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19 Avril 2005
 

Motu proprio de Benoît XVI, interview de Mgr Ranjith

 

Cité du Vatican, le 20 novembre 2007 - (E.S.M.) - Ci-dessous, le texte de l'interview de Mgr. Ranjith, interrogé par l'Osservatore Romano. Il s'agit d'une part d'une interview en direct et d'autre part d'une traduction non officielle réalisée par nos soins.

Mgr Albert Malcom Ranjith - Pour agrandir l'image Cliquer

Motu proprio de Benoît XVI, interview de Mgr. Ranjith

Messe tridentine et fidélité au Concile

L'archevêque Mgr Ranjith intervient dans le débat sur la liturgie

A soixante ans de la publication de l'encyclique de Pie XII 'Mediator Dei', le débat sur la liturgie est plus que jamais ouvert et vivant : la récente entrée en vigueur du Motu Proprio Summorum Pontificum - avec lequel Benoît XVI a accordé la possibilité de célébrer l'Eucharistie selon le missel tridentin sans devoir demander la permission à l'évêque - a alimenté une discussion qui, depuis le Concile Vatican II, n'a, en réalité, jamais été apaisée.

« Dans l'Osservatore Romano » du dimanche 18 novembre, Nicola Bux, précisément en rappelant  'Mediator Dei', a réaffirmé l'importance d'un vaste débat sur la liturgie, mené « sans pré jugement et avec une grande charité » : un débat - a-t-il spécifié - nécessairement guidé par la Congrégation pour le Culte Divin et la Discipline des Sacrements.

Interview du secrétaire de la Congrégation pour le Culte Divin, l'archevêque Albert Malcom Ranjith.

Partons précisément de Mediator Dei : pouvons-nous en reprendre les critères qui la qualifient ?

Avec l'encyclique 'Mediator Dei', Pie XII - sur la base même de ce qu'a affirmé Pie X dans le Motu Proprio 'Tra le sollecitudini' - tâche de présenter aux fidèles, une synthèse théologique de l'essence intime de la liturgie : il se limite à en définir les origines et la définit comme l'acte sacerdotal du Christ qui rend louange et gloire à Dieu et - surtout à travers son sacrifice - effectue la volonté salvifique du Père. En ce sens, le Christ est au centre de la prière et du rôle sacerdotal de l'Église.
« Le Divin Rédempteur - lisons-nous dans l'encyclique - voulut, ensuite, que la vie sacerdotale commencée en Lui,  dans son corps mortel avec ses prières et son sacrifice, ne cesse pas au cours des siècles dans son Corps Mystique qui est l'Église ».
En somme, l'encyclique met en évidence que le culte n'est pas le nôtre, mais celui du Christ dans lequel nous sommes tous insérés. C'est plus ou moins, la ligne que Benoît XVI a offert dans ses écrits  liturgiques d'avant et après son élection : ce n'est pas nous qui accomplissons l'acte liturgique mais en Lui, nous nous conformons à l'acte liturgique céleste.

L'encyclique de Pie XII « sur la liturgie sacrée  » anticipe de seize ans Sacrosanctum Concilium : quels rapports pouvons-nous trouver entre les deux documents ? Y a-t-il une continuité entre eux ? précisément - comme l'a écrit l'abbé Bux - sans 'Mediator Dei' on ne peut pas comprendre pleinement la constitution conciliaire ?

On peut certainement affirmer que la réforme liturgique préconciliaire fut une sorte d'ouverture envers ce qui se serait ensuite passé avec le Concile Vatican II.
Du reste, le fait que Sacrosanctum Concilium ait été le premier document des assises œcuméniques, confirme non seulement l'importance première de la liturgie pour la vie de l'Église, mais aussi que les pères conciliaires avaient évidemment déjà à disposition les moyens pour procéder à une rapide définition et au renouvellement de la liturgie. On doit ensuite se rappeler que la plupart des experts qui avaient travaillé pour préparer la réforme conciliaire, les ont complétées et impliqués dans la préparation de Sacrosanctum Concilium.
Il y a en somme une continuité pratique qui va de paire avec la continuité théologique : Sacrosanctum Concilium, en effet ,exprime bien le concept de la participation à la liturgie céleste. Cet aspect de 'Mediator Dei', en un certain sens, conflue de manière naturelle dans Sacrosanctum Concilium. Les liens apparaissent clairs : Sacrosanctum Concilium continue la grande tradition du 'Mediator Dei', tout comme 'Mediator Dei' s'aligne sur les précédents pontifes, en particulier Pie X.

Comme cela est rappelé, depuis 'Mediator Dei' jusqu'aux documents conciliaires, la centralité du Christ dans la liturgie est toujours affirmée avec clarté et vigueur : l'Église conciliaire a-t-elle su incarner pleinement cette réalité ?

Avec cela nous touchons un point douloureux. Il y a en effet un problème pratique : la valeur des règles et des indications des livres liturgiques n'ont pas été pleinement comprises par tous dans l'Église. Je donne un exemple.

Ce qui se passe à l'autel est bien expliqué dans les textes liturgiques, cependant, certaines indications n'ont pas été prises intégralement au sérieux : il y a en effet une certaine tendance à interpréter la réforme liturgique conciliaire en utilisant la « créativité » comme règle. Ceci n'est pas permis par les textes. La liturgie, en certains lieux ne semble pas refléter son christocentrisme mais exprimer par contre un esprit d'immanentisme et d'anthropocentrisme.

La vérité est bien différente : un vrai anthropocentrisme doit être christocentrique. Ce qui se passe à l'autel est quelque chose dont nous ne sommes pas maîtres : c'est le Christ qui agit et la centralité de la figure du Christ soustrait cet acte à notre arbitrage. Nous sommes absorbés et nous nous laissons absorber dans cet acte, tellement, qu'à la fin de la prière eucharistique nous prononçons la superbe doxologie qui affirme : « Par Lui,  avec Lui et en Lui ».
La tendance « créatrice » à laquelle je faisais allusion n'est pas permise par les instructions des livres liturgiques. Malheureusement, elle dérive des mauvaises interprétations des textes ou peut-être d'une insuffisante connaissance de ceux-ci et de la liturgie elle-même.
Nous devons nous rendre compte que la liturgie a une caractéristique particulière « conservative » - mais pas dans l'acception négative qu'aujourd'hui certains donnent au mot.
Dans l'Ancien Testament, on observe une grande fidélité aux rites et Jésus Lui-même a continué à être fidèle au rituel du Père. Ensuite, l'Église a poursuivi sur cette même ligne. Saint Paul affirme : « Je vous transmets ce que j'ai reçu » (1 Co, 11, 23), et pas « ce que j'ai inventé ». Ceci est un aspect central : nous sommes appelés à être fidèles à quelque chose qui ne nous appartient pas mais qui nous est donné ; nous devons être fidèles au sérieux avec lequel on célèbre les sacrements. Pourquoi devrions-nous remplir des pages et des pages d'instructions si ensuite chacun se sent autorisé à faire ce qu'il veut ?

Après la publication du Motu Proprio Summorum Pontificum de Benoît XVI, on a ravivé la discussion entre les soi-disant traditionalistes et les progressistes. Y a-t-il en ce sens une opposition de genre ?

Absolument pas. En parlant du Motu Proprio nous revenons plutôt au discours précédent. En ce qui concerne la messe tridentine, il y a eu une question grandissante avec le temps. La fidélité aux règles de la célébration des sacrements continuait à baisser. Plus  cette fidélité au sens de la beauté et de la stupeur dans la liturgie diminuait, plus augmentait la demande pour la messe tridentine. Et alors, de ce fait, qui a réellement demandé la messe tridentine ? Non seulement ces groupes, mais même ceux qui ont eu peu de respect pour les règles de la célébration digne selon le Novus ordo.
Pendant des années, la liturgie a subi trop d'abus et de nombreux évêques les ont ignorés. Le Pape Jean Paul II avait lancé un appel attristé dans Ecclesia Dei Adflicta, qui n'était rien d'autre qu'un appel à l'Église à être plus sérieuse dans la liturgie. La même chose s'est produite avec l'instruction Redemptionis Sacramentum. Pourtant, dans certains cercles de liturgistes et commissions liturgiques, ce document a été critiqué. Le problème donc n'était pas la demande de la messe tridentine, mais plutôt un abus sans limite de la noblesse et de la dignité de la célébration eucharistique.
Face à cela, le Saint Père Benoît XVI ne pouvait pas se taire : comme on le remarque dans la Lettre écrite aux évêques sur le Motu Proprio et même dans ses multiples discours, on sent un profond sens de responsabilité pastorale. Ce document donc - au-delà d'être une tentative de chercher l'union avec la Fraternité Sacerdotale saint Pie X - est aussi un appel fort du Pasteur universel à un sens du sérieux.

Est-il un rappel aussi d'une certaine manière aux prêtres ?

Je dirais oui. Du reste, devant certaines conceptions arbitraires et peu sérieuses de la liturgie on peut se demander ce qu'on enseigne dans certains séminaires.
On ne peut pas aborder la liturgie avec une attitude superficielle et peu scientifique. Ceci vaut pour celui qui adopte des interprétations « créatrices » de la liturgie, mais aussi pour celui qui présume trop facilement établir comment était la liturgie aux origines de l'Église. Il faut toujours une exégèse attentive, on ne peut pas se lancer dans des interprétations naïves.
Au-delà de tout, dans quelques cercles liturgiques on a une certaine tendance à sous-estimer combien l'Église a mûri dans le second millénaire de son histoire. On parle d'appauvrissement du rite, mais c'est une conclusion trop banale et simpliste : nous croyons par contre que la tradition de l'Église se manifeste dans un développement continu.
La liturgie est centrale pour la vie de l'Église : lex credendi (la règle de ce qu’il faut croire), lex orandi (la règle de ce qu’il faut dire dans la prière), mais même lex vivendi. Pour un renouvellement véritable de l'Église - tellement désiré par le Concile - il est nécessaire qu'on ne limite pas la liturgie à l'étude seulement académique, mais que celle-ci devienne une priorité absolue dans les Églises locales. Il est donc urgent de donner une importance juste au niveau local à la formation liturgique selon l'esprit de l'Église. Au bout du compte, la vie sacerdotale est étroitement liée à ce que le prêtre célèbre et comment il célèbre. Si un prêtre célèbre bien l'Eucharistie, il est cohérent et devient une partie du sacrifice du Christ. La liturgie devient ainsi fondamentale pour la formation de saints prêtres. C'est la grande responsabilité des évêques qui peuvent ainsi faire beaucoup pour un vrai renouvellement de l'Église.

Un aspect non moins secondaire du débat sur la liturgie, est aussi celui de l'art sacré, à commencer par l'important chapitre de la musique liturgique. Entre autre, « l'Osservatore Romano » a justement ces derniers jours abordé ces thèmes en rapportant des considérations pas très rassurantes de Mgr Valentín Miserachs Grau.

La Congrégation étudie encore le document pour le nouveau antiphonal, et nous avons également consulté l'Institut Pontifical de Musique Sacrée et espérons pouvoir arriver à une conclusion rapide.
Chanter signifie prier deux fois et ceci vaut surtout pour le chant grégorien qui est un trésor inestimable. Le Pape Benoît XVI dans "Sacramentum Caritatis", a parlé clairement de la nécessité d'enseigner dans les séminaires le chant grégorien et la langue latine : nous devons garder et valoriser cet immense patrimoine de l'Église catholique et l'utiliser pour rendre gloire au Seigneur. Il faut sûrement travailler encore sur cet aspect.
Il y a ensuite, dans l'usage commun, beaucoup de chants qui ne sont pas dans la tradition du grégorien : il est important d'assurer qu'ils soient édifiants pour la foi, qu'ils nourrissent spirituellement celui qui participe à la liturgie et qu'ils disposent réellement le cœur des fidèles à l'écoute de la voix de Dieu. Les contenus, ensuite, doivent être contrôlés par les évêques pour éviter, par exemple, des tendances new age. À cet égard, même dans l'usage des instruments musicaux, il faut exercer un grand sens de pondération : que tout soit uniquement fait pour l' édification de la foi.

Dans le domaine de l'architecture sacrée, le dialogue avec les spécialistes semble plus délinéé ; plus difficile semble par contre, celui avec les artistes. Si quelques grands artistes contemporains apparaissent impliqués dans l'interprétation des thèmes sacrés, cela l'est beaucoup moins pour la production expressément  pensée pour les lieux de culte. Est ce seulement un problème de concomitance ou de dialogue très soutenu par Paul VI qui nécessite une nouvelle impulsion ?

Le Concile a consacré un chapitre entier à l'art sacré. Parmi les principes affirmés, le lien entre art et foi est essentiel .
Le dialogue est fondamental. Chaque artiste est une personne en particulier, a son style dont il est très fier. Il faut savoir entrer dans le cœur de l'artiste avec la dimension de la foi. C'est difficile, mais l'Église doit trouver les voies pour un dialogue plus profond.
Le 1° décembre il y aura - sur ce thème - une journée d'étude au Vatican organisée par la Congrégation : nous comptons qu'elle puisse être une occasion pour donner une impulsion à ce dialogue et à la promotion de l'art sacré.

Lire le texte intégral de l'interview Motu Proprio de Benoît XVI, Mgr Ranjith s'exprime

Sources: © L'Osservatore Romano - 19-20 novembre 2007-  © traduction E.S.M.

Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas un document officiel

Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 20.11.2007 - BENOÎT XVI

 

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