A propos du livre de Benoît XVI,
l'esprit de la liturgie |
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Rome, le 16 juillet 2007 -
(E.S.M.)
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Dans une étude critique d'Olivier Bauer : Lettre ouverte à propos de l'esprit
de la liturgie, ouvrage de celui qui est devenu notre pape Benoît XVI, le
cardinal Ratzinger à répondu, en voici un court extrait, qui n'est pas sans
rapport avec
l'esprit promu dans le récent "Motu Proprio Summorum Pontificum".
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Diriger son regard vers
le soleil levant «à la rencontre du Christ» -
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Le pape Benoît XVI précise sa pensée
Dans le débat œcuménique provoqué par la publication de la lettre encyclique
de Jean-Paul II,
Ecclesia De Eucharistia, Olivier Bauer, protestant,
Professeur adjoint à la Faculté de théologie et de sciences des religions à
l'Université de Lausanne, propose une lecture critique de
l’ouvrage que le cardinal Joseph Ratzinger a consacré à L’esprit de la
liturgie. En théologien pratique, il montre comment le Président de la
Congrégation pour la Doctrine de la Foi conçoit la messe et démonte sa
prétention à définir ainsi le véritable culte chrétien.
Dans cette étude critique d'Olivier Bauer : Lettre ouverte à propos de l'esprit
de la liturgie, ouvrage de celui qui est devenu notre pape Benoît XVI,
le cardinal Ratzinger a répondu; en voici de courts extraits, qui ne sont
pas sans rapport avec
l'esprit du récent
"Motu Proprio Summorum Pontificum".
(...) "Dans cette perspective, écrit Benoît XVI, a pu voir se développer une
‘cléricalisation’ comme jamais il n’en a
existé auparavant. Le prêtre, ou plutôt ‘l’animateur liturgique‘, comme on
préfère l’appeler maintenant, est devenu le véritable
point de référence de la célébration liturgique.
Tout se rapporte à lui. Il faut le
regarder, suivre ses gestes, lui répondre ; c’est sa personnalité qui porte
toute l’action. Pour encadrer ce ‘one man show’, on a confié à des ‘équipes
liturgiques‘ l’organisation créative de la liturgie ; on a ainsi distribué
des fonctions liturgiques à des laïcs dont le désir et le rôle sont souvent
de se faire valoir eux-mêmes. Dieu, cela va sans
dire, est de plus en plus absent de la scène. L’important, c’est
d’être ensemble, de faire quelque chose qui échappe à un ‘schéma préétabli’
(p. 67-68
- l'esprit de
la liturgie)
(...) La question de l’orientation de la prière est une question de détail,
de poids certes, car par elle, la direction intérieure
de la prière et d’une compréhension de la liturgie marquée par le logos,
adopte une forme communautaire. Dieu soit loué, la dispute menée il y
a quelque temps de manière très idéologique sur ce problème, est devenue plus
objective ces dernières années. Je me permets de vous renvoyer sur ce point
à l’article publié récemment par A. Gerhards, spécialiste de liturgie de
Bonn; cet automne paraîtra probablement un petit livre d’un jeune oratorien
vivant en Angleterre, Uwe M. Lang, sous le titre Conversi ad Dominum,
résumant avec une objectivité exemplaire tout l’état de la question.
(Alors
préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Benoît XVI affirmait,
dans la préface de cet ouvrage intitulé "Tournés vers le Seigneur", que le
Concile n'avait pas exigé de ne plus célébrer dos au peuple et en latin :
Le P. Uwe Michael LANG, proche de Benoît XVI -
colloque à Paris). Je suis content que ces publications récentes
confirment pour l’essentiel, les positions que j’ai adoptées dans mon livre,
même si beaucoup d’aspects dans le domaine historique sont précisés et
différenciés. En renvoyant à ces publications, je m’épargne l’effort de
répondre en détail à toutes vos questions du point 2b
sur ce sujet.
Que vous ne puissiez pas, en tant que chrétien protestant, partager mes vues
en matière de «réserve eucharistique», cela est clair. D’ailleurs, je ne
conteste nullement, dans le paragraphe concerné, que votre «temple
protestant» soit, durant le rassemblement cultuel, «bien vivant». Dans le
texte que vous critiquez, il n’en va justement pas du rassemblement,
mais de la signification du lieu de culte quand la
communauté n’y est pas rassemblée. Il y a bien ici une différence de
taille, indépendamment de la foi en la présence réelle, sous un angle
purement phénoménologique. Le lieu de culte protestant est vivant lorsque la
communauté y est réunie ; en dehors des heures de rassemblement, il est en
soi un espace vide. Il n’a d’existence que pour le rassemblement, lié pour
ainsi dire à la fonction de la communauté et de son activité liturgique.
Par contre, là où l’on croit à la présence réelle
durable, il y a toujours «eucharistie»,
l’espace n’est jamais vide. Il est toujours en
«fonction», parce que le Seigneur présent va toujours à la rencontre des
êtres humains et les invite à la prière. Je voulais rendre attentif à cette
différence concernant la signification de l’espace en dehors des
rassemblements liturgiques ; elle est repérable, me semble-t-il,
indépendamment de la conception respective de la foi eucharistique.
Sous le point 2c, vous avez restitué avec soin
et précision, mes énoncés fondamentaux concernant la
musique sacrée et y avez ajouté à la fin vos remarques critiques. Je
dois vous avouer que j’ai de la peine à comprendre ces questions. Je n’ai
ni exigé un retour pur et simple à la tradition du chant grégorien, ni
contesté que l’Esprit pouvait aussi inspirer aujourd’hui des compositeurs et
des musiciens. Bien au contraire, je dis à la page 126
(l'esprit de
la liturgie) : Quiconque observe attentivement, pourra percevoir que
notre époque précisément a donné naissance et donne encore naissance à
d’importantes œuvres d’art issues des inspirations de la foi, dans les
domaines de l’image et de la musique (et celui de la littérature).
Aujourd’hui encore, la joie de la foi en Dieu et l’expérience de sa présence
dans la liturgie sont une force inépuisable d’inspiration. Les artistes qui
se soumettent à cette mission n’ont pas à se considérer comme arrière-garde
culturelle […]. Je n’exige pas un retour au passé,
mais l’effort de prendre la mesure des grandes lois fondamentales de la
forme classique de l’art liturgique.
Sous Pie X, quatrième temps béni. «Le chant grégorien et la grande
polyphonie du temps du renouveau catholique […] redevinrent la norme de la
musique liturgique en Occident» (p. 119,
l'esprit de
la liturgie). Jusqu’à ce que, ultime malheur, la musique née en
Occident se résume à deux types aussi négatifs l’un que l’autre mais pour
des raisons différentes : une «musique commerciale»
qui «n’est rien d’autre, finalement qu’un culte de
la banalité» (p. 119)
et la «musique ‘rock’ et ses dérivés», «qui
sont les vecteurs de passions élémentaires»
(p.
119).
(...)
Dans la liturgie – comme aussi dans les autres domaines de la vie
artistique, et peut-être même plus que là –, les
grandes manifestations du passé garderont leur place (qui voudrait
bien, par exemple, considérer Bach comme dépassé et inadéquat pour notre
temps ?). Mais elles sont simultanément des forces d’inspiration, qui ne
font pas obstacle à des formes nouvelles, mais les suscitent bien plutôt.(...)
(REVUE
DE THÉOLOGIE ET DE PHILOSOPHIE, 135 (2003), P. 241-251)
Trois liens qui renvoient aux interventions
récentes des évêques de France, à propos du Motu Proprio du Saint-Père
Benoît XVI
Mgr François
Garnier, Archevêque de Cambrai :
A propos du Motu Proprio
(...) "Quelles que puissent être nos réactions premières – j'ai fait
connaître loyalement les miennes à Rome –, je prie pour que les liturgies
dont nous avons la charge soient irréprochables".
"(...) "nous réfléchirons ensemble dès le mois de septembre".
Position
de Monseigneur Simon, diocèse de Clermont, à propos du Motu proprio ::
"Pourquoi j’obéis au pape"
Il est beaucoup question de Mgr Lefebvre "qui a désobéi" et de ses ses
disciples "encore englués dans des contradictions dont ils n’arrivent pas à
se défaire". Dommage que l'on ne nous parle pas des améliorations concrètes
en vue de rendre nos célébrations dignes afin d'éviter la "messe moderne,
protestantisée" dont tant de fidèles ne veulent plus et que le Saint-Père
Benoît XVI, dans sa
Lettre a appelé "les déformations de la liturgie
à la limite du supportable". Heureusement Mgr
Simon nous assure que maintenant "il va obéir,
évidemment !" et d'ajouter "comme il a toujours essayé
de le faire".
Mgr Claude
Dagens, évêque d’Angoulême :
Les raisons de notre pape Benoît XVI
(...)
Benoît XVI plaide inlassablement pour que la liturgie n’apparaisse jamais
comme une fabrication humaine, mais comme cet ensemble lié à la Tradition
vivante de l’Église et qui ouvre les hommes au mystère de Dieu et à sa
révélation.
La messe est avant tout le «
Sacramentum Caritatis », le « sacrement de la charité »,
comme Benoît XVI l’a aussi rappelé récemment. Au-delà de ce Motu Proprio,
c’est le défi essentiel que nous avons à relever et pour lequel nous sommes
attendus !
Pour terminer deux vidéos à visionner pour une
détente en ces temps de vacances :
Missa Tridentina - 03:19
Ite missa est ! La messe est dite
- 06:39
Table :
►
Motu Proprio
Texte intégral du Motu
Proprio: ►
Publication du "Motu Proprio Summorum Pontificum"
Motu
Proprio Summorum Pontificum
(doc. word)
Lettre explicative: ►
Lettre du pape Benoît XVI aux évêques
Lettre du pape Benoît XVI accompagnant le motu proprio
(doc. word)
Sources:
Revue de théologie et de philosophie - Bauer 2003 -
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.07.2007 - BENOÎT XVI - Table
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