Catéchèse de Benoît XVI - 12 décembre
2007
Cité du Vatican, le 12 décembre 2007 -
(E.S.M.)
- L'extraordinaire histoire d'amour vécue au IVè siècle par
Paulin de Nole et Therasia, les époux amis de Saint Augustin et Saint
Ambroise qui, après la mort de leur unique enfant, choisirent la
chasteté pour se consacrer ensemble à la prière et à l'accueil des
pauvres, a été évoquée par le pape Benoît XVI à l'Audience Générale.
Le pape Benoît XVI -
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Catéchèse de Benoît XVI - 12 décembre 2007
L'Audience Générale de ce matin s'est déroulée à 10h30 dans la
Salle Paul VI où le Saint Père Benoît XVI a continué le cycle de catéchèses
sur les Pères Apostoliques et s'est arrêté sur la figure de Saint
Paulin de Nole.
L'extraordinaire
histoire d'amour vécue au IVè siècle par Paulin de Nole et Therasia, les
époux amis de Saint Augustin et Saint Ambroise qui, après la mort de leur
unique enfant, choisirent la chasteté pour se consacrer ensemble à la prière
et à l'accueil des pauvres, a été évoquée par Benoît XVI à l'Audience
Générale. Né et baptisé à Bordeaux, Paulin avait abandonné la politique
après avoir été Gouverneur de la Campanie, « chargé d'affaires publiques
pour quoi il fut admiré pour ses qualités de sagesse », tandis que Therasia
« était une pieuse noble de Barcelone » : leur chemin, a souligné le Pape,
« fut un chemin fatigant et parsemé d'épreuves ».
Texte intégral de la catéchèse du Saint Père
Chers frères et sœurs !
Le Père de l'Église sur lequel aujourd'hui nous portons notre attention,
est saint Paulin de Nole. Contemporain de saint Augustin, auquel il fut lié
par une vive amitié, Paulin exerça son ministère en Campanie, à Nole, où il
fut moine, ensuite prêtre et Évêque. Il était cependant originaire
d'Aquitaine, dans le sud de la France, et précisément de Bordeaux, où il
était né d'une famille de haut rang. Là il reçut une éducation littéraire
pointue, avec comme maître le poète Ausone. Il s'éloigna une première fois de
son pays natal pour suivre une carrière politique précoce, qui le vit
accéder,
encore très jeune, au rôle de gouverneur de la Campanie. A travers cette
charge publique, il fut admiré pour ses qualités de sagesse et de douceur. Ce
fut dans cette période que la grâce fit germer dans son cœur, la graine
de la conversion. La stimulation vint de la foi simple et intense avec
laquelle le peuple honorait la tombe d'un Saint, le martyr Félix, dans le
Sanctuaire de l'actuelle Cimitile. Comme responsable du bien public,
Paulin s'intéressa à ce Sanctuaire et fit construire un hospice pour les
pauvres et un chemin pour rendre plus facile l'accès aux nombreux pèlerins.
Pendant qu'il s'employait à construire une cité terrestre, il découvrait le chemin vers la
cité céleste. La rencontre avec le Christ fut
le point d'arrivée d'un chemin laborieux, parsemé d'épreuves. Des
circonstances douloureuses, à commencer par la disparition des faveurs de
l'autorité politique, lui firent toucher du doigt l'aspect éphémère des
choses. Après avoir découvert la foi, il écrira : « L'homme sans le Christ
est poussière et ombre » (Carmen X, 289).
Désireux de faire la lumière sur le sens de l'existence, il se rendit à
Milan pour se mettre à l'école d'Ambroise. Il compléta ensuite sa formation chrétienne dans sa terre
natale, là où il reçut le baptême des mains de l'Évêque Delphin, de
Bordeaux. Dans son parcours de foi, se trouve également le mariage. Il épousa en
effet Therasia, une pieuse dame noble de Barcelone, dont il eut un fils. Il
aurait continué à vivre comme un bon laïc chrétien, si la mort de l'enfant
après peu de jours, n'était pas venue l'ébranler, en lui montrant que le
dessein de Dieu pour sa vie était autre chose. Il se sentit en effet appelé à se
vouer au Christ dans une vie ascétique rigoureuse.
En plein accord avec sa femme Therasia, il vendit ses biens au profit des
pauvres et, avec elle, il quitta l'Aquitaine pour Nole, où les deux époux
établirent leur demeure près de la Basilique du protecteur Saint Félix, en vivant
maintenant dans une chasteté fraternelle, selon une forme de vie à laquelle
même d'autres se joignirent. Le rythme communautaire par était typiquement
monastique, mais Paulin, qui à Barcelone avait été ordonné prêtre, s'engagea aussi dans le ministère sacerdotal en faveur des pèlerins. Cela
lui valut la sympathie et la confiance de la communauté chrétienne, qui, à
la mort de l'Évêque, vers 409, voulut le choisir comme successeur de la
cathédrale de Nole. Son action pastorale s'intensifia, en se caractérisant
par une attention particulière envers les pauvres. Il laissa l'image d'un
authentique pasteur de la charité, comme le décrivit saint Grégoire le Grand dans
le chapitre III de ses Dialogues, où Paulin est représenté dans le geste héroïque
de s'offrir prisonnier à la place du fils d'une veuve. L'épisode est
historiquement discuté, mais il reste la figure d'un Évêque d'un grand cœur, qui sut
rester près de son peuple dans les événements tristes des
invasions barbares.
La conversion de Paulin impressionna ses contemporains. Son maître Ausone,
un poète païen, se sentit « trahi », et lui adressa des paroles amères, lui
reprochant d'une part le « mépris », jugé insensé, des biens matériels et,
de l'autre, l'abandon de la vocation de lettré. Paulin répliqua que son don
aux pauvres ne signifiait pas le mépris des choses terrestres, mais plutôt
leur valorisation pour l'objectif plus élevé de la charité. Quant aux
engagements littéraires, ce dont Paulin avait pris congé n'était pas le
talent poétique, qu'il aurait continué à cultiver, mais les thèmes poétiques
inspirés de la mythologie et des idéaux païens. Une nouvelle esthétique
gouvernait désormais sa sensibilité : il s'agissait de la beauté du Dieu
incarné, crucifié et ressuscité, dont il se faisait maintenant le chantre.
En réalité, il n'avait pas abandonné la poésie, mais il puisait désormais
son inspiration dans l'Evangile, comme il le dit dans ce vers : « Pour moi
l'unique art est la foi, et le Christ est ma poésie »
(At nobis ars una fides, et musica Christus :
Chant XX, 32).
Ses chants sont des textes de foi et d'amour, dans lesquels l'histoire
quotidienne des petits et des grands événements est comprise comme
l'histoire du salut, comme l'histoire de Dieu parmi nous. Un grand nombre de
ces compositions, intitulées « Chants de Noël », sont liées à la fête du
martyr Félix, qu'il avait élu comme Patron céleste. En rappelant saint
Félix, il entendait glorifier le Christ lui-même, ayant la ferme conviction
que l'intercession du saint lui avait obtenu la grâce de la conversion : «
Dans ta lumière, joyeux, j'ai aimé le Christ »
(Chant XXI, 373). Il voulut
exprimer ce même concept en agrandissant les dimensions du sanctuaire avec
une nouvelle Basilique, qu'il fit décorer de manière à ce que les peintures,
expliquées par des légendes appropriées, puissent constituer une catéchèse
visible pour les pèlerins. Il expliquait ainsi son projet d'un Chant
consacré à un autre grand catéchète, saint Nicetas de Remesiana, alors qu'il
l'accompagnait pendant la visite dans ses Basiliques : « Je désire à présent
que tu contemples les peintures qui se déroulent en une longue série sur les
murs des portiques peints... Il nous a semblé utile de représenter grâce à
la peinture des thèmes sacrés dans toute la maison de Félix, dans
l'espérance que, à la vue de ces images, la figure peinte suscite l'intérêt
des esprits émerveillés des paysans »
(Chant XXVII, vv. 511.580-583). Aujourd'hui encore, on peut
admirer les restes de ces réalisations, qui placent à juste titre le saint
de Nole parmi les figures de référence de l'archéologie chrétienne.
Dans la retraite ascétique de Cimitile, la vie s'écoulait dans la pauvreté,
dans la prière, entièrement plongée dans la lectio divina. L'Ecriture
lue, méditée, assimilée, était la lumière sous le rayon de laquelle le saint
de Nole examinait son âme, dans une tension vers la perfection. A ceux qui
l'admiraient d'avoir pris la décision d'abandonner les biens matériels, il
rappelait que ce geste était bien loin de représenter la pleine conversion :
« L'abandon ou la vente des biens temporels possédés dans ce monde ne
constitue pas l'accomplissement, mais seulement le début de la course dans
le stade ; ce n'est pas, pour ainsi dire, le but, mais seulement le départ.
En effet, l'athlète ne gagne pas lorsqu'il se déshabille, car il dépose ses
vêtements précisément pour commencer à lutter ; alors qu'il est digne d'être
couronné comme vainqueur uniquement après avoir combattu comme il se doit »
(cf. Ep. XXIV, 7 à Sulpice Sévère).
A côté de l'ascèse et de la parole de Dieu, la charité : dans la communauté
monastique les pauvres étaient chez eux. Paulin ne se limitait pas à leur
faire l'aumône : il les accueillait comme s'ils étaient le Christ lui-même.
Il leur avait réservé une partie du monastère et, en agissant ainsi, il ne
lui semblait pas tant donner que recevoir, dans un échange de don entre
l'accueil offert et la gratitude orante des assistés. Il appelait les
pauvres ses « patrons » (cf. Ep. XIII, 11 a Pammachius) et, observant qu'ils
étaient logés à l'étage inférieur, il aimait dire que leur prière servait de
fondement à sa maison (cf. Chant XXI,
393-394).
Saint Paulin n'écrivit pas de traités de théologie, mais ses chants et sa
correspondance intense sont riches d'une théologie vécue, imprégnée par la
Parole de Dieu, constamment étudiée comme une lumière pour la vie. Le sens
de l'Eglise comme mystère d'unité apparaît en particulier. Il vivait surtout
la communion à travers une intense pratique de l'amitié spirituelle. Paulin
fut un véritable maître à cet égard, faisant de sa vie un carrefour
d'esprits élus : de Martin de Tours à Jérôme, d'Ambroise à Augustin, de
Delphin de Bordeaux à Nicetas de Remesiana, de Victrix de Rouen à Rufin
d'Aquilée, de Pammachius à Sulpice-Sévère, et à tant d'autres encore, plus
ou moins célèbres. C'est dans ce climat que naissent les pages intenses
écrites à Augustin. Au delà du contenu de chaque lettre, on est impressionné
par la chaleur avec laquelle le saint de Nole célèbre l'amitié elle-même, en
tant que manifestation de l'unique Corps du Christ animé par l'Esprit Saint.
En voici un passage significatif, au début de la correspondance entre les
deux amis : « Il ne faut pas s'émerveiller si, bien qu'étant loin, nous
sommes présents l'un à l'autre et sans nous être connus nous nous
connaissons, car nous sommes les membres d'un seul corps, nous avons un
unique chef, nous sommes inondés par une unique grâce, nous vivons d'un seul
pain, nous marchons sur une unique voie, nous habitons la même maison »
(Ep. 6, 2). Comme on peut le voir,
une très belle description de ce que signifie être chrétiens, être Corps du
Christ, vivre dans la communion de l'Eglise. La théologie de notre époque a
précisément trouvé dans le concept de communion, la clef pour aborder le
mystère de l'Eglise. Le témoignage de saint Paulin de Nole nous aide à
percevoir l'Eglise, telle que nous la présente le Concile Vatican II, comme
un sacrement de la communion intime avec Dieu et ainsi de l'unité de nous
tous et enfin de tout le genre humain
(cf.
Lumen
Gentium, n. 1). Dans cette
perspective, je vous souhaite à tous un bon temps d'Avent.
Texte original du
discours du Saint Père
Benoît XVI ºUDIENZA
GENERALE
Synthèse de la
catéchèse du Saint Père º
Benoît XVI nous présente Saint Paulin de Nole
º
Le pape Benoît XVI s'adresse aux pèlerins
francophones
Vidéo de la
catéchèse ºCliquez
Sources:
www.vatican.va -
traduction
E.S.M. et ZF07121201
© Copyright 2007 du texte original - Libreria Editrice Vatican
Eucharistie sacrement de la miséricorde -
(E.S.M.) 12.12.2007 - BENOÎT XVI