Benoît XVI va-t-il décevoir? |
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CITE DU VATICAN, le 22 Février 2007 -
(E.S.M.)
- Recevant ce matin les prêtres du diocèse de
Rome le pape Benoît XVI a annoncé qu’il signerait bientôt l’Exhortation
post-synodale sur l’Eucharistie qui devrait aider "tant dans la
célébration liturgique que dans la méditation personnelle, la
préparation des homélies, mais aussi dans la célébration de
l’Eucharistie et la revitalisation de la piété populaire".
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Dépouiller Pierre pour
habiller Paul n'est pas une solution d'avenir, comme chacun sait.
Benoît XVI va-t-il décevoir?
Recevant ce matin les prêtres du diocèse de Rome le pape Benoît XVI a annoncé qu’il signerait bientôt l’Exhortation post-synodale sur
l’Eucharistie qui devrait aider "tant dans la célébration liturgique que
dans la méditation personnelle, la préparation des homélies, mais aussi dans
la célébration de l’Eucharistie et la revitalisation de la piété populaire".
Les fidèles attendaient un redressement de la liturgie; il n'a pas lieu.
Certains espéraient un motu proprio en faveur de la liturgie ancienne; il
n'est pas arrivé. Nombreux sont ceux qui souhaitaient des nominations
d'évêques issus d'une génération étrangère aux idées encore trop présentes
de 68; elles ne semblent pas être à l'ordre du jour.
Benoît XVI serait-il en train de décevoir ? C'est en tout cas une idée qui se
dégage à la lecture de nombreux sites Internet. Mais ne convient-il pas de
dépasser les premières impressions et d'analyser les choses plus en détail
pour ce qui touche directement à la situation de la France ?
Concernant la liturgie: que peut faire le pape face à une fronde épiscopale
déclenchée par l'idée d'un motu proprio libéralisant la liturgie d'avant
Vatican II? Que peut faire le pape lorsqu'il doit s'appuyer sur des évêques
persuadés qu'il n'y a pas de problèmes en liturgie ? Que peut faire le pape
lorsqu'il est face à des évêques convaincus que les orientations
conciliaires sont appliquées dans les diocèses ?
Revenons un instant sur le communiqué que les évêques de la province
ecclésiastique de l'Est (Besançon) ont adressé à Benoît XVI en apprenant la
publication d'un motu proprio et voyons ce qu'il révèle.
Texte: "Réunis, le 25 octobre 2006 à Lons-le-Saunier, dans le cadre de
l'Instance Régional Évêques Prêtres, les évêques de la Province
ecclésiastique de Besançon et les évêques des diocèses concordataires de
Strasbourg et de Metz ont décidé de faire part au Saint-Siège de leurs
inquiétudes suscitées par la création de l'Institut du Bon Pasteur, dans
l'archidiocèse de Bordeaux, et l'éventualité de la publication d'un Motu
proprio du Pape Benoît XVI généralisant l'usage du rite tridentin pour la
célébration de la messe."
Commentaire. Comment ne pas avoir l'impression que des évêques font
comprendre qu'eux, de là où ils sont, ont une vision claire et objective des
problèmes de l'Eglise que le pape, n'a pas ? Et qu'en est-il du charisme
d'infaillibilité ? Est-ce le Successeur de Pierre qui en jouit, ou un
collectif d'évêques?
Texte: "Les évêques, soucieux du bien commun et de l'unité de l'Eglise, ont
pris cette initiative en raison du trouble ressenti par beaucoup de fidèles,
de diacres et de prêtres de leurs diocèses respectifs."
Commentaire. Il est pour le moins curieux de voir des pasteurs diocésains
s'inquiéter de l'unité de l'Eglise, alors que pendant des années il ne fut
question que de "pluralisme" et de "respect des diverses sensibilités". On
peut aussi être surpris d'apprendre que des fidèles ont été "troublés". De
quels fidèles s'agit-il ici ? Des 5% qui pratiquent encore ? De quels prêtres
parle t-on ? De ceux qui constituent ce clergé n'ayant jamais été capable de
célébrer la liturgie issue de Vatican II faute de n'avoir jamais bénéficié
d'une formation théologique solide ?
Il devient assez difficile de croire que les signataires du communiqué adressé
au Siège apostolique soient au courant de la réalité.
Texte: "Estimant que la liturgie est l'expression de la théologie de
l'Eglise, les évêques redoutent que la généralisation de l'usage du Missel
romain de 1962 ne relativise les orientations du concile Vatican II. Une
telle décision risquerait aussi de mettre à mal l'unité entre les prêtres,
autant qu'entre les fidèles."
Commentaire.
Si la liturgie est l'expression de la théologie de l'Eglise,
comment se fait-il qu'on ne trouve pas aujourd'hui deux messes célébrées de
la même façon ? Comment peut-on justifier que chaque célébrant, puisse
s'autoriser à accommoder la liturgie à sa façon?
Mais il y a plus consternant: les signataires du communiqué laissent
clairement entendre qu'une décision prise par le pape mettrait à mal l'unité
entre les prêtres autant qu'entre les fidèles. Le Successeur de Pierre est
donc présenté ici comme un diviseur potentiel au sein de l'Eglise.
Gravissime allégation! Qui ne voit que nos évêques font ici, à l'encontre du
pape, preuve d'une inconvenance qui n'a que l'excuse de l'insuffisance de
leur formation théologique ?
Texte: "Depuis de nombreuses années d'importants efforts de formation
liturgique ont été réalisés, les évêques s'en réjouissent et encouragent
leurs diocésains à poursuivre le travail engagé."
Commentaire.
Et pourtant... partout - à de très rares exceptions près - où
la liturgie est organisée par des fidèles ayant bénéficié d'une formation
dispensée au sein des instances diocésaines, c'est la catastrophe.
Une autre question mérite d'être posée ici: c'est celle qui concerne les
récentes nominations d'évêques. A première vue, il y a de quoi être
dubitatif. Mais là encore, il faut regarder plus loin et considérer les
choix qui s'offrent à Benoît XVI pour nommer des pasteurs diocésains dans le
contexte que connaît l'Eglise en France.
Première possibilité: transférer tel évêque déjà en poste à un nouveau
siège. On ne fait alors que déplacer le problème. Dépouiller Pierre pour
habiller Paul n'est pas une solution d'avenir, comme chacun sait.
Deuxième possibilité: sacrer évêques des personnes bien en vue, et qui ont
déjà su faire parler d'elles. Le problème, dans ce cas, est que nous
n'aurions plus que des carriéristes à la tête des diocèses, des gens ayant
tout fait pour être mitrés et se faire appeler "monseigneur"... Mais l'on
sait que le pape se méfie de ces clercs souvent aussi ambitieux
qu'intrigants: il l'a dit en commentant le Chemin de Croix du
Colisée 2005, et il vient de le répéter aux jeunes gens qui se préparent à la
prêtrise au Séminaire de Rome. (Benoît
XVI partage les "secrets" pour être un bon séminariste et futur prêtre)
Troisième possibilité: trouver un prêtre vraiment capable d'assumer une
charge épiscopale. Il en existe dans les diocèses... Mais le problème vient
de ce que de plus en plus souvent, ces hommes, généralement discrets,
refusent d'accéder à l'épiscopat. Il en ont le droit. Qui pourrait leur
faire grief de refuser une fonction risquant de leur faire perdre leur santé
spirituelle, psychologique et physique ? Quel homme serait assez fou pour
accepter de n'être plus que le gérant de structures diocésaines qui tournent
à vide, le responsable d'un clergé vieillissant, théologiquement peu formé,
sans relève? Quel homme serait assez fou pour imaginer pouvoir redresser la
situation ?
Il est donc évident que les marges de manoeuvre du pape sont assez limitées
en France: heureux est-il s'il trouve encore des prêtres simplement
capables, une fois sacrés évêques, d'administrer des structures diocésaines
sans faire de vagues, ni dans un sens ni dans l'autre. On le voit bien:
l'épiscopat français est le moins diplômé au sein de l'Eglise universelle. Au
lieu d'y trouver des hommes ayant une solide formation théologique, on n'y
voit que des gens ayant touché un peu à tout, mais sans vraiment rien
approfondir.
Nous avons, bien sûr, le droit d'être déçus de cette situation, mais nous
n'avons pas le droit d'en être inquiets ou désespérés.
Qui, aujourd'hui, se souvient de la situation dans laquelle se trouvait
l'Eglise aux Pays-Bas lorsque Jean-Paul II fut nommé pape ? Qui se souvient
qu'une émission télévisée qui présentait l'Eglise en Hollande avait dû être
diffusée... accompagnée du "carré blanc" qui signifiait à l'époque que le
document était interdit aux moins de 18 ans ? Telle était la situation dans
ce pays autrefois si catholique. Mais bien des années, plus tard, une
théologienne des Pays-Bas disait à des catholiques français qui évoquaient
la crise traversée par l'Eglise dans leur pays: "Vous, en France, vous
continuez à descendre lentement mais sûrement; cependant, vous n'avez pas
encore touché le fond de la piscine comme nous l'avons touché, nous, bien
avant vous, aux Pays-Bas. Quand vous l'aurez touché, alors vous pourrez
donner le coup de pied qui vous fera enfin remonter à la surface."
Alors déçus ? Oui, sûrement. Inquiets ? Non... Évitons de nous comporter comme
les disciples dont la barque était prise dans une tempête pendant que le
Maître dormait paisiblement. "Pourquoi avez-vous peur, gens de peu de foi ?"
leur dit-il... (cf. Mt 8, 25).
Source:
PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 22.02.2007 - BENOÎT XVI - LITURGIE |