L’Eucharistie fait partie du dimanche
nous dit Benoît XVI |
|
Cité du Vatican, le 14 juin 2008 -
(E.S.M.)
- Les chrétiens ont toujours été conscients du fait que, sans la
Sainte Messe, sans l’Eucharistie au moins le dimanche, ils n’auraient
pas pu continuer à vivre. Benoît XVI explique comment le pain et le vin,
par la Parole de Dieu, sont transformés dans le Corps du Christ
Ressuscité, « afin que l’homme lui aussi, par son union avec celui qui
est immortel, devienne participant de l’immortalité ».
|
Pour
agrandir l'image ►
Cliquer
L’Eucharistie fait partie du dimanche nous dit Benoît XVI
L’EUCHARISTIE : SACRIFICE, BANQUET ET PRÉSENCE DU SEIGNEUR
“Faites ceci en mémoire de moi”.
Considérons quelle réalité unique Jésus nous a confiée avec son mandat:
“Faites ceci en mémoire de moi”.
Sur le sens des paroles de la Dernière Cène « Depuis désormais près de deux
mille ans, j’ai prié, j’ai réfléchi, j’ai lutté… En recherchant ainsi leur
signification, on doit se proposer clairement avant tout de quelle manière
nous voulons les prendre. Il n’y a qu’une seule réponse : en toute
simplicité, comme elles se présentent. Le texte veut signifier exactement ce
qu’il dit… Jésus, tandis qu’il parlait et agissait, comme on s’y réfère
ici-même, savait qu’il s’agissait d’une chose de valeur divine. En voulant
ainsi être compris, il parlait de la manière selon laquelle il voulait être
compris (extrait de la septième édition italienne de «
Vita e pensiero », Mila, 1977, pages 456-457).
C’est cette suggestion, donné par Romano Guardini sans son ouvrage « Le
Seigneur », que nous voulons prendre à cœur quand nous voyons que sont
révélées, dans les paroles de l’institution de Jésus, et surtout les trois
dimensions de la foi eucharistique
« Ceci est mon Corps… offert en sacrifice pour vous »… « Ceci est le calice
de mon Sang. versé pour vous ». Les paroles « offert en sacrifice » et, «
versé » rappellent que l’Eucharistie est le Sacrifice du Seigneur. Après que
Jésus, sur la Croix a accompli son unique offrande, la Rédemption est
accomplie une fois pour toutes. Ses dernières paroles « Tous est accompli
»
! » (Jean 19, 30), doivent être comprises aussi
sous cet aspect : pour notre salut, de sa part, tout a été fait. Mais de
notre part, nous avons toujours sans cesse besoin de nous approprier ce
Sacrifice salvifique. Le Sacrifice de la Messe sert à cette appropriation !
Il nous fait sortir, pour ainsi dire, de notre existence limitée dans le
temps et dans l’espace, et nous met en présence de la Croix. Quand nous
célébrons la Messe, nous nous trouvons – non pas localement, mais
sacramentellement – au pied de la Croix. Nous pouvons recevoir du Seigneur
les fruits produits par l’arbre de la Croix. Mais nous sommes aussi en face
de l’autel céleste, où le Seigneur Ressuscité et Elevé, fait don de soi à
son Père, et où tous les Anges et tous les Saints s’unissent à cette
liturgie céleste : « L’agneau qui a été immolé est digne de recevoir la
puissance et la richesse, la sagesse et la force, l’honneur, la gloire et la
bénédiction » (Apocalypse, 5, 12).
Si nous voulions représenter cette réalité dans un film, comme a tenté de le
faire Mel Gibson, nous devrions parvenir à produire non seulement un simple
mélange de séquences, par un fondu croisé, d’images de la Dernière Cène, de
la Croix et de la Messe. Tout comme ne devrait jamais manquer, dans chaque
scène, le Ciel ouvert pour libérer le regard sur l’Agneau. La Célébration
Eucharistique est le lieu théologique où ce fondu croisé de la salle située
à l’étage supérieur (de la Dernière Cène), du Golgotha et de la Jérusalem
Céleste ne se passe pas comme dans un film, mais dans la réalité du «
mysterium fidei », du mystère de la foi.
Celui qui écoute à la Messe les paroles de la Consécration, qui participe
dans la foi au Sacrifice, expérimente sur lui l’action de l’amour de Dieu.
Tous ceux qui viennent à la Célébration Eucharistique, peuvent s’exclamer,
comme saint Paul : « Il m’a aimé et il s’est donné lui-même pour moi »
(Galates 2 ? 20)
“Prenez et mangez”, “Prenez et buvez ». Ces paroles « manger et boire »
évoquent un banquet. C’est là le deuxième message que les paroles de la
Consécration veulent nous donner : l’Eucharistie est le banquet du Seigneur.
Saint Thomas, à ce sujet, composa la séquence bien connue « O sacrum
convitum in quo Christus sumitur … mens impletur gratia et futurae gloriae
nobis pignus datur » (O banquet sacré dans lequel le Christ est goputé…
est remplie de grâce et où nous est accordé le gage de la vie éternelle ».
La participation à ce banquet sacré est notre entrée dans le Sacrifice du
Christ, et est le passage du Sacrifice du Christ dans notre vie.
La Sainte Messe n’est pas un banquet au sens de vouloir faire revivre la
Cène historique de Jésus. La Cène était, à n’en point douter, un banquet
pascal juif, une seule fois par an, en un jour précis. Pour cela déjà, la
Célébration Eucharistique du dimanche, ou celle de tous les jours, ne peut
jamais répéter la Dernière Cène. Quand Jésus dit « faites ceci en mémoire de
moi », il veut parler de la Pâque nouvelle qui, même si elle a été instituée
par Lui-même dans le cadre de l’ancien banquet pascal, se réfère à la
Nouvelle Alliance en Son Sang. Quand, dans le contexte de l’Eucharistie on
parle de banquet, on veut surtout parler de la célébration de la Sainte
communion. En elle, le Corps du Christ, qui a été sacrifié une seule fois
sur la Croix, est offert sous les espèces du pain et du vin comme nourriture
et comme boisson. Depuis le début, l’Eglise était consciente du fait que
cela représentait un défi inouï pour l’intelligence humaine.
Le Seigneur du banquet de l’Eucharistie, c’est-à-dire l’hôte, est le Christ,
qui est le médiateur par le service de l’Eglise. Le don du banquet, c’est
Lui-même : « Je suis la pain de vie » (Jean 6, 35),
« je suis la vraie vigne » (Jean 15, 1). Nous
ne le répéterons jamais assez : la Sainte Hostie n’est pas un « quelque
chose », elle n’est pas une chose, elle n’est pas un pain béni, consacré.
L’Hostie est le Christ lui-même.
« Sous les humbles espèces du pain et du vin, transsubstantiés en son corps
et en son sang, le Christ marche avec nous, étant pour nous force et
viatique, et il fait de nous, pour tous nos frères, des témoins d'espérance.
Si, face à ce mystère, la raison éprouve ses limites, le cœur, illuminé par
la grâce de l'Esprit Saint, comprend bien quelle doit être son attitude,
s'abîmant dans l'adoration et dans un amour sans limites »
(Ecclesia
De Eucharistia, 62). Par ces paroles, le Pape Jean Paul II,
dans sa dernière Encyclique, a résumé tout ce que l’Eglise croit et tout ce
dont elle vit.
C’est par une expression de foi et d’amour pour Dieu que nous conservons la
Sainte Eucharistie non dans des jattes et des écuelles communes, mais dans
des calices précieux et dans des coupes dignes. Si nous faisons cela, c’est
aussi pour renforcer notre foi dans la présence réelle du Seigneur sous les
espèces du pain et du vin. L’œil humain ne parvient pas à voir le mystère.
Mais ce mystère peut être indiqué d’autant plus fortement qu’il est traité
avec le plus grand respect. Tout ce qui entre en contact avec le « Très
Saint Sacrement » doit exprimer une véritable dignité, et non pas une pompe
exagérée. La chose la plus importante, toutefois, c’est que la Sainte
Communion, du calice sacré, soit déposée dans un cœur humain préparé
dignement. Quand Mère Teresa, en 1988 visita le monastère autrichien de
Heiligenkreuz, elle fit cette recommandation: « Prions la Sante Vierge afin
qu’elle nous donne un cœur si beau, si pur, si immaculé, un coeur si plein
d’amour et d’humilité, que nous devenions capables de recevoir Jésus dans le
pain de la vie et l’aimer comme il nous a aimés… ».
« Ceci est mon Corps », « Ceci est mon Sang ». Par deux fois il y a
l’indication « ceci est ». Même Martin Luther trouva ces paroles tellement
immenses qu’il ne put faire de venir le « ceci est », en « ceci signifie ».
Quand Jésus qui, en tant qu’homme était un juif, parla, dans sa langue
maternelle, du corps et du sang, il entendait cela de manière totalement
réelle : « Ceci, c’est moi dans toute ma réalité d’homme ». Mais nous devons
l’imaginer comme le Seigneur ressuscité et élevé, dont le corps est
transfiguré. La présence de Jésus dans la Sainte Hostie, est en même temps
réelle et spirituelle.
La foi catholique, contrairement à Luther, analyse plus à fond encore les
paroles de Jésus. Le Pain Eucharistique est le Corps du Christ non seulement
au moment de l’Eucharistie. Il reste le Corps du Christ même après la
cérémonie. L’Eucharistie est une présence permanente du Seigneur. Quand
Jésus dit « Ceci est mon Corps », il ne revient pas en arrière. Une fois
consacré, le pain reste Corps du Christ tant que l’espèce du pain reste
intacte. Ce qui demeure, après la Messe, ce ne sont pas les restes du
banquet, mais plutôt « le Très Saint Sacrement » dignement conservé et adoré
dans le tabernacle. Le Seigneur Eucharistique nous attend toujours, il
attend une de nos visites, une adoration de notre part. Combien elle est
consolante la pensée que le Christ, dans le Saint Sacrement, ne nous
abandonne jamais ! Il n’y a plus de solitude pour celui qui croit en cette
présence. C’est vrai ce que, il y a quelques années, en enfant de chœur
déclara après la Messe, quand on lui permit d’apporter les clefs du
tabernacle à la sacristie : »Ces clefs conduisent au mystère le plus grand
du monde »
Il faut faire encore une considération. Avec ces contenus de foi, l’Eglise
manifeste une considération indiciblement élevée de l’Eucharistie. Et, en
conséquence, on attend aussi beaucoup des fidèles qui veulent s’approcher de
ce Sacrement. Quand l’Eglise, pour des motifs de foi et de son pastoral des
âmes, considère qu’il est impossible que, dans des situations déterminées,
quelqu’un puisse recevoir la Sainte Communion, on doit considérer que, dans
la Sainte Eucharistie, personne n’est laissé les mains vides. Ceux qui ne
peuvent participer à la Sainte Communion, au banquet du Seigneur, recevront
une nourriture pour leur vie à la « table de la parole ». Ils peuvent en
outre retirer une force le leur union avec le Sacrifice de la Messe, et ont
aussi la possibilité de rencontrer Jésus dans l’Adoration Eucharistique.
La goutte d’eau dans le vin
Le fait que dans deux Conciles on ait abordé la question de l’eau mise dans
le vin au moment de l’Offertoire, est surprenant même pour les catholiques
pratiquants. Mis à part les enfants de chœur à l’autel, seuls quelques
assistants à la Messe s’aperçoivent probablement que de l’eau est versée
dans le vin.
Dans le sens de la mystagogie, dans une approche aux mystères de la foi, la
goutte d’eau peut nous amener à pénétrer plus profondément dans la théologie
du Sacrifice de la Messe. Au Concile de Florence (1439), convoqué pour
parvenir à un accord avec les chrétiens arméniens, la goutte d’eau fut
l’objet d’une étude dogmatique approfondie. Comme matière nécessaire pour le
Sacrement de l’Eucharistie, le Concile mentionne « le pain de froment et
le vin de raisin auquel, avec la Consécration on doit ajouter quelques
gouttes d’eau ».
La déclaration selon laquelle ce fut le Seigneur lui-même qui a institué ce
Sacrement de la sorte, est significative, en se servant de vin mêlé d’eau.
Evidemment, c’était une ancienne pratique juive de boire le vin mêlé d’eau.
L’écrivain Justin, qui mourut martyr vers l’an 165, nous a donné des
indications précieuses sur la manière selon laquelle se passaient les
Célébrations Eucharistiques proto-chrétiennes. Tout naturellement, il
témoigne aussi de ce fait : « Et puis, au premier des frères, on apporte le
pain et un calice avec de l’eau et du vin ».
A part cette indication que Jésus lui-même a agi ainsi, et que cette
pratique est confirmée par les “témoignages des saints pères et docteurs de
l’Eglise”, le Concile de Florence donne aussi une explication allégorique et
mystique : « parce que cela convient au mémorial de la passion du Seigneur…
On ne doit pas, en effet, offrir dans le calice du Seigneur ou seulement le
vin ou seulement l’eau, mais l’un et l’autre ensemble, parce que on lit que
l’un et l’autre, c’est-à-dire le sang et l’eau ont jailli du côté du Christ
» (cf. Jean 19, 34). Et ainsi, se manifeste le
caractère sacrificiel de la Sainte Messe, le Sacrifice de soi-même du
Rédempteur par amour de notre salut.
Mais, ainsi s’exprime le Concile de Florence – il s’agit aussi de notre
entrée dans son Sacrifice. L’effet que le Sacrement a sur nous doit se
manifester dans la goutte d’eau : « Dans la goutte d’eau se préfigure le
peuple, et dans le vin, se manifeste le Sang du Christ… Quand, dans le
calice, l’eau se mêle donc au vin, le peuple s’unit au Christ, et le peuple
fidèle s’unit et se réunit avec celui dans lequel il croit ».
Pourquoi est-ce que cela a été précisément ce concile, dont le contenu fut
une conciliation avec les Arméniens, de tendance monophysite, à analyser si
en détail le thème de la goutte d’eau ? L’hérésie monophysite tendait à
accentuer de manière excessive et unilatérale la nature divine de
Jésus-Christ. L’expression “monophysis” veut dire “une seule nature.
La nature humaine prise par le Fils de Dieu pour notre salut aurait été,
selon eux, absorbée par Sa Divinité. Avec cela, pour les monophysites, la
réalité de l’incarnation passait au second plan, l’action rédemptrice sur la
Croix perdait sa signification.
Entre la disparition de cette hérésie au V° siècle et les négociations
unionistes avec les Arméniens au XV° siècle, un millénaire s’était écoulé.
Ce qui, à cause de la distance, était devenu probablement moins
problématique au plan de la doctrine, était toujours perceptible dans un
détail liturgique. De manière cohérente, les monophysites avaient banni la
goutte d’eau de leur liturgie : le divin n’a besoin d’aucun complément
humain, d’aucune ajoute de la part de l’homme. Mais la doctrine catholique
embrasse ces deux réalités, la nature divine et la nature humaine, dans
l’unique personne de Jésus-Christ. De sorte que, aujourd’hui encore, la
prière qui accompagne la goutte d’eau mise dans le vin, est la suivante : «
Que l’eau unie au vin soit le signe de notre union avec la vie divine de
Celui qui a voulu assumer notre nature humaine ».
On lit comme un voyage théologique d’exploration, quand, plus de 100 ans
plus tard, en 1562, au Concile de Trente, on voit réapparaître la goutte
d’eau dans le vin dans une déclaration dogmatique. Que s’était-il passé ?
Martin Luther avait parlé de la toute-puissance de la grâce. La
justification de l’homme devant Dieu aurait pu se faire seulement par la
grâce. « La seule grâce ». Aucune ajoute n’aurait permis au pécheur de
participer à sa rédemption, exception faite de sa foi confiante : « Sola
fides ». En conséquence, pour les protestants, la goutte d’eau dans le
calice devint tout à fait hors de propos. La pure œuvre divine n’a besoin
d’aucune action ajoutée de la part de l’homme.
Mais cela n’est-il pas vrai quand l’apôtre Paul déclare : « Je complète
dans ma chair ce qui manque aux souffrances du Christ, en faveur de son
Corps qui est l’Eglise » (Colossiens 1, 24).
Avec cette affirmation, Saint Paul n’entend pas diminuer l’œuvre rédemptrice
de l’unique Rédempteur. Au contraire, Saint Paul le savait précisément par
sa propre expérience : « C’est par la grâce de Dieu que je suis ce que je
suis » (1 Corinthiens, 15, 10). Une fois,
le Seigneur lui avait même fait comprendre : « Ma grâce te suffit »
(2 Corinthiens 12, 9). Malgré cela, l’Apôtre était
conscient de sa tâche « d’instrument ». Ce n’est pas l’action rédemptrice
qui a besoin de complément, mais sa médiation aux hommes « par le Corps
du Christ » qui a besoin de la contribution humaine. Et comme le Christ
ne voulait pas racheter seulement individuellement, et que l’action
rédemptrice inclut l’édification de Son Corps, l’Eglise, chaque membre sert
de « goutte d’eau ».C’est une manière très simple pour présenter ces
raisonnements de haute théologie : Quand Jésus mourut sur la Croix, il le
fit en qualité d’unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Mais le fait que
Marie, Jean, et plusieurs femmes fidèles, au pied de la Croix, s’unirent à
son Sacrifice, ne fut pas aux yeux de Dieu une diminution du Sacrifice de
Jésus ni une ajoute casuelle. C’est précisément la goutte d’eau dans le
calice du salut.
Mais retournons, après cette excursion dans l’histoire de l’Eglise et de la
théologie, à l’Offertoire de la Messe. Nous tous, la communauté rassemblée
autour de l’autel, nous devons devenir un don agréable à Dieu, en même temps
que le Sacrifice du Christ, selon ce que les fidèles expriment dans le « suscipiat
» face au prêtre : « Que le Seigneur reçoive de tes mains ce sacrifice à
la gloire de son nom, pour notre bien et celui de toute la sainte Eglise
»
Les observations relatives à un détail apparemment marginal de l’Offertoire,
révèlent ainsi la grande richesse spirituelle cachée dans ces moments de la
célébration de la Messe. Il est bien compréhensible que les paroles qui
accompagnent les actions de l’Offertoire soient normalement récitées à
mi-voix, comme le prévoit le Missel. Les fidèles peuvent pendant ce temps,
chanter un chant d’offertoire qui aide à l’attitude d’offrande, ou ils
peuvent écouter le chœur, ou encore toute chose adaptée à ce qui se passe à
ce moment ; ils peuvent aussi élever silencieusement leur cœur et leurs sens
vers le Seigneur, alors que qu’un orgue, ce qui est souhaitable, ou un autre
instrument, joue doucement comme accompagnement de cette action.
Le Missel dit clairement que les processions d’Offertoire pour les fidèles,
sont en correspondance avec le contenu intérieur de cette partie de la
Messe. C’e n’est pas par hasard que, à ce moment, on passe pour faire la
quête pour recueillir les offrandes pour les exigences et les besoins de
l’Eglise, et surtout des plus nécessiteux. Ces petits dons, eux aussi font
ainsi que la « goutte d’eau » prend une forme concrète.
Julia Verhaeghe, la Mère fondatrice de la famille spirituelle “L’opera”,
dont la vie fut marquée par un amour profond envers l’Eglise et sa liturgie,
se voyait elle-même dans la goutte d’eau, ainsi que sa propre mission. «
‘Seigneur, fais que, dans le calice du prêtre qui T’offre le saint
Sacrifice, je sois la petite goutte d’eau qui se mélange dans le vin en se
perdant en lui ». Pour un fidèle qui veut participer à la célébration de la
Sainte Messe de manière plus spirituelle encore, cette intention de prière
peut être une aide sérieuse.
Le médicament d’immortalité
Du point de vue de la foi, le péché est la cause ultime et la plus profonde
de la mort. La mort, comme nous la connaissons, c’est-à-dire comme force
destructrice, n’était pas prévue par Dieu pour l’homme. Si l’homme n’avait
pas péché, cela ne serait pas arrivé. « Avec le péché…, la mort a atteint
tous les hommes » (Romains 5, 12). La mort est
devenue une condition générale et absolument certaine de l’existence humaine
: tous ceux qui naissent dans ce monde, le quitteront en mourant.
Avoir l’espérance de la vie éternelle, malgré la mort et au-delà de la mort,
n’est pas en notre pouvoir. Personne ne peut acquérir la résurrection par
soi-même ; seule la grâce de Dieu peut le faire. « Mais grâces soient à
Dieu, qui nous donne la victoire par notre Seigneur Jésus-Christ »
(1 Corinthiens 15, 57). Celui qui est venu pour nous libérer du
péché est aussi Celui qui veut nous sauver du pouvoir de la mort.
Dans le Baptême, Dieu donne le départ, le commencement, en nous donnant la
grâce de la « renaissance » pour la vie éternelle. C’est comme une
vaccination avant un long et dangereux voyage. Le Baptême nous donne les
premiers « vaccins » contre la mort éternelle. A ces « vaccins », dans le
cours de la vie, doivent être faits des rappels, en particulier avec les
autres Sacrements. Les saints Sacrements, et surtout la Pénitence et
l’Eucharistie, sont des médicaments contre mort.
Les chrétiens ont toujours été conscients du fait que, sans la Sainte Messe,
sans l’Eucharistie au moins le dimanche, ils n’auraient pas pu continuer à
vivre : « Sans la célébration dominicale du Seigneur, nous ne pouvons pas
vivre » déclaraient les martyrs d’Abitène (morts en 344) devant le
tribunal païen. « Ce n’est pas du positivisme ou la soif de pouvoir, si
l’Eglise nous dit que l’Eucharistie fait partie du dimanche
(Benoît XVI). Il ne s’agit pas ici d’un
commandement imposé de l’extérieur, mais de survie. Si nous ne recevons pas
régulièrement le Christ et Sa grâce en nous, si nous ne nous faisons pas «
vacciner » continuellement contre la mort et ses conséquences, nous n’avons
aucune chance de parvenir à la vie éternelle. Le dimanche est le jour de la
semaine où « se fait le vaccin », parce que c’est l’à que la force du
Ressuscité devient efficace de la manière la plus authentique.
Le lien intime entre le fait de recevoir l’Eucharistie et la promesse de la
résurrection n’est pas une construction faite a posteriori par des
théologiens. Ce lien est fondé sur la roche originale de l’Ecriture.
L’Evangéliste Jean consacre le sixième chapitre de son Evangile à
l’Eucharistie. Il contient le grand discours sur l’Eucharistie fait par
Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. Une lecture attentive fait noter la
double indication : l’Eucharistie est le gage de la Résurrection
(cf. Jean 6, 44.54). Jésus dit clairement : « En
vérité, en vérité je vous le dis : si vous ne mangez pas la Chair du Fils de
l’Homme et si vous ne buvez pas son Sang, vous n’aurez pas la vie en vous.
Qui mange ma Chair et boit mon Sang a la vie éternelle, et moi, je le
ressusciterai au dernier jour » (Jean 6, 53-54).
Chez les auteurs anciens, nous trouvons ces affirmations encore plus
approfondies et plus développées. Dans l’une de ses Catéchèses, Grégoire de
Nysse (mort après 394) compare la condition de l’homme mortel à un
empoisonnement fatal. Seul un antidote peut briser cette force porteuse de
la mort : « Qu’est-donc alors cette nourriture ? » demande Saint Grégoire,
et la réponse éclate : « Rien d’autre que ce corps qui a surmonté la mort et
qui nous apporte la vie. Parce que, tout comme, selon les paroles de
l’apôtre, un peu de levain rend toute la masse de la pâte semblable à lui,
de même aussi ce corps doté d’immortalité formé par Dieu transforme le nôtre
à sa ressemblance ». Le Saint Père de l’Eglise explique
ensuite comment le pain et le vin, par la Parole de Dieu, sont transformés
dans le Corps du Christ Ressuscité, « afin que l’homme lui aussi, par son
union avec celui qui est immortel, devienne participant de l’immortalité ».
Une petite aide pour comprendre l’Eucharistie comme "médicament
d’immortalité", peut venir d’un bref excursus dans l’histoire des dogmes. Il
s’agit, plus précisément, des raisons théologiques pour le dogme de
l’Assomption de Marie au Ciel. Pourquoi la Mère de Dieu, à l’heure de sa
mort, a-t-elle eu le privilège d’être élevée par Dieu au ciel avec son âme
et avec son corps, sans que son corps connaisse la corruption ?
Une raison courante des prédications des Pères de l’Eglise est
l’enseignement biblique, selon lequel Marie fut choisie par Dieu comme Mère
du Seigneur. Aucune créature n’était liée au Christ comme le fut Marie, Sa
Mère. Son Corps provient du corps de Marie, Son Sang vient de Son sang à
elle. De la même manière où le corps de la Mère de Dieu L’a porté dans son
sein jusqu’à Sa naissance, et L’a nourri, en devenant ainsi un sanctuaire de
Dieu, après la mort, également, son corps aurait dû rester sacré et n’aurait
pas dû connaître la corruption.
Ce que Marie était en vertu de sa vocation, à savoir, Celle qui porte Dieu
en elle, nous pouvons le devenir progressivement. Dans la Sainte
Eucharistie, nous recevons le Christ au-dedans de nous. Au fond, il
suffirait d’une seule et unique sainte Communion pour nous faire devenir une
seule chose avec le Christ. De Son côté, cela serait possible. Mais, à cause
de notre fragilité humaine, nous avons besoin de répétition. Nous devons
toujours, de nouveau « accueillir le Corps immortel du Christ pour être
transformés à la ressemblance de Sa nature divine » (cf.
Grégoire de Nysse).
Personne ne peut réaliser l’assomption, de soi-même au ciel. Mais, en
portant toujours plus le Christ en nous, comme le fit Marie, à l’avenir, Il
devra faire en nous ce qu’il a déjà anticipé en Marie. A l’heure de notre
mort, ou du moins, non loin de cette hure de la mort, le Seigneur, un jour,
devra devenir notre « viatique » : ce sera la dernière « vaccination », afin
que l’aiguillon mortel ne puisse nous nuire. Mais, comme personne ne sait
quand viendra cette heure, l’Eucharistie doit être, au moins chaque
dimanche, mais dans toute la mesure du possible également les jours de
semaine, notre médicament. Et, de la sorte, nous serons prêts pour le
passage.
(Agence Fides, Don Christoph Haider, 14/06/2008)
Lire tout le document ►
L’EUCHARISTIE : SACRIFICE, BANQUET ET PRESENCE DU SEIGNEUR
Sources : www.vatican.va
-
E.S.M.
Ce document est destiné à l'information; il ne constitue pas
un document officiel
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 14.06.2008 -
T/Liturgie |