Benoît XVI évoque la béatification de
Louis Martin et Zélie Guérin, parents de sainte Thérèse
Le 19 octobre 2008 -
(E.S.M.)
- Le pape Benoît XVI, après avoir récité la supplique, a rappelé ce
midi, la cérémonie de béatification en cours à Lisieux dans la basilique
sainte Thérèse, cérémonie présidée par le cardinal José Saraiva Martins,
légat du pape et préfet émérite de la Congrégation pour les causes des
saints.
Louis et Zélie Martin -
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Benoît XVI évoque la béatification de Louis Martin et Zélie Guérin, parents
de sainte Thérèse
Le 19 octobre 2008 - Eucharistie
Sacrement de la Miséricorde
- Le pape Benoît XVI a
rappelé ce midi, la cérémonie de béatification en cours à Lisieux dans la
basilique sainte Thérèse, cérémonie présidée par le cardinal José Saraiva
Martins, légat du pape et préfet émérite de la Congrégation pour les causes
des saints.
L'Église défend fortement l'identité du mariage et de
la famille. Dans ce but, elle propose l'exemple des parents de sainte
Thérèse de Lisieux, Louis et Zélie Martin, qui ont donc été béatifiés ce 19
octobre 2008 .
Le saint-Père Benoît XVI a présenté l'exemple d'amour et de foi des parents de
sainte Thérèse de l'Enfant Jésus à tous les fidèles. Le choix de la
date est bien évidemment significative, dans la mesure où l'Église célèbre
ce dimanche la
Journée Mondiale Missionnaire, et sainte Thérèse
fut proclamée patronne des missions par Pie XI.
Oui, la civilisation de l'amour est possible, ce n'est pas
une utopie ! Mais elle n'est possible que si l'on se tourne constamment avec
ardeur vers Dieu, Père de notre Seigneur JÉSUS-CHRIST, de qui provient toute paternité dans le
monde
(Ep 3, 14-15), de qui provient toute famille humaine »
(Jean-Paul II,
Lettre aux Familles, 2 février 1994, n. 15 ). C'est, en effet, dans la
famille que naît et se développe la civilisation de l'amour.
Or, "depuis quelque temps se répètent les attaques contre l'institution
familiale. Il s'agit d'atteintes d'autant plus dangereuses et insidieuses
qu'elles méconnaissent la valeur irremplaçable de la famille fondée sur le
mariage"
(Jean-Paul II, 4 juin 1999). Mais
"il n'est pas sans importance
pour les enfants de naître et d'être éduqués dans un foyer constitué par des
parents unis dans une alliance fidèle"
( Ibid ). Le mariage est cette
alliance par laquelle "un homme et une femme constituent entre eux une
communauté de toute la vie, ordonnée par son caractère naturel au bien des
conjoints ainsi qu'à la génération et à l'éducation des enfants"
( Code de
Droit Canonique Cv.1055, §1). Le respect d'une telle union est
"d'une
extrême importance pour le progrès personnel et le sort éternel de chacun
des membres de la famille, pour la dignité, la stabilité, la paix et la
prospérité de la société humaine tout entière"
(Vatican II,
Gaudium et
Spes,
48 ).
Lire l'homélie du cardinal Saraiva
Martins º
Homélie (Doc Word - Source La Croix)
Louis et Zélie Martin, une vie de sainteté
C'est parce que je crois !
Louis Martin est né à Bordeaux, le 22 août 1823, second d'une famille de
cinq enfants. Son père, officier de carrière, est alors en Espagne. La
famille Martin est ballottée au gré des garnisons du père : Bordeaux,
Avignon, Strasbourg. Au moment de sa mise à la retraite, en décembre 1830,
le Capitaine Martin s'établit à Alençon, en Normandie. C'est un officier
d'une piété exemplaire. L'aumônier du régiment lui ayant jadis représenté
qu'on s'étonnait parmi la troupe de le voir, au cours de la Messe, demeurer
si longtemps à genoux après la consécration, il avait répondu sans
sourciller : "Dites-leur que c'est parce que je crois !" Louis reçoit
en famille, puis chez les Frères des Écoles Chrétiennes, une éducation
religieuse très forte. Il ne choisit pas le métier des armes selon la
tradition de sa famille, mais celui d'horloger, qui convient mieux à sa
nature méditative et silencieuse, ainsi qu'à sa grande habileté manuelle. Il
effectue son apprentissage d'abord à Rennes, puis à Strasbourg.
Au seuil de l'automne 1845, Louis prend la décision de se donner tout entier
à Dieu. Il se rend à l'Hospice du Grand-Saint-Bernard, au cœur des Alpes, où
des chanoines se vouent à la prière et au sauvetage des voyageurs perdus en
montagne. Il se présente au Prieur qui l'invite à retourner chez lui pour
compléter ses études de latin avant une éventuelle entrée au Noviciat. Après
une tentative infructueuse pour se mettre tardivement à l'étude, Louis, non
sans regret renonce à son projet. Pour parfaire ses connaissances en
horlogerie, il se rend à Paris, puis revient s'installer à Alençon chez ses
parents ; sa vie très réglée fait dire à ses amis : "Louis, c'est un
saint".
Louis ne cherche pas à se marier et sa mère s'en désole ; mais, à l'école
dentellière, où elle suit des cours, son attention est attirée par une jeune
fille habile et de bonnes manières. Ne serait-ce pas la "perle" qu'elle
désire pour son fils ? Cette jeune fille est Zélie Guérin, née à Gandelain,
dans l'Orne (Normandie),
le 23 décembre 1831, deuxième de trois enfants. Son père et sa mère sont de
familles profondément chrétiennes. En septembre 1844, ils s'installent à
Alençon, où les deux filles aînées reçoivent une formation soignée au
pensionnat des Religieuses du Sacré-Cœur de Picpus.
Zélie pense à la vie religieuse, tout comme son aînée qui deviendra Sœur
Marie-Dosithée à la Visitation du Mans. Mais la Supérieure des Filles de la
Charité, à qui elle demande son admission, lui répond sans hésiter que telle
n'est pas la volonté divine. Devant une affirmation si catégorique, la jeune
fille s'incline, non sans tristesse. Dans un bel optimisme surnaturel, elle
s'écrie : "Mon Dieu, j'entrerai dans l'état de mariage pour accomplir votre
volonté sainte. Alors, je vous en prie, donnez-moi beaucoup d'enfants, et
qu'ils vous soient consacrés !" Zélie se perfectionne alors dans la
confection de Point d'Alençon, technique de dentelle particulièrement
réputée. Le 8 décembre 1851, fête de l'Immaculée Conception, elle a une
inspiration : "Fais faire du Point d'Alençon". Dès lors, elle s'installe à
son compte.
Un jour, croisant un jeune homme dont la noble physionomie, l'allure
réservée et la tenue pleine de dignité l'impressionnent fortement, Zélie
perçoit une parole intérieure : "C'est celui-là que j'ai préparé pour toi".
L'identité du passant, Louis Martin, lui est bientôt révélée. Les deux
jeunes gens ne tardent pas à s'apprécier et à s'aimer. Leur accord s'établit
si promptement qu'ils se marient le 13 juillet 1858, trois mois après leur
première rencontre. Louis et son épouse se proposent de vivre comme frère et
sœur, suivant l'exemple de saint JOSEPH et de la Vierge MARIE. Dix mois de
vie commune dans une totale continence leur permettent de fondre ensemble
leurs âmes dans une intense communion spirituelle. Mais une prudente
intervention de leur confesseur et le désir de donner des enfants au
Seigneur, les décident à interrompre cette sainte expérience. Zélie écrira à
sa fille Pauline : "Pour moi, je désirais avoir beaucoup d'enfants, afin de
les élever pour le Ciel". En moins de treize ans, ils auront neuf enfants.
Leur amour sera beau et fécond.
Aux antipodes
"Un amour qui n'est pas 'beau', c'est-à-dire un amour réduit à la seule
satisfaction de la concupiscence, ou à un 'usage' mutuel de l'homme et de la
femme, rend les personnes esclaves de leurs faiblesses"
( Lettre aux familles, 13). Dans
cette perspective, les personnes sont utilisées comme des choses : la femme
peut devenir pour l'homme un objet de plaisir, et réciproquement ; les
enfants, une gêne pour les parents ; la famille, une institution encombrante
pour la liberté de ses membres. On se trouve alors aux antipodes du
véritable amour. "En ne cherchant que le plaisir, on peut en venir à tuer
l'amour, à en tuer le fruit, dit le Pape Jean Paul II. Pour la culture du
plaisir, le fruit béni de ton sein (Lc 1, 42)
devient en un sens un 'fruit maudit' ", c'est-à-dire indésirable, que l'on
veut supprimer par l'avortement. Cette culture de mort s'oppose à la loi
divine : "La Loi de Dieu à l'égard de la vie humaine est sans équivoque
et catégorique. Dieu ordonne : Tu ne tueras pas
( Ex 20, 13 ).
Aucun législateur humain ne peut donc affirmer : II t'est permis de tuer,
tu as le droit de tuer, tu devrais tuer " (
Ibid., 21).
"Toutefois, ajoute le Pape Jean Paul II, on voit se développer, surtout
parmi les jeunes, une nouvelle conscience du respect de la vie depuis la
conception... C'est un levain d'espérance pour l'avenir de la famille et de
l'humanité"
(Ibid.). En effet, dans le
nouveau-né se réalise le bien commun de la famille et de l'humanité. Les
parents Martin expérimentent cette vérité à travers l'accueil de leurs
nombreux enfants : "Nous ne vivions plus que pour nos enfants, c'était
tout notre bonheur et nous ne l'avons trouvé qu'en eux", écrira Zélie.
Leur vie conjugale ne va cependant pas sans épreuves. Trois enfants meurent
en bas âge, dont les deux garçons. Puis c'est le décès brusque de
Marie-Hélène, à 5 ans et demi. Prières, pèlerinages se succèdent au milieu
des angoisses, spécialement en 1873, durant la grave maladie de Thérèse et
la typhoïde de Marie. La confiance de Zélie dans les plus grandes
inquiétudes est fortifiée par le spectacle de la foi de son époux, en
particulier de son exacte observance du repos du dimanche : jamais Louis
n'ouvre son magasin le dimanche. C'est la " fête du Bon Dieu " qu'on
célèbre en famille, d'abord par les Offices paroissiaux, puis par de grandes
promenades. On emmène les enfants aux fêtes d'Alençon, jalonnées de
cavalcades et de feux d'artifices.
L'éducation des enfants est à la fois joyeuse, tendre et exigeante. Dès
l'éveil des intelligences, Madame Martin leur apprend l'offrande matinale du
cœur au Bon Dieu, l'acceptation toute simple des difficultés quotidiennes "pour
faire plaisir à JÉSUS". Marque indélébile qui sera la base de la "petite
voie" enseignée par leur benjamine : la future sainte Thérèse de l'Enfant-JÉSUS.
"Le foyer est ainsi la première école de vie chrétienne", comme l'enseigne
le Catéchisme de l'Église Catholique (
CEC,
1657). Louis seconde son épouse dans sa tâche
auprès des enfants : il se met en route dès 4 heures du matin, à la
recherche d'une nourrice pour un de ses derniers-nés, malade ; il accompagne
sa femme à dix kilomètres d'Alençon par une nuit glacée au chevet de leur
premier fils, Joseph ; il fait le garde-malade auprès de son aînée, Marie,
atteinte de la fièvre typhoïde, à l'âge de 13 ans...
Le dynamisme que donne l'amour
Très dynamique, Louis Martin n'est pas le "doux rêveur " qu'on a parfois
décrit. Pour aider Zélie, débordée par le succès de son entreprise de
dentelle, il abandonne l'horlogerie. La dentelle se travaille par pièces de
15 à 20 centimètres. On y emploie des fils de lin de très haute qualité et
d'une finesse extrême. La "trace" une fois exécutée, le "morceau" passe de
main en main suivant le nombre de points qu'il comporte - il en existe neuf,
qui constituent autant de spécialités. Il faut ensuite procéder à
l'assemblage : labeur délicat mené à l'aide d'aiguilles et de fils de plus
en plus ténus. Zélie réalise elle-même l'invisible raccord des pièces que
lui apportent des dentellières travaillant à domicile. Cependant, il faut
trouver des débouchés. Louis excelle dans cette partie commerciale et
augmente considérablement les bénéfices de l'entreprise. Mais il sait aussi
trouver le temps de se détendre et d'aller à la pêche.
Avec cela, les époux Martin font partie de plusieurs associations de piété :
Tiers-Ordre de Saint-François, adoration nocturne, etc. Ils puisent leur
force dans l'observance amoureuse des prescriptions et des conseils de
l'Église : jeûnes, abstinences, Messe quotidienne, confession fréquente. "Les
forces divines sont beaucoup plus puissantes que vos difficultés ! écrit le
pape Jean Paul II aux familles. L'efficacité du sacrement de la
Réconciliation est immensément plus grande que le mal agissant dans le
monde... Incomparablement plus grande est surtout la puissance de
l'Eucharistie... Dans ce sacrement, c'est Lui-même que le Christ nous a
laissé comme nourriture et comme boisson, comme source de puissance
salvifique... La vie qui vient de Lui est pour vous, chers époux, parents et
familles ! N'a-t-Il pas institué l'Eucharistie dans un contexte familial, au
cours de la dernière Cène ?... Les paroles prononcées alors gardent toute la
puissance et toute la sagesse du sacrifice de la Croix"
( Ibid 18 ).
Des fruits durables
À la source eucharistique, Zélie puise une énergie au-dessus de la moyenne
des femmes, et son époux, une tendresse au-dessus de la moyenne des hommes.
Louis gère les finances. Il acquiesce de bon gré aux demandes de son épouse
: "Pour la retraite de Marie à la Visitation, écrit Zélie à Pauline, tu sais
comme papa aime peu à se séparer de vous et il avait d'abord formellement
dit qu'elle n'irait pas... Hier soir, Marie se lamentait à ce propos ; je
lui ai dit : "Laisse-moi faire, j'arrive toujours à ce que je veux et
sans combat ; il y a encore un mois d'ici là ; c'est assez pour décider ton
père dix fois." Je ne me trompais pas, car à peine une heure après,
lorsqu'il est entré, il s'est mis à parler très amicalement à ta sœur
(Marie)... "Bon, me dis-je, voilà le moment !" Et j'ai insinué
l'affaire. "Tu désires donc beaucoup faire cette retraite ? " dit son
père à Marie : "
Oui, papa. - Eh bien, vas-y ! "... Je trouve que j'avais une bonne
raison de vouloir que Marie aille à la retraite. Il est vrai que c'est une
dépense, mais l'argent n'est rien quand il s'agit de la sanctification d'une
âme ; et l'année dernière, Marie m'est revenue toute transformée. Les fruits
durent encore ; cependant il est temps qu'elle renouvelle sa provision ».
Les retraites spirituelles produisent des fruits de conversion et de
sanctification, car sous l'effet de leur dynamisme, l'âme, docile aux
illuminations et aux mouvements de l'Esprit Saint, se purifie toujours plus
des péchés, pratique les vertus, imitant JÉSUS-CHRIST, modèle absolu, pour
arriver à une union plus intime avec lui. C'est pourquoi le Pape Paul VI a
pu dire : "La fidélité aux exercices annuels en milieu préservé assure le
progrès de l'âme". Parmi toutes les méthodes d'exercices spirituels, "il
en est une qui a remporté l'approbation entière et répétée du Siège
Apostolique... la méthode de saint Ignace de Loyola, de celui qu'il Nous
plaît d'appeler Maître spécialisé dans les exercices spirituels"
( Pie XI, Encyclique Mens Nostra).
La vie profondément chrétienne des parents Martin s'ouvre naturellement à la
charité envers le prochain : aumônes discrètes aux pauvres, auxquelles les
filles sont associées selon leur âge, assistance aux malades. Ils n'ont pas
peur de se battre en justice pour soutenir des opprimés. De même, ils font
ensemble les démarches nécessaires pour l'entrée d'un indigent à l'hospice,
alors que celui-ci n'y a pas droit, n'étant pas assez âgé. Ces services
dépassent les limites de la paroisse et manifestent un grand esprit
missionnaire : larges offrandes annuelles à la Propagation de la Foi,
participation à l'édification d'une église au Canada, etc.
Mais le bonheur familial intense des Martin ne dure pas très longtemps. Dès
1865, Zélie remarque la présence d'une tumeur à son sein, apparue après une
chute sur l'angle d'un meuble. Son frère, pharmacien, et son mari n'y
accordent pas une grande importance. Fin 1876, le mal se réveille et le
diagnostic est formel : « tumeur fibreuse inopérable » parce que trop
avancée. Vaillamment, Zélie fait face jusqu'au bout. Consciente du vide que
laissera sa disparition, elle demande à sa belle-sœur, Madame Guérin,
d'aider son mari pour l'éducation des plus jeunes après sa mort.
Madame Martin meurt le 28 août 1877. Pour Louis, âgé de 54 ans, c'est un
effondrement, une plaie profonde qui ne se refermera qu'au Ciel. Mais il
accepte tout, avec un esprit de foi exemplaire et la conviction que sa
"sainte épouse" est au Ciel. Il complétera la tâche commencée dans
l'harmonie d'un amour sans faille : l'éducation des cinq filles. Pour cela,
écrit Thérèse, "le cœur si tendre de papa avait joint à l'amour qu'il
possédait déjà un amour vraiment maternel". Madame Guérin s'offre à
aider la famille Martin et invite son beau-frère à transplanter son foyer à
Lisieux. La pharmacie de son mari sera pour les petites orphelines une
seconde maison, et l'intimité qui unit les deux familles ne fera que
grandir, dans les mêmes traditions de simplicité, de labeur et de droiture.
Malgré les souvenirs et les amitiés fidèles qui pourraient le retenir à
Alençon, Louis se résout au sacrifice et déménage pour Lisieux.
Un grand honneur
La vie aux " Buissonnets ", la nouvelle maison de Lisieux, est plus austère
et retirée qu'à Alençon. La famille entretient peu de relations, et cultive
le souvenir de celle que Monsieur Martin désigne toujours à ses enfants
comme "votre sainte maman". Les plus jeunes filles sont confiées aux
Bénédictines de Notre-Dame du Pré. Mais Louis sait leur ménager des
distractions : séances théâtrales, voyages à Trouville, séjour à Paris,
etc., recherchant à travers toutes les réalités de la vie, la gloire de Dieu
et la sanctification des âmes.
Sa sainteté personnelle se révèle surtout dans l'offrande de toutes ses
filles, puis de lui-même. Zélie prévoyait déjà la vocation de ses deux
aînées : Pauline entre au Carmel de Lisieux en octobre 1882, et Marie en
octobre 1886. En même temps Léonie, enfant de caractère difficile, inaugure
une série d'essais infructueux d'abord chez les Clarisses, puis à la
Visitation, où après deux échecs elle finira par entrer définitivement, en
1899. Thérèse, la benjamine, la "petite Reine", va surmonter tous les
obstacles pour entrer au Carmel à 15 ans, en avril 1888. Deux mois plus
tard, le 15 juin, Céline dévoile à son père qu'elle aussi se sent appelée à
la vie religieuse. Devant ce nouveau sacrifice, la réaction de Louis Martin
est splendide : "Viens, allons ensemble devant le Saint-Sacrement
remercier le Seigneur qui me fait l'honneur de prendre tous mes enfants".
"Vous, parents, rendez grâces au Seigneur s'il a appelé l'un de vos
enfants à la vie consacrée, écrit le Pape Jean-Paul II. Comme cela a
toujours été, il faut se sentir très honoré que le Seigneur porte son regard
sur une famille et choisisse l'un de ses membres pour l'inviter à prendre la
voie des conseils évangéliques. Gardez le désir de donner au Seigneur l'un
de vos enfants pour la croissance de l'amour de Dieu dans le monde. Quel
fruit de l'amour conjugal pourrait être plus beau que celui-là ? "
( Exhortation apostolique
Vita
Consecrata, 25 mars 1996, n. 107).
La vocation est avant tout une initiative divine. Mais une éducation
chrétienne favorise la réponse généreuse à l'appel de Dieu : "C'est au
sein de la famille que les parents sont par la parole et par l'exemple, pour
leurs enfants, les premiers hérauts de la foi, au service de la vocation
propre de chacun et tout spécialement de la vocation sacrée"
(CEC
1656). Aussi, "si les parents ne vivent pas les
valeurs évangéliques, le jeune garçon et la jeune fille pourront
difficilement entendre l'appel, comprendre la nécessité des sacrifices à
consentir ou apprécier la beauté du but à atteindre. C'est en effet dans la
famille que les jeunes font la première expérience des valeurs évangéliques,
de l'amour qui se donne à Dieu et aux autres. Il faut aussi qu'ils soient
formés à l'usage responsable de leur liberté, afin d'être prêts à vivre,
selon leur vocation, les plus hautes réalités spirituelles"
(
Vita
Consecrata, ibid. ).
Je suis trop heureux
Sainte Thérèse de l'Enfant-JÉSUS et de la Sainte-Face témoignera de la
manière dont son père vivait concrètement l'Évangile : "Ce que surtout
j'avais remarqué, c'était les progrès que papa faisait dans la perfection ;
à l'exemple de saint François de Sales, il était parvenu à se rendre maître
de sa vivacité naturelle au point qu'il paraissait avoir la nature la plus
douce du monde... Les choses de la terre semblaient à peine l'effleurer, il
prenait facilement le dessus des contrariétés de cette vie". En mai
1888, Louis revoit les étapes de sa vie, au cours d'une visite dans l'église
où avait été célébré son mariage. Il raconte ensuite à ses filles : "Mes
enfants, je reviens d'Alençon, où j'ai reçu dans l'église Notre-Dame de si
grandes grâces, de telles consolations, que j'ai fait cette prière : Mon
Dieu, c'en est trop ! oui, je suis trop heureux, il n'est pas possible
d'aller au Ciel comme cela, je veux souffrir quelque chose pour vous ! Et je
me suis offert.." Le mot " victime " expire sur ses lèvres, il n'ose pas
le prononcer, mais ses filles ont compris.
Dieu ne tarde pas à exaucer son serviteur. Le 23 juin 1888, affligé de
poussées d'artériosclérose qui l'affectent dans ses facultés mentales, Louis
Martin disparaît de son domicile. Après bien des angoisses, on le retrouve
au Havre, le 27. C'est le début d'une lente et inexorable déchéance
physique. Peu après la prise d'habit de Thérèse, où il se montre "si
beau, si digne", il est victime d'une crise de délire qui nécessite son
internement à l'hôpital du Bon-Sauveur de Caen : situation humiliante qu'il
accepte avec une foi profonde. Quand il peut s'exprimer, il répète : "Tout
pour la plus grande gloire de Dieu", ou encore : "Je n'avais jamais
eu d'humiliation dans ma vie, il m'en fallait une". Lorsque ses jambes
sont atteintes de paralysie, en mai 1892, on le ramène à Lisieux. "Au
revoir, au Ciel ! " peut-il juste dire à ses filles, lors de sa dernière
visite au Carmel. Il s'éteint doucement à la suite d'une crise cardiaque, le
29 juillet 1894, assisté par Céline qui a différé son entrée au Carmel pour
s'occuper de lui.
Sainte Thérèse de l'Enfant-JÉSUS et de la Sainte-Face pourra dire : « Le
bon Dieu m'a donné un père et une mère plus dignes du Ciel que de la terre
». Puissions-nous, en suivant leur exemple, parvenir à la Demeure éternelle
que la sainte de Lisieux appelle « le foyer Paternel des Cieux ».
Abbaye Saint Joseph de Clairval
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Louis et Zélie Martin béatifiés le 19 octobre
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Béatification de Louis et Zélie Martin,
parents de Sainte Thérèse
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Itinéraire vers la béatification de Louis et Zélie Martin
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Sources : www.vatican.va
-
(E.S.M.)
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M. sur Google actualité)
19.10.2008 -
T/Église