Benoît XVI nous invite à rechercher la vraie sagesse qui est le Christ


Cité du Vatican, le 12 mars 2008 - Comme tous les mercredis avant que le pape Benoît XVI ne s'exprime, une lecture est faite en plusieurs langues. Aujourd'hui il s'agit d'un extrait du livre de la Sagesse.

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Le pape Benoît XVI nous invite à rechercher la vraie sagesse qui est le Christ
Comme tous les mercredis avant que le pape Benoît XVI ne donne sa catéchèse, une lecture est faite en plusieurs langues. Aujourd'hui il s'agit d'un extrait du livre de la Sagesse (7, 28-30)

Dieu n'aime que celui qui vit avec la Sagesse.
Elle est plus belle que le soleil, elle surpasse toutes les constellations; si on la compare à la lumière du jour, on l'a trouve bien supérieure, car le jour s'efface devant la nuit, mais contre la Sagesse le mal ne peut rien. Elle déploie sa vigueur d'un bout du monde à l'autre, elle gouverne l'univers avec douceur.

Le pape s'adresse aux pèlerins francophones

Chers Frères et Sœurs,

Nous nous intéressons, ce matin, à deux grandes et belles figures chrétiennes du Haut Moyen-âge : Boèce et Cassiodore.

Boèce, né à Rome en 480, devient sénateur à l’âge de vingt-cinq ans. Condamné à mort pour des motifs auxquels sa foi n’est pas étrangère, c’est en prison qu’il rédige son œuvre la plus connue, le "De consolatione philosophiae", où il fait dialoguer l’homme avec la philosophia perennis. Il en ressort que la philosophie est la seule médecine véritable pour l’homme, qui fait l’expérience que le bonheur authentique est au fond de lui-même. Dieu reste cependant le bonheur suprême. Il est dangereux de considérer la condition souffrante comme une fatalité, car cela ôte la possibilité de prier et d’espérer. Boèce, symbole de tous ceux qui ont à souffrir injustement pour des raisons idéologiques, politiques ou religieuses, invite à la contemplation du mystérieux Crucifié du Golgotha.

Cassiodore est né en 485 en Calabre, alors que l’empire romain d’Occident vient de tomber. Conscient de la nécessité de ne pas perdre l’héritage humaniste de l’Antiquité, il tenta, à travers ses hautes charges politiques, d’élaborer une synthèse entre la tradition romano-chrétienne de la péninsule et la nouvelle culture des Goths. Il choisit la vie monastique pour poursuivre ce travail intellectuel et culturel. Il était convaincu que la science et la culture profane sont utiles à la compréhension des Écritures, que les moines et les fidèles sont invités à méditer jour et nuit.

Je salue les pèlerins francophones, en particulier les jeunes du collège de Vaugneray et les pèlerins de l’Île de la Réunion. Puissiez-vous mobiliser toutes les ressources de votre intelligence pour rechercher toujours la vraie sagesse, qui est le Christ. Avec ma Bénédiction apostolique.

Texte intégral de la catéchèse ºBoèce et Cassiodore
Synthèse de la catéchèse du Saint-Père º Benoît XVI nous parle de deux illustres figures, Boèce et Cassiodore

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Edward Gibbon sur Boèce
«Tandis que Boèce, chargé de fers, attendait de moment en moment l'arrêt ou le coup de la mort, il écrivit la Consolation de la philosophie, ouvrage précieux, qui ne serait point indigne des loisirs de Platon ou de Cicéron, et auquel la barbarie des temps et la position de l'auteur donnent une valeur incomparable. La céleste conductrice, qu'il avait si longtemps invoquée dans Rome et dans Athènes, vint éclairer sa prison, ranimer son courage, et répandre du baume sur ses blessures. Elle lui apprit, d'après la considération de sa longue prospérité et de ses maux actuels, à fonder de nouvelles espérances sur l'inconstance de la fortune. La raison de Boèce lui avait fait connaître combien sont précaires les faveurs de la fortune; l'expérience l'avait instruit de leur valeur réelle; il en avait joui sans crime, il pouvait y renoncer sans un soupir, et dédaigner avec tranquillité la fureur impuissante de ses ennemis qui lui laissaient le bonheur, puisqu'ils lui laissaient la vertu. De la terre il s'élève dans les cieux pour y chercher le bien suprême. Il fouille le labyrinthe métaphysique du hasard et de la destinée, de la prescience de Dieu et de la liberté de l'homme, du temps et de l'éternité, et il essaie noblement de concilier les attributs parfaits de la Divinité avec les désordres apparents du monde moral et du monde physique: des motifs de consolation si communs, si vagues ou si abstraits, ne peuvent triompher des sensations de la nature; mais le travail de la pensée distrait du sentiment de l'infortune, et le sage qui, dans le même écrit, a pu combiner avec art les diverses ressources de la philosophie, de la poésie et de l'éloquence, possédait déjà sans doute cette intrépidité calme qu'il affectait de chercher. Il fut enfin tiré de l'incertitude, le plus grand des maux, par l'arrivée des ministres de mort, qui exécutèrent et pressèrent peut-être l'ordre cruel de Théodoric. Mais son génie lui survécut et a jeté un rayon de lumière sur les siècles les plus obscurs du monde latin; le plus illustre des rois d'Angleterre à traduit les écrits de ce philosophe, et Othon III, fit transférer dans un tombeau plus honorable les ossements d'un saint catholique à qui des persécuteurs ariens avaient procuré les honneurs du martyre et la réputation de faire des miracles.»

EDWARD GIBBON, Histoire de la décadence et de la chute de l'Empire romain, tome 7, Paris, éd. Ledentu, 1828, p. 188-197. Voir texte complet.

Biographie de Cassiodore
Issu d'une illustre famille, Cassiodore apprend le grec, les arts libéraux et développe des sentiments religieux très profonds.

Il s'attire, par la noblesse de son caractère et par sa grande érudition, la faveur et l'amitié des grands princes ostrogoths. En des temps troublés où, sur les ruines de la civilisation romaine, se développe l'Empire ostrogoth, Cassiodore est à la cour du prince ostrogoth Théodoric l'interprète de la culture classique ainsi que le porte-parole de l'empereur auprès de ses sujets romains.

Après la mort de son ami Théodoric, Cassiodore fuit les luttes de pouvoir et se retire loin du monde dans le monastère de Vivarum, qu'il a lui-même fondé en Calabre. Il y passera les trente dernières années de sa vie à mettre en œuvre la transmission de l'héritage gréco-romain à un Occident tombé aux mains des Barbares.

À soixante-dix ans, son activité est toujours aussi intense. Le monastère devient une véritable « ville d'études ». Cassiodore y introduit habilement les sciences profanes et les sept arts libéraux y sont très largement enseignés. Faute de pouvoir fournir des maîtres à ses moines, il leur fournit des livres. Commence alors une très grande période où la Bibliothèque va se substituer à l'Université.

À l'usage de ses moines, il écrit les Institutiones, sorte de guide de l'étudiant en Écriture sainte; il y introduit les arts libéraux qui font figure de disciplines auxiliaires de la science biblique. Soucieux de la préservation des livres et de la transmission du savoir aux générations futures, Cassiodore tente d'uniformiser les codes de l'écriture. La chute de l'Empire romain avait en effet entrainé une véritable anarchie du langage et des bases élémentaires de la grammaire. Ce désordre, ajouté à la pénurie de copistes compétents, risquait de faire disparaître le patrimoine culturel. Cassiodore établit alors des règles pour la copie et la reliure. Le catalogue des livres du monastère est ainsi arrivé presque intact jusqu'à nous.

Parallèlement, il rédige un grand nombre d'ouvrages qui seront une source pour les Pères de l'Église. Travailleur infatigable, il invente un système de lampes pour que la nuit ne soit pas un obstacle à l'étude.

À quatre-vingt-treize ans, il se lance dans la rédaction d'un traité d'orthographe.

Avec Isidore de Séville, il a contribué à transmettre à l'Occident la culture antique. Après une vie exemplaire de moine historien, ministre, copiste, ce « restaurateur des sciences » et « grand héros des bibliothèques », meurt à près de cent ans.

Boèce est l'un des derniers intellectuels classiques de l'Antiquité, c'est-à-dire intégrant les deux cultures, latine et grecque. L'époque voit en effet s'accentuer la ligne de fracture qui traverse l'ex-empire romain entre l'Orient byzantin, imprégné d'hellénisme, et l'Occident latin qui s'ouvre à l'influence germanique.

Dans son traité, De Institutione musica (Fondements de la musique), Boèce transmet les théories et les conceptions musicales issues de la Grèce antique et adoptées intégralement par les Romains. Ses écrits pédagogiques ont contribué à transmettre le savoir dans les quatre matières du quadrivium : les mathématiques, l'astronomie, la géométrie et la musique. L'œuvre de Boèce reste fondamentale en ce qu'elle constitue une synthèse du savoir des Anciens et l'un des fondements de la pensée spéculative médiévale. Elle demeure une autorité incontestée jusqu'à la Renaissance. Comme Boèce l'explique dans son traité, la musique émane de trois instances essentielles :

La Musica mundana ou musique du monde. Cette "musique des sphères" commande le mouvement des astres et des planètes dans un ballet cosmique reflet de l'Harmonie universelle.

La Musica humana, ou musique de l'homme. Elle régit le métabolisme du corps humain, de même que les rapports entre l'âme et le corps ou entre la sensibilité et la raison.

La Musica instrumentalis, ou musique instrumentale. Seule audible pour l'être humain, elle est produite par la voix ou les instruments. Les règles de la consonance qui la régissent sont le résultat de rapports de proportion mathématiques simples et universels.
On comprend, dès lors, que la musique trouve sa place parmi les autres sciences du quadrivium : (mathématiques, astronomie et géométrie). Étudier la musique, c'est comprendre l'Univers, et, ultimement atteindre Dieu.

Quant à Cassiodore, il a contribué à définir les arts libéraux qui formeront la base de l'enseignement au Moyen Age. Sa répartition du savoir en 7 matières regroupées dans le trivium (grammaire, rhétorique et dialectique) et le quadrivium (mathématiques, géométrie, astronomie et musique) est adoptée au sein des écoles médiévales. Au Moyen Age, ces connaissances étaient jugées essentielles pour préparer aux études supérieures : la philosophie, la théologie ou le droit et, éventuellement, la médecine..

Cassiodore identifie trois composantes de la musique : harmonica, rythmica et metrica, et définit la musique comme une discipline mathématique traitant des relations entre les nombres et de leur représentation géométrique parfaite. Un exemple de l'application de ce principe est illustré dans le symbolisme du rythme ternaire.

Le rythme ternaire, tempus perfectorum , pour les Anciens est représenté par le cercle pythagoricien (figure géométrique parfaite). Il évoque le mystère de la Trinité chrétienne, par laquelle le Trois devient Un.
Plus tard on utilisera un demi-cercle, C, donc un cercle brisé, pour un rythme binaire, considéré comme " imparfait ".
Sources : www.vatican.va - E.S.M.
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Eucharistie sacrement de la miséricorde - (E.S.M.) 12.03.2008 - T/Benoît XVI