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Quant au projet attribué à Benoît XVI d'autoriser à nouveau la messe
dite "de S. Pie V"
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ROME, le 21 octobre 2006 -
(E.S.M.) - Il y a quelques temps, une information du Vatican a
donné à entendre que le pape Benoît XVI aurait préparé un document -
un Motu proprio - dans lequel il donnerait des instructions
concernant une réhabilitation totale de la forme qu'avait la
liturgie romaine avant Vatican II.
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Encensement pendant le Magnificat: cathédrale St. Louis de Versailles
Quant au projet
attribué à Benoît XVI d'autoriser à nouveau la messe dite "de S. Pie V"
VERS UNE
REFORME DE LA REFORME? COMMENT?
Il y a quelques temps, une information du Vatican a donné
à entendre que le pape Benoît XVI aurait préparé un document - un Motu
proprio - dans lequel il donnerait des instructions concernant une
réhabilitation totale de la forme qu'avait la liturgie romaine avant Vatican
II. La nouvelle a été reçue "cinq sur cinq" par ceux qui attendaient une
telle directive, comme par ceux qui s'offusquent d'une possibilité de
pouvoir célébrer la messe "à l'ancienne".
Naturellement, une telle
nouvelle touche tout le petit monde catholico-français... ou
franco-catholique. Certains évêques se fâchent tout rouge en disant qu'on ne
peut pas instaurer un bi ritualisme dans les diocèses.
Mais n'ont-ils pas réalisé qu'il existe depuis 40 ans un multi ritualisme
qu'ils ont eux-mêmes laissé se mettre en place? D'autres évêques
n'acceptent pas ce qu'ils appellent un "retour en arrière". Mais peuvent-ils
ignorer que le problème liturgique qu'ils ont sous les yeux est le résultat
d'années de silence épiscopal face aux fantaisies liturgiques généralisées
qui leur avaient pourtant été signalées?
On ne récolte que ce qu'on
a semé...
Mais il y a encore un autre son de cloche: c'est celui du
monde "traditionaliste". Lorsqu'on consulte certains blogs ou certains sites
internet, on ne peut qu'être étonné du ton employé par certains
"traditionalistes" (le terme n'a ici rien de péjoratif) ayant entendu parler
du futur document magistériel. Certains de ces fidèles attachés à la
liturgie préconciliaire semblent soudain pris d'une véritable frénésie de
revanche; ils se disent que "ça y est: la roue tourne enfin". Et ils croient
que l'histoire va leur donner raison.
Mais posons une autre question:
qu'est-ce qui peut pousser le Saint-Père Benoît XVI à publier un document en
faveur d'un retour officiel de l'ancienne forme du rite romain? Réponse
possible parmi d'autres: n'est-ce pas, au-delà de la seule question
liturgique qui a toute son importance, le souhait d'affaiblir le mouvement
"traditionaliste"? Car contre qui, contre quoi, pour qui et pour quoi se
battrons les "traditionalistes" une fois qu'ils auront obtenu la liturgie à
laquelle ils tiennent et qu'ils réclament depuis Vatican II? Contre le
Concile lui-même? Ce serait une grave erreur de leur part et ils le savent
bien: dans chacun de ses discours, en effet, Benoît
XVI se dit attaché d'une façon inconditionnelle à l'oeuvre de Vatican II.
Ce qui, soit dit en passant, devrait apaiser les craintes de nos évêques
conciliaires ou prétendus tels.
En réalité, il est permis d'imaginer
que lorsque les "traditionalistes" auront obtenu la liturgie qu'ils ont
toujours souhaitée, ils ne pourront plus aspirer à d'autres revendications.
Et n'ayant plus de doléance fédératrice à formuler, leurs mouvements
finiront peu à peu par s'étioler.
Pour autant, cela résoudra-t-il la
crise liturgique qui, qu'on l'admette ou pas, est bien réelle? Sûrement non,
car cette crise est aujourd'hui partagée d'une façon ou d'une autre par
tous, qu'on soit "traditionaliste", "conciliaire", ou "prétendu
conciliaire".
Voilà pourquoi il est également permis d'imaginer que
le document que Benoît XVI a prévu de publier en faveur des
"traditionalistes" dépassera la seule question de la liturgie dite
"tridentine", afin de permettre in fine une évolution dans le bon sens.
Ce document ne pourra de toute évidence que converger
avec l'exhortation post-synodale dont on attend aussi la publication et qui
abordera la question fondamentale de l'Eucharistie en allant plus loin que
la seule question du choix des rites.
Notre rôle à nous,
au sein de l'Association Pro Liturgia, est justement d'amener peu à peu à la
"réforme de la réforme" souhaitée par tous, et qui ne pourra se faire ni sur
la base d'un retour pur et simple à la la forme anté conciliaire du rite
romain (forme "extraordinaire") ni sur la base d'une pérennisation des
mauvaises habitudes prise dans la majorité des paroisses qui se réclament du
Concile, mais essentiellement sur la découverte de ce que doit être vraiment
la forme "ordinaire" de l'unique rite romain.
Pour ce faire, nous ne
devons surtout pas nous priver d'employer toute la palette des éléments
liturgiques que d'aucuns peuvent juger dépassés: l'intégral de la
célébration en latin, l'usage sans limite du chant grégorien, la célébration
dite "dos au peuple", la dignité des célébrations... autant d'éléments
positifs contre lesquels les évêques ne peuvent rien parce que, précisément,
ils sont - comme pourrait bien leur rappeler Benoît XVI en citant les termes
de Vatican II - les gardiens et les promoteurs de
la liturgie de l'Eglise.
MGR
CLAUDE DAGENS ET LA LITURGIE
Dans un article paru dans
l'hebdomadaire "La Vie", Mgr Claude Dagens, Evêque d'Angoulême, a jugé "grave
et inquiétant" le projet attribué au pape Benoît XVI d'autoriser
à nouveau la messe dite "de S. Pie V". "Si jamais on voulait, de manière
autoritaire, imposer un bi ritualisme, on serait dans une situation grave et
préoccupante", note Mgr Dagens, qui estime qu'alors l'unité de l'Eglise
serait en jeu. Pour lui, "il y a des raisons très profondes et douloureuses"
dans le schisme des traditionalistes, "qui sont théologiques".
Qu'on
nous permette de conseiller respectueusement à Mgr Dagens de lire les lignes
qui suivent:
"(...) Cette profondeur inimaginable du don de Dieu
[dans l'Eucharistie] accuse nos étroitesses et nos refus, et nous appelle à
sortir de nous-mêmes pour mettre en oeuvre la réconciliation et l'amour
fraternel. (...) Pas d'Eucharistie authentiquement digne du Christ sans
engagement au partage, au pardon et à la réconciliation. (...) Il nous
arrive, à nous chrétiens, d'être frappés d'amnésie, d'oublier la réalité de
ce que Dieu fait pour nous, de passer à côté de sa présence. Il nous arrive
aussi de céder au scepticisme ambiant, et de nous consoler en observant pour
ainsi dire du dehors les tensions qui traversent notre Eglise. A moins que
nous ne nous disputions pour savoir si nos messes sont modernes ou
traditionnelles, ou que nous choisissions la fuite, lointaine ou proche,
pour ne plus voir la détresse de ces frères qui attendent de nous des gestes
effectifs de compréhension et de solidarité. (...) Déjà en 1976, à Lourdes,
Mgr Etchegaray était amené à constater que (...) "à
travers les remous actuels autour de la messe, il nous faut entendre la
sourde et vitale aspiration de croyants pour qui l'Eucharistie demeure le
grand signe par lequel le chrétien s'identifie au Christ et donc y puise sa
propre identité." (...)"
Ces propos, qui datent de 1981, sont signés... de l'Abbé Claude Dagens
Sources: Pro Liturgia -
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.10.2006 - BENOÎT XVI |