|
Le parti Kasper ouvre un second front : Le divorce catholique
|
Le 19 novembre 2014 -
(E.S.M.)
-
Il nous a paru intéressant de publier la traduction de cet
article de Don Pio Pace paru sur le blogue
américain Rorate Cæli, le
13 novembre dernier.
|
|
Mgr Kasper
Le parti Kasper ouvre un second front : Le divorce catholique
Le 19 novembre 2014 - E.
S. M. -
L’assemblée extraordinaire du Synode des Évêques était à peine terminée que
les partisans de la libéralisation de la discipline de l’Eglise concernant
l’indissolubilité du mariage ouvraient un second front, celui de la «
simplification » des procédures canoniques de la déclaration de nullité.
La rétrogradation du cardinal Burke de son poste de préfet de la Signature
apostolique trouve dans cette affaire sa véritable signification. Son rôle
dans la nomination des évêques pour les États-Unis sous Benoît XVI ne suffit
à expliquer sa rétrogradation, parce que, pour neutraliser son influence, il
suffisait (comme cela a été fait) de le retirer de la Congrégation pour les
évêques, où il a été remplacé par le cardinal Wuerl. Mais à sa place de «
Premier Juge » de l’Église romaine, il était un obstacle sérieux à la
réalisation d’un projet actuellement à l’étude : faire des procédures de
déclaration de nullité un « divorce catholique » dans le nom.
Les grandes lignes de ce projet, sans doute déjà relativement réglé en
secret, peuvent se résumer en quatre points:
1. Une considérable accélération et simplification de la procédure.
Actuellement, la procédure (constitution des dossiers, instruction, audition
des époux, des témoins, des experts, plaidoirie, et puis ensuite deuxième
instance) prend généralement un an et demi, ce qui n’est pas très long,
étant donné qu’il s’agit de déclarer inexistante une promesse faite pour
toute la vie. La procédure nouvelle serait réduite à quelques mois. Cela
suppose un accroissement du personnel des tribunaux diocésains qui sont déjà
engorgés, ce qui est pratiquement impossible dans de nombreux pays. Ce qui
est donc envisagé, c’est un examen sommaire de chaque cause.
2. La suppression de la double confirmation. Dans la discipline actuelle,
extrêmement sage et prudente compte tenu de ce qui est en jeu, afin
d’atteindre avec certitude une décision qui soit aussi objective que
possible, quand un jugement de nullité a été formulé par un collège de trois
juges, l’ensemble du processus est alors obligatoirement soumis à un appel
automatique pour une confirmation en deuxième instance, avec nouvel examen
du dossier et prononcé d’une nouvelle décision. Si la deuxième décision est
identique à la première, le premier jugement (de nullité ou non) est
confirmé. Sinon, il est rejeté. La partie demandant une déclaration de
nullité peut alors déposer un recours devant le Tribunal de la Rote romaine,
qui sert de troisième instance de jugement. Dans le projet actuellement à
l’étude, il n’y aurait plus besoin de confirmation par une seconde
délibération.
3. La déclaration de nullité consiste à dire que, au moment du mariage, le
consentement des époux n’a pas vraiment existé. Le Code de Droit Canonique
prévoit un certain nombre de cas de nullité matrimoniale : incapacité de
contracter un mariage en raison de l’absence d’un usage suffisant de la
raison (Can 1095) ; exclusion du mariage lui-même en raison du rejet
d’éléments essentiels, tels que la fidélité à un seul conjoint ou que
l’indissolubilité (Can 1101) ; erreur sur la personne, tromperie, violence,
et aussi l’incapacité pour des raisons psychiques à assumer les obligations
du mariage (généralement, l’immaturité : canon 1095 § 3). De fait, les cause
les plus importantes des nullités de mariage sont souvent que les
contractants souffrent « d’un grave défaut de discernement concernant les
droits et devoirs dans le mariage », ou que « pour des causes de nature
psychique, [ils] ne peuvent assumer les obligations du mariage ». Les
tribunaux laxistes (ceux des États-Unis sont souvent cités, mais il y en a
beaucoup d’autres) se basent principalement sur cette dernière raison: le
manque de maturité des époux, ou de l’un d’eux. Une manière très simple de
transformer les déclarations de nullité dans un « divorce catholique »
serait donc d’élargir la jurisprudence sur la question de la définition de
l’immaturité qui rend le consentement inexistant, ce que les décisions des
tribunaux romains peuvent facilement réaliser. A 20 ou 30 ans, ou même plus,
on est toujours plus ou moins immature
4. La considération de l’absence de la foi de l’un des conjoints. Une idée
qui gagne le monde ecclésiastique est que, dans un certain nombre de cas,
les époux qui contractent un mariage sacramentel n’ayant pas la foi
catholique, leur mariage serait invalide. Cette thèse va à l’encontre
doctrine catholique sur les sacrements, qui distingue leur validité de leur
fructuosité. Le réalisme sacramentel exige en effet que l’acte sacramentel
soit un acte humainement perceptible, constitué par un rite établi par
l’Église. Si le rite est utilisé d’une manière sérieuse, la validité de
l’acte sacramentel est présumée, même si le ministre ou le sujet n’a pas la
foi catholique (principede l’ex opere operato). Par exemple, les fidèles qui
assistent à une messe n’ont aucune obligation de contrôler si le prêtre
célébrant croit ou non en la présence réelle dans l’Eucharistie, tant qu’il
accomplit avec sérieux le rite prescrit par l’Église. Les séminaristes
ordonnés jadis dans les pays communistes n’avaient pas à se préoccuper de la
possibilité que leur évêque aurait pu être un agent communiste caché. On
peut (hélas!) recevoir le baptême ou la confirmation validement, pour de
mauvaises fins, sans avoir la foi. Naturellement, l’acte sera sacrilège et
la grâce sacramentelle sera empêchée par cet obstacle, mais il n’aura pas
lieu de le réitérer ou de le contester. De la même manière, si l’un des
conjoints n’a pas la foi catholique, ou les deux, mais s’ils sont tous deux
baptisés dans l’Eglise et veulent se soumettre librement au rite catholique
du mariage, ils s’unissent validement.
Il est vrai que dans ce cas, le manque de foi peut influencer l’acceptation
des fins du mariage, qui sont de l’ordre naturel mais que l’Eglise
catholique est l’une des rares institutions à reconnaître. En fait, la vraie
raison de la nullité dans un tel cas ne sera pas l’absence de foi, mais ce à
quoi peut conduire parfois cette absence, par exemple, le refus de
l’indissolubilité du mariage. Mais la fabrication d’un empêchement « non-foi
» conduirait à des absurdités : le sacrement devrait être refusé lorsque
l’un des futurs époux (ou les deux) dit qu’il n’a pas la foi catholique (le
plus souvent il se demande s’il a vraiment la foi). Faudrait-il imaginer une
« dispense de foi » accordée par l’évêque pour procéder au mariage, comme il
doit accorder une dispense lorsqu’un des époux n’est pas baptisé, ou est
baptisé dans une autre confession chrétienne ?
***
Les hommes qui portent ce projet de réforme libérale des déclarations de
nullité sont très divers: des « politiques », comme le cardinal hondurien
Oscar Maradiaga, Président du Conseil des cardinaux nommés par le pape pour
réfléchir sur la réforme de la Curie romaine, des « penseurs », comme Mgr.
Vincenzo Paglia, président du Conseil pour la Famille, qui a ébloui Benoît
XVI par son panache de « sociologue théologien » et sa connaissance des
anthropologues contemporains, des membres Du haut appareil judiciaire comme
Mgr Pinto, Doyen de la Rote romaine, enfin des « seconds couteaux », comme
Mgr Maurice Monier, auditeur de la Rote romaine, qui aimerait établir les
annulations fondée sur l’absence de foi.
Il est indéniable qu’un problème pastoral majeur existe aujourd’hui : la
vérification de la véracité de l’accord des époux concernant
l’indissolubilité du mariage et l’accueil des enfants lors des préparations
au mariage. On entend souvent dire que la majorité des mariages sacramentels
actuels ne seraient pas valides. De là la conclusion : il faut beaucoup
élargir la possibilité de déclarer les nullités. C’est un argument spécieux.
Si il est vrai, en effet, qu’un grand nombre de mariages contractés
actuellement sont nuls et de nul effet, ce fait est dû à l’insuffisance des
précautions prises lorsque les candidats au mariage sont reçus afin
d’assurer leur consentement. En fait, l’affirmation que 80% des mariages
actuellement célébrés sont nuls et non avenus – une affirmation qui est
attribuée à François, en regard de laquelle on a souligné que de très
nombreuses annulations étaient accordées par les tribunaux ecclésiastiques
Buenos Aires – devrait logiquement conduire à un très grand « rigorisme » :
il faudrait refuser la célébration du sacrement du mariage à 80% de ceux qui
le demandent et n’admettre comme « dignes » que 20% des demandeurs ! Parce
que continuer à célébrer des mariages qu’on affirme par ailleurs sans
valeur, et ensuite les déclarer nuls avec une procédure sommaire dès que des
difficultés surviennent entre les conjoints, serait se moquer du sacrement
et scandaliser ceux qui le reçoivent. Il est vrai que ce nouveau mariage
sacramentel si facile à défaire serait beaucoup plus attrayant pour les
couples modernes : le nombre des mariages, devenus des mariages au rabais,
recommencerait d’augmenter …
Et afin de faire avancer ce projet dans l’opinion ecclésiastique, en
particulier parmi les évêques, il est présenté comme une solution «
centriste » « raisonnable », qui tient compte des réalités «
pastorales »,
projet à égale distance du « extrêmes » qui se sont manifestés au Synode :
au nom d’une pastorale de « bon sens », l’indissolubilité du mariage serait
ainsi contournée.
***
Le fait est que la situation du mariage catholique aujourd’hui est
extrêmement alarmante. Il est indéniable que de grands efforts doivent être
faits en ce qui concerne la préparation des fiancés afin de les sensibiliser
sur la beauté et les exigences de ce qu’ils envisagent. Là, comme dans tant
d’autres domaines, le défi pour l’Eglise de demain est celui de la bonne
transmission du catéchisme.
Sources : riposte-catholique
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.11.2014
|