Benoît XVI rappelle que celui qui
s'approche de Dieu, s'approche des hommes
ROME, le 21 juin 2007 -
(E.S.M.) - En consacrant la
catéchèse de ce mercredi à Saint Athanase d'Alexandrie, une des
"colonnes de l'Église", le Pape Benoît XVI a rappelé que ceux qui
s'approchent de Dieu, ne s'éloignent pas des hommes, mais s'approchent
d'eux.
Le pape Benoît XVI -
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Benoît XVI rappelle que celui qui s'approche de Dieu, s'approche des hommes
En consacrant la catéchèse de ce mercredi à Saint Athanase d'Alexandrie, une
des "colonnes de l'Église", le Pape Benoît XVI a rappelé que ceux qui
s'approchent de Dieu, ne s'éloignent pas des hommes, mais s'approchent
d'eux.
"L'idée fondamentale de toute la lutte théologique de Saint Athanase était
celle que Dieu est accessible et à travers notre communion avec le Christ
nous pouvons réellement nous unir à Dieu", a ajouté le Saint Père.
Texte intégral de la catéchèse de Benoît XVI
Chers frères et sœurs,
En poursuivant notre rappel des grands Maîtres de l'Eglise antique, nous
voulons aujourd'hui fixer notre attention sur saint Athanase d'Alexandrie.
Déjà quelques années avant sa mort, cet authentique protagoniste de la
tradition chrétienne fut célébré comme « la colonne de l'Eglise » par le
grand théologien et évêque de Constantinople Grégroire de Nazianze
(Discours
21, 26), et il a toujours été considéré comme un modèle d'orthodoxie,
aussi bien en Orient qu'en Occident. Ce n'est donc pas par hasard que Gian
Lorenzo Bernini en plaça la statue parmi celles des quatre saints docteurs
de l'Eglise orientale et occidentale - avec Ambroise, Jean Chrysostome et
Augustin -, qui dans la merveilleuse abside la Basilique vaticane entourent
la Chaire de saint Pierre.
Athanase a sans aucun doute été l'un des Pères de l'Eglise antique les plus
importants et les plus vénérés. Mais ce grand saint est surtout le
théologien passionné de l'incarnation, du Logos, le Verbe de Dieu, qui -
comme le dit le prologue du quatrième Evangile - « se fit chair et vint
habiter parmi nous » (Jn 1, 14). C'est précisément pour cette raison
qu'Athanase fut également l'adversaire le plus important et le plus tenace
de l'hérésie arienne, qui menaçait alors la foi dans le Christ, réduit à une
créature « intermédiaire » entre Dieu et l'homme, selon une tendance
récurrente dans l'histoire et que nous voyons en œuvre de différentes façons
aujourd'hui également. Probablement né à Alexandrie vers l'an 300, Athanase
reçut une bonne éducation avant de devenir diacre et secrétaire de l'évêque
de la métropole égyptienne, Alexandre. Proche collaborateur de son évêque,
le jeune ecclésiastique prit part avec lui au Concile de Nicée, le premier à
caractère œcuménique, convoqué par l'empereur Constantin en mai 325 pour
assurer l'unité de l'Eglise. Les Pères nicéens purent ainsi affronter
diverses questions et principalement le grave problème apparu quelques
années auparavant à la suite de la prédication du prêtre alexandrin Arius.
Celui-ci, avec sa théorie, menaçait l'authentique foi dans le Christ, en
déclarant que le Logos n'était pas le vrai Dieu, mais un Dieu créé, un être
« intermédiaire » entre Dieu et l'homme, et ainsi, le vrai Dieu restait
toujours inaccessible pour nous. Les évêques réunis à Nicée répondirent en
mettant au point et en fixant le « Symbole de la foi » qui, complété plus
tard par le premier Concile de Constantinople, est resté dans la tradition
des différentes confessions chrétiennes et dans la liturgie comme le Credo
de Nicée-Constantinople. Dans ce texte fondamental - qui exprime la foi de
l'Eglise indivise, et que nous répétons aujourd'hui encore, chaque dimanche,
dans la célébration eucharistique - figure le terme grec homooúsios, en
latin consubstantialis : celui-ci veut indiquer que le Fils, le Logos est «
de la même substance » que le Père, est Dieu de Dieu, il est sa substance,
et ainsi est mise en lumière la pleine divinité du Fils, qui était en
revanche niée par les ariens.
A la mort de l'évêque Alexandre, Athanase devint, en 328, son successeur
comme évêque d'Alexandrie, et il se révéla immédiatement décidé à refuser
tout compromis à l'égard des théories ariennes condamnées par le Concile de
Nicée. Son intransigeance, tenace et parfois également très dure, bien que
nécessaire, contre ceux qui s'étaient opposés à son élection épiscopale et
surtout contre les adversaires du Symbole de Nicée, lui valut l'hostilité
implacable des ariens et des philo-ariens. Malgré l'issue sans équivoque du
Concile, qui avait clairement affirmé que le Fils est de la même substance
que le Père, peu après, ces idées fausses prévalurent à nouveau - dans ce
contexte, Arius lui-même fut réhabilité -, et ils furent soutenus pour des
raisons politiques par l'empereur Constantin lui-même et ensuite par son
fils Constance II. Celui-ci, par ailleurs, qui ne se souciait pas tant de la
vérité théologique que de l'unité de l'empire et de ses problèmes
politiques, voulait politiser la foi, la rendant plus accessible - à son
avis - à tous ses sujets dans l'empire.
La crise arienne, que l'on croyait résolue à Nicée, se poursuivit ainsi
pendant des décennies, avec des événements difficiles et des divisions
douloureuses dans l'Eglise. Et à cinq reprises au moins - sur une période de
trente ans, entre 336 et 366 - Athanase fut obligé d'abandonner sa ville,
passant dix années en exil et souffrant pour la foi. Mais au cours de ses
absences forcées d'Alexandrie, l'évêque eut l'occasion de soutenir et de
diffuser en Occident, d'abord à Trèves puis à Rome, la foi nicéenne et
également les idéaux du monachisme, embrassés en Egypte par le grand ermite
Antoine, à travers un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint
Antoine, avec sa force spirituelle, était la personne qui soutenait le plus
la foi de saint Athanase. Réinstallé définitivement dans son Siège, l'évêque
d'Alexandrie put se consacrer à la pacification religieuse et à la
réorganisation des communautés chrétiennes. Il mourut le 2 mai 373, jour où
nous célébrons sa mémoire liturgique.
L'œuvre doctrinale la plus célèbre du saint évêque alexandrin -poursuit
Benoît XVI - est le traité
Sur l'incarnation du Verbe, le Logos divin qui s'est fait chair en devenant
comme nous pour notre salut. Dans cette œuvre, Athanase dit, avec une
affirmation devenue célèbre à juste titre, que le Verbe de Dieu « s'est fait
homme pour que nous devenions Dieu ; il s'est rendu visible dans le corps
pour que nous ayons une idée du Père invisible, et il a lui-même supporté la
violence des hommes pour que nous héritions de l'incorruptibilité »
(54, 3).
En effet, avec sa résurrection, le Seigneur a fait disparaître la mort comme
« la paille dans le feu » (8, 4). L'idée fondamentale de tout le combat
théologique de saint Athanase était précisément celle que Dieu est
accessible. Il n'est pas un Dieu secondaire, il est le vrai Dieu, et, à
travers notre communion avec le Christ, nous pouvons nous unir réellement à
Dieu. Il est devenu réellement « Dieu avec nous ».
Parmi les autres œuvres de ce grand Père de l'Eglise - qui demeurent en
grande partie liées aux événements de la crise arienne - rappelons ensuite
les autres lettres qu'il adressa à son ami Serapion, évêque de Thmuis, sur
la divinité de l'Esprit Saint, qui est affirmée avec clarté, et une
trentaine de lettres festales, adressées en chaque début d'année aux Eglises
et aux monastères d'Egypte pour indiquer la date de la fête de Pâques, mais
surtout pour assurer les liens entre les fidèles, en renforçant leur foi et
en les préparant à cette grande solennité.
Enfin, Athanase est également l'auteur de textes de méditation sur les
Psaumes, ensuite largement diffusés, et d'une œuvre qui constitue le best
seller de la littérature chrétienne antique: la Vie d'Antoine, c'est-à-dire
la biographie de saint Antoine abbé, écrite peu après la mort de ce saint,
précisément alors que l'évêque d'Alexandrie, exilé, vivait avec les moines
dans le désert égyptien. Athanase fut l'ami du grand ermite, au point de
recevoir l'une des deux peaux de moutons laissées par Antoine en héritage,
avec le manteau que l'évêque d'Alexandrie lui avait lui-même donné. Devenue
rapidement très populaire, traduite presque immédiatement en latin à deux
reprises et ensuite en diverses langues orientales, la biographie exemplaire
de cette figure chère à la tradition chrétienne contribua beaucoup à la
diffusion du monachisme en Orient et en Occident. Ce n'est pas un hasard si
la lecture de ce texte, à Trèves, se trouve au centre d'un récit émouvant de
la conversion de deux fonctionnaires impériaux, qu'Augustin place dans les
Confessions (VIII, 6, 15) comme prémisses de sa conversion elle-même.
Du reste, Athanase lui-même montre avoir clairement conscience de
l'influence que pouvait avoir sur le peuple chrétien la figure exemplaire
d'Antoine. Il écrit en effet dans la conclusion de cette œuvre : « Qu'il fut
partout connu, admiré par tous et désiré, également par ceux qui ne
l'avaient jamais vu, est un signe de sa vertu et de son âme amie de Dieu. En
effet, ce n'est pas par ses écrits ni par une sagesse profane, ni en raison
de quelque capacité qu'Antoine est connu, mais seulement pour sa piété
envers Dieu. Et personne ne pourrait nier que cela soit un don de Dieu.
Comment, en effet, aurait-on entendu parler en Espagne et en Gaule, à Rome
et en Afrique de cet homme, qui vivait retiré parmi les montagnes, si ce
n'était Dieu lui-même qui l'avait partout fait connaître, comme il le fait
avec ceux qui lui appartiennent, et comme il l'avait annoncé à Antoine dès
le début ? Et même si ceux-ci agissent dans le secret et veulent rester
cachés, le Seigneur les montre à tous comme une lampe, pour que ceux qui
entendent parler d'eux sachent qu'il est possible de suivre les
commandements et prennent courage pour parcourir le chemin de la vertu »
(Vie
d'Antoine 93, 5-6).
Oui, frères et sœurs ! - conclu Benoît XVI - Nous avons de nombreux motifs de gratitude envers
Athanase. Sa vie, comme celle d'Antoine et d'innombrables autres saints,
nous montre que « celui qui va vers Dieu ne s'éloigne pas des hommes, mais
qu'il se rend au contraire proche d'eux » ("Deus Caritas est"
, n. 42).
Voici le résumé de la catéchèse, en français, lu par le pape
Benoît XVI
Chers Frères et Sœurs,
Poursuivant notre parcours parmi les grands maîtres de la foi dans l’Église
ancienne, nous nous arrêtons aujourd’hui sur Athanase d’Alexandrie,
considéré déjà peu après sa mort, par saint Grégoire de Nazianze, comme « la
colonne de l’Église ». En effet, sa théologie de l’Incarnation du Verbe a
fait de lui l’adversaire le plus redoutable et le plus tenace de l’hérésie
arienne, qui niait la divinité de Jésus.
Né au tout début du quatrième siècle, il participa au Concile de Nicée comme
secrétaire de son évêque, auquel il succédera sur le siège d’Alexandrie.
Bien que condamné par le Concile qui avait défini le caractère «
consubstantiel » du Père et du Fils, l’arianisme sera réhabilité par
l’empereur; cela entraînera pour Athanase plusieurs longs exils qui
n’infléchiront jamais la force et la rectitude de son témoignage. Au
contraire, ses séjours à Trèves et à Rome lui permirent de soutenir et de
propager la foi de Nicée en Occident.
Ces tribulations firent aussi de saint Athanase un instrument providentiel
pour faire connaître la figure de saint Antoine du désert, dont il fut un
ami proche et qu’il imita par ses choix de vie. À travers la publication de
La vie d’Antoine, qui connut partout un immense succès, il contribua de
manière décisive au développement du monachisme.
Je salue cordialement les pèlerins de langue française. À la lumière de
l’enseignement et de la vie des saints, puissiez-vous découvrir que ceux qui
vont vers Dieu ne s’éloignent pas des hommes, mais qu’ils se rendent au
contraire vraiment proches d’eux.
A l’issue de la catéchèse, le pape Benoît XVI a
lancé un appel en faveur des réfugiés :
On célèbre aujourd'hui la Journée mondiale du Réfugié, promue par les
Nations unies pour que l'attention de l'opinion publique ne manque pas
envers ceux qui ont été obligés de fuir leurs pays à la suite de réels
dangers pour leur vie. Accueillir les réfugiés et leur accorder
l'hospitalité représente pour tous un juste geste de solidarité humaine,
afin que ces derniers ne se sentent pas isolés à cause de l'intolérance et
du manque d'intérêt. En outre, il s'agit pour les chrétiens d'une manière
concrète de manifester l'amour évangélique. Je souhaite de tout cœur que
soient garantis l'asile et la reconnaissance de leurs droits à nos frères et
sœurs durement éprouvés par la souffrance, et j'invite les responsables des
nations à offrir leur protection à ceux qui se trouvent dans une situation
de besoin aussi délicate.
Texte original de la catéchèse du
pape Benoît XVI
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L’UDIENZA GENERALE
Documentation sur saint Athanase d'Alexandrie
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C'est ici
Sources: www.vatican.va
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E.S.M.
© Copyright du texte original plurilingue : Librairie Editrice Vaticane
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 21.06.2007 - BENOÎT XVI