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Peut-on parler de rupture réelle du pape François avec Benoît XVI
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Le 18 mars 2013 -
(E.S.M.)
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Je serais un hypocrite si je disais que j'ai bondi de
joie quand le cardinal Tauran a fait l'annonce. Personnellement, j'aurais préféré le
cardinal Scola, que je respecte, ou le cardinal Tagle, que je connais.
Entendre qu'avait été élu le cardinal Bergoglio a certainement été une
surprise.
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Le pape Benoît XVI et
le cardinal Bergoglio
Peut-on parler de rupture réelle du pape François avec Benoît XVI
Réflexion sereine du Père Scalese, à propos des débuts du Pape François
(Trad.
benoit-et-moi)
Le 18 mars 2013 - E.
S. M. -
Après les excès des medias (pour une fois d'un côté inattendu!) et des
thuriféraires catholiques d'une part, et les critiques plus ou moins
subliminales du côté opposé (il est vrai peu relayées) il est bon d'entendre
des arguments raisonnables d'un prêtre barnabite (donc bon connaisseur des
ordres religieux, en particulier des jésuites) qui de plus n'était pas un
bénédictophile inconditionnel, et qui avoue même quelques déceptions
avec le précédent pontificat.
A quelques nuances près, c'est mon propre ressenti.
Le Père Scalese nous invite à séparer la personne de la fonction - c'est le
sens de son titre - et à nous retourner vers Celui que la personne
représente (Benoit n'a jamais dit ni surtout fait autre chose).
* * *
Article en italien:
http://querculanus.blogspot.fr/2013/03/viva-il-papa.html
Peut-être certains de mes lecteurs pensaient-ils que j'étais déjà retourné
en hibernation. En fait, «une hirondelle ne fait pas le printemps», mais
dans ce cas mon silence a été causée simplement par le manque de temps
matériel. D'autre part, après presque deux ans d'inactivité, il n'est pas
facile de revenir à l'écriture régulière.
On m'a demandé de dire quelque chose à propos de l'élection du nouveau pape.
Eh bien, je serais un hypocrite si je disais que j'ai bondi de joie quand le
cardinal Tauran a fait l'annonce. Personnellement, j'aurais préféré le
cardinal Scola, que je respecte, ou le cardinal Tagle, que je connais.
Entendre qu'avait été élu le cardinal Bergoglio a certainement été une
surprise. Parfois, les surprises peuvent être accueillies avec joie (et
c'est ce qui s'est passé pour la plupart des fidèles). Ce ne fut pas le cas
pour moi, non pas parce que j'avais quelque chose contre le cardinal
Bergoglio, que je ne connais pas, mais tout simplement parce que
j'étais conditionné par ce qui a été dit sur lui, à propos du conclave
précédent: il aurait été le candidat du parti anti-Ratzinger, c'est-à-dire
celui dirigé par le cardinal Martini. Eh bien, le fait de savoir qu'avait
été élu précisément l'«anti-Ratzinger» m'a donné l'impression qu'il y avait
là un choix polémique délibéré des cardinaux contre le pape précédent. Il
est vrai que cette impression a été immédiatement démentie par le nouvel
élu, mais il est également vrai qu'un certain nombre de petits détails,
subtilement amplifiés par les médias, a semblé confirmer cette première
impression: le refus de certains vêtements, un retour à la liturgie
pré-«bénédictine», etc.
Dans ces cas, cependant, il est préférable de ne pas être trop influencé par
les premières impressions, par les réactions instinctives, et d'essayer de
réfléchir et de regarder les choses avec une certaine rationalité.
Tout d'abord, il est bien de ne pas se laisser conditionner par les
médias, qui ne nous présentent que certains aspects, et le font uniquement
pour provoquer en nous certaines réactions. Quel sens cela a-t-il, par
exemple, d'insister à nous montrer les chaussures noires du pape, sinon de
transmettre le message: Benoît XVI portaient des chaussures Prada et il
était donc anti-évangélique; François, au contraire, est un pape vraiment
pauvre. Je ne sais pas si vous avez remarqué la façon dont on a délibérément
mis en avant des phrases attribuées au Pontife nouvellement élu (qu'elles
soient vraies ou fausses, je n'en sais rien), qui en ont réjoui un grand
nombre, mais en ont blessé d'autres: le pape Bergoglio aurait dit à Mgr
Marini, qui l'aidait à s'habiller, à propos de la mozzette: « Mettez-la
vous-même! Le temps du carnaval est fini ». Le lendemain, à Santa Maria Maggiore, ayant vu le cardinal Law, archiprêtre émérite de l'église, il
aurait intimé: «Eloignez-le de la basilique».
Je ne pense pas qu'en faisant cela, on rende un bon service au nouveau pape
En second lieu, nous devons nous libérer de nos préjugés. Nous ne pouvons
pas juger les gens quelques minutes après que nous les ayons rencontrés:
donnons-leur au moins le temps de se présenter et de se faire connaître.
En soi, nous ne devrions jamais juger qui que ce soit, mais si nous brûlons
d'envie de le faire, attendons au moins qu'il commence à agir, puis jugeons
son travail (jamais ses intentions!). Ceci dans quelque sens que ce soit,
bon ou mauvais.
Certaines exaltations a-critiques, il serait préférable de les laisser de
côté: Papa Francesco aime un style informel? D'accord, il a
parfaitement le droit de l'utiliser (parce qu'il est caractéristique de
certains pays), mais que l'on ne parle pas d'un tournant dans l'histoire de
l'Eglise, comme s'il suffisait de payer sa note d'hôtel pour sauver
l'Église. La simplicité, c'est bien si elle aide certains à se
rapprocher de l'Eglise. Mais par pitié, n'identifions pas automatiquement
style informel avec humilité. On peut aussi être humble en se
soumettant à un cérémoniaire qui vous fait endosser la mozzette de velours
bordée d'hermine...
Un aspect qui a séduit les foules a été le choix du nom. Bien sûr, le
Saint-Père peut choisir le nom qu'il veut. On ne peut pas l'accuser d'avoir
rompu avec la tradition: les derniers Papes ont tous choisi un nom plus ou
moins original: Roncalli a choisi un nom qui n'avait pas été utilisé depuis
le XIVe siècle; Montini, depuis le XVIIe siècle; Luciani a même adopté un
double nom (ce qui n'était jamais arrivé auparavant dans l'histoire de
l'Eglise); donc Bergoglio est parfaitement libre de choisir le nom de
François. Il est clair, cependant, que chaque nom est un programme,
Bergoglio lui-même l'a expliqué aux journalistes hier: «François», cela
signifie la pauvreté, la paix, l'amour de la nature. Un programme totalement
partageable, à condition qu'il ne se transforme pas en idéologie:
paupérisme, pacifisme, écologisme. J'espère sincèrement que le nouveau pape
incarne le vrai saint François, et pas celui de substitution qui est
habituellement proposé par les médias (et souvent par les Franciscains).
Personnellement, de saint François, je soulignerai surtout la vocation «Va
et répare mon Eglise».
Naturellement, de même que je n'aime pas l'enthousiasme facile, j'aime
encore moins les éreintements sans appel, par les deux parties. Je n'ai pas
du tout aimé (mais je n'ai pas été surpris plus que cela) les tentatives
d'impliquer Bergoglio avec la dictature militaire du général Videla, ainsi
que l'accusation ridicule de misogynie («les femmes ne sont pas faites pour
gouverner!»). D'autre part, les réactions démesurées de certains
traditionalistes me laissent de marbre: après avoir pendant des années
accusé les frères de foi de désobéissance au Pape, parce qu'ils ne
s'adaptaient pas à son style de célébration, tout d'un coup, à peine le pape
a-t-il changé, ils commencent à offenser le nouveau pape, s'appuyant
uniquement sur des éléments extérieurs intentionnellement mis en évidence
par les médias, juste pour souligner la discontinuité de la papauté avec la
précédente.
Certes, une certaine discontinuité dans les formes et le style extérieur ne
peut être niée; mais cela signifie-t-il une rupture réelle de François Ier
avec Benoît XVI et la tradition de l'Eglise? Ne nous leurrons pas, du moins
pour le moment, tout se résume à des questions plutôt marginales, telles que
la façon de s'habiller ou de célébrer. En ce qui concerne le premier aspect,
nous en avons déjà parlé; quant au second, je ne pense pas que le pape
François veut détruire la liturgie. Il faut garder à l'esprit que c'est
un jésuite; et quiconque connaît même un peu les jésuites sait que ce ne
sont pas de grands liturgistes, non par parti-pris, mais par formation, je
dirais par constitution. Il semble que pour eux, le mouvement liturgique
et le Concile Vatican II n'ont jamais existé; fondamentalement, ils sont
restés un peu Tridentins. Du reste, il suffit de prendre les Exercices
Spirituels pour s'en rendre compte: il semble que pour saint Ignace,
l'examen de conscience était plus important que l'assistance à la messe.
Si l'on voulait un pape liturgiste, il aurait fallu élire un bénédictin,
certes pas un jésuite. Les jésuites sont beaucoup plus attentifs à la
spiritualité qu'à la liturgie: ce sont de véritables «contemplatifs dans
l'action», c'est pourquoi nous pouvons attendre de Papa Bergoglio une
grande aide pour notre vie spirituelle.
Je suis convaincu que Papa Francesco réservera à tous de belles
surprises (certes pas celles prévues par les médias). Quand Jean-Paul II
et Benoît XVI ont été élus, j'ai ressenti une grande joie et j'avais de
grandes attentes, qui pourtant dans certains cas, ont plus tard été déçus
(...). Cette fois, comme je l'ai dit, à l'Habemus Papam je n'ai pas éprouvé
le même enthousiasme, alors j'espère que les satisfactions viendront plus
tard. Mais, en fin de compte, même si elles n'arrivaient pas, cela ne
changerait rien: un Pape n'est pas élu pour répondre à nos attentes, mais
pour nous confirmer dans la foi et servir l'Eglise. En ce moment, il ne nous
est demandé ni d'encenser le pape ni de le critiquer, il nous est simplement
demandé de nous soumettre à lui («Subesse Romano Pontifici … omnino esse
de necessitate salutis», Bonifacio VIII, bolla Unam sanctam), de prier
pour lui et de «demeurer dans une paix parfaite ...[ gardant à l'esprit]
que seul Jésus-Christ gouverne son Eglise» (Rosmini, Maximes de
perfection chrétienne).
Un éventuel manque de feeling avec le nouveau pape pourrait tous comptes
faits avoir des avantages, parce qu'il nous contraindrait à ne pas nous
arrêter à sa personne, mais à aller plus loin, à Celui qu'il représente; il
nous obligerait à établir une distinction entre la personne et l'office
qu'il recouvre...
Sources : benoit-et-moi
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne
constitue pas un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 18.03.2013 - T/Eglise
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