Benoît XVI parle du dimanche |
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Le 21 août 2008 -
(E.S.M.)
- Poursuivons
notre lecture de SC. Après avoir montré comment le dimanche, en tant que
principe du culte nouveau, transforme petit à petit l'existence
chrétienne jusqu'à l'union parfaite avec Dieu, Benoît XVI peut
expliciter une conséquence importante.
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Le
chrétien est celui qui vit selon le dimanche -
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Benoît XVI parle du dimanche
L'ecclésiologie eucharistique dans la Tradition
Lire la première partie :
Pour le pape Benoît XVI, l'eucharistie concentre en elle toute la foi -
20.08.08
Le dimanche d'après l'exhortation
apostolique post-synodale
Sacramentum Caritatis Fr.
Geoffroy Kemlin
II
Iuxta dominicain viventes : SC 72
1. Le chrétien
est celui qui vit selon le dimanche
SC 70-71 a donc montré que
dans l'eucharistie s'unissent culte et vie concrète puisque par elle les
fidèles reçoivent de s'offrir eux-mêmes, comme le Christ dont ils sont les
membres s'est offert lui-même au Père une fois pour toutes.
C'est de
là que part Benoît XVI pour parler du dimanche : les premiers chrétiens ont
eu une telle conscience du rôle de l'eucharistie dans leur vie que Ignace
d'Antioche (martyr v. 105, dont les lettres ont toujours
joui d'une très grande autorité) définit les chrétiens comme «
ceux qui vivent selon le dimanche » : iuxta dominicam viventes.
Précisons tout de suite que dominicus, dominica
signifie aussi bien dimanche que eucharistie :
le dimanche est le jour de la résurrection du Seigneur, et l'eucharistie est
la perpétuation du mystère pascal. Les deux choses sont pratiquement
équivalentes dans l'Église primitive (Ac 20, 7).
Tout ce qu'on a dit de l'eucharistie vaut aussi du dimanche : vivre selon le
dimanche ou vivre selon l'eucharistie, c'est la même chose.
En
définissant les chrétiens par l'expression iuxta dominicain viventes,
Ignace montre bien que l'eucharistie transforme et détermine la vie
concrète. Il ne les définit pas par leur foi, ni par l'amour du prochain,
par exemple, mais par le fait qu'ils célèbrent l'eucharistie le dimanche,
car dans l'eucharistie, « foi, culte et ethos se compénètrent
mutuellement comme une unique réalité. Ici, l'opposition habituelle entre
culte et éthique tombe tout simplement. » (Deus
Caritas est 14). Elle est « la
source et le sommet de la vie chrétienne » (LG 11).
On comprend pourquoi l'expression « chrétien non
pratiquant » n'a pas de sens, pas plus que le fait de pratiquer tout en
menant une vie contraire à l'Évangile.
2. Le sens de la
répétition de l'eucharistie
Le sacrifice du Christ a eu lieu une
fois pour toutes (cf. He 9, 11-12). Cependant,
son effet en nous ne se réalise pas sans nous ; notre volonté blessée par le
péché ne se transforme que petit à petit pour parvenir à la pleine liberté
de l'adhésion à Dieu. C'est la raison d'être de l'eucharistie qui « perpétue
le sacrifice de la croix » (Sacrosanctum
Concilium 47). SC 71 : « Puisqu'elle
implique la réalité humaine du croyant dans le concret du quotidien,
l'Eucharistie rend possible, jour après jour, la transfiguration progressive
de l'homme, appelé par grâce à être l'image du Fils de Dieu. »
L'Esprit de la liturgie, p. 49 : « Dans la mesure où ce sacrifice nous
comprend, il n'est pas encore parvenu à son achèvement. Le semel
(une fois pour toutes) doit atteindre son
semper (toujours). Le sacrifice ne sera
achevé qu'au moment où le monde sera devenu ce lieu d'amour, décrit par
saint Augustin dans La Cité de Dieu. Alors seulement le culte sera
l'accomplissement parfait de ce qui s'est déroulé au Golgotha. » De ce
mouvement, la célébration eucharistique est elle-même le moteur.
Deus Caritas est 13 : « L'Eucharistie nous attire dans l'acte
d'offrande de Jésus. Nous ne recevons pas seulement le Logos incarné
de manière statique, mais nous sommes entraînés dans la dynamique de son
offrande. »
3. Le sens du retour de l'eucharistie selon le rythme
de la nature
Le jour de la résurrection est le
1er jour après le sabbat (Mt 28, 1 ; Mc 16, 2.9
; Lc 24, 1 ; Jn 20, 1). De tradition apostolique
(cf. Ap 1, 10), on célèbre la résurrection tous les premiers
jours après le sabbat. La périodicité du Jour du Seigneur est donc celle du
sabbat juif.
La 1ère justification de
l'observance du sabbat que l'on rencontre dans l'AT est liée à la
création. Ex 20, 11 : « Tu te souviendras
du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et
tu feras tout ton ouvrage; mais le septième jour est un sabbat pour Yahvé
ton Dieu. Tu ne feras aucun ouvrage, toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton
serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l'étranger qui est dans tes
portes. Car en six jours Yahvé a fait le ciel, la
terre, la mer et tout ce qu'ils contiennent, mais il s'est reposé le
septième jour, c'est pourquoi Yahvé a béni le jour du sabbat et l'a consacré
(cf. Gn 2, 1). » Il s'agit du 3ème commandement
du décalogue, le code de l'alliance. Célébrer l'achèvement de l'œuvre divine
de la création fait donc partie de l'alliance. Cela signifie que la création
est le lieu de l'alliance ; autrement dit que la
création est pour le salut. Conséquence :
le culte a une dimension cosmique, il englobe la création et
l'accomplit.
La résurrection
donne à l'intérieur du salut une place plus grande encore à la création, car
par elle, le corps humain est assumé dans la gloire divine. Ce n'est pas une
aliénation par rapport à la nature, mais son achèvement gratuit et
transcendant. SC 10 : la mort et la résurrection de Jésus « renouvelle
l'histoire et le cosmos tout entier.» Rm 8, 19.21 : « La création en attente
aspire à la révélation des fils de Dieu [...] avec l'espérance d'être elle
aussi libérée de la servitude de la corruption pour entrer dans la liberté
de la gloire des enfants de Dieu. » C'est pour cette raison, que la
liturgie a un caractère cosmique. C'est précisément le but de L'Esprit de
la liturgie de le montrer (cf. p. 21).
Ecclesia De Eucharistia 8 : « Les cadres si divers de mes célébrations
eucharistiques me font fortement ressentir leur caractère universel et pour
ainsi dire cosmique. Oui, cosmique ! Car, même lorsqu'elle est
célébrée sur un petit autel d'une église de campagne, l'Eucharistie est
toujours célébrée, en un sens, sur l'autel du monde.
Elle est un lien entre le ciel et la terre. Elle englobe et elle imprègne
toute la création. Le Fils de Dieu s'est fait homme pour restituer toute la
création, dans un acte suprême de louange, à Celui qui l'a tirée du néant. »
SC 47 : « Dans le pain et le vin que nous apportons à l'autel, toute la
création est assumée par le Christ Rédempteur pour être transformée et
présentée au Père. » SC 92 : « Dans la relation entre l'Eucharistie et le
cosmos, en effet, nous découvrons l'unité du dessein de Dieu et nous sommes
portés à saisir la profonde relation entre la création et la "nouvelle
création" inaugurée dans la résurrection du Christ, nouvel Adam. » Dom
Delatte a écrit de belles pages sur ce sujet dans le Commentaire de la Règle
(ch. 8)
La résurrection, qui porte la
création à son achèvement et qui pour cette raison est un événement qui
domine le temps et l'histoire, est pourtant inscrite dans le temps cosmique
: elle a eu lieu « le premier jour après le sabbat » (Mt
28, 1 ; Mc 16, 2.9 ; Lc 24, 1 ; Jn 20, 1), ou encore « le
troisième jour » (1 Co 15, 4). Par elle, le
temps a été assumé dans l'éternité. C'est exactement ce qui se passe pour
l'eucharistie dominicale : inscrite dans le temps
cosmique, marqué par le mouvement des astres, elle le transforme peu à peu
pour le porter à son achèvement.
Le cycle hebdomadaire,
marqué par le retour du dimanche, est le premier et le plus important des
rythmes de la liturgie. Mais il y en a d'autres : celui de la journée, de
l'année, des saisons (Quatre-Temps). En suivant ces divers cycles, la
liturgie s'adapte à la nature humaine et à la création, qui fonctionne selon
une alternance de repos et d'activité. L'hymne des Laudes du dimanche, lere
semaine le dit à sa manière : « Et temporum das tempora ut alleves
fastidium » Toi qui donnes des moments aux temps afin d'alléger l'ennui.
4. La valeur paradigmatique du dimanche
Ainsi, on comprend
pourquoi le Saint-Père Benoît XVI assigne une « valeur paradigmatique » au
dimanche : toute la vie des baptisés doit être marqué par l'offrande
d'eux-mêmes au Père, en conformité au sacrifice du Christ. Mais cette
offrande se réalise au plus haut degré et à titre de principe et de cause
dans l'eucharistie dominicale, précisément parce qu'elle est l'actualisation
du mystère pascal. SC 72: « Le dimanche est le jour où le chrétien retrouve
la forme eucharistique de son existence, selon laquelle il est appelé à
vivre constamment. » Origène, Contre Celse, 8, 22 : le chrétien
parfait « est sans cesse dans les jours du Seigneur et célèbre sans cesse
des dimanches. »
On peut mentionner ici un aspect dont le pape parle
en SC 73 - le dimanche donne le sens chrétien du
temps et de l'existence - car il est lié à la dimension cosmique
de la liturgie. En tant que jour de la semaine, le dimanche s'inscrit dans
le retour cyclique du temps cosmique, qui nous apparaît comme un
éternel recommencement. Mais en tant que
jour où l'on fait mémoire de la résurrection, il indique que le temps a un
commencement : la création ; un sommet : le mystère pascal ; une fin : le
retour glorieux du Seigneur, quand « Dieu sera tout en tous »
(1 Co 15, 28). La révélation du temps
linéaire des judéo-chrétiens a été une véritable libération pour
les païens qui étaient prisonniers du temps cyclique. On peut dire la même
chose des religions extrême-orientales : pour elles, la réincarnation est un
enfermement, dont il faut se libérer par l'ascèse. En réalité, l'homme, mais
aussi à sa manière toute la création, tendent vers une fin : l'union à Dieu.
Le cosmos et le temps ont une fin. L'existence humaine a un sens. Le
dimanche chrétien le rappelle chaque semaine. En même temps,
le fait que le temps a un sens lui donne sa vraie
valeur : chaque instant est unique et est une étape vers la
Parousie. Il doit être vécu en conséquence. SC 72 : « "Vivre selon le
dimanche" signifie vivre dans la conscience de la libération apportée par le
Christ et accomplir son existence comme l'offrande de soi à Dieu, pour que
sa victoire se manifeste pleinement à tous les hommes à travers une conduite
intimement renouvelée. »
(à suivre, troisième et
dernière partie) :
La signification du
dimanche
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Code de Droit
Canonique
Sources : www.abbayedesolesmes.fr
- E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.08.2008 -
T/T. S.C. - T/Liturgie - T/Dimanche |