L’ « enfant désiré » et l’ « enfant refusé
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Rome, le 16 février 2008 -
Entretien avec le Professeur Carlo Valerio Bellini sur l'Euthanasie du
néonatale. Le Professeur Carlo Valerio Bellini est le Responsable du
Service de Thérapie Intensive Néonatale de la Polyclinique « Le Scotte » de Sienne, et
membre de l’Académie Pontificale « Pro Vita ».
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L’EUTHANASIE DU NEONATALE
Entretien avec le Professeur Carlo Valerio Bellini
Le Professeur Carlo Valerio Bellini est le Responsable du Service de
Thérapie Intensive Néonatale de la Polyclinique « Le Scotte » de Sienne, et
membre de l’Académie Pontificale « Pro Vita »
Un nouvel ADN, et donc une nouvelle vie, se forme si
un spermatozoïde et une ovule se rencontrent. De ce ‘grumeau de cellule’, de
ce ‘produit de la conception’, pour certains on peut faire ce que l’on veut.
Même l’usage du langage aide à traiter le futur être à naître, le
nouveau-né, et puis ensuite l’enfant, comme un ‘objet’ et non pas comme une
personne ?
Je suis convaincu que nous devrions bannir l’usage de la parole “foetus” de
notre langage commun. Parce que c’est une parole qui, depuis un siècle
seulement, est utilisée pour définir l’enfant non encore né. Les romains
disaient « fetus » pour les fruits, pour la progéniture, pour les
descendants, et non pas pour celui qui n’était pas encore né qui était
seulement un « puer ». Fœtus est aussi une parole intentionnellement neutre,
sans masculin et sans féminin : c’est à dire sans la caractéristique
sexuelle, qui est le trait fondamental de notre organisme : pourquoi ?
Peut-être pour donner au fœtus un sens plus général comme quelque chose qui
serait quelque chose d’autre que nous. L’assonance avec des paroles peu
heureuses comme « défaut », ou « puanteur » donne de plus au terme une
résonance de tristesse, de misère, de désolation ; et cela n’aide pas à
comprendre que, dans l’utérus, il y a un enfant qui suce son pouce, qui sent
la douleur, qui se rappelle. Tout ce que chaque femme, en revanche, aurait à
gagner par la connaissance de cette humanité, soit parle progrès
scientifique qui en découle, soit par la capacité de compagnie qu’elle
retirerait de la rencontre prénatale avec ce nouveau membre de la famille.
Est-il correct d’affirmer que le diagnostic prénatal
se transforme en une pratique eugénique, en instrument pour éliminer les
enfants malades, imparfaits ? Existe-t-il des données, à votre connaissance,
au plan européen ou international, qui puissent confirmer cette affirmation ?
Cette approche provocatrice est l’œuvre du président très laïc du Comité
Consultatif de Bioéthique de la République Française. Il faut distinguer
entre diagnostic prénatal « non génétique » et « génétique » : le premier,
habituellement recherche les maladies fœtales soignables ; un exemple pour
le deuxième, est la recherche des anomalies chromosomiques, comme le
syndrome Down, et d’autres pour lesquelles il n’existe pas de thérapie
prénatale. Le diagnostic génétique prénatal est réalisé avec des moyens
directs (amniocentèse ou villocentèse), ou avec des moyens indirects (mesure
de la nuque fœtale ou analyse du sang de la maman). En France et en Italien
nous assistons à une augmentation continue du taux des amniocentèses : en
France, on est préoccupé, par ce qu’on en est arrivé à 15% des femmes). Dans
certaines régions d’Italie, ce taux est supérieur. Une étude récente faite
par des bioéthiciens laïcs anglais, conclut en majorité pour le caractère
non éthique de la procédure de sélection (« screening ») de la masse
prénatale pour le syndrome de Down ; mais le diagnostic prénatal indirect
s’étend à une majorité de la population. Le problème n’est pas l’eugénisme,
mais c’est l’usage inquiétant de la procédure de sélection du diagnostic
génétique prénatal, comme si l’on voulait attribuer à tous les futurs
enfants à naître un « ticket » de conformité.
Pratiques d’euthanasie active et passive néonatales.
Vie « juste », vie « non juste ». « Qualité de la vie. La souffrance, la
douleur. Du point de vue médicale et scientifique, comment doit-on aborder
ces problèmes ?
L’euthanasie est la pointe de l’iceberg ; mais le problème, c’est que, dans
la population, est en train de passer le concept que la vie doit avoir
certaines qualités pour mériter d’être vécue. Cela naît d’une vision étroite
de sa propre vie, dictée, je crois, par une solitude personnelle. Et, à la
base de la demande d’introduire l’euthanasie dans la législation, il n’y a
rien de romantique (« la mort douce »), mais précisément une grande peur de
ne pas être acceptés, d’être seuls… et, face à l’abandon possible qui nous
attend si nous devenons non autosuffisants, préparer pour soi et pour les
autres l’unique sortie que nous savons concevoir, si nous n’avons pas une
bonne espérance liée aux personnes, aux expériences, à la certitude d’un
dieu Bon qui nous aime même quand nous ne valons plus, quand nous produisons
plus. La science ne peut appuyer ces raccourcis, qui, en plus de tout,
bloquent la recherche…, mais elle doit vaincre la dépression, dans le
domaine clinique, et la solitude dans le domaine social.
Quelle est la définition correcte d’euthanasie
néonatale ?
C’est un acte qui, en l’absence souvent de certitudes, suppose que la mort
est préférable à une vie handicapée. Je dis « suppose », parce que
différentes études montrent que le niveau de satisfaction pour la vie ne
change pas, par exemple, chez les enfants atteints d’épine bifide, ou qui
sont nés extrêmement prématurés, par rapport à la population générale.
Attention à ne pas concentrer toutes les attentions sur l’euthanasie active,
étant donné que même pour l’euthanasie passive (la suspension des soins non
en prévention de mort, mais de handicaps) le jugement moral est identique.
Certains affirment que l’un des effets de ce qu’on appelle la modernité,
semble toucher la conception même d’être humain. La naissance d’un enfant
semble avoir perdu, dans les sociétés avancées, sa fonction de garantir la
continuité du groupe humain dans la dimension
temporelle. Etes-vous d’accord ?
Dans le cœur des Mamans, il y a encore tout entière la conscience de cette
fonction. Mais il flotte dans l’air une imposition sociale selon laquelle
l’enfant doit être vécu comme un « droit », comme un « produit ». Et les
femmes qui, dans leur cœur, vivraient non pas une mais plusieurs grossesses,
très tôt quant à l’âge, en jouissant de la présence de l’enfant avant même
qu’il naisse, en l’aimant même s’il est malade, sont contraintes par une
pression sociale à avoir un seul enfant, à un âge avancé, en l’acceptant
seulement s’il est « parfait ». Il s’agit de ramener à la lumière ce cœur
étouffé par les moyens d’information et par la convention
Dossier complet en
format Word :
L’EUTHANASIE DU NEONATALE
Sommaire de ce dossier :
- L’ « enfant désiré » et l’ « enfant refusé »
- Le diagnostic prénatal
- La définition de l’euthanasie du nouveau-né
- Il protocole de Groningen
- L’épine bifide
- Ce qui se passe en Belgique, en Suisse, en France en Grande Bretagne, en
Italie
- La “qualité de la vie”
Dossier disponible
également sur le site de l’Agence Fides :
www.fides.org
Sources: www.vatican.va
- Fides
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie, sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 16.02.2008 - BENOÎT XVI
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