Un autre livre noir des évêques de
France ? |
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Le 17 juillet 2007 -
(E.S.M.) - Dans une litanie de choses «
très mal vécues » avec la pastorale post-conciliaire, celle-ci (à
l’heure du nouveau Motu Proprio ) : « J’ai très mal vécu “la réforme
liturgique” imposée au détour d’un dimanche et avec un autoritarisme
clérical insupportable… » "Un évêque français entre crise et renouveau
de l’Église", publiés tout récemment par les éditions de l’Emmanuel.
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Mgr
Maurice Gaidon
"Un évêque français entre crise et renouveau de l’Église"
Un autre livre noir des évêques de France ?
Voici les mémoires d'un homme qui a aimé passionnément l'Église parce
qu'elle l'a mené à Dieu. Les convictions qu'il affirme ici ont donné un sens
à sa vie, il leur est demeuré fidèle. Il a eu bien du mérite à une époque où
les tourments de l'histoire ont été innombrables : la vie de Maurice Gaidon
restera, en des temps difficiles, un exemple de cohérence et de liberté de
l'esprit.
« D’où vient cette impression d‘étrange torpeur que je ressens au contact
de nos communautés désorientées, de nos prêtres désabusés, de mes frères
évêques au silence peureux dans nos assemblées ? »
Non, il ne s’agit pas d’une citation tirée du Livre noir des évêques de
France édité par Renaissance catholique (1). Elle n‘émane pas d’un simple
laïc du rang, informateur religieux, mais d’un évêque lui-même, dans la
deuxième partie de ses mémoires intitulés "Un évêque
français entre crise et renouveau de l’Église", publiés tout
récemment par les
Éditions de l'Emmanuel. Alors qu’il est aujourd’hui à la retraite près
de Dijon, Mgr Maurice Gaidon, qui fut supérieur
des chapelains de Paray-le-Monial (1975-1987) puis évêque de Cahors
(1987-2004), y jette un regard plutôt sévère sur l‘épiscopat français
contemporain. C’est Denis Sureau qui, dans son dernier numéro de Chrétiens
dans la Cité, a attiré notre attention sur cette seconde partie ayant pour
titre « Réflexions et interrogations d’un évêque de France ». Avec trois
chapitres éloquents : Une traversée du désert ; Nous sommes des
couards ; Une Église paralysée ?
C’est un épiscopat tétanisé par le politiquement (ou religieusement) correct
et captif d’une malsaine collégialité que décrit ainsi Mgr Gaidon. Par
exemple : « Je pense que notre langage manque de
vigueur et que le souffle prophétique est trop absent de nos textes
savamment mesurés et dignes des résolutions votées en fin de “meeting
radical-socialiste” ! (...) Un texte se
dilue quand il est revu et corrigé dans une assemblée d’une centaine de
membres dont certains ne parlent jamais alors que d’autres prennent la
parole sans complexes. Dans une assemblée en partie noyautée par de “grosses
mitres” qui préparent soigneusement certaines élections et se partagent les
“postes clés” de l‘épiscopat (...). Nous
n’aimons pas sortir d’un ton conciliant et recherchons avant tout le
réconfort d’un consensus mou dans les domaines les plus sensibles comme le
sont les problèmes de morale conjugale et les questions de bioéthique.
J’avais déjà repéré ces hésitations au moment de la loi sur l’avortement et
constaté que nous n‘étions pas prêts à croiser le fer avec les politiques.
Je ressens la même impression alors que le gouvernement s’apprête à ouvrir
les débats sur les contrats d’union entre deux personnes du même sexe. D’où
vient cette crainte alors que nous n’hésitons pas à faire entendre notre
voix en d’autres problèmes de société ? »
L’ouverture à gauche, à la subversive laïcité et, en fait, la soumission
servile aux puissants de ce temps, ne sont pas oubliées par l‘évêque : «
Et certains d’entre nous n’en finissent pas de tresser des couronnes à ce
régime digne d‘éloges… ce qui est un comble. Nous n’avons pas à nous louer
d’un régime qui traite l’Église avec tant de désinvolture et ne perd pas une
occasion de dresser des obstacles à la diffusion du message chrétien. Nous
n’avons pas à encenser un pouvoir politique dont le libéralisme moral a
contribué à dégrader le climat de notre société (...).
Nous ne devons pas trop vite passer l‘éponge sur les
choix législatifs qui ont entraîné la banalisation de l’avortement
(...). Nous paierons cher et longtemps ces
décisions auxquelles nous avons opposé une bien médiocre résistance et un
discours sans arêtes vives et accents vigoureux… »
Et, dans une litanie de choses « très mal vécues » avec la pastorale
post-conciliaire, celle-ci (à l’heure du nouveau Motu Proprio ) : «
J’ai très mal vécu “la réforme liturgique” imposée au
détour d’un dimanche et avec un autoritarisme clérical insupportable…
» Mais retenons surtout pour finir cet aveu courageux en forme de repentir :
« J’ai l’impression d’avoir vécu ces années comme
une lente dérive, au gré des modes et des langages convenus dans notre
univers clérical et de me retrouver, à l’heure de mon ultime étape, dans un
douloureux désarroi, envahi par le sentiment d’avoir subi passivement les
prises de position et les décisions de mes frères en épiscopat et suivi avec
eux la pente des compromis plutôt que d’user du langage rugueux et
prophétique des témoins et annonciateurs d’une Parole qui est “un glaive”.
»
Dans sa préface au Livre noir des évêques de France (2006), Jean-Pierre
Maugendre parlait du « signe d’espérance que constituera pour de nombreuses
âmes de bonne volonté le fait que tous les catholiques de France ne se
sentent pas engagés par telle ou telle déclaration épiscopale
particulièrement “abracadabrantesque”, jamais contredite par aucun évêque ».
Et d’ajouter : « Il n’est d’ailleurs pas interdit de penser que certains
évêques se réjouiront de ce que des laïcs osent écrire ce qu’ils estiment ne
pas pouvoir dire publiquement. » Le contenu du livre de Mgr Gaidon témoigne
en quelque sorte qu’il avait raison tout en le démentant après coup !
Commentant du reste la « tonalité provocante » de tel de ses titres (de la
part d’un pasteur « habilité à incarner et à prêcher l’espérance »),
l‘évêque émérite de Cahors n’hésite pas à devancer l’objection des
pusillanimes : « L’espérance n’a rien à voir avec
un optimisme de commande qui ne règne que trop souvent dans les officines
ecclésiastiques que je fréquente… »
(1) A Renaissance catholique : 89, rue
Pierre-Brossolette, 92130 Issy-les-Moulineaux
REMI FONTAINE
Article extrait du n°
6380
Sources: Présent
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 17.07.2007 -
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