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19 Avril 2005
 

Le pape François, le tremblement de terre d’aujourd’hui

Le 21 mars 2013 - (E.S.M.) - Un "conseil de la couronne" autour du pape, composé de cardinaux provenant des cinq continents. Une cure d'amaigrissement drastique pour les services. Un tournant pour l'IOR. Les nouveautés et les inconnues du pontificat de François

Le pape Benoît XVI

Le pape François, le tremblement de terre d’aujourd’hui

Pape, évêques, curie. Les réformes à venir par Sandro Magister

Le 21 mars 2013 - E. S. M. - Le soir même du jour où il avait été élu pape, Jean XXIII nomma son nouveau secrétaire d’état. Il s’agissait du grand diplomate Domenico Tardini, simple prêtre à l’époque, puisqu’il n’avait encore été nommé ni évêque ni cardinal.

Mais c’est là de la préhistoire, par comparaison avec le tremblement de terre d’aujourd’hui.

Le pape François est arrivé à Rome "venant du bout du monde" et, en ce qui concerne la manière de gouverner l’Église, il fait partir l’innovation d’en haut, à commencer par lui-même. La réforme de la curie viendra ensuite. De même que viendront également beaucoup d’autres choses. Mais, a-t-il prévenu, après "un certain temps".

Pour le moment, il a ordonné à tous les dirigeants de la curie, dont les fonctions avaient pris fin au moment de la renonciation de son prédécesseur, de se remettre au travail. "Provisoirement" et "donec aliter provideatur", jusqu’au moment où lui, le nouveau pape, prendra des décisions. Depuis le 13 mars, la curie vaticane est une armée de fonctionnaires déstabilisée, qui n’a pas d’avenir assuré.

*

Lorsque Jorge Mario Bergoglio, qui venait d’être élu, est apparu pour la première fois à la loggia de la basilique Saint-Pierre, il a voulu avoir à ses côtés deux cardinaux. À droite, son vicaire pour le diocèse de Rome, Agostino Vallini, et, à gauche, son ami brésilien Cláudio Hummes, franciscain. Deux hommes qui symbolisent son programme.

De Rome, le nouveau pape veut être pleinement l’évêque, personnellement, comme il l’a tout de suite laissé entrevoir, le premier dimanche de son pontificat, lors de la messe qu’il a célébrée à la paroisse Sainte-Anne, située à la limite entre le Vatican et le quartier du Borgo, au milieu de l’allégresse populaire. Il se rendra ainsi d’église en église, il parcourra le centre et les banlieues, "pour l'évangélisation de cette ville si belle". En contact direct avec le peuple du diocèse qui est dorénavant son "épouse".

Le pape François aime avant tout se qualifier d’"évêque de Rome". Mais il est également convaincu - et il l’a dit tout de suite - que "l’Église de Rome est celle qui préside à la charité de toutes les Églises".

Cette phrase d’Ignace d’Antioche, évêque martyr qui vécut au IIe siècle, sert depuis cette époque de point de repère au difficile équilibre des pouvoirs entre le successeur de Pierre, qui est l’évêque de Rome, et les successeurs du collège des douze apôtres, qui sont les évêques du monde entier, entre l'exercice de la primauté du pape et l’exercice de la collégialité épiscopale. Au début du second millénaire, cet équilibre s’est rompu et le schisme a divisé l’Église de Rome et les Églises d’Orient.

Mais, à l’intérieur de l’Église catholique aussi, la primauté du pape, développée à l’extrême, attend d’être contrebalancée par le collège des évêques. C’est ce qu’a voulu le concile Vatican II, avec peu d’applications pratiques jusqu’à maintenant, et c’est aussi ce qu’a demandé une nouvelle fois, avec force, Benoît XVI dans l’un de ses derniers discours en tant que pape, quelques jours avant sa renonciation. Son successeur François a déjà fait comprendre que c’est précisément ce qu’il veut faire.

Pour atteindre cet objectif, il a à sa disposition un instrument à l’état brut, le synode. Celui-ci est composé de quelque deux cents évêques - constituant l'élite des presque cinq mille évêques du monde entier - qui se réunissent à Rome tous les deux ans afin de discuter d’un thème présentant un caractère d’urgence particulière pour la vie de l’Église.

Ses pouvoirs sont purement consultatifs et ses différentes éditions, vingt-huit jusqu’à maintenant depuis la première qui a eu lieu en 1967, n’ont que rarement évité l’ennui. Le pape François pourra le rendre délibérant, naturellement "en accord avec et sous" son pouvoir primatial.

Mais surtout il pourra transformer en un véritable "conseil de la couronne" permanent le groupe restreint d’évêques, trois par continent, que chaque synode élit à la fin de ses travaux pour servir de pont vers le synode suivant.

Pour un pape comme François, qui veut, à partir de Rome, sentir le pouls de l’Église mondiale, ce groupe est l’instrument idéal. Il suffit de dire que, parmi les douze élus du dernier synode, on retrouve presque tous les noms qui ont été mis en évidence lors du récent conclave : les cardinaux Timothy Dolan de New-York, Odilo Scherer de São Paulo du Brésil, Christoph Schönborn de Vienne, Peter Erdö de Budapest, George Pell de Sydney, Luis Antonio Gokim Tagle de Manille.

En réunissant autour de lui un sommet de l'épiscopat mondial d’aussi haut niveau, une fois par mois ou même plus souvent, avec présence physique à Rome ou par vidéoconférence, le pape François pourra gouverner l’Église exactement comme le concile Vatican II l’a voulu : avec un soutien collégial stable apporté aux décisions ultimes qu‘il prendra en tant que successeur de Pierre.

*

La curie viendra ensuite et à un niveau inférieur. Elle sera ramenée à des tâches plus modestes au service de décisions qu’il ne lui reviendra plus de prendre et encore moins d’imposer.

Voici en quels termes le cardinal Hummes s’est exprimé, deux jours après que Bergoglio eut été élu pape : "Il y a un très grand nombre de gens qui attendent une réforme de la curie et je suis certain qu’il va la mener, à la lumière de l'essentialité, de la simplicité et de l'humilité demandée par l’Évangile. Toujours dans la ligne du saint dont il a pris le nom. Saint François avait un grand amour pour l’Église hiérarchique, pour le pape : il voulait que ses moines soient catholiques et obéissent au 'Seigneur pape', comme il disait".

Pas banal, ce renvoi à François d’Assise, pour un pape dont on attend qu’il "répare l’Église".

Dans la mythologie pseudo-franciscaine et paupériste que beaucoup de gens appliquent ces jours-ci au nouveau pape, l’imagination se porte vers une Église qui renoncerait à ses pouvoirs, à ses structures et à ses richesses afin de devenir purement spirituelle.

Mais ce n’est pas pour cela qu’a vécu le saint d’Assise. Dans le rêve du pape Innocent III tel que l’a peint Giotto, François ne démolit pas l’église, mais il la soutient de ses épaules. Et cette église, c’est Saint-Jean-de-Latran, la cathédrale de l’évêque de Rome, magnifiquement restaurée et embellie depuis peu à cette époque, mais enlaidie par les péchés des hommes qui s’y rendaient et qui en repartaient purifiés. Il y eut un certain nombre de disciples de François qui tombèrent dans le spiritualisme et dans l'hérésie.

Le pape Bergoglio a la solide formation d’un jésuite de la vieille roche. Il ne rêve pas d’abolir la curie. Mais de la nettoyer, oui. Dans une homélie matinale qu’il a prononcée devant un nombre restreint de cardinaux, deux jours après avoir été élu, il a insisté sur le mot "irréprochabilité". Bergoglio s’est toujours tenu soigneusement à l’écart de la curie romaine, mais il en connaît les désordres et les péchés.

Il exigera de tous ses membres une véritable loyauté, alors que celle-ci a été scandaleusement violée au cours des années passées, avec des fuites de documents parmi les plus confidentiels, y compris certains qui provenaient du bureau personnel de Benoît XVI.

Il exigera l’exécution fidèle et rapide de tous ses ordres.

Il exigera une révision des dépenses à la baisse et un retour à l’épargne dans des comptes qui sont dangereusement revenus dans le rouge en 2012, si l’on en croit les anticipations fournies aux cardinaux pendant le pré-conclave.

Mais le pire, c’est la désunion. Chaque service agit de son côté. Parfois sans que le pape soit informé...

CERTITUDES ET DOUTES D’UN DÉBUT EN TON MINEUR

Parmi les 1330 mots que compte l’homélie de la messe de début de pontificat de Jorge Mario Bergoglio, le mot "pape" n’est employé qu’une seule fois. Le nom de Pierre apparaît quatre fois. En revanche on trouve en position dominante le nom Joseph, cité douze fois. Le fait que la fonction de "protecteur" de la Sainte Famille exercée par le père putatif de Jésus ait été considérée comme emblématique de la fonction papale est une autre des particularités des débuts du successeur de Benoît XVI.

Bien entendu, le pape François n’a pas omis de rappeler que c’est à Pierre et pas à d’autres que le Christ a donné le "pouvoir". Mais le "service" accompli avec amour dans lequel, a-t-il dit, ce pouvoir se concrétise est le même pour tous les disciples de Jésus. C’est comme si la présence du patriarche œcuménique de Constantinople à la messe de début de pontificat, pour la première fois, avait incité Bergoglio à laisser dans l’ombre la spécificité du ministère pétrinien, plutôt que de la mettre en évidence.

Paradoxalement, le nouveau pape en a dit davantage à propos du ministère pétrinien – et avec plus de consistance – lors de sa première apparition à la loggia de la basilique Saint-Pierre, après son élection.

Mais, après s’être présenté comme "évêque de l’Église de Rome qui préside à la charité de toutes les Églises", il a ensuite insisté, les jours suivants, y compris lors de la messe de début de pontificat, uniquement sur le premier élément de ce diptyque, presque comme s’il craignait de regarder, au-delà de l’espace romain, l’ensemble du monde catholique qu’il a été appelé à présider. Il a même omis de saluer la foule en plusieurs langues, après son premier Angélus dominical.

On a certainement déjà entrevu dans le pape Bergoglio un profil marqué d’évêque "defensor civitatis", orthodoxe dans sa doctrine et dans ses mœurs et protégeant son peuple de l'arbitraire du souverain ainsi que des embûches du diable, de qui il ne craint pas de parler.

Mais, dans le même temps, certains de ses gestes ont fait naître dans l'opinion publique, au sein de l’Église et en dehors, des conjectures et des tentations mauvaises : cela va de la liquidation du gouvernement central de l’Église à la disparition du titre de pape, de l’avènement d’une nouvelle Église entièrement spirituelle à l’abaissement de la beauté qui célèbre Dieu, c’est-à-dire l’abaissement de la symbolique des rites, vêtements, mobiliers et édifices sacrés.

Le modeste "ars celebrandi", sans force ni splendeur, de la Messe inaugurale du 19 mars n’a pas aidé à échapper à cette dernière tentation...

 Traduction française par Charles de Pechpeyrou, Paris, France.


 

Source: Sandro Magister
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 21.03.2013- T/International

 

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