Le long du chemin indiqué par Benoît XVI


Le 13 avril 2010 - (E.S.M.) - Un manuel pour développer l'imagination nécessaire à l'apostolat des laïcs: tel est, pour l'essentiel, le sujet du dernier livre de Carl Anderson.

Carl Anderson
Le long du chemin indiqué par Benoît XVI
Ettore Gotti Tedeschi : Saint Paul et le Forum de Davos, Développer l'imagination de la charité
Le 13 avril 2010 - Eucharistie Sacrement de la Miséricorde - Un manuel pour développer l'imagination nécessaire à l'apostolat des laïcs: tel est, pour l'essentiel, le sujet du dernier livre de Carl Anderson (Une civilisation de l'amour, Cité du Vatican, Librairie éditrice vaticane, 2009, 251p.). L'auteur, américain, présente une institution peu connue en Europe et en Italie: celle les chevaliers de Colomb (Knights of Colombus), la plus grande organisation de laïcs catholiques au monde, fondée aux Etats-Unis en 1882, qui compte aujourd'hui plus d'un million sept cent mille adhérents. Les chevaliers de Colomb - dont Carl Anderson est le "chevalier suprême" - sont engagés dans des activités caritatives présentes dans le monde entier. En synthèse, un exemple de sainte créativité que Benoît XVI, s'adressant le 9 avril 2006 aux participants à la xxi Journée mondiale de la jeunesse, a exhorté à développer pour changer la société (cf. orlf n. 15 du 11 avril 2006).

Dans la préface de l'ouvrage, le cardinal secrétaire d'Etat, Tarcisio Bertone, rappelle à ce propos les paroles de saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens: "Nous sommes les collaborateurs de Dieu" (3, 9). Mais pour produire de bons résultats, il faut être des collaborateurs dotés d'imagination. C'est ce qu'enseigne l'auteur du livre, en indiquant les voies pour construire la civilisation de l'amour entrevue par Paul VI à la fin de l'Année sainte 1975 et pour empêcher d'éventuels conflits de civilisation dans le monde désormais mondialisé.

Carl Anderson commence par se demander ce que pourrait dire saint Paul au forum économique international de Davos, où se réunissent chaque année les principaux responsables du monde. Il les exhorterait probablement à s'engager pour changer les personnes avant même de changer les instruments économiques. L'apôtre expliquerait à ses auditeurs que les grandes crises économiques sont avant tout des crises d'hommes, et pas de moyens. Qu'il s'agit de l'échec des valeurs morales qui devraient au contraire inspirer les actions de tous, à partir précisément des responsables politiques et économiques. Carl Anderson connaît bien la théorie élaborée par Samuel P. Huntington sur le conflit entre les civilisations et a compris quels sont les facteurs qui engendrent un conflit entre les diverses cultures, avec divers comportements socio-économiques.

Et toujours Carl Anderson a compris que le véritable point d'équilibre - bien que très fragile - devra être trouvé dans la vision de l'homme et de sa dignité. Car il s'agit de faire se rencontrer sur ce terrain des cultures et des religions très éloignées. Et celles-ci devront ensuite se confronter avec des visions laïcistes et scientistes agressives, qui arrivent à considérer l'homme uniquement comme le fruit du hasard de l'évolution d'un micro-organisme. En résumé: comment la vision de celui qui pense que seule la liberté de choisir peut faire trouver la vérité peut-elle coexister avec celle de celui qui, au contraire, croit que la vérité est la base d'une liberté authentique responsable?

Telle est la difficile arène dans laquelle Carl Anderson se lance, en partant de l'analyse de penseurs - tels que Nietzsche, Freud et Marx - qui ont fortement influencé la culture moderne. Comme alternative à la logique du relativisme moral sur la dignité de l'homme, l'auteur propose la logique de la vérité et de la liberté exprimée par Jean-Paul II dans Redemptor hominis, sa première encyclique. Il cite ensuite Descartes, Eliot, Mauriac et Merton pour répéter avec force le principe d'une dignité humaine valable pour tous et partout. Une dignité fondée sur un unique modèle de relation universel: l'amour.

On arrive ainsi à identifier le rôle essentiel du laïc et de sa contribution nécessaire. Le laïc possède un avantage, car il opère dans trois réalités différentes, il peut développer une unité de vie et produire une valeur synergique: Eglise, maison et travail. Il s'agit de milieux à valoriser dans le sens apostolique pour produire une véritable éthique économique. Celle précisément que saint Paul prêcherait à Davos. Dans la paroisse, dans la famille, au travail - et dans la politique - les hommes peuvent, avec la grâce de Dieu et grâce à leur imagination, changer les idées, les cultures, le monde. Nous pouvons faire l'histoire. La prochaine histoire, celle de la civilisation de l'amour. Le long du chemin indiqué par Benoît XVI.

Sources : www.vatican.va - E.S.M.
(©L'Osservatore Romano - 13 avril 2010)
Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 13.04.2010 - T/International