Bien lire le Motu proprio du pape
Benoît XVI |
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Le 16 mai 2008 -
(E.S.M.)
- Les divergences dans la pratique liturgique ne risquent-t-elle
pas d'accentuer les tensions entre certains fidèles au lieu de les
estomper ce qui est, au fond, l'unique raison d'être du Motu proprio que
nous a donné Benoît XVI ?
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Bien lire le Motu proprio du pape Benoît XVI
Ceux qui lisent le
Motu Proprio Summorum Pontificum en n'y voyant qu'un
texte permettant de célébrer la liturgie selon la forme extraordinaire du
rite romain font une erreur: ils ne prennent en compte que la moitié du
document magistériel et avancent comme des canards boiteux. Il faut, en
effet, prendre le Motu proprio dans sa totalité pour bien comprendre la
pensée de Benoît XVI.
Le Souverain Pontife y souligne, après avoir fait un rapide survol
historique, que "le concile Vatican II exprima le désir que l'observance et
le respect dus au culte divin soient de nouveau réformés et adaptés aux
nécessités de notre temps. Poussé par ce désir, notre prédécesseur le
Souverain Pontife Paul VI approuva en 1970 des livres liturgiques restaurés
et partiellement rénovés de l'Église latine; ceux-ci (...) ont été
accueillis avec plaisir par les évêques comme par les prêtres et les
fidèles. Jean-Paul II reconnut la troisième édition type du Missel romain.
Ainsi, les Pontifes romains se sont employés à ce que "cet édifice
liturgique, pour ainsi dire, (...) apparaisse de nouveau dans la splendeur
de sa dignité et de son harmonie". (...) Le Missel romain promulgué par Paul
VI est l'expression ordinaire de la "lex orandi" de l'Eglise catholique de
rite latin. (...)"
On lit bien: "l'observance et le respect dus au culte divin... adaptés aux
nécessités de notre temps".
Il est donc clair que la portée du Motu proprio Summorum pontificum ne peut
pas être correctement comprise tant qu'on ne voit pas que ce document ne se
limite pas à traiter de la forme "tridentine" de la liturgie romaine, mais
qu'il aborde aussi la question de la forme prise par cette même liturgie
depuis Vatican II.
Or, ce second aspect de la question - celui qui touche à la forme
"ordinaire" du rite romain - est systématiquement laissé dans l'ombre: pas
un seul évêque de France n'a donné à ses prêtres des instructions claires
pour que la liturgie de l'Église, sous sa forme "ordinaire",
soit partout
célébrée avec respect et avec le souci de s'en tenir strictement au missel
romain (Présentation
du Missel Romain).
Ainsi, le vent de panique provoqué par l'annonce du Motu proprio s'étant
dissipé, on continue partout à célébrer les messes dominicales comme on a
toujours fait jusqu'ici: en prenant beaucoup de liberté et en adoptant le
Missel romain de façon indue. Ainsi, dans la majorité des paroisses, les
célébrants continuent-ils à ne plus mettre de chasuble, les prières
pénitentielles du début de la messe sont omises, tout comme le rite du
lavement des mains à l'offertoire et les prières qui suivent le "Notre
Père". Presque partout c'est en élevant l'hostie et le calice que les
célébrants prononcent les paroles de la consécration, alors que le Missel
spécifie qu'en les disant, le prêtre doit s'incliner sur l'hostie et le
calice. Presque partout le "Gloire à Dieu" est systématiquement remplacé par
un "Gloire à Dieu" qui n'en est pas un tandis que le "Je crois en Dieu" et
l' "Agneau de Dieu" sont remplacés par des "Je crois en Dieu" et des "Agneau
de Dieu" qui n'en sont pas. Au "Notre Père", il faut se donner la main pour
faire une chaîne. Et de façon quasi systématique, des fidèles laïcs sont
appelés pour distribuer la communion... ce que n'exigent pas nos assemblées
dominicales de plus en plus réduites. Quant aux chants, ils versent de façon
générale dans la "médiocrité et la banalité", comme vient d'ailleurs de le
reconnaître Mgr Bruguès - qui semble pouvoir parler plus librement depuis
qu'il a été nommé à Rome -.
Ainsi donc, si nos évêques veillent à ouvrir quelques églises à la forme
extraordinaire du rite romain, ils évitent soigneusement d'appliquer ce que
préconise le Motu proprio Summorum pontificum pour mettre un terme définitif
aux nombreux dysfonctionnements de la forme ordinaire du même rite.
Quelle situation risque d'engendrer une telle "démission" des pasteurs
diocésains ? La réponse est simple: une situation bancale et sans réel avenir.
En effet: comment pourra-t-on justifier le fait qu'autour de quelques îlots
où sera respectée la forme extraordinaire du rite romain puisse subsister la
bouillie informe sous laquelle est présentée la forme ordinaire du même
rite ? Comment pourra-t-on expliquer aux fidèles qu'un même prêtre puisse
s'appliquer à respecter la liturgie lorsqu'il la célèbre sous sa forme
extraordinaire, et s'autoriser à la dénaturer plus ou moins gravement dès
qu'il la célèbre sous sa forme ordinaire ? Une telle divergence dans la
pratique liturgique ne risque-t-elle pas d'accentuer les tensions entre
certains fidèles au lieu de les estomper ce qui est, au fond, l'unique
raison d'être du Motu proprio que nous a donné Benoît XVI ?
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Sources : PRO LITURGIA
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.05.2008 -
T/M.P. |