgie, tout en
permettant aux fidèles une participation à la célébration du sacrifice
divin. Le Saint-Père demande donc aux évêques, aux
prêtres et aux fidèles une véritable application des textes du concile,
par exemple par l’emploi du latin et du grégorien, que la réforme de Paul VI
n’a jamais proscrits, mais bien au contraire, voulait conserver à leur juste
et grande place.
Pourquoi le cardinal Ratzinger, et maintenant le
pape Benoît XVI, ont-ils si souvent condamné les interprétations jugées
abusives de la liturgie ?
L’application des grandes orientations du concile a malheureusement pu
connaître des traductions plus ou moins erronées, conduisant à des
appauvrissements notables. Les fruits de la réforme liturgique du concile
n’en restent pas moins considérables. Il est vrai que
les abus doivent être combattus, car une partie du peuple chrétien a pu
s’éloigner de l’Eglise en raison de ces errements. Les erreurs ne
sont pas dans les textes du concile, mais dans les
comportements de ceux qui ont prétendu interpréter à leur propre guise
la réforme liturgique de Vatican II.
Un décret élargissant la possibilité de célébrer la
messe en latin selon le rite antérieur à Vatican II (la messe dite de saint
Pie V) est-il toujours prévu ?
La valeur de la réforme conciliaire est intacte. Mais tant pour ne pas
perdre le grand patrimoine liturgique donné par saint Pie V que pour accéder
au souhait des fidèles qui veulent assister à des messes selon ce rite, dans
le cadre du missel publié en 1962 par le pape Jean XXIII, avec son
calendrier propre, il n’y a aucune raison valable de ne pas donner aux
prêtres du monde entier le droit de célébrer selon cette forme.
L’autorisation du souverain pontife laisserait évidemment toute sa validité
au rite de Paul VI. La publication du motu proprio précisant cette
autorisation aura lieu, mais ce sera le pape Benoît XVI lui-même qui
expliquera ses motivations et le cadre de sa décision. Le souverain pontife
donnera personnellement sa vision de l’utilisation de l’ancien missel au
peuple chrétien, et en particulier aux évêques.
En Europe occidentale, l’Eglise connaît une crise
importante des vocations sacerdotales et religieuses. Comment enrayer la
chute ?
Contrairement aux idées reçues, il faut rappeler qu’il y a toujours eu des
périodes de crise des vocations, puis des mouvements de reprise. Si la crise
actuelle remonte aux années 1965 et suivantes, son amplitude fut très
différente d’un pays à l’autre. Aujourd’hui, nous observons des signes
évidents de renouveau. En Italie, de nombreux diocèses connaissent une
augmentation certaine des vocations. J’ai par ailleurs le sentiment que les
nouvelles vocations sont plus fortes et plus mûres qu’en d’autres temps.
Une des raisons de la baisse du nombre
d’ordinations ne réside-t-elle pas dans le manque d’attrait, et peut-être de
solidité, de la formation intellectuelle et spirituelle des futurs prêtres
dans les séminaires diocésains, en France particulièrement ?
Effectivement, la formation des futurs prêtres est fondamentale. Le cursus
des séminaristes doit intégrer une excellente appréhension des vertus
sacerdotales, en particulier le célibat, la prière et la consécration
inconditionnelle au Christ. Les supérieurs des
séminaires ont l’obligation de réfléchir à l’importance de la formation à
une vie de prière authentique. Par ailleurs, la promotion des
vocations doit être constante. Il y a eu dans ce
domaine un certain laisser-aller, totalement inadmissible et pour le moins
surprenant. Dans mon ancien diocèse de Gênes, j’ai le souvenir de
jeunes qui ont renoncé à de futures carrières professionnelles très
brillantes, pour entrer au séminaire avec l’idée d’aider l’Eglise et le pape
à changer le monde. Ces jeunes sont des modèles rayonnants, et leur
épanouissement au service de l’Eglise doit être donné en exemple.
Il semble que le Saint-Siège rencontre des
difficultés persistantes avec le monde des médias. Beaucoup d’analystes
soulignent même une certaine difficulté de l’Eglise à communiquer.
Nous sommes effectivement confrontés à un problème d’une extrême gravité.
Les messages de l’Eglise sont soumis à une forme de
manipulation et de falsification de la part d’un certain nombre de médias
occidentaux. J’observe une fixation de certains journalistes sur les
thèmes moraux, comme l’avortement ou les unions homosexuelles, qui sont bien
sûr des enjeux très importants, mais qui ne résument absolument pas la
pensée et l’oeuvre de l’Eglise. Ainsi, force est de constater le peu d’échos
apporté par la presse aux activités sociales et caritatives des milliers
d’organisations catholiques dans le monde. Pourquoi
ce silence assourdissant ? Si nous repensons au discours du pape
à Ratisbonne, je ne comprends pas l’erreur des médias qui n’ont jamais
souligné que les propos du Saint-Père ne portaient pas spécifiquement sur
l’islam, que le thème central de son intervention était celui de Dieu
présent au centre de la vie sociale, une société sans Dieu étant destinée à
l’autodestruction. La pensée de Benoît XVI a été proprement occultée.
Les commentateurs qui isolent des phrases, dans une extrapolation
fallacieuse des choses, se livrent à un exercice malhonnête de leur métier.
Archevêque de Gênes, vous avez eu des propos très
virulents contre le livre et le film « Da Vinci code ». A posteriori,
comment jugez-vous ce phénomène ?
Nous retrouvons aujourd’hui le même type d’attaque avec le film de James
Cameron, qui prétend avoir retrouvé l’ossuaire du Christ et de sa famille.
Il s’agit d’une stratégie menée contre l’Eglise et contre la figure divine
du Christ. Ces campagnes cherchent à saper la foi du peuple chrétien et la
confiance des fidèles envers l’Eglise. Concernant le Da Vinci code, il était
impossible, même dans le cadre d’une oeuvre romanesque, de laisser sans
réponse de telles inventions et de telles stupidités, qui ont pour seule
source la malveillance la plus cupide. Les évangiles apocryphes, auxquels
ces films ou ces livres se réfèrent, ne sont pas, comme certains cherchent à
le faire croire, une découverte contemporaine. La plupart de ces textes sont
connus depuis l’Antiquité. Les évangiles apocryphes les plus anciens
remontent au IIIe siècle après. J.-C., alors que les Évangiles reconnus par
l’Eglise ont été écrits, au plus tard, quelques décennies après la vie, la
mort et la résurrection du Christ. Les auteurs qui cherchent à semer la
confusion entre ces deux sources profitent de l’ignorance religieuse.
L’Eglise doit donc reprendre en main l’organisation de la catéchèse,
renouveler la prédication de ses pasteurs et dénoncer systématiquement les
mensonges. Le Saint-Père résume parfaitement ce combat en expliquant que
nous avons le devoir d’affirmer ensemble les raisons historiques,
philosophiques et théologiques de la foi.
Pourquoi Benoît XVI donne-t-il à la lutte contre le
relativisme une place aussi importante ?
La dénonciation des ravages du relativisme constitue
un défi historique pour l’Eglise. Car une société qui considère que
rien n’a vraiment d’importance et que tout se vaut ne peut plus reconnaître
une vérité absolue, ni même partager des valeurs universelles. Le pape
benoît XVI veut rappeler l’importance du droit naturel, sur lequel se
fondent les normes de la communauté internationale.
Le procès de Nuremberg n’aurait pu avoir lieu sans les bases d’une morale
naturelle reconnue, qui précède les autres lois. Dans la Lettre aux Romains,
saint Paul écrit bien que cette morale est inscrite dans le coeur de
l’homme. Il faut combattre le relativisme en cherchant à expliciter le
véritable lien qui existe entre la foi et la raison : la foi et la raison ne
s’opposent pas.
L’introduction d’une nouvelle religion sur le sol
européen, avec l’islam, ne représente-t-elle pas un autre défi nouveau pour
l’Eglise ?
Le multiculturalisme est aujourd’hui un fait dans un certain nombre de pays
européens, en particulier la France.
L’Eglise en prend acte, et entend naturellement se mesurer à cette
situation.
La présence catholique et chrétienne en Europe
présuppose une affirmation sans complexe de notre identité. Nous
revenons ainsi à l’impérieuse nécessité de la catéchèse et de l’éducation,
en particulier l’éducation morale. Les racines chrétiennes de l’Europe sont
avant tout des repères spirituels et moraux. La connaissance de ce que nous
sommes permet la confrontation et le dialogue avec d’autres cultures et
d’autres visions de l’homme. Dans son discours de Ratisbonne, le Saint-Père
a bien précisé qu’une saine confrontation avec l’islam n’est pas seulement
une nécessité de fait, mais une exigence afin de concevoir les principes qui
peuvent nous unir, ainsi que nos différences. Au-delà de la vaine polémique
qui a suivi ce discours, de nombreux penseurs de l’islam ont perçu
positivement cette invitation du pape à confronter nos deux systèmes.
Dans nos sociétés laïques, quelle peut être la
place de l’Eglise dans l’espace public ?
La laïcité, c’est l’autonomie de la sphère civile et politique par rapport à
la sphère religieuse, non par rapport à la morale. Je regrette que certains
États, en particulier la France, se
soient tant opposés à l’inscription des racines chrétiennes dans le projet
non abouti de Constitution européenne. Il ne faut pas
confondre la laïcité et le laïcisme. La foi n’est pas un fait privé :
elle touche l’ensemble des composantes de la vie de la cité. En France, la
foi a été le moteur d’oeuvres sociales caritatives immenses, telles que la
Société de Saint-Vincent-de-Paul ou le Secours catholique. La foi exige donc
une grande visibilité.
Quels sont les souvenirs particuliers que vous
gardez de votre longue fréquentation du Saint-Père ? Quels sont, selon vous,
les traits marquants de sa personnalité ?
Benoît XVI est d’abord un grand penseur, un authentique intellectuel, qui
peut pourtant exprimer sa réflexion avec des mots très clairs. Préfet de la
congrégation pour la Doctrine de la foi, il disait qu’il était d’abord un
protecteur de la foi des simples, contre tous les systèmes obscurs des
intellectualistes. Le pape veut d’abord protéger la
foi du peuple. J’entends souvent cette réflexion humoristique
selon laquelle les fidèles venaient autrefois voir le grand pape Jean-Paul
II, alors que maintenant, ils viennent entendre Benoît XVI. Le Saint-Père
est un homme très doux, très affable, et toujours cordial. Il cultive
l’amitié. Lorsque je travaillais à ses côtés à la congrégation pour la
Doctrine de la foi, je m’étais rendu compte qu’il avait un réseau d’amis
absolument extraordinaire, issus de tous les milieux et de toutes les
religions. Alors qu’il traversait à pied la place Saint-Pierre pour se
rendre à son bureau, les jeunes venaient toujours vers lui pour discuter
librement de leurs vies, de la foi et de Dieu.
Sources: Figaro Magazine
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E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.04.2007 - BENOÎT XVI -
Table S.C. |