Benoît XVI décrit le sentiment de stupeur sacrée |
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Le 20 mars 2008 - Le récit, relaté par Marc, de Jésus marchant sur
les eaux. Ce récit a un parallèle largement concordant dans l'Évangile
de Jean. Zimmermann a soigneusement analysé le texte. Benoît XVI propose de le suivre pour
l'essentiel.
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"Confiance ! c'est moi ; n'ayez pas peur" -
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Benoît XVI décrit le sentiment vif de contemplation, de stupeur sacrée
Venons-en à présent au récit, relaté par Marc, de Jésus marchant sur les
eaux à la suite de la première multiplication des pains (Mc 6, 45-52). Ce
récit a un parallèle largement concordant dans l'Évangile de Jean
(6,
16-21). Zimmermann a soigneusement analysé le texte (H.
Zimmermann, TThZ 69, p. 12s). Benoît XVI propose de le suivre pour
l'essentiel.
Après la multiplication des pains, Jésus oblige ses disciples à monter dans
la barque pour aller vers Bethsaïde. Lui-même se retire « sur la montagne »
pour prier. Arrivés au milieu du lac avec leur barque, les disciples ne
parviennent plus à progresser, victimes d'un violent vent contraire. Le
Seigneur qui était en train de prier les aperçoit et vient à leur rencontre
en marchant sur les eaux. On comprend l'effroi des disciples lorsqu'ils le
voient marcher
sur les eaux. Ils poussent des cris et sont « bouleversés ». Mais Jésus
s'adresse à eux avec bonté : « Confiance !
c'est moi ; n'ayez pas peur »
(Mc
6, 50).
À première vue, on comprend ce « c'est moi » comme une simple formule
permettant aux siens de l'identifier, ce qui leur enlève leur peur. Pourtant
cette lecture n'est pas totalement satisfaisante. Car voici que Jésus monte
dans la barque, et le vent tombe. Jean, précise Benoît XVI, ajoute qu'à partir de là leur bateau
touche très vite terre. Ce qui est remarquable, c'est qu'à ce moment-là
ils
sont effrayés pour de bon : « Ils étaient complètement bouleversés de
stupeur », note Marc d'une expression vigoureuse
(6, 51). Pourquoi donc ? La
peur initiale des disciples de voir un fantôme s'avère sans objet, mais leur
crainte n'est pas apaisée pour autant, elle augmente, au contraire, à
l'instant même où Jésus monte dans la barque et où le vent tombe
brusquement.
Il s'agit à l'évidence d'une crainte typiquement « théophanique », celle
qui s'abat sur l'homme quand il se voit immédiatement confronté à la
présence de Dieu lui-même. Nous l'avons déjà rencontrée à la fin de la pêche
miraculeuse, où Pierre, bien loin de témoigner une joyeuse reconnaissance,
est saisi de crainte jusqu'au fond de l'âme ; il se jette aux pieds de Jésus
et il dit : « Éloigne-toi de moi, car je suis un homme pécheur » (Lc 5, 8).
C'est la « crainte de Dieu » qui envahit les disciples. Car marcher sur
l'eau est le fait de Dieu : « À lui seul il déploie les cieux, il marche sur
la crête des vagues », peut-on lire dans le Livre de Job au sujet de Dieu
(9, 8 ; cf. PS 76, 20 LXX ; Is 43, 16). Le Jésus qui marche sur les eaux
n'est pas simplement le Jésus familier ; en lui les disciples reconnaissent
soudain la présence de Dieu lui-même.
Il en va de même pour l'apaisement de la tempête, acte qui va bien au-delà
de ce que peut un homme et renvoie
donc au pouvoir proprement divin. Si bien que dans l'épisode classique de la
tempête apaisée les disciples se disent entre eux : « Qui est-il donc, pour
que même le vent et la mer lui obéissent ? » (Mc 4, 4l). Dans ce contexte,
le « Je suis » a également une autre tonalité : il exprime davantage que la
simple volonté qu'a Jésus de s'identifier lui-même, comme si le mystérieux «
Je Suis » des écrits johanniques semblait trouver un écho ici aussi. Nul
doute, en tout cas, que tout cet épisode soit une théophanie, une rencontre
du mystère de Dieu, raison pour laquelle elle se termine logiquement, chez
Matthieu, par l'adoration (proskynesis) et par ces mots des disciples : «
Vraiment, tu es le Fils de Dieu! »
(Mt 14, 33).
ndlr : Cette page nous a donné le désir de relever
dans quelques documents du pape, l'expression qui spécifie cette page, nous
voulons dire : la
stupeur (en présence de Dieu lui-même). Par
exemple, s'adressant aux prêtres, Benoît XVI leur dit : "quand vous prenez dans vos mains le corps Eucharistique de Jésus, rappelez-vous l'attitude de
stupeur et d'adoration qui a caractérisé la foi de Marie. (...) De la même façon vous aussi, agenouillez-vous selon la
liturgie au moment de la consécration, conservez dans votre âme
la capacité
de vous étonner et d'adorer. A nous le pape indiquait l’importance d’éprouver
un
sentiment vif de contemplation émerveillée, presque de stupeur sacrée,
face au Mystère de Dieu qui se révèle et nous donne ses richesses dans la
Sainte Eucharistie. Et dans Sacramentum caritatis (n°
67), le pape nous engage à nous tenir en compagnie de
Jésus, en cultivant la stupeur pour sa présence dans l’Eucharistie.
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