François en Corse : une visite historique
Le 16 décembre 2024 -
E.S.M. - Le pape François a accompli un voyage
apostolique à Ajaccio, en Corse, dans le cadre
du Congrès La Religiosité populaire en Méditerranée. Une
journée très dense et remplie d'émotion pour les
catholiques corses.
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François en Corse : une visite historique
Le 16 décembre 2024 -
E.S.M. -
A la clôture du Congrès sur la religiosité populaire en
Méditerranée, tenu au Palais des Congrès d'Ajaccio, le Pape a
souligné la richesse spirituelle et culturelle des pratiques
religieuses traditionnelles de la Méditerranée. " La piété populaire
n'est pas une superstition" ; "C'est une expression vivante de la
foi qui enrichit la culture et l'histoire des peuples", a-t-il
déclaré.
François a rappelé que ces formes de dévotion ont constitué, au fil
des siècles, un pont entre la foi et la culture, et a souligné leur
capacité à impliquer même ceux qui sont éloignés de la pratique
religieuse. "Dans la piété populaire, on peut percevoir comment la
foi s'incarne dans la culture et se transmet de génération en
génération", a-t-il expliqué, citant l'exhortation
Evangelii Gaudium .
"Nous devons être vigilants afin que la piété populaire ne soit pas
utilisée ou instrumentalisée par des groupes qui cherchent à
renforcer leur propre identité de manière controversée, en
alimentant des particularismes, des antagonismes et des positions ou
attitudes exclusives", a-t-il ajouté.
Le Pape a cependant mis en garde contre les risques de manipulation
de ces pratiques à des fins politiques ou d'exclusion, et a demandé
aux pasteurs de faire preuve de discernement afin que la piété
populaire continue d'être un espace de rencontre, d'unité et
d'évangélisation. "Lorsque la piété populaire unit les cœurs et
fusionne les communautés, elle devient un véritable moteur de
transformation sociale", a-t-il conclu.º
Texte intégral
Un peu plus tard dans la matinée le pape François s'est adressé plus
particulièrement aux évêques, aux prêtres, aux diacres, aux
personnes consacrées et aux séminaristes. Voici le discours intégral
du saint Père :
PRIÈRE DE L'ANGÉLUS AVEC LES ÉVÊQUES, LES PRÊTRES, LES DIACRES,
LES PERSONNES CONSACRÉES ET LES SÉMINARISTES
DISCOURS DU SAINT-PÈRE
Cathédrale Notre Dame de l'Assomption - Ajaccio
Dimanche 15 décembre 2024
Chers frères Évêques,
chères personnes consacrées, chers prêtres, diacres et séminaristes
!
Je suis sur cette belle terre pour une seule journée,
mais j’ai souhaité avoir au moins un bref moment pour vous
rencontrer et vous saluer. Cela me donne l’occasion de vous dire
tout d’abord merci : merci parce que vous êtes ici, avec votre vie
donnée ; merci pour votre travail, pour votre engagement quotidien ;
merci parce que vous êtes signe de l’amour miséricordieux de Dieu et
témoins de l’Évangile. J'ai été ravi de pouvoir saluer l'un d'entre
vous : il a 95 ans et 70 ans de sacerdoce ! Et cela, c’est
poursuivre cette belle vocation. Merci mon frère pour ton témoignage
! Merci beaucoup !
Et du “merci”, je passe immédiatement à la
grâce de Dieu qui est le fondement de la foi chrétienne et de toute
forme de consécration dans l’Église. Dans le contexte européen où
nous nous trouvons, les problèmes et les défis concernant la
transmission de la foi ne manquent pas, et vous vous en rendez
compte chaque jour en vous découvrant petits et fragiles : vous
n’êtes pas très nombreux, vous ne disposez pas de moyens puissants,
les milieux dans lesquels vous œuvrez ne sont pas toujours
favorables à l’accueil de l’annonce de l’Évangile. Parfois, un film
me vient à l'esprit, car certaines personnes sont prêtes à accepter
l'Évangile, mais pas le « porte-parole ». Ce film avait cette phrase
: “La musique oui, mais le musicien non”. Pensez-y, la
fidélité à la transmission de l'Évangile. Cela nous aidera. Mais
cette pauvreté est une bénédiction ! Pourquoi ? Elle nous enlève la
prétention d’y arriver seuls, elle nous apprend à considérer la
mission chrétienne comme une chose qui ne dépend pas des forces
humaines mais d’abord de l’œuvre du Seigneur qui travaille et agit
toujours avec le peu que nous pouvons lui offrir.
N’oublions
pas ceci : au centre, il y a le Seigneur. Ce n’est pas moi qui
suis au centre, c’est Dieu. Chez nous, pour un prêtre
présomptueux qui se met au centre, nous disons : c’est un prêtre
yo, me, mí, conmigo, para mí. Je, moi, avec moi, pour moi. Non,
le Seigneur est au centre. C’est une chose que, peut-être, chaque
matin au lever du soleil, tout pasteur, toute personne consacrée
devrait répéter dans sa prière : aujourd’hui encore, dans mon
service, ce n’est pas moi qui suis au centre, c’est Dieu,
le Seigneur. Et je dis cela parce qu’il y a un danger dans la
mondanité, un danger qui est la vanité. Faire le "paon". Se regarder
trop soi-même. La vanité. Et la vanité est un vilain vice, avec une
mauvaise odeur. Faire le paon.
Mais le primat de la grâce
divine ne signifie pas que nous pourrions dormir tranquillement sans
assumer nos responsabilités. Au contraire, nous devons nous
considérer comme des “collaborateurs de la grâce de Dieu” (cf.
1 Co 3, 9). En marchant avec le Seigneur nous sommes ramenés chaque
jour à une question essentielle : comment est-ce que je vis mon
sacerdoce, ma consécration, ma vie de disciple ? suis-je proche de
Jésus ?
Lorsque, dans l’autre diocèse, je faisais des visites
pastorales, je rencontrais de bons prêtres qui travaillaient
beaucoup, très dur. "Dis-moi, et toi, comment fais-tu le soir?" -
"Je suis fatigué, je mange un morceau et puis je vais me coucher
pour me reposer un peu, regarder la télévision" - "Mais tu ne passes
pas à la chapelle pour saluer ton Chef ?" - "Eh non..." - "Et toi,
avant de t’endormir fais-tu ceci, pries-tu un Je vous salue Marie?
Au moins sois poli : passe à la chapelle pour dire : Au revoir,
merci beaucoup, à demain". N’oubliez pas le Seigneur ! Le Seigneur
au début, au milieu et à la fin de la journée. C’est notre Chef. Et
c’est un Chef qui travaille plus que nous ! Ne pas oublier cela.
Je vous pose cette question : comment est-ce que je vis en
disciple ? fixer la dans votre cœur, ne la sous-estimez pas, ne
sous-estimer pas la nécessité de ce discernement, de ce regard
intérieur, afin de ne pas être “broyés” par les rythmes et les
activités extérieures, et ne pas perdre la cohérence intérieure.
Pour ma part, je voudrais vous laisser une double invitation :
prenez soin de vous et prenez soin des autres.
La
première :
Prenez soin de vous. Parce que la
vie sacerdotale ou religieuse n’est pas un “oui” que nous avons
prononcé une fois pour toutes. On ne vit pas de rentes avec le
Seigneur ! Au contraire, il est nécessaire de renouveler chaque jour
la joie de la rencontre avec Lui, il est nécessaire à chaque instant
de réécouter sa voix et décider de le suivre, même dans les moments
des chutes. Lève-toi, un regard vers le Seigneur : "Excuse-moi,
aide-moi à aller de l’avant". Cette proximité fraternelle et
filiale.
Rappelons-nous ceci : notre vie s’exprime dans
l’offrande de nous-mêmes, mais plus un prêtre, une religieuse, un
religieux se donne, se dépense, travaille pour le Royaume de Dieu,
plus il est nécessaire qu’il prenne aussi soin de lui-même. Un
prêtre, une sœur, un diacre qui se néglige lui-même finira aussi par
négliger ceux qui lui sont confiés. C’est pourquoi nous avons besoin
d’une petite “règle de vie” - les religieux en ont déjà une - qui
comporte un rendez-vous quotidien avec la prière et l’Eucharistie,
le dialogue avec le Seigneur, chacun selon sa spiritualité et son
style. Et je voudrais ajouter : préserver quelques moments de
solitude ; avoir un frère ou une sœur avec qui partager librement ce
que nous portons dans notre cœur, on l’appelait autrefois le
directeur spirituel, la directrice spirituelle ; cultiver une chose
qui nous passionne, non pas pour occuper notre temps libre mais pour
se reposer sainement des fatigues du ministère. Le ministère
fatigue ! Il faut avoir peur de ces personnes qui sont toujours
actives, toujours au centre, qui, peut-être par excès de zèle, ne se
reposent jamais, ne font jamais de pause pour elles-mêmes. Mes
frères, ce n’est pas bon, il faut des espaces et des moments où tout
prêtre et toute personne consacrée prenne soin de lui-même. Et non
pas pour faire un lifting pour paraître plus beaux, non, pour
parler à votre Ami, au Seigneur, et surtout à votre Maman - ne
quittez pas la Vierge, s'il vous plaît - pour parler de votre vie,
de comment vont les choses. Et pour cela, ayez toujours soit le
confesseur, soit certains amis qui vous connaissent bien et avec
lesquels vous pouvez parler et faire un beau discernement.
Et
il y a une autre chose qui fait partie de cette attention : la
fraternité entre vous. Apprenons à partager non seulement les
difficultés et les défis, mais aussi la joie et l’amitié entre nous
: votre évêque a dit une chose que j’aime beaucoup, à savoir qu’il
est important de passer du “Livre des lamentations” au “Livre du
Cantique des cantiques”. Nous le faisons très peu. Nous aimons les
lamentations! Et si le pauvre évêque a oublié sa calotte ce
matin-là : "Mais regarde l’évêque...". On trouve quelque chose pour
parler mal de l’évêque. C’est vrai, l’évêque est un pécheur comme
chacun de nous. Nous sommes frères ! Passer du "Livre des
lamentations" au "Livre du Cantique des Cantiques". Cela est
important. Un psaume le dit aussi : « Tu as changé mon deuil en une
danse » (Ps 29, 12). Partageons la joie d’être apôtres et
disciples du Seigneur ! Une joie doit être partagée. Sinon, la place
que la joie doit prendre est occupée par le vinaigre. C’est une
mauvaise chose que de trouver un prêtre au cœur amer. C’est moche.
"Mais pourquoi es-tu comme ça?" - "Eh, parce que l'évêque ne m'aime
pas... Parce qu'ils ont nommé l'autre évêque et pas moi... Parce
que... Parce que...". Les plaintes. S’il vous plaît, arrêtez-vous
devant les plaintes, les envies. L’envie est un vice "jaune".
Demandons au Seigneur de transformer notre plainte en danse, de nous
donner le sens de l’humour, la simplicité évangélique.
La
seconde chose : prendre soin des autres.
La mission que chacun de vous a reçue n’a toujours qu’un seul but :
porter Jésus aux autres, donner aux cœurs la consolation de
l’Évangile. J’aime rappeler ici le moment où l’apôtre Paul, sur le
point de retourner à Corinthe, écrit à la communauté : « Et moi, je
serai très heureux de dépenser et de me dépenser tout entier pour
vous » (2 Co 12, 15). Se consumer pour les âmes, se consumer
dans l’offrande de soi pour ceux qui nous sont confiés. Et je me
souviens d'un jeune prêtre saint qui est mort d'un cancer il n'y a
pas longtemps. Il vivait dans un bidonville avec les plus pauvres.
Il disait : "Parfois j’ai envie de fermer la fenêtre avec des
briques, parce que les gens viennent à n’importe quelle heure et si
je ne réponds pas à la porte, ils frappent à la fenêtre". Le prêtre
au cœur ouvert à tous, sans faire de distinction.
L'écoute,
la proximité avec les gens, c'est cela aussi une invitation à
trouver, dans le contexte d’aujourd’hui, les chemins pastoraux les
plus efficaces pour l’évangélisation. N’ayez pas peur de changer, de
réviser les vieux schémas, de renouveler les langages de la foi, en
apprenant que la mission n’est pas une question de stratégies
humaines, mais avant tout une question de foi. Prendre soin des
autres : ceux qui attendent la Parole de Jésus, ceux qui se sont
éloignés de Lui, ceux qui ont besoin d’être guidés ou consolés dans
leur souffrance. Prendre soin de tous, dans la formation et surtout
dans la rencontre. Rencontrer les personnes, là où elles vivent et
travaillent, c’est très important.
Et puis, une chose qui me
tient à cœur : s’il vous plaît, pardonnez toujours. Et pardonnez
tout. Pardonnez tout et toujours. Je dis aux prêtres, dans le
sacrement de la Réconciliation, de ne pas poser trop de questions.
Écouter et pardonner. Comme le disait un cardinal - qui est un peu
conservateur, un peu carré, mais c’est un grand prêtre - en parlant
dans une conférence aux prêtres : "Si quelqu’un [dans la confession]
commence à balbutier parce qu’il a honte, je lui dis : d’accord,
j’ai compris, passe à autre chose. En réalité je n’ai rien compris,
mais Lui [le Seigneur] a compris". S’il vous plaît, ne torturez pas
les gens dans le confessionnal : où, comment, quand, avec qui...
Toujours pardonner, toujours pardonner ! Il y a un bon frère capucin
à Buenos Aires que j’ai fait cardinal à 96 ans. Il a toujours une
longue file de gens, parce qu’il est un bon confesseur, j’allais
aussi chez lui. Ce confesseur m’a dit un jour : "Écoute, j'ai
parfois le scrupule de trop pardonner" - "Et que fais-tu?" - "Je
vais prier et je dis : Seigneur, excuse-moi, j’ai trop pardonné.
Mais tout de suite il me vient à l’esprit de lui dire : Mais c’est
Toi qui m’as donné le mauvais exemple !". Pardonner toujours.
Pardonner tout. Et je le dis aussi aux religieuses et religieux :
pardonner, oublier, quand on nous fait quelque chose de mal, les
luttes ambitieuses de la communauté... Pardonner. Le Seigneur nous a
donné l’exemple : pardonner tout et toujours ! Tous, tous, tous. Et
je vous fais une confidence : j'ai déjà 55 ans de sacerdoce, oui,
avant-hier j'ai fait 55 ans, et je n'ai jamais refusé l'absolution.
Et j’aime confesser, tellement. J’ai toujours cherché le moyen de
pardonner. Je ne sais pas si c’est bon, si le Seigneur me donnera...
Mais c’est mon témoignage.
Chères sœurs et chers frères, je
vous remercie de tout cœur et je vous souhaite un ministère riche
d’espérance et de joie. Ne vous laissez pas aller, même dans les
moments de fatigue et de découragement. Tournez encore vos cœurs
vers le Seigneur. N’oubliez pas de pleurer devant le Seigneur. Il se
manifestera et se laissera trouver si vous prenez soin de vous-mêmes
et des autres. C’est ainsi qu’Il offre la consolation à ceux qu’Il a
appelés et envoyés. Allez de l’avant avec courage, Il vous comblera
de joie.
Nous nous tournons dans la prière vers la Vierge
Marie. Le peuple fidèle la vénère dans cette Cathédrale dédiée à
Notre-Dame de l’Assomption comme patronne et mère de la miséricorde,
la “Madunnuccia”. Nous lui adressons depuis cette île de la
Méditerranée un appel pour la paix : la paix pour toutes les terres
qui bordent cette mer, en particulier la Terre Sainte où Marie a
donné naissance à Jésus. Paix pour la Palestine, pour Israël, pour
le Liban, pour la Syrie, pour tout le Moyen-Orient ! Paix au Myanmar
martyrisé. Et que la Sainte Mère de Dieu obtienne la paix tant
désirée pour le peuple ukrainien et le peuple russe. Ce sont des
frères - "Non, père, ce sont des cousins !" - Ce sont des cousins,
des frères, je ne sais pas, mais qu’ils se comprennent ! La paix !
Frères, sœurs, la guerre est toujours une défaite. Et la guerre dans
les communautés religieuses, la guerre dans les paroisses est
toujours une défaite, toujours ! Que le Seigneur nous donne à tous
la paix.
Et prions pour les victimes du cyclone qui a frappé
l'Archipel de Mayotte ces dernières heures. Je suis spirituellement
proche de tous ceux qui ont été touchés par cette tragédie.
Et maintenant, tous ensemble, prions l’Angélus
Angelus
Domini…
º Voyage
apostolique du pape François en Corse
º
Emmanuel Macron «très fier» d’avoir accueilli le Pape en Corse
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º E.S.M.
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E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.12.2024