Benoît XVI, père et maître en temps de crise
Le 19 janvier 2023 -
(E.S.M.)
-
Son héritage spirituel à travers quelques textes qui servent de
jalon: ce qu’il nous a enseigné, de l’importance de la prière à
l’exhortation à rester ferme dans la foi en passant par le danger de
la dictature du relativisme. Et, à titre personnel, la grande leçon
de l’humilité, jusqu’au bout.
Benoît XVI -
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Benoît XVI, père et maître en temps de crise
Le 19 janvier 2023 - E.
S. M. - Ce qui nous manque le plus chez Benoît XVI, c’est un
point de référence sûr dans l’Église catholique à un moment de
l’histoire où l’humanité traverse de profonds changements culturels,
éthiques et sociaux ; un « pasteur » qui interprète avec sagesse le
ministère de l’Église entre fidélité à la tradition et adaptation
aux changements en cours ; un « père » qui, avec une attitude
affectueuse, réaffirme – et répète si nécessaire – à son « fils »
les concepts éternels du bien et du mal, selon les dogmes de
l’Église et l’enseignement catholique consolidé au cours des
siècles, sans craindre d’aller à contre-courant …
Bien qu’il ait quitté la papauté il y a 10 ans, Joseph
Ratzinger nous manque. Et pas seulement en tant qu’éminent
théologien, évêque, cardinal et pontife, mais avant tout comme un
certain point de référence, qui nous invite à être fermes dans la
foi et enracinés dans la prière pour affronter la dictature du
relativisme.
Benoît XVI nous manque.
Il ne nous manque pas seulement en tant que professeur
faisant autorité ou théologien affirmé, bien que nous puissions
lire, relire ou écouter sa pensée, ses écrits, ses conférences
universitaires, les catéchèses de son pontificat.
Il ne nous manque pas seulement comme homme d’Église et des
institutions ecclésiastiques, d’abord comme évêque et cardinal, puis
comme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi et l’un
des plus proches collaborateurs de Jean-Paul II, ne pouvant
prétendre à plus que ce qu’il a fait et donné pour l’Épouse du
Christ.
Il ne nous manque pas seulement comme pape, ayant renoncé il
y a presque 10 ans (c’était le 11 février 2013) à son ministère
d’évêque de Rome et de successeur de Pierre, et s’étant retiré dans
la prière silencieuse au monastère Mater Ecclesiae.
Ce qui nous manque le plus chez Benoît XVI, c’est un point de
référence sûr dans l’Église catholique à un moment de l’histoire où
l’humanité traverse de profonds changements culturels, éthiques et
sociaux ; un « pasteur » qui interprète avec sagesse le ministère de
l’Église entre fidélité à la tradition et adaptation aux changements
en cours ; un « père » qui, avec une attitude affectueuse, réaffirme
– et répète si nécessaire – à son « fils » les concepts éternels du
bien et du mal, selon les dogmes de l’Église et l’enseignement
catholique consolidé au cours des siècles, sans craindre d’aller à
contre-courant de l’évolution du sentiment politique, idéologique,
éthique, social et culturel ; sans craindre de freiner les
impulsions réformatrices, lorsqu’elles sont contraires à la doctrine
de l’Église ; sans craindre de contredire les théories trompeuses,
de condamner les interférences et les conditionnements contraires au
bien de l’Église et des fidèles. Le testament spirituel que Benoît
XVI nous a laissé [cf.
Le testament spirituel de Benoît XVI] retrace
les moments saillants de son œuvre et de sa pensée pastorale, et
constitue une fois de plus une occasion de réflexion théologique et
de méditation spirituelle.
L’importance de la prière et en particulier de la
prière de louange à Dieu. La quasi-totalité du testament
spirituel est un hymne de louange, d’action de grâce à Dieu : Pour
le don de la vie, pour avoir été son Guide dans les « moments de
confusion » et sa Lumière le long des « tronçons sombres et
difficiles » ; et encore une louange à Dieu pour « les nombreux
amis, hommes et femmes » qu’il a placés à ses côtés, pour ses
professeurs et ses élèves, pour sa patrie bavaroise, pour Rome et
l’Italie (sa seconde patrie), pour la « beauté de la foi… »;
et on ne peut s’empêcher de remarquer l’étrange coïncidence entre
cette prière de louange et le jour de sa mort (31 décembre), comme
si Dieu lui avait accordé de « chanter » son dernier Te Deum.
Benoît XVI a beaucoup insisté sur l’importance de la prière
tout au long de son pontificat. Lors de
l’audience générale du 8 août 2012, consacrée à
la catéchèse sur saint Dominique de Guzman (fondateur des
dominicains), il a affirmé qu’ « à l’origine du témoignage de foi,
que tout chrétien doit oser porter en famille, au travail, dans
l’engagement social, mais aussi dans les moments de détente, se
trouve la prière, le contact personnel avec Dieu ; seule cette
relation réelle avec Dieu nous donne la force de vivre intensément
chaque événement, surtout les moments les plus douloureux ».
L’exhortation à rester ferme dans la foi, à ne pas se
laisser confondre! L’appel à préserver sa foi est lié aux
études théologiques et aux réflexions universitaires afin de mettre
en garde les fidèles contre les thèses philosophiques qui – à partir
des résultats obtenus par les sciences naturelles et la recherche
historique (et en particulier l’exégèse de l’Écriture Sainte) –
conduisent à nier le caractère raisonnable de la foi catholique. Sur
le rapport entre foi et raison, Benoît XVI a prononcé une
lectio magistralis le 12 septembre 2006 à l’Université de
Ratisbonne, dans
laquelle il a souligné la nécessité de dépasser les théories
réductionnistes, typiques des sciences naturelles et de l’époque
moderne, qui tendent à limiter le concept de raison « à ce qui est
vérifiable dans l’expérience ». Admettant la possibilité d’un
concept de raison élargi à la religion et au divin, il identifie
dans l’élément Logos (dans son sens de « raison » et de
« parole ») « la profonde concordance entre ce qui est grec au
meilleur sens du terme et ce qui est foi en Dieu sur la base de la
Bible », en rappelant que la foi de l’Église s’est toujours tenue à
« la conviction qu’entre Dieu et nous, entre son Esprit Créateur
éternel et notre raison créée, il existe une véritable analogie »,
de sorte que le culte chrétien est un culte de l’amour du
Dieu-Logos.
Le danger de la dictature du relativisme.
L’exhortation à rester ferme dans la foi rappelle également aux
fidèles le danger du relativisme, qui caractérise les temps
modernes. Dans l’homélie de la Missa
pro eligendo Romano Pontifice
8 avril 2005 [ il relevait combien de courants
idéologiques, combien de doctrines de pensée (du marxisme au
libéralisme ; du collectivisme à l’individualisme radical ; de
l’athéisme à un vague mysticisme religieux ; de l’agnosticisme au
syncrétisme) agitent la pensée de nombreux chrétiens : « le
relativisme, c’est-à-dire le fait de se laisser porter ici et là par
tout vent de doctrine, semble être la seule attitude qui soit à la
hauteur des temps actuels. Une dictature du relativisme est en train
de s’instaurer, qui ne reconnaît rien comme définitif et ne laisse
comme mesure ultime que son propre moi et ses envies ». Il a indiqué
la voie à suivre pour sortir de cette dictature : « avoir une foi
claire, selon le Credo de l’Église », en reconnaissant que
« Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie ».
L’humilité. Enfin, les passages du testament
qui appellent à l’humilité :
A tous ceux auxquels j’ai fait du tort de quelque manière que ce
soit, je demande pardon de tout mon cœur… Je demande humblement : priez
pour moi, afin que le Seigneur, malgré tous mes péchés et mes
insuffisances, me reçoive dans les demeures éternelles.
L’humilité est l’autre trait distinctif qui caractérise son pontificat
depuis son premier discours, immédiatement après son élection :
Chers frères et sœurs, après le grand Pape Jean-Paul II, MM. les
cardinaux m’ont élu, moi, un simple et humble ouvrier dans la vigne du
Seigneur. Je me console en me disant que le Seigneur sait travailler et
agir même avec des instruments insuffisants…
Et encore une fois, l’attitude d’humilité revient dans l’homélie de la
Messe d’inauguration du Pontificat (24 avril 2005) :
Moi, faible serviteur de Dieu, je dois assumer cette tâche sans
précédent, qui dépasse vraiment toute capacité humaine. Comment
pourrai-je faire cela? Comment vais-je pouvoir le faire ? ».
Au terme de sa vie terrestre, malgré sa carrière de théologien affirmé,
de professeur insigne, au plus haut niveau de la hiérarchie ecclésiastique
jusqu’au trône de Pierre, on peut reconnaître que Benoît XVI a été
véritablement Servus servorum Dei, en parfaite harmonie avec cette
mesure d’humilité que Jésus demandait à ses Apôtres :
« Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et
le serviteur de tous ».
(Mc 9,35)
Alessandro Rimodi
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Sources : Benoit-et-moi
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 19.01.2023