Benoît XVI centre sa catéchèse sur
Denys l'Aéropagite |
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Cité du Vatican, le 15 mai 2008 -
(E.S.M.)
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Le Saint-Père Benoît XVI a centré sa catéchèse de la traditionnelle Audience
Générale du Mercredi, sur l'enseignement de Denys l'Aéropagite, ancien
auteur chrétien et Père de l'Église qui a rendu possible le dialogue entre
l'Évangile et la philosophie grecque qui se référait à Platon.
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Le pape Benoît XVI
Benoît XVI centre sa catéchèse sur Denys l'Aéropagite
Synthèse de la catéchèse du Saint-Père
Le Saint-Père Benoît XVI a centré sa catéchèse de la traditionnelle Audience
Générale du Mercredi, sur l'enseignement de Denys l'Aéropagite, ancien
auteur chrétien et Père de l'Église qui a rendu possible le dialogue entre
l'Évangile et la philosophie grecque qui se référait à Platon.
Un exemple à suivre, pour le pape, dans le dialogue interreligieux, où cette
théologie peut être comparée à un « médiateur entre l'Évangile et les
religions mystiques de l'Asie ». « Lorsqu’on entre dans la relation intime
avec le Christ - a expliqué le Saint-Père - les polémiques disparaissent et
il devient possible de s'approcher, en prenant le chemin de l'expérience
humble de chaque jour pour trouver de nouveau la beauté de la foi, la
rencontre avec Dieu dans le Christ ».
Pour le pape, « lorsqu’on dialogue à la lumière de la vérité, le vérité
devient lumière pour tous. Le dialogue - a mis en garde Benoît XVI - ne naît
pas de la superficialité: nous devons mettre au service de l'Évangile la
sagesse de notre époque », en montrant que « l'expression du vrai dialogue
ne consiste pas à rechercher des choses qui séparent, mais la vérité
elle-même ».
Au VIe siècle, c'est-à-dire à une époque où le néoplatonisme était utilisé «
dans un sens antichrétien », Denys « ose utiliser cette pensée pour montrer
la vérité du Christ en transformant l'univers polythéiste dans un cosmos
créé par Dieu, caractérisé par l'harmonie : le polythéisme imaginaire
devient ainsi une louange du Créateur et de sa créature ».
La catéchèse du pape Benoît XVI est donc centrée sur un auteur de la période
patristique, le Pseudo-Denys, qui vécut vers le
VIIème siècle après J.-C. et qui influença de manière décisive le
cheminement de la théologie et de la spiritualité du Moyen Âge occidental, à
partir de l’époque carolingienne et après. Après les traductions latines du
« Corpus Areopagiticum » de Jean Scot Erigène (IXème siècle), cet
auteur, d’origine syriaque, entra dans la pensée de Pierre Lombard, Saint
Albert le Grand, Saint Thomas d’Aquin et Saint Bonaventure de Bagnoregio,
des mystiques rhénans jusqu’à Nicolas de Cusa. Cet anonyme théologien grec
était considéré comme le disciple de Saint Paul, Denys l’Aréopagite,
converti par le discours de Saint Paul à Athènes, dans l’Aréopage, et donc
sa théologie fut au Moyen Age latin attribuée à un auteur de l’époque
apostolique. La critique philologique successive le plaça cependant à une
période quelque peu ultérieure, vers le VIIème siècle après J.-C. Malgré
cela, il revêt une importance fondamentale,
aujourd’hui encore, face à une théologie et une philosophie qui tendent à
éloigner la réalité de Dieu de l’histoire humaine. La théologie du
Pseudo-Denys, essentiellement tournée vers la contemplation du Mystère de
Dieu, pourrait en effet faire penser à une possibilité de connaissance de
Dieu un peu désincarnée. Au-delà de son style, mystérieux et majestueux,
plein de théophanie et de symbolismes, il nous indique pourtant un Dieu qui
n’est pas seulement le « Tout-Autre » par rapport à nous, mais qui est aussi
le Père. En ceci, il est donc un auteur certainement chrétien et qui a été
rangé parmi les Pères de l’Église.
Le contexte liturgique dans l'oeuvre du
Pseudo-Denys l'Aréopagite
L’auteur conçoit son oeuvre comme une célébration liturgique et non
exclusivement comme un raisonnement; cet aspect est très fascinant, c’est
quelque chose que les théologiens occidentaux doivent d’urgence regagner. Le
sens sacré et liturgique de la théologie (par conséquent
de la connaissance de Dieu) est extrêmement important. Cette
conception se relie en particulier au contexte des Pères Cappadociens; chez
Denys, elle se développe de façon merveilleuse et devient une primauté
(DN II 2,636 C). Si on lit attentivement son
discours sur les noms divins, on s’aperçoit qu’il est une célébration.
L’auteur ne se préoccupe pas seulement de faire
comprendre, mais il s’introduit à la présence sacrée de ce Dieu transcendant
et mystérieux (DN V 2).
C’est toute la vie du théologien qui doit être
transformée par Dieu, pas seulement l’esprit, toute l’existence doit être
vécue dans l’approfondissement de ce mystère insondable d’Amour.
L’étude intellectuelle ne sera autre que celle d’approfondir quelque chose
que l’on aime, quelque chose à quoi l’on est déjà unis:
le Dieu Vivant. La prière est un moyen très
efficace pour une meilleure connaissance de Dieu, elle s’élève en nous
rapprochant de plus en plus de la Trinité. « En invoquant la Trinité,
source de tout bien et au-delà de ce même Bien... il faut qu’avec la prière
nous nous élevions à Elle, nous sommes justement instruits lors de cet
acte... quand nous l’invoquons avec des prières très saintes, avec une
intelligence limpide, et avec une aptitude à l’union divine, alors nous
aussi, nous sommes présents à Elle » (DN III 1,680 B).
Ce n’est qu’avec la prière et avec l’invocation que l’intelligence est
élevée et instruite de plus en plus par le Bien à qui elle est profondément
unie. « Avant tout, et en particulier avant de parler de Dieu, il est
nécessaire de commencer par la prière... afin qu’avec le souvenir et les
invocations nous puissions nous mettre dans ses mains et nous unir à Lui
» (DN III 1,680 D). Quand nous prions, nous
sommes dans les mains de Dieu, qui se trouve au fondement de toute vraie
gnose; en effet, l’union avec Dieu vaut beaucoup plus que le froid
raisonnement. C’est une chose de parler du Soleil, c’en est une autre d’être
au Soleil et de sentir ses rayons qui nous caressent et la chaleur qui nous
enveloppe.
l’Aréopagite dit: « Ainsi la partie impassible de l’âme semble destinée
aux spectacles divins simples et intérieurs des images
qui représentent Dieu, tandis que la partie passible de cette même
âme, de manière conforme à sa nature, est éduquée et tend vers les choses
plus divines au travers des fictions, bien combinées précédemment, des
symboles figuratifs; de fait ces voiles lui conviennent proprement »
(Ep. IX, 1,1108 B).
Le concept de Création. Denys se sert de ce
concept pour donner son vrai fondement à tout le discours sur le symbole. Le
monde, justement parce que créature de Dieu, exprime d’une certaine façon
son architecte. « Et la machine même du monde sensible est comme un voile
jeté sur les propriétés invisibles de Dieu, comme disait Saint Paul, qui est
le Verbe vrai » (Ep. IX 2,1108 B). Ici
l’Aréopagite reprend un thème de Paul qui est la révélation naturelle de
Dieu dans le Cosmos (Rom 1, 20).
Justement l’origine divine de la création fait en sorte qu’au moyen des
symboles naturels, l’homme saisisse derrière ces figures les qualités
divines. Les symboles sont comme des germes,
des images sensibles de visions supranaturelles
(Ep. IX 2,1108 C). Il faut à présent faire une autre
clarification: il peut se produire, dit Denys, que la même image figurative
soit appliquée à différentes réalités spirituelles: aux Anges, aux
intelligences et à Dieu. Un exemple: la représentation de Dieu comme « feu »
a un sens quand elle est attribuée à Dieu et un autre sens quand elle est
appliquée aux Anges. C’est pourquoi, dans la connaissance symbolique,
il ne faut pas confondre les symboles sacrés, mais les expliquer de façon
convenable. Pour cette opération une finesse, une profondeur d’esprit
sont requises, et un discernement qui n’est pas commun. Il y a une image
très belle à la fin de cette neuvième épître; c’est comme le sceau qui
scelle, la perle la plus précieuse, l’interprétation la plus authentiquement
chrétienne, qui se trouve à la base de la pensée théologique de
l’Aréopagite;
elle cherche à faire comprendre la condition
eschatologique de l’homme sauvé. Il dit ainsi: « Et nous nous
croyons que la table est la fin de maintes fatigues et une vie privée de
douleurs et une existence divine dans la lumière et dans la région des
vivants, une existence remplie de joie sainte, et qu’ils reçoivent une
donation abondante de biens de toutes sortes et bienheureux, en y trouvant
tout type de plaisir; et elle fait leur joie, les fait asseoir et les sert,
par repos éternel et leur distribue la vraie plénitude de biens »
(Ep. IX 5,1113 A).
L’interprétation symbolique que Denys donne du règne de Dieu part de la
métaphore de l‘Écriture de la table apprêtée par la sagesse. Le banquet est
figure de paradis. En lisant ce passage, on s’aperçoit que l’influence
philosophique néoplatonicienne sur son eschatologie est nulle. Ainsi l’on
saisit le caractère chrétien de la pensée de l’Aréopagite. En effet, la vie
éternelle est considérée comme béatitude, comme communion avec «
Jésus-Christ qui donne joie éternelle aux sauvés ». Un tel symbolisme
est pris justement d’une matrice chrétienne, et non des différents cultes
mystériques pleins de mythes, pour ce qui concerne le salut de l’homme.
L’éternité sera une relation d’amour avec le Fils de
Dieu incarné, qui nous fera prendre part de plus en plus à sa divinité.
Avec cela, l’intention de Denys s’est réalisée: le
symbole nous fait comprendre le mystère.
Pour conclure un passage
tiré du traité du Pseudo-Denys, qui est une prière pour connaître Dieu et
être éclairé par Lui, tirée du premier chapitre de « De Mystica theologia
» :
« Trinité supra essentielle, excessivement divine et excessivement bonne,
gardienne de la sagesse des Chrétiens relative à Dieu, guide-nous vers le
sommet excessivement inconnu, excessivement resplendissant et très élevé des
oracles mystiques, où les Mystères simples, absolus et immuables de la
théologie sont dévoilés dans la Ténèbre extrêmement lumineuse du silence qui
initie à l’arcane: là où il n’y a plus d’obscurité, elle fait briller ce qui
est excessivement resplendissant, et dans le siège du tout intouchable et
invisible, remplis les intelligences privées de vue des splendeurs
merveilleuses. Telle soit ma prière ».
Les œuvres complètes du
Pseudo Denys en traduction française, à télécharger sur le site jumelé,
Docteur Angélique :
(ici)
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Le pape Benoît XVI accueille les pèlerins francophones présents à l'audience ►
texte intégral de la
catéchèse du Saint-Père
►
Benoît XVI nous invite à prendre exemple
sur Denis l'Aéropagite
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Sources :
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
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Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 15.05.2008 -
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