Homélie de Benoît XVI pour le monde du travail.
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ROME, 19 MARS. A 9,30 h. aujourd'hui, III dimanche de Carême, le pape Benoît XVI a présidé dans la Basilique Vaticane, la Sainte Messe en l'honneur des travailleurs.
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CÉLÉBRATION EUCHARISTIQUE PRÉSIDÉE PAR LE SAINT PERE BENOÎT XVI POUR LE MONDE DU TRAVAIL.
ROME, 19 MARS. A 9,30 h. aujourd'hui, III dimanche de Carême, le pape Benoît XVI a présidé dans la Basilique Vaticane, la Sainte Messe en l'honneur des travailleurs.
Ont concélébré avec la Pape Benoît XVI, entre autres, le Card.
Camillo Ruini
, Vicaire Général de Sa Sainteté pour la diocèse de Rome et Président de la Conférence Episcopale Italienne ; Mons.
Giuseppe Betori
, Évêque tit. de Falerone, Secrétaire Général de CEI et Mons.
Arrigo Miglio,
Évêque d'Ivrea, Président de la Commission Episcopale pour les problèmes sociaux et du travail, de la justice et de la paix, qui a adressé au début de la célébration un discours d'hommage au Saint Père Benoît XVI.
Le pape a prononcé une homélie après la proclamation du Saint Évangile.
Nous avons écouté ensemble - a dit le pape Benoît XVI - une page célèbre du Livre de l'Exode, celle dans laquelle l'auteur sacré raconte la remise à Israël du Décalogue de la part de Dieu. Un détail frappe immédiatement : l'énoncé des commandements est introduit de façon significative par une référence
à la libération du peuple d'Israël.
Le texte dit : "
Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait sortir du pays d'Egypte, de la maison d'esclavage
" (Ex 20.2). Le Décalogue est une confirmation de la liberté conquise. En effet, exprime Benoît XVI,
les commandements , sont le moyen que le Seigneur nous offre pour défendre notre liberté.
Il y a une seconde dimension du Décalogue qui doit également être soulignée, analyse Benoît XVI : Au moyen de la Loi, donnée par la main de Moïse, le Seigneur révèle vouloir conclure avec Israël un pacte d'alliance. La Loi, donc, plus qu'une contrainte
est un don
. Plus que imposer ce que l'homme doit faire, elle veut rendre manifeste à tous le choix de Dieu. Il l'a libéré de l'esclavage et l'entoure de sa bonté miséricordieuse.
Le Décalogue est le témoignage d'un amour de prédilection.
Un second message que nous offre la Liturgie d'aujourd'hui : la Loi mosaïque a trouvé son plein accomplissement en Jésus, qui a révélé la sagesse et l'amour de Dieu au moyen du mystère de la Croix, "scandale pour les Juifs
,
sottise pour les païens - comme nous le dit saint Paul dans la seconde lecture -, mais pour ceux que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs,
ce Messie est puissance de Dieu et sagesse de Dieu
" (1 Cor 1.23-24).
Précisément à ce mystère fait référence la page évangélique qui vient d'être proclamée
:
Jésus expulse du temple les vendeurs et les changeurs. L'évangéliste fournit la clé de lecture de cet épisode significatif à travers le verset d'un Psaume : "Le zèle pour ta cause me dévore" (cfr Ps 69,10). Jésus est "dévoré " par ce "zèle" pour la "cause de Dieu
".
Il affirme : "
Détruisez ce Temple et en trois jours je le relèverai
" (Jn 2,19). Mot mystérieux, incompréhensible à ce moment, mais que Jean reformule pour ses lecteurs chrétiens, en observant : "Il parlait du temple de son Corps" (Jn2,21). Ce "temple" ses adversaires voulait le détruire, mais après trois jours il l'aurait relevé par sa résurrection. La douloureuse et "scandaleuse" mort du Christ a été couronnée du triomphe de sa glorieuse résurrection. En ce temps de Carême - nous propose Benoît XVI - nous nous préparons à revivre dans le triduum pascal cet évènement central de notre salut, nous pouvons regarder le Crucifié et déjà entrevoir en Lui
le visage du Ressuscité.
Aujourd'hui la célébration eucharistique, propose à la méditation des fidèles, en plus de la liturgie de ce troisième dimanche de Carême, la mémoire de saint Joseph. Cela nous offre l'opportunité de considérer, à la lumière du mystère pascal, une autre attente importante de l'existence humaine. Je me réfère - explique Benoît XVI - à la réalité du travail, confrontée aujourd'hui à des changements rapides et complexes.
La Bible, dans plusieurs passages montre, dit le pape, combien le travail appartient à la condition initiale de l'homme. Lorsque le Créateur modela l'homme à son image et à ressemblance, Il l'invita à travailler la terre (cfr Gn 2.5-6). Ce fut à cause du péché originel que le travail devint fatiguant et pénible (cfr Gn 3.6-8). Même le Fils de Dieu, en se faisant en tout semblable à nous, se consacra beaucoup dans le travail manuel, aussi était-Il connu comme le "fils du charpentier" (cfr Mt 13,55). l'Église a toujours manifesté, spécialement au cours du dernier siècle, attention et sollicitude dans ce domaine à la société, comme en témoignent les nombreuses interventions sociales du Magistère et l'action de multiples associations d'inspiration chrétienne. Aujourd'hui, insiste Benoît XVI, quelques unes sont ici et représentant le monde des travailleurs. Je suis heureux de vous accueillir, chers amis, et recevez chacun mon cordial salut. Une pensée particulière à Mons. Arrigo Miglio, Évêque d'Ivrea et Président de la Commission Episcopale Italienne pour les Problèmes Sociaux et du Travail, de la Justice et de la Paix, qui s'est fait l'interprète de vos sentiments et m'a adressé l'aimable expression de ses voeux pour ma fête patronymique. Je lui en suis vraiment reconnaissant.
À ce sujet, rappelle Benoît XVI, arrive opportunément l'invitation contenue dans la première lecture : "
Réserve-toi le jour du sabbat pour le sanctifier. Six jours tu travailleras et feras tous tes travaux, mais le septième jour est jour de repos en l'honneur du Seigneur, ton Dieu
" (Ex-20, 8-9).
Le jour du sabbat est jour de sanctification, consacré à Dieu, jour pendant lequel l'homme comprend mieux le sens de son existence et aussi de son travail. On peut affirmer par conséquent - précise Benoît XVI - que l'enseignement biblique sur le travail trouve son couronnement dans le commandement du repos. Le repos - précise le pape - permet aux hommes de se rappeler et de revivre les oeuvres de Dieu, de la Création à la Rédemption, de se reconnaître eux-mêmes comme étant Son oeuvre (Cf. Hf 2,10),
Lui rendre grâce pour sa propre vie et pour sa propre existence, Lui qui en est l'auteur
"(n. 258).
Le travail doit servir au véritable bien de l'humanité, en permettant "à l'homme, comme individu et comme membre de la société, de cultiver et de réaliser pleinement sa vocation" (
Gaudium et Spes
, 35).
Pour que cela arrive, analyse le pape Benoît XVI, la qualification technique et professionnelle nécessaire ne suffit pas; la création d'un ordre social juste et attentif au bien de tous n'est pas non plus suffisante. Il est nécessaire de vivre une spiritualité qui aide les croyants à être sanctifiés à travers leur propre travail, en imitant Saint-Joseph, qui chaque jour a su pourvoir aux nécessités de la Sainte Famille de ses propres mains et que l'Église reconnaît comme saint patron des travailleurs.
Je désire lui recommander, les jeunes qui réussissent à grand-peine à s'introduire dans le monde du travail, les chômeurs et tous ceux qui traversent des difficultés dues à la crise professionnelle qui se répand. Que Saint-Joseph veille près de Marie, son Épouse, sur tous les travailleurs et obtienne pour les familles et pour toute l'humanité, sérénité et paix.
Benoît XVI a conclut par ces mots: "Qu'en contemplant ce grand Saint, les chrétiens apprennent à témoigner de l'amour du Christ dans leur milieu de travail ,source de vraie solidarité et de paix stable."
Texte intégral:
Chers frères et sœurs,
Nous avons écouté ensemble une page célèbre et belle du Livre de l'Exode, celle
dans laquelle l'auteur sacré raconte la remise à Israël du Décalogue de la part
de Dieu. Un détail nous frappe immédiatement: l'énonciation des dix
commandements est introduite par une référence significative à la libération du
peuple d'Israël. Le texte dit: « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t'ai fait
sortir du pays d'Égypte, de la maison d'esclavage » (Ex 20, 2). Le Décalogue se
veut donc une confirmation de la liberté conquise. En effet, les commandements,
si on les regarde en profondeur, sont le moyen que le Seigneur nous donne pour
défendre notre liberté autant des conditionnements internes des passions que des
abus externes de personnes malintentionnées. Les « non » des commandements sont
autant de « oui » à la croissance d'une liberté authentique. Il existe une
deuxième dimension du Décalogue qu'il faut également souligner : à travers la
loi donnée par la main de Moïse, le Seigneur révèle qu'il souhaite passer avec
Israël un pacte d'alliance. Plus qu'un ordre, la loi est par conséquent un don.
Plus que commander à l'homme de faire telle ou telle chose, elle veut manifester
à tous le choix de Dieu: il est du côté du peuple élu; il l'a libéré de
l'esclavage et il l'entoure de sa bonté miséricordieuse. Le Décalogue est le
témoignage d'un amour préférentiel.
La Liturgie d'aujourd'hui nous offre un deuxième message : la Loi mosaïque a
trouvé son plein accomplissement en Jésus, qui a révélé la sagesse et l'amour de
Dieu à travers le mystère de la Croix, « scandale pour les Juifs, folie pour les
païens — comme nous l'a dit saint Paul dans la seconde lecture —, mais pour ceux
que Dieu appelle, qu'ils soient Juifs ou Grecs, … puissance de Dieu et sagesse
de Dieu» (1 Co 1, 23, 24). C'est précisément à ce mystère que fait référence la
page évangélique qui vient d'être proclamée : Jésus chasse du temple les
vendeurs et les changeurs. L'évangéliste fournit la clé de lecture de cet
épisode significatif à travers le verset d'un Psaume: « Car le zèle de ta maison
me dévore » (cf. Ps 69, 10). Jésus est bien « dévoré » par ce « zèle » pour la «
maison de Dieu », utilisée dans des buts différents de ceux auxquels elle
devrait être destinée. Face à la demande des responsables religieux, qui
prétendent un signe de son autorité, à la stupéfaction des personnes présentes,
il affirme: « Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai » (Jn 2,
19). Une parole mystérieuse, incompréhensible à ce moment-là, mais que Jean
reformule pour ses lecteurs chrétiens, en observant : « Mais le Temple dont il
parlait, c'était son corps » (Jn 2, 21). Ce « temple », ses adversaires allaient
le détruire, mais après trois jours, il l'aurait reconstruit à travers la
résurrection. La douloureuse et « scandaleuse » mort du Christ allait être
couronnée par le triomphe de sa glorieuse résurrection. Alors qu'en ce temps de
Carême, nous nous préparons à revivre dans le triduum pascal cet événement
central de notre salut, notre regard est déjà tourné vers le Crucifié, en
entrevoyant en Lui le rayonnement du Ressuscité.
Chers frères et sœurs, la célébration eucharistique d'aujourd'hui, qui unit à la
méditation des textes liturgiques du troisième dimanche de Carême, le souvenir
de saint Joseph, nous offre l'opportunité de considérer, à la lumière du mystère
pascal, un autre aspect important de l'existence humaine. Je veux parler de la
réalité du travail, placée aujourd'hui au centre de changements rapides et
complexes. La Bible, en de nombreuses pages, montre que le travail appartient à
la condition originelle de l'homme. Lorsque le Créateur façonna l'homme à son
image et ressemblance, il l'invita à travailler la terre (cf. Gn 2, 5.6). Ce fut
à cause du péché de nos premiers ancêtres que le travail devint effort et peine
(cf. Gn 3, 6-8), mais dans le projet divin, il conserve intacte toute sa valeur.
Le Fils de Dieu lui-même, en se faisant en toute chose semblable à nous, se
consacra pendant de nombreuses années à des activités manuelles, au point d'être
connu comme le « fils du charpentier » (cf. Mt 13, 55). L'Eglise a toujours fait
preuve, en particulier au cours du dernier siècle, d'attention et de sollicitude
pour cette dimension de la société, ainsi qu'en témoignent les nombreuses
interventions sociales du Magistère et l'action de multiples associations
d'inspiration chrétienne dont certaines sont venues ici aujourd'hui représenter
le monde des travailleurs dans son ensemble. Je suis heureux de vous accueillir,
chers amis, et je présente à chacun de vous mon salut cordial. J'adresse une
pensée particulière à Mgr Arrigo Miglio, évêque d'Ivrea et président de la
Commission épiscopale italienne pour les Problèmes sociaux et le Travail, la
Justice et la Paix, qui s'est fait l'interprète des sentiments communs et m'a
adressé de courtoises paroles de vœux pour ma fête. Je lui en suis vivement
reconnaissant.
Le travail revêt une importance primordiale pour la réalisation de l'homme et
pour le développement de la société, et c'est pourquoi il faut qu'il soit
toujours organisé et accompli dans le plein respect de la dignité humaine et au
service du bien commun. Dans le même temps, il est indispensable que l'homme ne
se laisse pas asservir par le travail, qu'il ne l'idolâtre pas, en prétendant
trouver en celui-ci le sens ultime et définitif de la vie. A ce propos,
l'invitation contenue dans la première Lecture est tout à fait riche de sens : «
Tu feras du sabbat un mémorial, un jour sacré. Pendant six jours tu travailleras
et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos,
sabbat en l'honneur du Seigneur ton Dieu » (Ex 20, 8-9). Le sabbat est le jour
sanctifié, c'est-à-dire consacré à Dieu, au cours duquel l'homme comprend mieux
le sens de son existence comme de son activité professionnelle. L'on peut par
conséquent affirmer que l'enseignement biblique sur le travail trouve son
couronnement dans le commandement du repos. Le Compendium de la doctrine sociale
de l'Eglise souligne justement à ce propos que : « A l'homme, lié à la nécessité
du travail, le repos ouvre la perspective d'une liberté plus complète, celle du
sabbat éternel (cf. He 4, 9-10). Le repos permet aux hommes de rappeler et de
revivre les œuvres de Dieu, depuis la Création jusqu’à la Rédemption, de se
reconnaître eux-mêmes comme Son œuvre (cf. Ep 2, 10), de lui rendre grâce de
leur vie et de leur subsistance, car il en est l'auteur » (n. 258).
L'activité professionnelle doit servir au vrai bien de l'humanité, en permettant
« à l'homme, considéré comme individu ou comme membre de la société, de
s'épanouir selon la plénitude de sa vocation » (Gaudium et spes, n. 35).
Pour que cela advienne, la qualification technique et professionnelle, même si
elle est nécessaire, ne suffit pas ; la création d'un ordre social juste et
attentif au bien de tous n'est pas non plus suffisante. Il faut vivre une
spiritualité qui aide les chrétiens à se sanctifier à travers le travail, en
imitant saint Joseph qui, chaque jour, a dû pourvoir aux besoins de la Sainte
Famille de ses propres mains et que, pour cette raison, l'Eglise indique comme
patron des travailleurs. Son témoignage montre que l'homme est le sujet et
l'acteur du travail. Je voudrais lui confier les jeunes qui, avec difficulté,
parviennent à s'insérer dans le monde du travail, les chômeurs et ceux qui
souffrent des problèmes dus à l'importante crise de l'emploi. Qu'avec Marie, son
Epouse, saint Joseph veille sur tous les travailleurs et obtienne pour les
familles et pour toute l'humanité, sérénité et paix. Qu'en tournant le regard
vers ce grand saint, les chrétiens apprennent à témoigner dans tous les milieux
professionnels de l'amour du Christ, source de solidarité véritable et de paix
stable. Amen !
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