Benoît XVI préfère prêcher par
l'exemple que procéder par décret |
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Le 20 septembre 2008 - (E.S.M.) -
Dans la Lettre aux évêques accompagnant le motu proprio, Benoît XVI a
préconisé un enrichissement mutuel des deux missels du rite romain.
Analyses et quelques propositions.
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Motu proprio : Benoît XVI préfère prêcher par l'exemple que procéder par
décret
L'enrichissement réciproque
Le 20 septembre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Dans la
lettre aux évêques accompagnant le
motu proprio, Benoît XVI a préconisé un
enrichissement mutuel des deux missels du rite romain. Analyses et quelques
propositions.
Selon Benoît XVI, « les deux formes d'usage du rite romain peuvent
s'enrichir réciproquement ». Dans l'intention du pape, la réintroduction,
dans le cadre paroissial, du missel promulgué par le bienheureux Jean XXIII
devrait susciter une émulation liturgique de telle sorte que chaque forme
intègre certains aspects positifs de l'autre.
par l'abbé Christian Gouyaud
Un OGM liturgique ?
S'agit-il d'aboutir à une synthèse entre les deux usages liturgiques,
espèce de messe « hybride »? À lire attentivement tout ce que le cardinal
Ratzinger a écrit sur la question, il semble clair que, pour lui, la
liturgie ne se prête pas à ce genre de manipulation génétique! Il évoquait
plutôt la fameuse « réforme de la réforme ». C'est le Missel réformé en 1969
et non le Missel précédent qui pourrait faire l'objet d'une réforme. À
l'occasion des « Journées liturgiques » qui se tenaient en l'abbaye de Fontgombault en juillet 2001, le cardinal Ratzinger souhaitait que l'ancien
Missel fût maintenu comme « point de référence », « critère », « sémaphore »
parce que ce rite est « vénérable » et signifie « l'identité permanente de
l'Église ».
Est-ce à dire que la forme extraordinaire est intangible ? Ce serait
méconnaître profondément l'essence de la liturgie : un corps organique fruit
d'un développement continu. Surtout pas une fabrication artificielle à la
manière d'une production technique mais un processus vivant de croissance
hors duquel le rite se sclérose. En ce sens, on peut bien parler d'un apport
mutuel de l'un à l'autre usage liturgique. La condition sine qua non, c'est
que les deux formes se
côtoient. Je suis enclin à penser que, pour envisager les choses de façon
positive en terme de complémentarité et non de façon dialectique en termes
d'opposition, il faut que les mêmes prêtres diocésains célèbrent les deux
formes dans un même lieu. En ce sens, le cardinal
Castrillon Hoyos, à
Westminster, relayait la pensée du pape en souhaitant que la messe
tridentine soit proposée dans toutes les paroisses et que les séminaristes
reçoivent une formation en vue de la célébrer !
Mais quel dommage qu'une lecture unilatérale du motu proprio et qu'une
compréhension partielle et partiale du sentiment de Benoît XVI sur ce sujet
fassent balayer d'un revers de main ce passage de la lettre du pape aux
évêques: « Évidemment, pour vivre la pleine communion, les prêtres des
communautés qui adhèrent à l'usage ancien ne peuvent pas non plus, par
principe, exclure la célébration selon les nouveaux livres. L'exclusion
totale du nouveau rite ne serait pas cohérente avec la reconnaissance de sa
valeur et de sa sainteté. » Le même cardinal Hoyos, procédant aux
ordinations sacerdotales de la Fraternité Saint-Pierre à Lincoln en juin
2008, enjoignait les membres de cet institut de manifester à leurs frères
prêtres un profond respect pour la forme ordinaire du rite romain en
concélébrant avec l'évêque lors de la messe chrismale, qui est le signe
particulièrement approprié de la communion sacerdotale.
La forme ordinaire
Voici ce qu'indiquait Benoît XVI dans la Lettre qui accompagnait le motu
proprio du 7 juillet 2007 : « Dans la célébration de la Messe selon le
Missel de Paul VI, pourra être manifestée de façon plus forte que cela ne
l'a été souvent fait jusqu'à présent, cette sacralité qui attire de
nombreuses personnes vers le rite ancien. La meilleure garantie pour que le
Missel de Paul VI puisse unir les communautés paroissiales et être aimé de
leur part est de célébrer avec beaucoup de révérence et en conformité avec
les prescriptions; c'est ce qui rend visible la richesse spirituelle et la
profondeur théologique de ce Missel. » À Fontgombault, lors de la conférence susdite, le cardinal
Ratzinger mentionnait trois éléments susceptibles de réformer le Missel de
Paul VI :
- « libérer » ce missel des « espaces de créativité », laquelle «
n'est pas
une catégorie liturgique »;
- réviser les traductions ;
- réorienter la célébration en mettant en valeur la croix, « point de
référence pour tous », prêtre et fidèles.
Concrètement, nous y acheminons-nous ? En France, l'Instruction du pape
Jean-Paul II,
Redemptionis Sacramentum qui tentait de réduire l'écart entre la praxis du Missel de Paul
VI et son édition typique a fait long feu et l'on n'a pas l'impression d'une
réelle prise de conscience par le clergé au pouvoir de l'acuité de la crise
liturgique. Lucide sur la situation, Benoît XVI préfère prêcher par
l'exemple que procéder par décret. La nomination, en octobre 2007, de
Mgr Guido Marini maître des célébrations liturgiques pontificales, en
remplacement de son homonyme Mgr Piero Marini, a introduit plus qu'un
changement de style. Non seulement Benoît XVI a troqué les vêtements qui avaient la faveur de son ancien cérémoniaire contre de beaux
ornements romains
(allant même jusqu'à délaisser la férule papale de
Jean-Paul II) ainsi que fait remettre les sept grands chandeliers et la
croix d'autel dans les basiliques romaines où il célèbre, mais surtout il
n'hésite pas à célébrer au maître-autel
(comme à la Sixtine le 13 janvier
2008) et à distribuer la communion à genoux, comme récemment au Latran, à
Brindisi à Sydney et à Paris ainsi qu'à Lourdes. Exemple d'en haut et aiguillon tridentin juste à côté,
voilà la pédagogie de Benoît XVI qui ne peut se résoudre à la brutalité qui
prévalut dans les années 70 !
La forme extraordinaire
Quelles améliorations pour la forme traditionnelle ? Rappelons que l'édition
de 1962 fut provisoire et élaborée alors qu'une réforme liturgique était en
chantier. Mgr Lefebvre lui-même, en 1965,
saluait certains changements souhaités par le Concile: « Quelque chose était
à réformer et à retrouver. [...] À mon humble avis, deux réformes dans ce
sens semblaient utiles: premièrement les rites de cette première partie et
quelques traductions en langue vernaculaire; faire en sorte que le prêtre
s'approche des fidèles, communique avec eux, prie et chante avec eux, se
tienne donc à l'ambon, dise en leur langue la prière de l'oraison, les
lectures de l'épître et de l'Évangile; que le prêtre chante dans les divines
mélodies traditionnelles le Kyrie, le Gloria et le Credo avec les fidèles.
Autant d'heureuses réformes qui font retrouver à cette partie de la Messe
son véritable but. » Ce n'est qu'après, dans les années 70, que Mgr
Lefebvre, récusant la réforme liturgique, choisit en bon pragmatique qu'il
était l'édition la plus disponible de l'ancien Missel: celle de 1962. Puis,
idéologisant ce choix, il affirma que c'était la dernière révision
acceptable avant le Concile.
Dans son motu proprio
Summorum Pontificum, Benoît XVI indique des
enrichissements possibles : « Dans l'ancien Missel pourront être et devront
être insérés les nouveaux saints, et quelques-unes des nouvelles préfaces ».
C'est surtout à l'occasion des dix ans du motu proprio que le cardinal
Ratzinger soulignait l'importance « d'observer les critères essentiels de la
Constitution sur la Liturgie [de Vatican II] aussi si l'on célèbre selon le
Missel ancien ». Ces critères essentiels sont les suivants : participation
des fidèles, unité de l'action liturgique (en finir avec la lourdeur du
doublement par le prêtre du propre et du Kyriale chantés par le peuple],
accès à la Parole de Dieu par les lectures directement en langue
vernaculaire. La nouvelle oraison du vendredi-saint pour les Juifs,
formellement demandée par le Saint-Siège, est à cet égard très importante :
non, cette forme liturgique n'est pas intangible : elle est réformable, donc
elle est vivante !
Abbé Christian Gouyaud
Un acte de courage
Ce motu proprio a été un magnifique acte de courage de notre Saint-Père
Benoît XVI. Hélas, certains évêques ne semblent pas avoir partagé sa
magnanimité, sa largeur de vue et son courage.
La beauté de l'unique grande liturgie se réfracte dans la merveilleuse
variété de ses multiples rites, comme autant de rayons d'un unique soleil.
Personnellement, j'ai toujours éprouvé une profonde empathie pour les
différentes Liturgies orientales qui font merveilleusement appel à tous les
sens. Et c'est avec joie que je célèbre parfois selon le missel de Jean
XXIII la messe de mon adolescence.
Je souhaite, comme notre pape, une saine émulation mutuelle, une
équilibrante influence réciproque, sans pour autant toucher à la spécificité
de chaque rite.
Pour les jeunes en tout cas, et pour les chrétiens du dimanche, j'aimerais
que fa Messe dite tridentine, ait les lectures de la Parole de Dieu dans
leur langue, ainsi que quelque chant. Je trouverais normal que le
Lectionnaire de ce rite soit aussi enrichi et le Sanctoral mis à jour
intégrant les derniers canonisés, surtout ceux dont la célébration a été
étendue par Jean-Paul II à l'Église universelle. Pourquoi les améliorations
de ce rite si beau, qui a toujours légèrement évolué, s'arrêteraient-elles à
Jean XXIII ? Il faut rester fidèles à cette loi, tout à fait naturelle, de
l'arbre qui s'enrichit de feuilles nouvelles.
Et pour le rite dit de Paul VI, je voudrais qu'il soit célébré dans son
maximum de beauté, sans larguer toute la gestuelle, les sacramentaux, etc.,
qui en font partie intégrante.
Et qu'à partir de l'Offertoire - comme le souhaite ardemment notre Pape -
assemblée et célébrant soient ensemble orientés : tournés vers le Seigneur
qui vient comme le Soleil levant. Je trouve personnellement très inconvenant
ce « face au peuple » pour les moments les plus sacrés, d'autant plus que
cette disposition n'était pas du tout préconisée par la réforme liturgique,
comme le commun des catholiques le pense. Si on revenait à l'ancienne
orientation, le rite y gagnerait énormément en dimension céleste et
eschatologique du grand Mystère célébré.
De même, évangile, préface et même consécration
(si ce n'est l'épiclèse),
devraient être chantés, comme en Orient. Au moins les dimanches et fêtes.
J'aimerais aussi que dans tous les séminaires et maisons de formation
religieuse, on célèbre régulièrement et des divines liturgies orientales et,
bien sûr, des Messes selon le « rite extraordinaire ». Et au moins de temps
en temps dans les paroisses.
Et en sens inverse, que dans les séminaires, monastères, couvents gardant la
belle tradition latino-tridentine, on y célèbre parfois le rite latin
ordinaire, et cela justement dans tout le déploiement de solennité qu'il
comporte aussi, avec évidemment peuple et prêtre ensemble orientés.
Père Daniel-Ange
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Sources : LA NEF • N°196 SEPTEMBRE 2008-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
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20.09.2008 -
T/Motu Proprio
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