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Le P. Uwe Michael LANG, proche de Benoît XVI: colloque à Paris
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Lundi 20 novembre 2006 -
(E.S.M.) - Son livre, préfacé par le P. Nicolas BUX, de
l'Université de Bari, dont nous publions souvent les enseignements
sur ce site, consulteur à la Congrégation pour la Doctrine de la
foi, a été traduit en italien et présenté au public par Mgr RANJINTH,
secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin.
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Le Père Uwe Michael LANG, Mgr RANJINTH et le P. Nicolas BUX
Se Tourner Vers le Seigneur
L'orientation de la prière liturgique
Voici, pour information, l'annonce d'un colloque
universitaire sur la liturgie qui se tiendra à Paris, ouvert à tous.
Le colloque aura lieu le 2 décembre
2006 de 9H30 à 18H à l'Espace Moncassin, 164 rue de Javel, 75015
Paris. Il est organisé sous l'égide de l'Institut de l'Institut du Bon
Pasteur, en pleine actualité dans l'attente du Motu
proprio de Benoît XVI annoncé par le Vatican.
Programme et présentation du colloque:
(1)
Nous publions l'intégralité de
la fascinante et combien admirable préface du cardinal Ratzinger,
aujourd'hui pape Benoît XVI, du livre d'Uwe Michael Lang sur la liturgie.
Alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Benoît XVI
affirmait, dans la préface d'un ouvrage du théologien Uwe Michael Lang
intitulé "Tournés vers le Seigneur", que le Concile n'avait pas exigé de ne
plus célébrer dos au peuple et en latin.
«La direction dernière de
l’action liturgique, qui n’est jamais totalement exprimée dans les formes
extérieures, est la même pour le prêtre et le
peuple : vers le Seigneur». L’introduction du doyen du Sacré
Collège au livre de Uwe Michael Lang (2).
Préface publiée en 2003 en allemand et 2004 en anglais Trad. de l'anglais
par Pierre LANE, éd. Ad Solem, novembre 2006
«
Versus
Deum per Iesum Christum »
Pour le catholique pratiquant
normal, la réforme liturgique du Concile Vatican II a eu essentiellement
deux résultats: la disparition de la langue latine et l’autel tourné vers le
peuple. Mais si l’on lit les textes conciliaires, on
pourra constater avec étonnement que ni l’un ni l’autre de ces changements
ne s’y trouvent sous cette forme.
Certes, on devait, selon les
intentions du Concile (cf. la constitution
Sacrosanctum Concilium
36,2) faire place à la langue
vulgaire – dans le cadre surtout de la liturgie de
la Parole – mais dans le texte conciliaire, la règle générale qui
précède immédiatement celle à laquelle nous venons de faire allusion dit: «Que
l’usage de la langue latine, sauf un droit particulier, soit conservé dans
les rites latins»
(Sacrosanctun
Concilium 36,1).
Dans le texte conciliaire,
il n’est pas question de l’autel tourné vers le peuple.
Il en est question dans les instructions post-conciliaires. La plus
importante d’entre elles est la Institutio generalis Missalis Romani, l’Introduction
générale au nouveau Missel romain de 1969 où, au numéro 262, on lit: «Le
grand autel doit être construit détaché du mur, de sorte que l’on puisse
facilement tourner autour de lui et célébrer, dessus, vers le peuple [versus populum]». L’introduction à la nouvelle édition du Missel romain de 2002 a
repris ce texte à la lettre, mais il a ajouté à la fin cette remarque: «c’est
souhaitable là où c’est possible». Cette remarque ajoutée a été
comprise de nombreux côtés comme un raidissement du texte de 1969, dans le
sens que ce serait maintenant une obligation générale de dresser – « là où
c’est possible» – des autels tournés vers le peuple. Cette interprétation,
cependant, avait déjà été repoussée par la compétente Congrégation pour le
Culte divin qui, le 25 septembre 2000, expliquait que le mot « expedit » [il
est souhaitable] n’exprime pas une obligation mais une recommandation.
L’orientation physique devrait – dit la Congrégation – être distincte de
l’orientation spirituelle. Quand le prêtre célèbre
versus populum, son orientation spirituelle devrait toujours être, de toute
façon, versus Deum per Iesum Christum [vers Dieu à travers Jésus-Christ].
Comme les rites, les signes, les symboles et les mots ne peuvent jamais
épuiser la réalité ultime du mystère du salut, il faut éviter dans ce
domaine les positions unilatérales et érigées en absolu.
Il s’agit
d’un éclaircissement important parce qu’il met en lumière le caractère
relatif des formes symboliques extérieures et s’oppose ainsi aux fanatismes
qui, malheureusement, n’ont pas été rares ces quarante dernières années dans
le débat sur la liturgie. Mais, en même temps, il indique la direction
dernière de l’action liturgique qui n’est jamais totalement exprimée dans
les formes extérieures et qui est la même pour le
prêtre et pour le peuple (vers le Seigneur:
vers le Père à travers le Christ dans l’Esprit Saint). Aussi la
réponse de la Congrégation devrait-elle créer un climat plus détendu pour la
discussion; un climat dans lequel on puisse chercher la meilleure façon de
célébrer concrètement le mystère du salut, sans condamnations réciproques,
dans l’écoute attentive des autres, mais surtout dans l’écoute des
indications dernières de la liturgie elle-même. Taxer hâtivement certaines
positions de “pré-concilaires”, de “réactionnaires”, ou de “progressistes”
ou d’“étrangères à la foi”, ne devrait plus
être admis dans la confrontation, laquelle
devrait plutôt laisser place à un nouvel engagement sincère et commun
d’accomplir la volonté du Christ de la meilleure façon possible.
Ce petit livre d’Uwe Michael Lang, oratorien résidant en Angleterre,
analyse la question de l’orientation de la prière liturgique du point de vue
historique, théologique et pastoral. Ce faisant, il rallume en un moment
opportun – me semble-t-il –, un débat qui, malgré les apparences, n’a jamais
vraiment pris fin, même après le Concile.
Le liturgiste d’Innsbruck
Josef Andreas Jungmann, qui fut l’un des artisans de la Constitution
Sacrosanctum Concilium de Vatican II, s’était fermement opposé depuis le
début au lieu commun polémique selon lequel le prêtre, jusqu’alors, aurait
célébré “en tournant le dos au peuple”. Jungmann avait au contraire souligné
que le sens de cette modalité n’était pas de
tourner le dos au peuple mais d’adopter la même orientation que lui.
La liturgie de la Parole est caractérisée par la proclamation et le
dialogue: elle consiste à adresser la parole et à répondre, et doit
consister, en conséquence, à s’adresser réciproquement les uns aux autres:
ceux qui proclament vers ceux qui écoutent et vice versa. La prière
eucharistique, au contraire, est la
prière dans laquelle le prêtre sert de guide, mais
est orienté, en même temps que le peuple et comme le peuple vers le Seigneur.
C’est pourquoi – selon Jungmann – le fait que le
prêtre et le peuple soient tournés dans la même direction fait partie de
l’essence de l’action liturgique. Plus tard, Louis Bouyer – lui aussi
l’un des principaux liturgistes du Concile – et Klaus Gamber reprirent,
chacun à sa façon, la question. Malgré la grande autorité dont ils
jouissaient, ils eurent, dès le départ, quelque difficulté à se faire
entendre, tant était forte la tendance à mettre en relief l’élément
communautaire de la célébration liturgique et à considérer donc que le
prêtre et le peuple étaient réciproquement tournés l’un vers l’autre.
Ce n’est que récemment que le climat s’est détendu et ainsi, si l’on
pose des questions du genre de celles de Jungmann, de Bouyer et de Gamber,
on n’est plus immédiatement soupçonné de nourrir des sentiments
“anti-conciliaires”. Les progrès de la recherche historique ont rendu le
débat plus objectif et les fidèles sont de plus en plus conscients qu’une
solution dans laquelle il est difficile de percevoir l’ouverture de la
liturgie vers ce qui l’attend et vers ce qui la transcende, est une solution
discutable. Dans cette situation, le livre d’Uwe Michael Lang, qui est si
agréablement objectif et qui n’a absolument rien de
polémique, précise celui qui est devenu Benoît XVI, peut se
révéler une aide précieuse. Sans prétendre offrir de nouvelles découvertes,
il présente avec beaucoup de soin les résultats des recherches des dernières
décennies et donne les explications nécessaires pour que l’on arrive à se
faire un jugement objectif. Il est très appréciable que soient mis en
évidence, à ce sujet, non seulement la contribution, peu connue en
Allemagne, de l’Église d’Angleterre, mais aussi le débat sur ce thème, un
débat interne au Mouvement d’Oxford au XIXe siècle, au sein duquel mûrit la
conversion de John Henry Newman. C’est sur cette base que sont ensuite
développées les réponses théologiques.
J’espère que ce livre d’un
jeune chercheur, conclu celui qui est aujourd'hui notre vénéré pape Benoît
XVI, pourra se révéler une aide dans l’effort – nécessaire à chaque
génération – pour comprendre correctement et célébrer dignement la liturgie.
Mon souhait est qu’il puisse trouver beaucoup de
lecteurs attentifs.
(1) Programme et présentation du colloque :
Première Rencontre universitaire foi et raison
Le Père Lang, de l'Oratoire saint Philippe Néri de
Londres, y présentera pour la première fois son ouvrage traduit
en français et préfacé par le pape, Se
Tourner vers le Seigneur
(Ad Solem, nov. 2006).
Célébrations liturgiques :Tradition ou
mutations ?
Matinée
(9H30-12H30) I - La Messe des
Pères et des Docteurs
Philippe
Bernard, Professeur d'histoire du Moyen-Âge à l'Université de
Provence Aix-Marseille I, Peut-on parler d'un
développement organique de la liturgie ?
Alain Rauwel, Professeur d'histoire du
Moyen-Âge agrégé à l'Université de Bourgogne, Le
mystère pascal, une idée neuve dans l'Église ?
Abbé Guillaume de Tanoüarn, de
l'Institut du Bon Pasteur, doctorant en philosophie,
Cajetan, une pensée catholique face à Luther
Après-midi (14H-18H)
II - La Messe des Experts et des Auteurs
Dominique Millet-Gérard, professeur de Lettres à l'Université de
Paris IV Sorbonne : Liturgie et littérature au
XXe siècle
Abbé Éric Pépino,
du Diocèse de Lyon, doctorant en histoire contemporaine,
Le Mouvement liturgique français et le CPL
(1943-1963)
Abbé Christophe Héry,
De l'Institut du Bon Pasteur, Une théologie de
la célébration ?
Père Uwe
Michael Lang, de l'Oratoire Saint Philippe Néri de Londres,
L'orientation de la prière liturgique : le sens de
l'histoire
(2)
Le père Uwe Michael LANG est prêtre de l'Oratoire St Philippe Néri de
Londres. Proche de Benoît XVI, il est le principal animateur du Centre
International d'Études Liturgiques d'Oxford. Son livre, préfacé en outre par
le P. Nicolas BUX, de l'Université de Bari, consulteur à la Congrégation
pour la Doctrine de la foi, a été traduit en italien et présenté au public
par Mgr RANJINTH, secrétaire de la Congrégation pour le Culte divin.
Présentation :
L'annonce d'un
prochain Motu proprio du pape Benoît XVI, qui rendrait sa liberté au rite de
la Messe selon les éditions typiques de Jean XXIII, place sous les
projecteurs une liturgie qu'on croyait disparue. Un nouveau débat
s'engage sur ses origines, sur son développement au cours du temps et sur
les motifs de son abolition en 1970.
Loin de l'agitation suscitée par
ce document pontifical encore à venir, cette première Rencontre
universitaire foi et raison - réunie à l'initiative de l'Institut du Bon
Pasteur - propose de prendre le recul nécessaire afin de recourir
paisiblement aux travaux scientifiques, et contribuer à mieux éclairer
l'histoire ancienne et récente des rites et des doctrines liturgiques.
En réunissant des professeurs et des prêtres investis à la fois dans les
études et dans le ministère pastoral, cette première Rencontre universitaire
foi et raison s'attache à estimer la valeur de l'argument historique et
archéologique qui servit à justifier la substitution du rite de Paul VI au
rite traditionnel, tout en s'interrogeant sur les déplacements théologiques
qui ont accompagné ce bouleversement préparé dès avant Vatican II.
Quarante après Eucharistie
Cette
rencontre interdisciplinaire intervient quarante ans après la publication
d'un ouvrage charnière : Eucharistie, du père Louis BOUYER. Pasteur converti
devenu prêtre de l'Oratoire, membre du Consilium et membre fondateur du
Centre National de Liturgie en 1943 (il en rédigea la charte), le père
Bouyer est emblématique des espérances et des déceptions de la réforme
liturgique :
« Faut-il être surpris davantage si [.] certains
veulent profiter de la réforme liturgique en cours pour obtenir, ou imposer
ce qui serait une déformation suprême? Mêlant, ainsi qu'il se doit,
l'oecuménisme en vogue à la "conversion au monde", on nous propose des
refontes de messe qui, comme toujours, prétendraient la ramener à ses
origines évangéliques en y gardant (et s'il le faut en y introduisant) cela
seul qui peut convenir, nous dit-on, à " l'homme d'aujourd'hui" » (LOUIS BOUYER, Eucharistie, 1966).
Sources: Abbé Christophe Héry, de l'IBP -
E.S.M.
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 20.11.2006 - BENOÎT XVI |