Benoît XVI et ses commentaires sur l'islam
Rome, le 15 septembre - Le pape Benoît XVI s'est référé à un livre
de l'empereur byzantin Manuel II Paléologue (1350-1425) en évoquant
mardi lors d'un discours à l'Université de Regensburg, le rapport
entre foi, raison et violence dans la religion musulmane.
Le pape Benoît XVI
Benoît XVI et
ses commentaires sur l'islam
Le pape Benoît XVI, qui a évoqué mardi lors d'un discours à l'Université de
Regensburg le rapport entre foi, raison et violence dans la religion
musulmane, s'est référé à cette occasion à un livre de l'empereur byzantin
Manuel II Paléologue (1350-1425).
Dans cet ouvrage, "Entretiens
avec un musulman, 7e Controverse", présenté et publié dans les années 1960
par le théologien allemand d'origine libanaise Théodore Khoury (Université
de Münster, ouest), l'empereur expose le dialogue qu'il a entretenu,
probablement entre 1394 et 1402, avec un Persan musulman érudit.
Commentant des passages de cette "7e Controverse", l'ancien professeur de
théologie Benoît XVI s'est livré à une réflexion sur le rapport entre foi,
raison et violence, dans le christianisme et dans l'islam, réflexion qui a
provoqué de vives réactions de mécontentement dans le monde musulman.
Voici des extraits de son intervention, selon une traduction française
de l'AFP à partir du texte allemand fourni par le Vatican.
"Le
dialogue repose sur tout le concept de la foi décrit dans la Bible et le
Coran et porte en particulier sur les images de Dieu et de l'homme, tout en
revenant nécessairement sans cesse sur le rapport entre ce qu'on appelle les
"trois lois": l'Ancien Testament, le Nouveau Testament et le Coran.
"Dans ce discours, je voudrais seulement aborder un point -- plutôt
marginal dans le dialogue -- qui m'a captivé, en rapport avec le thème de la
foi et de la raison, et qui me sert de point de départ pour mes réflexions
sur ce thème.
"Dans la septième Controverse éditée par le
professeur Khoury, l'empereur aborde le thème du Jihad (la Guerre sainte).
L'empereur devait savoir que la sourate 2-256 dit: "Il n'est nulle
contrainte en matière de foi" -- selon les spécialistes, c'est l'une des
premières sourates, datant de l'époque où Mahomet était encore sans pouvoir
et menacé.
"Mais l'empereur connaissait aussi naturellement les
commandements sur la Guerre sainte contenus (...) dans le Coran. Sans
s'attarder sur des détails, comme la différence de traitement entre les
"croyants" et les "infidèles", il pose à son interlocuteur, d'une manière
étonnamment abrupte pour nous, la question centrale du rapport entre
religion et violence.
"Il lui dit: 'Montre-moi donc ce que
Mahomet a apporté de nouveau. Tu ne trouveras que des choses mauvaises et
inhumaines, comme le droit de défendre par l'épée la foi qu'il prêchait'".
"L'empereur, après avoir tenu des propos si forts, explique ensuite en
détails pourquoi il est absurde de diffuser la foi par la violence. Une
telle violence est contraire à la nature de Dieu et à la nature de l'âme:
"Dieu n'aime pas le sang et agir de manière déraisonnable est contraire à la
nature de Dieu. La foi est le fruit de l'âme et non du corps. Celui qui veut
donc conduire quelqu'un vers la foi doit être capable de parler bien et de
penser juste, et non de violence et de menace... Pour convaincre une âme
raisonnable, on n'a pas besoin de son bras, ni d'armes, ni d'un quelconque
moyen par lequel on peut menacer quelqu'un de mort...".
"La
phrase décisive dans cette argumentation contre la conversion par la
violence, c'est: "Agir de manière déraisonnable est contraire à la nature de
Dieu".
"L'éditeur, Théodore Khoury, commente à ce propos: pour
l'empereur, un Byzantin éduqué dans la philosophie grecque, cette phrase est
évidente. En revanche, pour la doctrine musulmane, Dieu est absolument
transcendant. Sa volonté n'est liée à aucune de nos catégories, pas même
celle de la raison.
"Khoury cite à ce propos un travail du
célèbre islamologue français (Roger) Arnaldez (ndlr: décédé en avril
dernier), qui souligne que Ibn Hazm (ndlr: un théologien musulman des Xe et
XIe siècles) est allé jusqu'à expliquer que Dieu n'est même pas lié par sa
propre parole, que rien ne l'oblige à nous révéler la vérité. S'il le
souhaitait, l'homme devrait même se livrer à l'idôlatrie".
Sources: La Croix
Eucharistie sacrement de la miséricorde 15.09.2006 - BENOÎT XVI